Citations sur La Quête d'Ewilan, tome 1 : D'un monde à l'autre (114)
Un grand sourire incrédule se peignit sur le visage du garçon, mais déjà Camille avait saisi sa main.
Il n'y eut aucun bruit.
aucune lumière.
Dans la ruelle, il n'y avait plus personne.
"C'est ça, mon gars, c'est ça. Et si tu crois que parce j'ai été ratatiné par la vie bien avant ta naissance, tu as le droit de te fiche de moi. Il se pourrait bien que je t'enseigne le respect et la générosité à coups de pied au cul...Compris?"
Elle ouvrit les yeux. Elle ne rêvait plus, mais l'homme était toujours là, son visage se découpant sur le ciel étoilé juste au-dessus d'elle. La lame d'un poignard brilla une fraction de seconde avant de descendre doucement vers sa gorge.
— Salim, je crois que je viens de passer dans un monde parallèle.
Le jeune garçon la regarda avec des yeux ébahis, plissa le nez, se gratta une joue. Un léger tic déforma sa bouche puis, soudain, il éclata de rire. Un rire énorme et irrépressible. Il lui fallut plusieurs minutes pour reprendre son souffle et il n’y parvint qu’à grand-peine.
— Salim, je ne plaisante pas, je suis vraiment passée dans un monde parallèle.
— Ne t’en fais pas, lança le garçon en se retenant de justesse d’exploser à nouveau, ce sont des choses qui arrivent. Mon frère utilise souvent ce stratagème pour échapper aux Martiens qui le poursuivent.
— Salim, je suis sérieuse ! Tu n’as pas de frère, et… bon sang ! Ça s’est passé pour de bon !
— Pas de soucis, ma vieille, je te crois. Je suis convaincu depuis longtemps que tu ne vis pas dans le même monde que nous !
- La nuit va arriver, et le froid avec. Pourquoi n'avez-vous pas allumé le feu ?
Camille explosa.
- Parce qu'un feu sans allumettes est aussi facile à allumer qu'un éclat d'intelligence dans le regard d'une vache, voilà pourquoi !
- Je vous prie de me pardonner, je suis vraiment un âne bâté.
- C'est plutôt un âne battu, souffla Salim à Camille qui pouffa.
Il ne savait pas trop quelles raisons elle avait de le fréquenter , mais il avait l'absolue certitude qu'elle était le génie qui , tôt ou tard , transformerait sa vie. Il avait en elle une confiance inébranlable.
Camille sourit à Salim.
- Je me sens sale et aussi reposée que si j'avais dormi dans une essoreuse à salade.
- C'est à peu près ça, ma vieille, sauf que tu ne ressembles pas à une laitue. Par contre, je suis d'accord, tu es vraiment sale. Et pour être complètement honnête, tu ne sens pas très bon non plus.
- Tu es parfait, Salim. J'avais oublié qu'en plus de tes innombrables qualités tu savais parler aux filles de manière aussi délicate.
Elle parlait fort, et les mots qu'elle prononçait éclairaient d'un jour nouveau ce qu'elle vivait. Elle s'aperçut qu'elle pensait intensément ce qu'elle était en train de dire et le poids de l'injustice pesait encore plus lourd sur ses épaules.
- Qu'as-tu à rire, minus ? tonna Bjorn.
- Rien, votre Seigneurie, se moqua le garçon, j'admire vos muscles. Surtout celui-ci, continua-t-il en lui tapotant le ventre. Dans mon monde, on l'appelle le muscle du houblon.
Bjorn fronça les sourcils.
- Du houblon ? Pourquoi ?
- Parce que c'est avec le houblon qu'on fait la bière et que c'est la bière qui donne ce genre de bidoche ! répliqua Salim en éclatant de rire.