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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est davantage l'auteur, Patrick Boucheron, que le thème qui m'a attirée dans cette lecture, car j'apprécie la verve et l'érudition du professeur au Collège de France que j'ai écouté sur les ondes de France Inter.
Je ne connaissais de Machiavel que l'expression qui désigne un homme sans scrupules, mais du personnage je ne savais rien.

Nicolas Machiavel est né en 1469 à Florence qui est alors une république dominée par les Médicis. La carrière de Machiavel sera en dents de scie, il écrira de nombreux ouvrages inspirés par son passage aux affaires et sa fréquentation des grands de ce monde politique de la Renaissance florentine. Son oeuvre la plus célèbre est incontestablement « le Prince »
« Alors le coup a raté. Si l'intention de Machiavel, en écrivant le Prince, était de démontrer combien un homme de sa trempe était indispensable à la conservation de l'État, manifestement il a raté. »
L'auteur raconte Machiavel dans sa complexité, ainsi que l'environnement dans lequel il baigne car comment saisir le personnage si on ne connait rien de la Renaissance Florentine. Et qui d'autre que Machiavel pour parler de ses contemporains avides de pouvoir ?
« Machiavel est un chasseur, toujours à l'affût pour observer cette mécanique des passions humaines qui agitent d'autres vies que la sienne. »
Patrick Boucheron, le décrit ainsi : « Machiavel est le maitre des déniaisements. Voici pourquoi il fut, durant toute l'histoire, l'allié des mauvais jours. »

Ce livre est né d'une émission de France Inter, il rassemble les chroniques diffusées sur France Inter durant l'été 2016.
Si j'ai trouvé plus agréable d'écouter les chroniques à la radio, ce petit essai permet de revenir plus en détail sur la vie et l'oeuvre de Machiavel. Intéressant.
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LUCIDE ET TRAGIQUE.

Ces deux mots résument, certes rapidement, l'oeuvre et l'existence toute entière du grand Nicolas Machiavel, humaniste - parce que c'était d'époque et que c'est, malgré ce que l'on peut en dire par ailleurs, l'homme qu'il met au centre de son oeuvre -, théoricien de la politique - peut-être le premier grand des modernes, à ce niveau ? -, de l'histoire - il en fit une de sa ville, Florence, qui fait encore date -, de la guerre - son autre grand essai - et, de manière moins évidente ainsi que fort méconnue, auteur de comédies pour le théâtre.

Lucide parce que, l'historien Patrick Boucheron nous le rappelle, Nicolas Machiavel ne se faisait aucune espèce d'illusion sur les hommes de pouvoir (il en avait trop vu au cours de sa carrière d'homme d'état. Aujourd'hui, on le qualifierait sans doute de haut fonctionnaire d'état), ce qui, bien souvent, fit passer le penseur pour un abominable cynique, l'affublant d'ailleurs de ce terme qui aujourd'hui encore a valeur de condamnation : le machiavélisme.
Tragique, d'une part parce que Nicolas Machiavel, malgré ses efforts pour être à nouveau dans les premiers cercles du pouvoir après un coup d'état en 1512 à Florence et une conjuration en réaction à celui-ci, dont il est encore aujourd'hui impossible de savoir s'il en fut ou pas, ne reviendra jamais tout à fait au plus haut niveau, même après plusieurs années d'exil. Tragique, encore, parce que son expérience, sa pensée très complexe (une vraie de vraie, celle-ci...) sur le pouvoir, sur le maintien du "Prince" à son poste, les erreurs à ne pas commettre, il nous rappelle sans cesse que le pouvoir politique ne devrait jamais se mesurer en terme moraux de bien ou de mal mais en ceux d'efficace ou d'inefficace (encore faut-il aussi s'entendre sur les buts à atteindre par cette efficacité), et que cela fait de cette pensée (très complexe, rappelons-le), une philosophie à l'écart de l'espoir et du désespoir, comme le rappelait judicieusement Claude Merleau-Ponty. Or, tout le monde sait, plus ou moins ce que son l'espoir et le désespoir mais comment situer, définir, vivre en l'absence de l'un ou de l'autre ?

C'est pourtant l'enseignement de ce grand, très grand penseur politique que cette série d'émissions brillantes données sur les ondes de France Inter par Patrick Boucheron en l'été 2016 et qu'il n'a presque pas, selon ses dires, remaniés pour l'occasion. Seul un chapitre en fut douloureusement absent cet été-là... Celui qu'il devait donner le jour du drame affreux de Nice.

Il est bien entendu difficile de prétendre que ce nouvel opus de l'excellente série des "un été avec..." fasse office de biographie complète ou d'étude approfondie de l'oeuvre de l'auteur considéré. Il n'empêche qu'elle est réalisée avec une telle intelligence de propos et un rythme interne tant agréable qu'on en ressort plus éveillé sur le monde, d'autant que celui de Nicolas Machiavel, tout différent du notre fut-il - cette Florence fabuleuse et terrible du Quatrocento italien, des fameux Médicis, de Savonarole, de la Rome des Borgia, de cette Renaissance italienne splendide et monstrueuse tout à la fois, etc -, ce monde-là trouve indubitablement écho dans la notre, ce que Patrick Boucheron, grand connaisseur de l'Italie médiévale et renaissante explique, illustre et démontre d'ailleurs à merveille.

Nous ne saurions donc assez recommander ce livre, mince par la taille mais énorme par ce qu'il contient d'enseignements, y compris en ces périodes estivales durant lesquelles il est traditionnel de se laisser aller à des ouvrages un peu plus légers (ce qui n'est pas désagréable non plus).

Quant à M. Patrick Boucheron, rien n'est plus vivifiant, pour ceux désirant connaitre un peu plus profondément sa pensée et son travail, que de lire ou d'écouter (sur le site du Collège de France, qui est très bien fait et entièrement gratuit) sa remarquable conférence inaugurale, évoquant une question cruciale : "Ce que peut l'histoire" et qui est un moment impressionnant de savoir, de sagesse et de transmission. En voici un bref extrait en conclusion de cette critique :

«Nous avons besoin d'histoire car il nous faut du repos. Une halte pour reposer la conscience, pour que demeure la possibilité d'une conscience – non pas seulement le siège d'une pensée, mais d'une raison pratique, donnant toute latitude d'agir. Sauver le passé, sauver le temps de la frénésie du présent : les poètes s'y consacrent avec exactitude. Il faut pour cela travailler à s'affaiblir, à se désoeuvrer, à rendre inopérante cette mise en péril de la temporalité qui saccage l'expérience et méprise l'enfance.»

De fait, l'été peut servir ce repos-là, n'est-ce pas ?
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« Un été avec Machiavel » reprend une série d'émissions diffusées pendant l'été 2016. Patrick Boucheron, historien spécialiste du Moyen Âge et professeur au Collège de France, développe en trente chroniques le parcours et la pensée de Nicolas Machiavel. En 137 pages, l'auteur réussit une synthèse ardue d'un parcours politique et d'oeuvre multiple. Fonctionnaire de la République de Florence à la fin du XVème siècle, Machiavel fut ambassadeur auprès du pape et de la cour de France, il vit les bouleversements politiques, vécut la relégation et les guerres d'Italie entre français et espagnols. Son nom reste attaché à son oeuvre : « le Prince » paru en 1513 dont l'auteur avoue que nous ne savons pas vraiment comment le lire.. S'adresse-t-il aux puissants ? Au peuple ? C'est que le véritable titre du livre est « Des principautés ». L'auteur précise : « le machiavélisme n'est pas la doctrine de Machiavel… C'est une invention de l'anti-machiavélisme ». La pensée de Machiavel puise dans l'Antiquité (Aristote, Tite Live, Lucrèce…), se frotte aux contraintes de son temps (« L'art de la guerre », « Histoire de Florence »…) et contribue aux débats et aux controverses sur la philosophie politique : rupture entre pouvoir et morale, responsabilité et conviction… En un « épilogue provisoire », Patrick Boucheron resitue l'histoire, en ces années troubles que nous vivons, avec la pensée de Machiavel. Il ajoute : « Les pensées politiques sont toujours des promesses non tenues…ce sont des paroles inaudibles, frêles et incomprises, auxquelles on doit pourtant, de nouveau, prêter l'oreille » (p 135). Une nécessaire réflexion en cette année électorale.
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J adore cette mini série "un été avec .."un auteur classique (dans la catégorie monument incontournable )
La présentation ,la maquette de ces petits ouvrages est soignée ,une réussite donnant envie de les acheter...
Et de les lire ?
Définitivement ,oui :les chapitres sont très courts ,écrits par des "pointures",
Mais et c est personnel ,je trouve que les chapitres surtout pour Machiavel sont trop courts et pour les plus jeunes ,quelques notes explicatives sur le contexte historico-culturel seraient bienvenues
Mais alors quid du format qui fait le charme de ces petits livres ;....?
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Après Montaigne, Beaudelaire, Hugo, Proust… voilà Machiavel. Carte blanche radiophonique, donnée sur France Inter, à des signatures telles Galienne, Boucheron ou encore, cette année à Sylvain Tesson qui nous rafraichit sur Homère.
Ces petits opus nous concernent tous mais selon ce qu'ils peuvent nous apporter. En ce qui concerne Machianel, c'est pour moi une découverte de cet essayiste aux multiples facettes alors que, en ce qui concerne Hugo, c'était plutôt revisité cet immense écrivain dont je croyais ne plus avoir à apprendre d'essentiel.
Machiavel, certes, mais en même temps, il nous replonge dans la Florence du 15e et 16e siècle (Savonarole, Les Médicis..)
Excellente série simple et agréable à lire. Sans oublier que l'on peut écouter Homère par Tesson sur France Inter.
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