Assaut

Ce livre est le fruit d'un travail commun où chacun a mis sa touche qui nous imprègne tout au long de cette lecture surprenante. Si l'une des définitions d'un bon livre est ce qui nous reste une fois ce dernier fermé, on peut dire que le pari est gagné.
L'histoire met en scène la famille dans notre société avec ses valeurs, ses diktats, ses enfermements, ses transmissions de génération en génération.
Un événement tout à fait inattendu va remettre toute cette chaine en question.
La relation parent-enfant est-elle ce qu'elle doit être aujourd'hui ?
Notre relation au temps, à la structure chronologique ne nous avilisse-t-elle pas ?
Que serait la vie sans modernité, nécessitant un réel retour à la forme la plus basique d'existence ? serions capable de nous adapter ?
Nous qui ne faisons que de nous adapter à encore plus de technologie, plus de média, plus d'argent, plus de …. et beaucoup moins de … par la même occasion ?
L'écriture de Julie Boudillon est percutante. Son style est particulièrement mis en valeur par la mise en forme de l'éditeur Magnani, l'impression des caractères est recherchée, soignée, et colle parfaitement au rendu de l'écrivaine.
La troisième part de travail est l'illustration de Eugène Riousse qui ne fait que déposer la cerise sur le gâteau de ce magnifique travail d'équipe.
Bravo à tous les trois pour le plaisir de cette lecture.
Bravo aussi à la quatrième personne qui entre en jeu, la conseillère de ma librairie préférée, celle où j'entre comme à la maison en me frottant les mains avec la certitude d'y trouver sourire, bienveillance, intérêt, écoute, et lectures toujours parfaitement choisies. Cette librairie se trouve sur la place Gutenberg à Strasbourg, porte le nom de cette jolie petite place et je salue les occupantes de ce lieu magique.

 J'ai découvert ce premier roman de Julie Boudillon, grâce à Yannick, mon complice au Kawa littéraire que nous animons ensemble une fois par mois à la bibliothèque Parmentier où nous travaillons.
Le récit qu'il en a fait m'a ému mais m'a aussi donné envie de découvrir cette drôle d'histoire qu'il nous racontait. Enfin drôle ce n'est pas vraiment le therme adéquat sauf si en l'attend dans le sens étonnant.
Mais alors que nous raconte cet « Assaut »
Des géants font leur apparition sur Terre à bord d'étranges paquebots et rencontrent les humains, avant de repartir au bout d'un temps. Depuis ce jour, les enfants et les adolescents cessent de parler et de manifester la moindre émotion, puis finissent par se volatiliser.
Lorsque les jeunes réapparaissent, ils commencent à tuer systématiquement tous les adultes, représentants du monde ancien.
Rien qu'avec le pitch, on s'attend au pire, et pourtant, Assaut ce n'est pas que cela. Aussi je ne suis pas certaine d'avoir les bons mots pour vous en parler ? du coup je vais laisser Yannick nous dire ce qu'il a pensait de ce titre, lui qui y a accolé un coup de coeur.
Le ressenti de Yannick M
Dans ce roman post-apocalyptique, à l'atmosphère étrange, les enfants, souverains, cessent de musarder pour conquérir, l'arme au poing, un monde nouveau. Ils délaissent l'héritage séculaire des générations passées, l'organisation quotidienne de la vie. Ces enfants nous hantent, nous inquiètent, nous accompagnent pour mieux nous anéantir. Ce roman poétique et tragique, d'une hallucination redoutable, à la beauté onirique, fascine. L'assaut est une ellipse sur la trajectoire du temps. Une béance infernale. Une rêverie salvatrice.
Pour ma part ce qui est certain c'est que ce premier roman m'a bousculée, il m'a émue aussi. J'ai aimé les illustrations qui l'accompagne, car oui, ce court roman a quelque chose du roman graphique. Les dessins Eugène Riousse réponde parfaitement au texte puissant, sensible aussi et onirique de Julie Boudillon
J'ai aimé sentir la menace est omniprésente. Il faut dire que notre autrice a su rendre la tension palpable tout au long de son roman.
J'aimé aussi l'univers étrange que développe notre auteure. L'écriture et le style de notre primo romancière y sont sans conteste possible pour quelque chose. Ils ne sont jamais linéaires, parfois ils confinent au tragique, d'autre fois l'écriture est froide et le style rêche. L'auteure nous tiens à distance ou au contraire marque au fer rouge par sa magnifique poésie.
Il y a, dans Assaut, quelque chose du conte ou de la fable, mais un conte du genre horrifique et une fable sans morale …Ce qui est certain c'est quand ne sort pas indemne de ce superbe récit et qu'il nous laisse interrogatif…




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« Consacrées au livre illustré, les éditions Magnani attendent d'un auteur qu'il soit moderne, que son oeuvre permette de prendre conscience d'une autre possibilité du réel, une possibilité nouvelle de voir, de penser, de se construire et d'exister » et cette présentation s'applique très bien au premier roman de Julie Boudillon.

Un étrange évènement va profondément modifier les comportements des enfants en les transformant en meute de tueurs, une plongée dans l'horreur dont l'auteure maitrise parfaitement les codes. Et jusque-là on y prend beaucoup de plaisir quand on aime ce genre ! Mais Assaut est bien plus qu'un « conte horrifique » c'est une belle réflexion sur la relation parent-enfant, ce que l'on hérite et transmet et aussi une mise à mal de notre mode de vie et de nos valeurs éculées.

Et si un autre monde était possible ?

Julie Boudillon surprend avec ce premier roman, un récit prenant, une écriture impeccable, mis en illustration par Eugène Riousse. Pour ceux qui découvrent cette maison d'édition vous serez charmés par le soin apporté à la fabrication du livre.

Un soir, des paquebots colorés remontent le cours du fleuve. À leur bord, des géants, qui intiment aux familles de curieux rassemblés sur les berges, d'embarquer et de venir dîner à leur table. Les enfants sont émerveillés, les parents croient à un rêve, une hallucination collective, et s'installent. Après le dîner qui se déroule en silence, il leur faut débarquer, et les paquebots multicolores font demi-tour, les géants s'en vont.
Retournés chez eux sains et saufs, les adultes ne reparlent plus de cette soirée étrange, la taisent pour ne pas avoir à l'expliquer, et reprennent le cours de leur vie. Seuls les enfants semblent se souvenir, dessiner, questionner l'arrivée des géants. Face aux évitements des adultes, les enfants deviennent mutiques. Puis, un beau jour, se mettent à disparaître. Tous.

Ce premier roman de Julie Boudillon, c'est comme un conte du temps où les fées étaient dangereuses, où se devine la cruauté des Grimm et autres Perrault, quand il s'agissait de faire passer des enseignements dans les récits, avant que Walt Disney ne s'occupe de les réécrire, en édulcorer les morales. C'est un autre roman de fin du monde tel qu'on le connaît (on avait beaucoup aimé Après le monde, d'Antoinette Rychner). Julie Boudillon nous propose ici une fin du monde sauvage et cruelle, tout en restant étrangement poétique. C'est fort beau, et on se réjouit d'en lire d'autres, des histoires de cette trempe ; une autrice à suivre, assurément.

OVNI. L'auteure s'amuse à nous amener jamais là où l'on croit et c'est un plaisir, un plaisir glaçant que de la suivre. L'épouvante se construit pas à pas. Et les enfants, que doit-on leur accorder d'innocence ? de perversité ? Sur ce point, je pense parfois au l'excellent roman « Une République lumineuse » d'Andrés Barba en la lisant. Ce qui ne lui enlève rien de sa singularité.

Le travail toujours soigné des éditions Magnani ajoute une touche supplémentaire au plaisir de cette lecture.