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EAN : 9782907681186
120 pages
Tristram (04/09/1998)
3.36/5   18 notes
Résumé :
En juillet 1942, une enfant, Rachel Blum, échappe par miracle à la rafle du Vel'd'hiv.
Recueillie alors par des religieuses catholiques, confiée quelques années plus tard à des parents juifs traditionalistes, elle grandit hantée par la mémoire des siens, mais déchirée entre l'esprit des Chrétiens, qui pardonnent tout, et celui des Juifs, qui ne pardonnent rien. L'Evangile dit " Aime tes ennemis ", mais la Thora dit " Zakhor ! ", " Souviens-toi ! ".
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
un petit livre qui se lit assez vite, c'est presque trop court. Une histoire sur trois générations, les vivants, les morts, le pardon ou la vengeance. L'importance des racines et surtout où vont mener toutes ces interrogations? Très bien écrit, une belle réussite en si peu de pages.
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Une enfant juive, Rachel, ayant échappé à la rafle du Vel' d'hiv', devient femme, épouse et mère. Rachel et son fils Adam s'interrogent sur leur origine : qu'est-ce, être juif ? et d'autre part, le pardon est-il possible ?
Un ouvrage concis d'une centaine de pages, doté d'une écriture sobre et efficace, nous transporte au plus profond de l'âme humaine et de ses tourments.
A découvrir.
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Découverte de cette histoire et de cet auteur il y a quelques mois au détour d'une brocante. C'est tout d'abord le thème qui m'a intéressée car je récupère depuis des années des témoignages de Justes, de rescapés de la Shoah, de Résistants, des essais, etc. Bien qu'il s'agisse d'un roman (manifestement inspiré de faits réels ? cf. l'introduction de l'auteur), ce livre a l'ambition de répondre à cette question : Être juif, c'est quoi ?

En effet, Pierre Bourgeade nous transporte dans l'histoire de trois générations de juifs d'une même famille (les Blum puis les Robineau, ex-Robinovich) confrontés à ce questionnement et à ce qui constitue leur appartenance (ou pas) à cette "race", à cette religion, à ses pratiques, à cette histoire (la Shoah) et à ses conséquences.

Rachel Blum (2e génération), seule survivante de sa famille de la rafle du Vel' d'Hiv', a dû son salut ce jour-là à une coqueluche soignée au dispensaire de l'hôtel de ville de Paris. Elle n'était donc pas dans l'appartement de ses parents lorsque la police française est venue les chercher. Dès lors, elle sera une enfant "trouvée" puis cachée au sein d'un couvent catholique de Seine-et-Marne. Sous la protection des religieuses, elle changera de prénom et sera initiée à la religion catholique qui, entre autres choses, prône le pardon envers ses ennemis. Puis, à la Libération, elle sera accueillie par des cousins, à Grenoble, y fera sa scolarité, avant d'être adoptée par la suite par d'autres parents à Paris où elle poursuivra des études supérieures. Des traditionnalistes juifs, très proches de ses parents, mais qui, eux, avaient vu le vent venir et s'étaient enfuis avant la rafle.

C'est face à la devanture d'un fleuriste de la rue des Rosiers que l'histoire personnelle de Rachel lui reviendra à la figure, perturbant à la fois son âme et son esprit.
Dès lors, elle n'aura de cesse de comprendre.

Comprendre pourquoi ses parents ont été raflés et pourquoi ses parents d'adoption ne l'ont pas été.
Comprendre, mais aussi voir de ses yeux : des photos de ses parents avant la déportation (son père, sa mère, son frère oubliés, car elle n'avait que trois ans à l'époque, et invisibilisés depuis) ; les lieux où ils habitaient et travaillaient rue des Rosiers à Paris ; ce fameux Vel'd'Hiv' (dont il ne reste rien) où entre le 16 et le 17 juillet 1942, 13.000 personnes dont un tiers d'enfants ont été parqués avant d'être déportés dans l'Est vers leur extermination programmée ; mais aussi le camp de Royallieu à Compiègne (dont il ne reste rien non plus) où ceux-ci ont discrètement transité avant de partir vers leur destination finale. Compiègne, où sans le savoir et sans l'avoir aucunement anticipé, Sarah se retrouve à vivre et à travailler en tant qu'enseignante d'allemand.

C'est aussi à Compiègne qu'elle rencontrera l'homme qui deviendra son mari, un médecin qu'elle était venue consulter pour un petit problème de santé. Là encore, le hasard (mais est-ce bien le hasard ?) lui fera découvrir, au travers de l'histoire familiale de son fiancé, une autre facette des juifs confrontés alors à la Shoah : ceux qui ont fait le choix de cacher officiellement leur origine et leur appartenance à cette religion sous un nom francisé les protégeant ainsi de futures persécutions.

De cette union naîtra un fils (3e génération) Adam que les études et le travail mèneront en Allemagne (là encore, est-bien un hasard ?) et au contact de jeunes allemands issus, eux aussi, de la troisième génération de leurs familles (ayant forcément connu et sans doute agi dans les rangs des nazis). Comment ces jeunes-là vivent-ils cette histoire-là ? On ne le sait pas trop, mais on verra comment lui, Adam, se retrouve confronté à certaines circonstances, et comment il réagira de façon à se réapproprier son identité et son histoire que sa mère et son père avaient contribué (volontairement ou par omission ?) à nier eux aussi et à lui cacher.

Ce livre de 122 pages est d'une force incroyable par sa concision et par l'impact des faits qui y sont relatés. Les mots sont simples, justes et graves. le ton n'est aucunement larmoyant. Il se veut avant tout éclairant et de nature à s'interroger sur ce que nous, lecteurs, nous aurions fait si nous avions été confrontés à la même situation :
- Si nous avions été des juifs, aurions-nous accepté de suivre tels des moutons sans se rebiffer et acceptant trop sagement notre destin de juifs persécutés ou aurions-nous tout fait pour échapper à l'inéluctable ?
- Aurions-nous, en tant que citoyens français non juifs, agi pour empêcher certains actes, pour cacher et protéger les juifs ?
- Aurions-nous contribué (en tant que juifs et non juifs) à informer les générations suivantes de ce qui avait été ? de ce qui avait été vécu par les parents partis en fumée ?
- Aurions-nous contribué à mettre au jour les responsabilités des uns et des autres ou aurions-nous été tentés par le négationnisme et l'oubli ?
- Enfin, aurions-nous pardonné ? aurions-nous fait en sorte de se souvenir et de faire perdurer ce souvenir ? ou encore, aurions-nous eu la volonté d'activer le bras armé de la vengeance ?

Voici toutes les interrogations que génère, en filigrane, la lecture de ces quelques pages. Un petit livre précieux que je recommande à qui souhaite s'informer et ne pas oublier ce qui a été.
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Toute une réflexion autour de l'oubli, du pardon, de la réconciliation et de la vengeance à travers la vie de 3 générations de juifs français.
La première génération, c'est celle des parents de Sarah et de son oncle Abraham, qui ont vécu la Seconde Guerre Mondiale, le nazisme et la Shoah. On y trouve déjà 2 attitudes différentes, décrites par Abraham. Il y a ceux qui, comme lui, avaient compris que la guerre serait quelque chose de terrible pour les Juifs et qui avaient décidé de fuir ou de se cacher. Puis il y a ceux qui n'ont pas vu ou pas voulu voir que le nazisme voulait les exterminer et que leur patience ou leur inconscience a conduits à la mort, comme les parents et le frère de Sarah, victimes de la rafle du Vel' d'Hiv'.
La deuxième génération, c'est celle de Sarah et de son mari. D'abord, Sarah apprend l'allemand, peut être inconsciemment. Puis elle cherche à comprendre la Shoah : elle veut voir les lieux comme le Vel'd'Hiv' et le camp de Royallieu à Compiègne. Marcel, son mari, est juif aussi, mais sa famille a décidé de cacher cette origine en prenant un nom français. Sarah et lui sont attachés au judaïsme, mais ce n'est même pas un rite, puisqu'ils ne se marient pas religieusement et ne font pas circoncire leur fils.
La troisième, c'est celle d'Adam qui apprendra qu'il est juif à la mort de son père. Parlant l'allemand, il trouve un travail en Allemagne. Dans une conversation, il n'ose avouer qu'il est juif et il en ressent une telle honte qu'il se circoncit lui-même avec le couteau de sacrificateur qui appartenait à son grand-père. S'étant retrouvé comme juif, il semble prêt à se réconcilier avec les Allemands. Mais il découvre que son amie est la fille de l'officier SS qui a assisté à l'arrestation de ses grands-parents. Après une dispute, il la tue avec le même couteau et se réfugie en Israël où il prend le prénom d'Abel et reprend son nom juif.


Au cours de ce processus de retour vers la judéité, on "croise" Paul Touvier comme exemple d'une attitude que Sarah a de la peine à comprendre : celle du pardon que les catholiques semblent prêts à accorder à tout le monde.
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Le jour de la rafle du Vel d'Hiv Rachel a trois ans, elle est hospitalisée dans un dispensaire parisien lorsque ses parents sont embarqués. Elle est recueillie par des soeurs catholiques qui la cachent dans leur couvent de Nangis et changent son prénom en « Marie ».

Ses parents ne reviendront pas et à la libération elle retrouve des cousins alsaciens réfugiés en zone libre qui vont se charger de son éducation. En 1958, son bac en poche, elle remonte vers Paris et vit chez Abraham et Hanna une autre branche de sa famille, des religieux très pratiquants. A force de questionner Abraham elle va enfin découvrir qui sont ses parents, ce qui leur est arrivé et ses origines.

Dés lors, Rachel est hantée par ce passé si lourd à porter. Doit-elle oublier ? Doit elle continuer et transmettre sa judéité, doit-elle pardonner comme lui ont appris les soeurs du couvent. Rachel est perdue et ne sait plus qui elle est réellement.

Elle va se marier et avoir un fils. Que va t'elle lui transmettre, ressentira t'il lui aussi le poids de ce passé, comment peut-on avancer si on ne sait pas qui l'on est réellement.

Adam, comme Rachel auparavant, a ce ressenti, cette sensation du passé qui est là, son âme juive.

Pierre Bourgeade nous décrit une belle histoire en trois partie, On découvre d'abord Rachel adolescente, puis Rachel adulte qui se marie et la dernière partie du roman concerne Adam son fils.

Il y a de l'amour, de la souffrance aussi, tout se mélange et c'est un dilemme de taille pour ces descendants de parents assassinés dans les camps. Il faut avancer et continuer de vivre mais faire comme si rien ne s'était passé semble impossible, certains arrivent à pardonner, d'autres vivent avec l'esprit de vengeance et sont tourmentés, c'est ce que l'auteur tente de nous faire toucher du doigt, c'est parfois beau, et ça fait mal parfois.

Le livre se lit très rapidement puisqu'il ne possède qu'une centaine de pages, l'écriture est concise, l'auteur ne s'embarrasse pas de mots superflus, il va droit au but pour mieux nous faire saisir la gravité du présent mais aussi du passé.

Ce livre a été finaliste du prix Renaudot en 1998.
Lien : https://jaimelivresblog.word..
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critiques presse (1)
Telerama
18 septembre 2013
L'écriture au scalpel semble effacer l'émotion pour s'en tenir aux faits, mais elle dégage une extraordinaire puissance et une souffrance infinie.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
"- (...) N'avaient-ils pas compris qu'en acceptant l'étoile jaune ils se reconnaissaient comme des sous-hommes que ne protégaient plus aucune loi?...
- Je ne sais pas...
- Non. Ils avaient des yeux, ils ne voyaient pas. Ils avaient des oreilles, ils n'entendaient pas. Ils refusaient de comprendre. Ils n'avaient même pas, comme moi, cherché leur salut dans la fuite. Ils avaient adopté, de toutes les habitudes juives, la plus haïssable, la patience. La patience des Juifs!...Dos courbé, rage rentrée, coeur de caillou!...L'envahisseur passera, mais l'éternal restera! La patience!...Ils avaient patienté, ils avaient enduré, ils avaient attendu. Ils avaient attendu...attendu....attendu...et à force d'attendre, ils avaient vu venir le jour...
- Le jour?...
- Le jour de cendres. Le jour où fut prise cette autre photo"
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J'ai toujours su que tu étais Juif. Je l'ai su dès le premier jour. Harald aussi l'a su. Je l'ai vu à tes yeux, à ton visage. je t'ai aimé quand même. Je t'ai peut-être aimé à cause de ça. J'ai tout de suite voulu , je veux qu'on se marie, qu'on ait des enfants en semble, qu'on se pardonne tout... tout ce qui s'est passé... l'Histoire... les horreurs... je suis prête à porter un nom juif... ton vrai nom si tu t'es présenté à nous sous un faux nom... Si des gens comme nous ne se comprennent pas, ne se pardonnent pas, qui le fera ?...
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De Compiègne sont partis vers l'Allemagne, dès 1940, d'innombrables trains emmenant les soldats vaincus en captivité... puis, en 1941... 42... 43... 44... et jusqu'aux premiers mois de 1945... d'autres convois... wagons à bestiaux... emportant, tassés comme cadavres en fosse commune, les déportés... hommes... femmes... enfants... vers leur destin. Nacht und Nebel... Tels étaient les mots utilisés par les équarrisseurs nazis... et tel était le but poursuivi par eux - que les Juifs disparussent dans le secret des camps comme toute forme finit par se dissoudre dans la nuit et le brouillard. Nul ne devait connaître leur destination. Nul n'aurait plus jamais de leurs nouvelles. Celui ou celle sur qui, en gare de Compiègne, s'était refermée la porte roulante du wagon, était à jamais retranché du monde des vivants.
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- Cette lumière fait frissonner, dit Rachel
- Oui... Elle est pour nous l'équivalent d'une parole. Sais-tu qu'il est dit dans les Livres que l'Eternel n'a pas de visage. Il est partout. Il se meut dans les nuées. Celui à qui il fut donné de le contempler le décrivit comme étant une lueur... une fusion de jaspe et de cornaline... irradiant un arc-en-ciel d'émeraude. Chaque couchant nous le rappelle.
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Videos de Pierre Bourgeade (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Bourgeade
Jean-Hubert Gailliot - Éditions Tristram .Jean-Hubert Gailliot des éditions Tristram vous présente deux ouvrages de Pierre Bourgeade. Rentrée littéraire 2014. "Venezia" http://www.mollat.com/livres/bourgeade-pierre-venezia-9782367190297.html "Ramatuelle" http://www.mollat.com/livres/bourgeade-pierre-ramatuelle-9782367190303.html Notes de Musique : None Music/Unknown Album/Seizure's Palace. Free Music Archives.
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