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3,53

sur 874 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Moi qui avais été déçue à l'époque par le célèbre En attendant Bojangles (mauvais timing), j'ai voulu laisser une chance à cet auteur. Et j'ai bien fait.

L'histoire est ici d'une vérité effroyable qui fait froid dans le dos. L'écriture est en corrélation avec la trame, pas de burlesque pour traiter d'un sujet grave : la fin de l'enfance sur les podiums de mini miss sous les paillettes, strass, faux cils, string et l'obsession de gagner à tout prix. Devenir bimbo à sept ans, la folie, non ?

À sept ans Elizabeth fête son anniversaire. Comme cadeau, sa mère lui a réservé une surprise de taille, une robe de princesse. À travers cette robe, Elizabeth signera la fin de son enfance et de son insouciance. Sa mère, la Reine mère, vouera une obsession maladive pour ces concours de mini miss occultant les besoins essentiels d'une enfant de cet âge. Son père sera le Valet de l'ombre de ce désastre familial.

Lorsque Elizabeth grandit, sa rage se décuple pour faire éclater la vengeance et la haine de ce monde absurde et perfide. La jeune fille nourrira surtout une haine féroce contre elle, son image, son corps.

Effarante réalité de ce bas monde qui met sur un piédestal le paraître sans la moindre préoccupation des dommages collatéraux. Olivier Bourdeaut signe ici un roman d'une incroyable justesse disséquant habilement le cheminement insidieux d'une personnalité saccagée faute à des parents obnubilés par l'image. Il y a un côté Amélie Nothomb ici où le côté tragique est allégé par des touches d'humour jaune et sarcastique. L'héroïne n'a pas sa langue dans la poche pour crier haut et fort ce voyage en absurdie. Son regard est affûté et poignant. La détresse d'Elizabeth est transcrite crescendo avec la rage au ventre et des scènes shakespeariennes de grande puissance évocatrices.

J'ai aimé ce roman sans pouvoir le lâcher. Il m'a révoltée, envoûtée, et placée en totale empathie avec l'héroïne.
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J'ai vraiment adoré et dévoré ce nouveau roman d'Olivier Bourdeaut, qui a su se réinventer dans un registre très différent d'En attendant Bojangles qui m'avait déjà conquise.
Nous lisons le journal d'une mini-miss qui a soif de vengeance, à cause de la pression que sa mère lui a imposé. le style est cru, ça m'a fait pensé à Lolita Pille et Joyce Carol Oates.
Une vraie réflexion sur la pression que l'on met aux enfants pour qu'ils réussissent, parfois là où nous avons échoué avant. C'est aussi un rappel, les femmes ne veulent pas forcément briller et être adulées que pour leurs apparences physique. J'ai hâte de découvrir ce qu'Olivier Bourdeaut nous réserve pour la suite !
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« Ma mère s'emmerdait, elle m'a transformée en poupée. Elle a joué avec sa poupée pendant quelques années et la poupée en a eu assez. Elle s'est vengée. »
La vengeance est un plat qui se mange froid, et Elizabeth a patiemment ourdi la sienne pour la balancer glacée à la figure de ses parents, particulièrement à celle de sa mère.

Florida, c'est l'histoire d'une mini miss.
L'histoire d'une petite fille à l'enfance saccagée.
L'histoire d'une vie entière saccagée.
L'histoire d'une vengeance magistrale.

Vous avez certainement entendu parler des concours de mini miss.
Ces concours vomitifs venus des États-Unis où des fillettes dès l'âge de trois ans (oui, vous avez bien lu !) défilent devant des jurys en tenues affriolantes, maquillées à outrance et se trémoussant d'une façon plus que suggestive et totalement déplacée compte tenu de leur jeune âge.
"Il suffit de taper mini-miss dans le moteur de recherche pour se régaler jusqu'à la nausée" écrit Olivier Bourdeaut : si vous n'avez jamais vu d'images de ces dingueries, allez-y !

Elizabeth fait partie de ces mini miss.
C'est une victime.
Victime des tordus qui osent organiser ce genre de concours, et de sa mère qui, voulant vivre la réussite à travers sa fille, ne recule devant rien et lui fait subir tout un cortège de choses invraisemblables.
L'auteur s'est manifestement régalé et a laissé libre cours à une imagination débridée. Son roman est plein d'humour, décalé et caustique à souhait.

La haine et le désir de vengeance sont de puissants moteurs, Elizabeth en est une excellente illustration.
Dès qu'elle se libère de ce monde délirant et malsain, elle n'a qu'une idée en tête : se venger.
Irréversiblement marquée par une enfance qui lui a été volée, elle va utiliser toute son énergie pour atteindre son but. D'autant plus que, comme elle l'écrit au début de son texte : "Je ne pardonne pas. Je ne pardonnerai jamais."
Je la comprends ! Si j'avais subi ce que sa mère lui a fait subir, je n'aurais pas pardonné.

Florida est un livre choc, drôle et plein d'ironie.
J'ai ri aux larmes par moments, je me suis indignée à d'autres. Parfois, j'ai fait les deux en même temps.
En tout cas, j'ai éprouvé de la compassion pour Elizabeth de la première à la dernière page.
Qu'un roman procure autant d'émotions, voilà ce que j'adore !
Florida est un ouvrage satirique formidable, un immense plaisir de lecture.

PS : sur le thème des mini miss et dans un genre complètement différent, je vous recommande Petite soeur, mon amour de Joyce Carol Oates.
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Cadeau empoisonné.

Elizabeth est heureuse le jour de ses sept ans, sa mère lui a acheté une belle robe. Ce qu'Elizabeth ne sait pas c'est que c'est le début de la descente aux enfer.

J'ai adoré ce roman. Il traite d'un des fléau de la société moderne, le culte de l'apparence et de la superficialité. Elizabeth, car trop belle, devient une chose malléable à merci pour sa mère, avec la complicité passive de son père. Ainsi, Elizabeth passe tout ses samedis à aller de concours de mini-miss en concours de mini-miss. Sa mère voulant faire d'elle une gagnante à tout prix.

Toutefois, la jeune fille finit par craquer et réduit à néant les projets de sa mère. Ainsi, elle fuira ses parents et croira trouver le bonheur. Mais face à un nouvel échec, elle décidera de se venger et décidera d'enlaidir délibérément son corps par le bodybuilding.

J'ai trouvé cette évolution très intéressante à suivre. Elizabeth s'exprime à la première personne et ne mâche pas ses mots. Son regard au vitriol de la société américaine est jubilatoire. Elle passe de princesse sage à monstre déchaîné. Elle montre toute l'hypocrisie de la société américaine où tout doit être aseptisé et parfait, et où ce qui sort du cadre n'a pas sa place.

En filigrane, l'auteur critique également le monde de l'art contemporain. En effet, il se veut anticonformiste et hors cadre. Néanmoins, celui-ci est finalement d'un conformisme et d'une superficialité immense. Tout n'étant que réputation et argent.

Au final, j'ai beaucoup aimé ce roman, qui frappe fort et juste. Il montre toute l'hypocrisie d'une société axée uniquement sur l'apparence.
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Quelle force, quelle puissance, quelle rage !

Après le bouleversant Bojangles, Olivier Bourdeaut m'avait un peu déçu avec son bien terne Pactum Salis. Mais quelle puissance retrouvée !

Avec Florida on entre dans le monde du corps avec les concours de mini miss où des parents projettent toutes leurs délirantes espérances dans le corps de leurs filles. Pour s'en sortir (s'en sortira-t-elle ?) Elizabeth va tout saboter, à commencer par elle même.

Un livre bodybuildé sur les délires d'une mère, la démission d'un père et la révolte d'une enfant manipulée
Lien : https://www.noid.ch/florida/
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Floride, 1996 (du côté du Miami) le jour de son septième anniversaire, la mère d'Elizabeth Vernn (la narratrice) pense faire à sa fille unique une grande surprise, un somptueux cadeau qui va transformer sa vie durant cinq longues années. Elizabeth allait devenir une « princesse » de beauté (ou plutôt du royaume de l'enfer …) Son propre père (« le Valet ») ne lèvera pas une seule fois le petit doigt, pour lui venir en aide …

Ici, les Mini-Miss débutent dès l'âge de trois ans (parfois encore en couche-culotte) et la « reine-mère » veut rattraper le temps perdu … Elle y mettra toute son énergie égoïste, doublée d'une bêtise sans nom et d'une cruauté inconsciente … Qu'Elizabeth s'intéresse à ses études au détriment des concours et sa mère accusera un professeur de pédophilie ! Et quand, finalement, ce rêve avortera, elle se débarrassera du fruit de son échec dans un pensionnat … Bien mal lui en prendra car l'objet de sa déception a été à « bonne école » et prendra plaisir à lui rendre la monnaie de sa pièce, au centuple si possible. Quitte à ce que ce soit auto-destructeur … Elizabeth ne reculera devant rien !…

C'est beau, c'est féroce, c'est caustique ! Olivier Bourdeaut est un génie démoniaque. Son récit narratif est puissant (l'utilisation de la première personne le rend d'autant plus efficace) C'est cru, c'est drôle et douloureux … On est surpris ou épouvanté … Et c'est surtout superbement intelligent ! Un texte tragi-comique saisissant, une belle écriture, bref : un sans faute et pour ma part un gros coup de coeur !
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Alors chiche ou pas chiche de donner son avis? le regard des autres nous interesse t il?
Je tombe vite sous le charme de la repartie d'Olivier bourdeaut, tant aimé En attendant Bojangles. Mais c'est vrai que l'humour sarcastique ne rend pas ce dernier roman lumineux! 'J'ai de l'acidité plein la bouche ' p115. Dès le départ propos bien acides et bien sentis. C'est piquant et rien n'est là pour adoucir le verbe haut de note héroïne, Elisabeth. même le scénario reste à distance pour laisser l'entière place à toutes ces joutes. Perpétuel combat, très adolescent, contre tous et contre soi, le passage sur les 40 ans de sa mère est poussé à son maximum, je crois que je lis sans respirer. Chaque phrase est une punchline et mérite un rap en fond sonore, un passage sur scène de stand up. La rencontre avec le coach boxe est pas mal aussi, dans un autre genre, ça pousse loin, ça n'a pas froid aux yeux de la repartie. En vrai chaque nouveau personnage casse la baraque.
Pour conclure, voici un début de bon moment de lecture, avalé en deux deux, idéal pour faire une transition vers un autre genre littéraire. Mais à mi chemin, ça se muscle, ça se corse encore et là j'me dis qu'on est loin de la couverture florida qu'ils nous proposent chez folio. C'est pas acidulé c'est de l'acide pur.
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Florida c'est l'histoire d'un énorme chagrin, le chagrin d'une petite fille transformée par sa mère en mini-miss. Florida c'est une mère agacée de voir sa fille toujours seconde sur le podium la laissant toujours esseulée avec sa peine et sa culpabilité de ne pas avoir été la première. La petite Elizabeth Vernn veut tellement plaire sans jamais y parvenir totalement qu'elle en est dévastée. Elle cherchera toujours quelqu'un pour la rassurer et se laissera manipuler. Elizabeth vivait confinée dans la torpeur malsaine de son enfance entre une mère oppressante et un père absent quand la tornade des trahisons fait irruption dans sa vie. Sa mère devient Médée, mais c'est bien méconnaître ce que peut engendrer comme vengeance les blessures d'un corps et d'un coeur de petite fille. Tuer le transfuge, telle est l'obsession d'Elizabeth, sa volonté de vengeance n'a pas cessé d'agir sur son comportement et sur elle-même. Pour écrire ce thriller psychologique Olivier Bourdeaut s'est niché dans les corps maltraités, les corps accidentés, les corps abimés, les corps immolés sur l'autel des apparences. C'est un livre troublant, bien loin de la légèreté de « en attendant Bojangles ». L'auteur avec ce texte âpre et avec une plume qui nous griffe est de taille à affronter tous les sujets avec brio.
Lien : https://leschroniquesdecoco2..
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Bonjour amis lecteurs,
Aujourd'hui je vous propose « Florida » d' Olivier Bourdeaut .
J'ai beaucoup aimé ce roman noir qui nous plonge dans le monde terrible des enfants exploités par leurs parents. L'auteur décrit avec réalisme et sensibilité les affres d'une enfance prise en otage par le culte du corps. Cette enfance détruite finit par se muer à l'âge adulte en une quête désespérée du corps parfait. Un livre très dur mais effroyablement réel par les sujets abordés, livre que je n'ai pu lâcher avant le mot fin. J'ai adoré la plume de l'auteur, percutante, acérée et pleine d'humour corrosif.
Une histoire dramatique, cynique à souhait qui m'a captivée !
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"En attendant Bojangles", je l'avais acheté sur le seul attrait de sa couverture – c'était le premier roman d'Olivier Bourdeaut – ce fut un coup de foudre. le deuxième, "Pactum salis", il me fallait le lire parce que les marais salants de Guérande… très déçue, je n'avais pas aimé. "Florida", je voulais voir à tout prix. Quelle bonne idée j'ai eue !

D'emblée, j'ai été happée par le regard de la petite fille sur la couverture. Sa robe de satin rose et son diadème emperlé ne peuvent cacher la tristesse, mais aussi la détermination de son regard. Elisabeth Vernn avait certainement ces même yeux graves le jour de ses sept ans. En guise de cadeau, elle reçoit une robe. Mais la vraie surprise est ailleurs…"Une salle polyvalente, une lumière jaune, du carrelage blanc, des fanions multicolores scintillants…" et …"Tu dois seulement marcher délicatement…Tu dois sourire mais pas trop…" Sa mère l'a inscrite à un concours de mini-miss… ce qui fait dire à Elisabeth "Ne trouvez-vous pas cocasse que dans un pays de gagnants, ma malédiction soit d'avoir un jour gagné ?", nous sommes aux Etats-Unis, à Miami plus précisément. On peut dire que ce jour fut le premier d'une longue descente aux enfers.

Autant le dire tout de suite, j'ai beaucoup aimé ce roman et l'ai lu d'une traite. L'auteur a ce talent de se renouveler à chaque ouvrage et d'adapter son écriture, toujours différente. Celle-ci est sèche, taillée à la serpe et sans apprêt, sans circonvolutions, sans emphase. Les phrases sont courtes, ponctuées même de mots isolés, sans verbe. Il entre avec brio dans la tête de son héroïne et lui donne la parole, une parole vive et incisive allant parfois même jusqu'à la logorrhée. La liberté de ton, le vocabulaire cru imprime au récit un rythme particulièrement acide. Tout cela traduit à merveille la dérive de cette petite fille devenue grande mais toujours blessée. Cette histoire d'une vengeance annoncée est brillamment rendue. L'auteur en fait une véritable tragédie, réquisitoire à l'encontre des parents : un père faible qui se contente de regarder, une mère dominatrice. Réquisitoire aussi contre le paraître au détriment de l'être.

Dans le domaine de la documentation, pas un faux pas en ce qui concerne le monde du body-building qu'il décrit parfaitement. Il a visiblement "infiltré" le milieu pour en connaître jusqu'aux menus dévorés par les compétiteurs en période de concours : blancs d'oeuf et de poulet accompagnés de salade verte souvent mangée – je l'ai vu – au sortir du sachet. Rien ne manque des produits absorbés, histoire de faire gonfler les muscles et dessécher la peau. Ce sont sans doute des détails mais qui parviennent à installer l'ambiance et préparer une fin, véritable retour en arrière.

Avec "Florida", Olivier Bourdeaut signe un roman captivant et, je trouve, d'un grand intérêt.

Lien : https://memo-emoi.fr
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