Et si nous devions tomber

Je repousse l'officine de Thierry Boulanger avec ce "Et si nous devions tomber", pendant américain du bouleversifiant "Acéré comme la dent du serpent" qui évoquait alors le désespoir d'un pilote japonais de ne pouvoir mourir en kamikaze.

On va pas se mentir, on est pas là pour la déconne.
Un vieil homme arpente ses champs de maïs, à la cool, lorsque soudainement, à la faveur d'un ciel de fin d'été, ses souvenirs qu'il croyait enfouis au plus profond se rappellent à son mauvais souvenir .

Boulanger utilise les mêmes recettes.
De celles qui me trouèrent le séant en des temps pas si reculés.
Une économie de mots.
Un graphisme éclatant empreint d'une nostalgie macabre.
Un phrasé poétique qui vous déclame les affres d'une sale guerre faite par des hommes enfants.

Ni plaidoyer militant, ni critique acerbe, ces deux opus se veulent juste formidablement humains.

Bande dessinée en forme de litanie et d'hommage aux hommes disparus lors des guerres.

Un vieil homme au milieu des champs ouvre la porte à ses souvenirs. Il s'ensuit un texte poétique et fort sur les disparus. le fil conducteur est la figure de la mère seule apte à comprendre la peur de l'enfant devenu grand.

Une très belle bande dessinée avec de larges planches sombres où les avions s'invitent comme des fantômes du passé. Intéressant même si le lecteur peut s'y perdre tant l'auteur détourne les codes de la bd.

Un vieil agriculteur sur son tracteur dans un champ de maïs, c'est la fin de la journée, la fin de l'été, et une autre fin se rapproche sans doute. Un avion le survole, un avion de la seconde guerre mondiale, il replonge dans ces souvenirs, ceux de la guerre. le texte est entièrement off, le style joue sur l'effet poétique, imagé, un peu éthéré. le graphisme est réaliste, le trait fin, la colorisation assez uniforme, c'est le soir, c'est sombre et bleu. C'est une belle bande dessinée, sur la fin de vie d'un ancien combattant, obsédé par les horreurs de cette guerre, la violence, la mort de ses compagnons, les kamikazes japonais… C'est bien mené, avec ce ton grave et désabusé.
Maintenant, il n'y a qu'une seule idée dans cette bande dessinée, je me dis que l'auteur aurait dû aller plus loin, il nous laisse en plan sur un simple constat, c'est un peu trop vite lu, je reste quand même sur ma faim.

L'idée de présenter les kamikazes de l'angle des marins américains qui les ont subi est très instructive car si peu traité. On avait sans doute une vision pas très complète jusqu'ici. Bref, un bon point en ce qui concerne l'originalité du sujet.

Sur la forme maintenant, c'est une narration assez pesante sans aucun dialogue qui va s'étaler sur un champ de maïs pendant toute la durée de la bd. On va vivre le traumatisme d'un vieil homme qui est sans doute revenu de la guerre du Pacifique hanté par ses mauvais souvenirs. Il y aurait eu sans doute d'autre manière de présenter les choses.

Graphiquement, je dois avouer que c'est plutôt très beau. La particularité est que l'ensemble de l'album est présenté sur des doubles pages.

Au final: une poésie assommante dans un bel écrin.

J'ai emprunté cette bande dessinée à la médiathèque.
J'ai beaucoup aimé le graphisme et la mise en page.
Le lyrisme des textes aussi avec la répétition des formules.
Un vieil homme sur son tracteur dans un champ de maïs américain se rappelle son enfance de garnement qui s'y cachait jusqu'à ce que sa mère le cherche à la nuit tombée.
Mais ces souvenirs et rêves sont hantés par le survol anachronique d'avions japonais...
Et l'on comprend qu'il est question de Pearl Harbour et des kamikazes qui ont surpris et terrorisé les jeunes soldats.
C'est un livre qui parle de la peur et de l'horreur de la guerre, de la guerre moderne, des hommes morts dans les deux camps, du deuil...