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un petit livre qui se lit assez vite, c'est presque trop court. Une histoire sur trois générations, les vivants, les morts, le pardon ou la vengeance. L'importance des racines et surtout où vont mener toutes ces interrogations? Très bien écrit, une belle réussite en si peu de pages.
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Une enfant juive, Rachel, ayant échappé à la rafle du Vel' d'hiv', devient femme, épouse et mère. Rachel et son fils Adam s'interrogent sur leur origine : qu'est-ce, être juif ? et d'autre part, le pardon est-il possible ?
Un ouvrage concis d'une centaine de pages, doté d'une écriture sobre et efficace, nous transporte au plus profond de l'âme humaine et de ses tourments.
A découvrir.
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Le jour de la rafle du Vel d'Hiv Rachel a trois ans, elle est hospitalisée dans un dispensaire parisien lorsque ses parents sont embarqués. Elle est recueillie par des soeurs catholiques qui la cachent dans leur couvent de Nangis et changent son prénom en « Marie ».

Ses parents ne reviendront pas et à la libération elle retrouve des cousins alsaciens réfugiés en zone libre qui vont se charger de son éducation. En 1958, son bac en poche, elle remonte vers Paris et vit chez Abraham et Hanna une autre branche de sa famille, des religieux très pratiquants. A force de questionner Abraham elle va enfin découvrir qui sont ses parents, ce qui leur est arrivé et ses origines.

Dés lors, Rachel est hantée par ce passé si lourd à porter. Doit-elle oublier ? Doit elle continuer et transmettre sa judéité, doit-elle pardonner comme lui ont appris les soeurs du couvent. Rachel est perdue et ne sait plus qui elle est réellement.

Elle va se marier et avoir un fils. Que va t'elle lui transmettre, ressentira t'il lui aussi le poids de ce passé, comment peut-on avancer si on ne sait pas qui l'on est réellement.

Adam, comme Rachel auparavant, a ce ressenti, cette sensation du passé qui est là, son âme juive.

Pierre Bourgeade nous décrit une belle histoire en trois partie, On découvre d'abord Rachel adolescente, puis Rachel adulte qui se marie et la dernière partie du roman concerne Adam son fils.

Il y a de l'amour, de la souffrance aussi, tout se mélange et c'est un dilemme de taille pour ces descendants de parents assassinés dans les camps. Il faut avancer et continuer de vivre mais faire comme si rien ne s'était passé semble impossible, certains arrivent à pardonner, d'autres vivent avec l'esprit de vengeance et sont tourmentés, c'est ce que l'auteur tente de nous faire toucher du doigt, c'est parfois beau, et ça fait mal parfois.

Le livre se lit très rapidement puisqu'il ne possède qu'une centaine de pages, l'écriture est concise, l'auteur ne s'embarrasse pas de mots superflus, il va droit au but pour mieux nous faire saisir la gravité du présent mais aussi du passé.

Ce livre a été finaliste du prix Renaudot en 1998.
Lien : https://jaimelivresblog.word..
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Toute une réflexion autour de l'oubli, du pardon, de la réconciliation et de la vengeance à travers la vie de 3 générations de juifs français.
La première génération, c'est celle des parents de Sarah et de son oncle Abraham, qui ont vécu la Seconde Guerre Mondiale, le nazisme et la Shoah. On y trouve déjà 2 attitudes différentes, décrites par Abraham. Il y a ceux qui, comme lui, avaient compris que la guerre serait quelque chose de terrible pour les Juifs et qui avaient décidé de fuir ou de se cacher. Puis il y a ceux qui n'ont pas vu ou pas voulu voir que le nazisme voulait les exterminer et que leur patience ou leur inconscience a conduits à la mort, comme les parents et le frère de Sarah, victimes de la rafle du Vel' d'Hiv'.
La deuxième génération, c'est celle de Sarah et de son mari. D'abord, Sarah apprend l'allemand, peut être inconsciemment. Puis elle cherche à comprendre la Shoah : elle veut voir les lieux comme le Vel'd'Hiv' et le camp de Royallieu à Compiègne. Marcel, son mari, est juif aussi, mais sa famille a décidé de cacher cette origine en prenant un nom français. Sarah et lui sont attachés au judaïsme, mais ce n'est même pas un rite, puisqu'ils ne se marient pas religieusement et ne font pas circoncire leur fils.
La troisième, c'est celle d'Adam qui apprendra qu'il est juif à la mort de son père. Parlant l'allemand, il trouve un travail en Allemagne. Dans une conversation, il n'ose avouer qu'il est juif et il en ressent une telle honte qu'il se circoncit lui-même avec le couteau de sacrificateur qui appartenait à son grand-père. S'étant retrouvé comme juif, il semble prêt à se réconcilier avec les Allemands. Mais il découvre que son amie est la fille de l'officier SS qui a assisté à l'arrestation de ses grands-parents. Après une dispute, il la tue avec le même couteau et se réfugie en Israël où il prend le prénom d'Abel et reprend son nom juif.


Au cours de ce processus de retour vers la judéité, on "croise" Paul Touvier comme exemple d'une attitude que Sarah a de la peine à comprendre : celle du pardon que les catholiques semblent prêts à accorder à tout le monde.
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Comme avec "Ramatuelle", Pierre Bourgeade concentre dans le court récit qu'est "Les âmes juives" de nombreux événements, puisqu'il y couvre l'existence de Rachel Blum depuis le moment où, alors âgée de trois ans et contrairement à ses parents et son frère, elle échappe par un heureux hasard à la rafle du Vél d'Hiv, jusqu'à l'époque où son fils unique est devenu un jeune homme.

Recueillie pendant la guerre par des bonnes soeurs puis élevée par des membres de sa famille traditionalistes, elle mène ensuite une vie banale, ponctuée de ces petites réussites personnelles qui, cumulées, constituent ce que l'on pourrait qualifier de "bonheur tranquille". Elle obtient un poste d'enseignante, rencontre l'homme avec qui elle fera sa vie, donne naissance à un garçon en bonne santé...

Mais Rachel se sent poursuivie par l'Holocauste, et hantée par sa négation. A l'aube de l'âge adulte, désireuse d'en savoir plus sur ses origines, sur les événements qui décimèrent sa famille, elle se heurte au constat du déni collectif qui pèse sur la Shoah. Même lorsqu'elle l'évoque avec son père adoptif, ce dernier est plus virulent à l'encontre de la naïveté de ses parents qui n'ont pas su fuir au bon moment, qu'envers la barbarie nazie. le Vél d'Hiv a disparu, détruit à la fin des années cinquante, et rien n'honore, à son emplacement, la mémoire des raflés de 1942. La France de l'après-guerre se refuse à reconnaître sa responsabilité dans la déportation des juifs... Rachel peine à trouver un équilibre entre résilience et poids du passé.

Certains juifs, comme ses beaux-parents, ont d'ailleurs préféré faire oublier leurs origines, en changeant de nom, Rabinovich se transformant en Rabineau..

Pierre Bourgeade explore avec "Les âmes juives" une thématique passionnante, celle des traumatismes que lèguent les histoires familiales, avec cette particularité propre à l'Holocauste, qu'elles s'entremêlent à l'histoire de tout un peuple, terminologie qui elle-même peut prêter à interprétation. Car c'est quoi, "être juif" ? Un héritage qui échoit, de fait, aux filles et fils de ? Cela peut-il être un choix ? Et qu'est-ce que cela suppose, quel devoir de mémoire, quelle responsabilité vis-à-vis de ceux qui ont été persécutés en raison de leur judéité ?

J'étais donc plongée dans ce roman au rythme enlevé et au sujet prenant, lorsque, à quelques pages de la fin, tout a été gâché par un dénouement grotesque car sans crédibilité, caricatural...

Alors certes, vous me direz que la quasi totalité de ma lecture a été positive, mais je ne me suis pas remise de cette conclusion bâclée, ça a été comme de finir un excellent repas par un détestable dessert, dont je n'ai pu me débarrasser de l'arrière-goût...

Dommage...
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Découverte de cette histoire et de cet auteur il y a quelques mois au détour d'une brocante. C'est tout d'abord le thème qui m'a intéressée car je récupère depuis des années des témoignages de Justes, de rescapés de la Shoah, de Résistants, des essais, etc. Bien qu'il s'agisse d'un roman (manifestement inspiré de faits réels ? cf. l'introduction de l'auteur), ce livre a l'ambition de répondre à cette question : Être juif, c'est quoi ?

En effet, Pierre Bourgeade nous transporte dans l'histoire de trois générations de juifs d'une même famille (les Blum puis les Robineau, ex-Robinovich) confrontés à ce questionnement et à ce qui constitue leur appartenance (ou pas) à cette "race", à cette religion, à ses pratiques, à cette histoire (la Shoah) et à ses conséquences.

Rachel Blum (2e génération), seule survivante de sa famille de la rafle du Vel' d'Hiv', a dû son salut ce jour-là à une coqueluche soignée au dispensaire de l'hôtel de ville de Paris. Elle n'était donc pas dans l'appartement de ses parents lorsque la police française est venue les chercher. Dès lors, elle sera une enfant "trouvée" puis cachée au sein d'un couvent catholique de Seine-et-Marne. Sous la protection des religieuses, elle changera de prénom et sera initiée à la religion catholique qui, entre autres choses, prône le pardon envers ses ennemis. Puis, à la Libération, elle sera accueillie par des cousins, à Grenoble, y fera sa scolarité, avant d'être adoptée par la suite par d'autres parents à Paris où elle poursuivra des études supérieures. Des traditionnalistes juifs, très proches de ses parents, mais qui, eux, avaient vu le vent venir et s'étaient enfuis avant la rafle.

C'est face à la devanture d'un fleuriste de la rue des Rosiers que l'histoire personnelle de Rachel lui reviendra à la figure, perturbant à la fois son âme et son esprit.
Dès lors, elle n'aura de cesse de comprendre.

Comprendre pourquoi ses parents ont été raflés et pourquoi ses parents d'adoption ne l'ont pas été.
Comprendre, mais aussi voir de ses yeux : des photos de ses parents avant la déportation (son père, sa mère, son frère oubliés, car elle n'avait que trois ans à l'époque, et invisibilisés depuis) ; les lieux où ils habitaient et travaillaient rue des Rosiers à Paris ; ce fameux Vel'd'Hiv' (dont il ne reste rien) où entre le 16 et le 17 juillet 1942, 13.000 personnes dont un tiers d'enfants ont été parqués avant d'être déportés dans l'Est vers leur extermination programmée ; mais aussi le camp de Royallieu à Compiègne (dont il ne reste rien non plus) où ceux-ci ont discrètement transité avant de partir vers leur destination finale. Compiègne, où sans le savoir et sans l'avoir aucunement anticipé, Sarah se retrouve à vivre et à travailler en tant qu'enseignante d'allemand.

C'est aussi à Compiègne qu'elle rencontrera l'homme qui deviendra son mari, un médecin qu'elle était venue consulter pour un petit problème de santé. Là encore, le hasard (mais est-ce bien le hasard ?) lui fera découvrir, au travers de l'histoire familiale de son fiancé, une autre facette des juifs confrontés alors à la Shoah : ceux qui ont fait le choix de cacher officiellement leur origine et leur appartenance à cette religion sous un nom francisé les protégeant ainsi de futures persécutions.

De cette union naîtra un fils (3e génération) Adam que les études et le travail mèneront en Allemagne (là encore, est-bien un hasard ?) et au contact de jeunes allemands issus, eux aussi, de la troisième génération de leurs familles (ayant forcément connu et sans doute agi dans les rangs des nazis). Comment ces jeunes-là vivent-ils cette histoire-là ? On ne le sait pas trop, mais on verra comment lui, Adam, se retrouve confronté à certaines circonstances, et comment il réagira de façon à se réapproprier son identité et son histoire que sa mère et son père avaient contribué (volontairement ou par omission ?) à nier eux aussi et à lui cacher.

Ce livre de 122 pages est d'une force incroyable par sa concision et par l'impact des faits qui y sont relatés. Les mots sont simples, justes et graves. le ton n'est aucunement larmoyant. Il se veut avant tout éclairant et de nature à s'interroger sur ce que nous, lecteurs, nous aurions fait si nous avions été confrontés à la même situation :
- Si nous avions été des juifs, aurions-nous accepté de suivre tels des moutons sans se rebiffer et acceptant trop sagement notre destin de juifs persécutés ou aurions-nous tout fait pour échapper à l'inéluctable ?
- Aurions-nous, en tant que citoyens français non juifs, agi pour empêcher certains actes, pour cacher et protéger les juifs ?
- Aurions-nous contribué (en tant que juifs et non juifs) à informer les générations suivantes de ce qui avait été ? de ce qui avait été vécu par les parents partis en fumée ?
- Aurions-nous contribué à mettre au jour les responsabilités des uns et des autres ou aurions-nous été tentés par le négationnisme et l'oubli ?
- Enfin, aurions-nous pardonné ? aurions-nous fait en sorte de se souvenir et de faire perdurer ce souvenir ? ou encore, aurions-nous eu la volonté d'activer le bras armé de la vengeance ?

Voici toutes les interrogations que génère, en filigrane, la lecture de ces quelques pages. Un petit livre précieux que je recommande à qui souhaite s'informer et ne pas oublier ce qui a été.
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