Une femme de 50 ans dérape, un soir, et prend en
otage son patron durant toute une nuit.
Apparemment c'est une femme normale, mère de 2 enfants, divorcée, qui trime pour s'en sortir à la Cagex, entreprise de caoutchouc.
Pourtant, elle cache un secret, enfoui au fond d'elle, qui resurgit à ce moment et lui fait commettre cette faute punissable en justice, et qui la fait passer pour folle.
Car qui fait une chose pareille de nos jours ?
Nina Bouraoui nous dépend le portrait d'une femme meurtrie dans son adolescence et qui traine cela toute sa vie. Dans sa vie de femme d'abord, puisque dès le jour de son mariage une tâche de cerise sur sa robe blanche lui fait présager le pire. Aussi ne saura-t-elle pas déçue, ni surprise lorsque son mari la quittera et l'abandonnera avec ses 2 garçons. Dans son travail ensuite, où elle se fera dominer par un patron tyrannique, oppressant et manipulateur.
Dans «
Otages »,
Nina Bouraoui ne nous fait pas vivre une descente aux enfers, mais nous relate avec des mots simples et un phrasé fluide, sans mots durs ni fioritures, que ce dérapage et ses conséquences sera finalement un soulagement pour
Sylvie Meyer, une façon d'exorciser son mal être depuis ce qui lui était arrivé à 15 ans. Elle se départit de cela, de sa famille, de son rôle de mère, et trouve ainsi l'apaisement dans le fait d'être prise en charge et de ne plus avoir à s'occuper d'elle, des enfants, de son boulot, de la maison. Elle prend enfin du temps pour elle, et parvient même à écrire une première lettre explicative à son ex-mari qui traduit tous les non-dits de leur histoire. Et surtout elle ne regrette pas sa « faille », au contraire. Bel éloge de la rédemption et des violences sourdes et sournoises faites aux femmes. Il faut savoir que certaines se rebiffent, pour leur bien d'abord, et celui des autres femmes ensuite.