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3,56

sur 423 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il y a de la tristesse jusqu'au plus profond de l'encrier dans cette histoire ordinaire d'une femme encore plus ordinaire et qui finit par ressembler à la tristesse de tellement de femmes.
Cette Sylvie c'est nous, c'est la voisine, la soeur, la copine ... c'est celle qui se tait, se bat en silence, aime sans aimer et souffre sans le dire.
Tout ce silence enfoui qui n'a pas de violence éruptive mais qui un jour lâche dans un acte absurde et à peine désespéré, qui laisse remonter ce qui ne devait jamais faire surface pour se libérer.
Avec beaucoup de sensibilité l'autrice nous dit le mal de notre siècle, l'oppression pernicieuse et les enjeux de pouvoir qui se jouent dans le monde du travail détruisant avec minutie les relations humaines au sein de la famille.
C'est sombre et vous submerge de mélanconlie.
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Sylvie Meyer a 53 ans, elle est mère de famille de deux garçons. Son mari l'a quitté il y a un an après 25 ans de vie commune, comme ça un matin, il lui a dit "Je m'en vais". Elle n'a rien dit, rien fait.

C'est à la première personne, par un monologue prenant qu'elle nous raconte son histoire.

Elle travaille à la Cagex, une entreprise dans le caoutchouc, depuis 21 ans. Victor Andrieu, son patron lui dit qu'elle est indispensable, qu'elle est son bras droit, alors sans rien dire, Sylvie se donne à fond dans son travail, ne compte pas ses heures supplémentaires. Un jour, son patron lui explique que l'entreprise est au bord du gouffre et il lui demande, à elle, son bras droit, la responsable des ouvrières, ses abeilles comme elle dit de lister le personnel, de le surveiller car il n'a pas le choix, il va falloir licencier. C'est la goutte d'eau qui va faire déborder le vase.

Sylvie a accumulé tant de choses depuis des années, elle subit tant de violences silencieuses, de non-dits sans jamais s'exprimer, elle a entassé, enfoui tant de choses, tant de tensions. Elle est comme une cocotte-minute, sous pression, prête à exploser.

Elle va exploser et tout va basculer...

C'est un roman féministe que nous propose Nina Bouraoui, un roman qui défend la liberté. Elle nous parle de la condition de la femme et des violences enfouies depuis l'enfance par notre héroïne.

Sylvie a refoulé plein de choses au fond d'elle, elle a tout accepté, enfoui, tu, voulu oublier sa rage envers l'homme mais là d'un coup elle l'exprime et cela va lui coûter cher , mais n'est-ce pas à ce prix que l'on trouve enfin la liberté ?

Ne sommes-nous pas parfois otages de nos vies ? de notre corps de femme, de nous-même, de notre passé comme Sylvie ? Elle a intériorisé toutes ses blessures jusqu'au moment où elle passe à l'acte.

Ce livre m'a interpellée sur la notion de liberté, notre liberté n'est-elle pas celle de faire des choix ? sans doute mais il faut vaincre la peur.

Un petit élément refoulé au fond de soi, l'intériorité, la peur de l'homme, d'être continuellement dominée, mais aussi l'amour, son manque qui crée des douleurs et des révoltes sont traités dans ce roman très intéressant.

L'écriture est tantôt fluide, proche de l'oralité , utilisant des métaphores, délivrant beaucoup de jolies phrases, tantôt fleuve , on se laisse emporter par les flots des mots qui rythment le récit créant une tension constante. Ce roman se lit extrêmement rapidement.

Ma note : 8.5/10
Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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"Otages", le dernier roman de Nina Bouraoui fait partie de ma commande en librairie post confinement. Ce n'est pas moi qui l'ai choisi, mais Wissam, adorable libraire de Fiers de Lettres à Montpellier. Je la remercie infiniment, pour cette surprise. Je n'avais pas encore lu cet ouvrage et imaginais le faire très bientôt. Elle a tapé dans le mille.

Ce roman est l'histoire de Sylvie Meyer, une femme de cinquante ans et mère de deux enfants. Son mari l'a quittée, sans fracas, elle assume, ne pleure pas et continue sa vie à la Cagex, une entreprise de caoutchouc dans laquelle elle dirige une section. Sylvie est de ces femmes simples, que l'on remarque à peine. Elle est travailleuse et fiable. Et puis un beau jour, ou plutôt un soir, elle va commettre une faute. Elle se met en délicatesse avec la loi. Elle craque, en somme. Elle n'est pourtant pas méchante, Sylvie. Elle est juste otage, otage d'une vie dont elle ne veut plus. Et c'est en "dépassant les bornes" qu'elle va tout à coup se sentir libre.

Nina Bouraoui signe là un magnifique portrait de femme. Je sais, c'est écrit sur la quatrième de couverture, mais je plussoie. J'ai aimé, beaucoup, l'écriture de l'auteure. Les phrases sont courtes, percutantes, efficaces "La joie se construit. Elle n'arrive pas par miracle. La joie, c'est les mains dans la terre, la vase, la glaise, c'est là que l'on peut l'attraper, la capturer." Elles vous prennent par la main et vous entraînent sur le chemin de Sylvie qui sautille, trébuche, repart. Il est impossible alors de s'arrêter. Impossible parce que au fur et à mesure que les pages se tournent le rythme s'accélère. Les mots s'enchaînent et deviennent logorrhée. Ils traduisent parfaitement les sentiments, les ressentiments.

Nina Bouraoui a le don d'explorer notre société et ses travers, ses horreurs, sans en avoir l'air. Sans fioritures, juste avec des mots simples, sans jugement aucun, elle observe et restitue. Et, longtemps après ses mots continuent de résonner.

"Otages", un récit que l'on ne peut lire que d'une traite, le souffle court.

Lien : https://memo-emoi.fr
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C'est l'histoire d'une tête qu'on entend penser. On perçoit d'abord comme une force dans ce magma de pragmatisme qui semble pouvoir résister aux événements. Mais on ne peut pas vraiment vivre en dehors de soi-même, surtout quand des discours bon enfant voudraient vous aider à participer à entrainer les autres dans le piège que vous sentez vous engluer.
Est-ce qu'un volcan en éruption va mieux après ?

La qualité de l'écriture est exceptionnelle.
Dommage que ce genre de situation soit trop fréquent et que les dommages touchent presque exclusivement les déjà victimes.
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Un roman qui délivre de facon directe, sans détours et brute les réflexions de cette femme qui explique son propre cheminement qui l'a amené à réagir de façon extrême. Elle nous permet de mettre en lumière le lent processus des conséquences d'un burn-out. Qu'est ce que c'est qu'un burn- out? Ne serait ce pas le rappel et l'alerte par le corps à l'âme ? Cette dernière n'ayant pas eu conscience du progressif enrôlement vers une volonté de toujours faire mieux, de souhaiter être irréprochable dans le domaine professionnel?
Bien souvent, cette réaction devient exagérée si du côté personnel, la personne est livrée à elle même ou bien n'a pas une confiance en elle suffisante pour s'accorder la bienveillance nécessaire pour conserver ce recul qui nous permet de refuser, ou dire stop dans des situations anormales.
Un livre éclairant grâce au cheminement livré par l'auteure.
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Un roman court dont on connaît l'issue puisque la narratrice donne à comprendre pourquoi elle a pris en otage quelques heures son patron : solitude après le départ de son mari, déchirement de devoir sélectionner quelles salariées feraient partie de la « charrette » prévue, faiblesse « féminine » liée à cette peur constante du viol que les femmes ressentent toutes. Une belle écriture pour une histoire simple.
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Comme à son habitude Nina Bouraoui nous livre un récit tout en subtilité et délicatesse. Elle nous raconte la vie de Sylvie Meyer, cette mère de famille, bosseuse, sérieuse, à la vie ordinaire mais qui subit tant !!!
Ce n'est pas un tsunami qui vient chambouler la vie de Meyer mais une toute petite vaguelette emportant tout à son passage doucement mais sûrement:
...Un mari qui décide de partir, elle, de ne pas le retenir.
....Un patron qui lui fait pression, qui la harcèle moralement, qui lui demande d'être son oeil et de chatier ses collègues.
Sylvie bouilonne, elle permet à la colère enfouie en elle de se faufiler au grand jour, elle la nourrit en ressassant sa vie, ses déceptions, ses attentes.
Elle s'interroge sur cette toile tissée autours d'elle qui ne la protège plus , qui l'étouffe, l'asphyxie.
Sylvie s'exorcise du mal qui la ronge, elle, l'otage de ses souvenirs de jeunesse. Elle s'exorcise enfin mais trop tard quand tout un chapitre de sa vie a été tourné.
Une plume douce, soyeuse avec des mots justes pour mettre la lumière sur toutes les injustices, persécutions, mal-être et tristesses de la vie.
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Otages est ma première lecture de Nina Bouraoui, mais il y a de grandes chances que ce ne soit pas la dernière.
J'ai beaucoup aimé le style de cette auteure. Ce livre se lit très facilement, je ne parle que du style et de la forme pas du fonds qui lui est bien plus dur.

Au début, j'ai eu l'impression d'être plongé dans une enquête de Florence Aubenas, type "Quai de Ouistreham". Nous suivons Sylvie Meyer, la cinquantaine, séparée, deux enfants et qui travaille à la Cagex sous les ordres de Victor Andrieu. Nous sommes dans le Périgord, dans la "France profonde", cette France où rien n'est facile et où tout semble devoir se gagner de haute lutte.
Sylvie mène sa vie aussi bien qu'elle le peut, sans faire de vagues, sans être vraiment heureuse ni trop malheureuse. Elle avance, c'est tout et parce qu'il le faut.
Et puis un jour tout bascule...

J'ai été emporté par l'histoire et le style de Nina Bouraoui pendant les trois-quarts du livre. Je dois avouer que j'ai moins aimé le dernier quart. Il y avait parfois encore cette plume plaisante, mais je trouvais que ça marchait moins bien.
Mais c'est au final une "belle" découverte.
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Sylvie, 53 ans, est une femme ordinaire, banale, discrète, qui bosse à la Cagex, une usine de caoutchouc. Une femme simple que l'on pourrait piétiner. Une femme que le mari vient de quitter, une mère qui élève ses deux enfants. Son chef, le condescendant et grossier Victor Andrieu, lui témoigne une confiance en lui demandant de participer activement au classement de ses collègues, en vue d'une restructuration. Elle s'exécute, comme elle le fait toujours. Un jour de novembre pourtant, elle agira différemment, elle fautera pour se retrouver en prise avec la justice.

Otages est un roman court, qui résonne dans l'époque actuelle mais évoque une prise d'otage d'abord psychologique, qui enferme grand nombre de femmes tant professionnellement que personnellement. Otages d'une vie non choisie, d'actes subis, elles plient le dos.

L'écriture de Nina Bouraoui est délicate dans une progression du récit assez inquiétante. L'écrivaine ne parvient pas forcément à nous accaparer toutes les émotions, mais elle nous fait suivre cette femme qui a trop accumulé, elle nous conduit à sa révolte sourde - imprécise - et nous y souscrivons. le roman prend fin avec une belle déclaration d'amour qui ici n'est pas signe de soumission, de domination, d'enfermement, mais tout au contraire de courage, de liberté et de sincérité. Elle n'est pas une victime.
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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Ce roman est le portrait d'une femme, une femme simple, une femme banale, une femme effacée, une femme qui ne dit jamais rien et ne fait jamais de vagues, une femme qui vit, survit, sans plaisir mais cela lui convient parfaitement, jusqu'au jour où...
J'ai beaucoup aimé ce court récit, lu sur une journée, qui parle de la condition de la femme dans la société, au sein de la famille et de l'entreprise. Ou comment à trop enfouir les choses, on finit un jour par basculer au point de non-retour en se sentant malgré tout plus libre que jamais !
Le style de Nina Bouraoui m'a fait pensé à Mathieu Menegaux, mais en version plus "soft".
Malgré le talent d'écriture indéniable de l'auteure et sa facilité à nous raconter des tranches de vie, j'aurais aimé que l'ensemble soit plus percutant et reste moins en surface.
L'auteure aurait pu aller un peu plus loin pour que le roman soit plus incisif.

➡️ Un roman fort qui met en avant une femme prise en otage de son quotidien et de ses secrets en quête de liberté psychique !
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