Les ultimes

L'idée de départ me plaît beaucoup : deux jumeaux, jamais d'accord, accessoirement amants, fondent un groupe de réflexions autour d'un sujet d'actualité, l'écologie au sens large. Ils sont la première génération à être aussi la dernière dans cette situation. J'y ai cru à ce livre qui aurait peut-être été plus technique, plus philo-socio-eco-psycho-etc, mais du coup plus riche, sur une simple idée de départ absolument géniale. Il y avait lieu a des débats intelligents. N'étant pas le sujet du livre, il est du coup misérablement traité en organisation de séminaires ! Soit ! Je suis parti sur une idée de lecture fausse, je m'en excuse, mais n'ai pas pu m'en détacher ! Et puis, au milieu du livre le drame. Et on dévore l'autre moitié du livre, devenu du coup plus intéressant, en suivant la situation de la mère et de l'amant. Ce qui reste à ceux qui restent !

Je suis dans une situation totalement inédite pour moi, celle de me retrouver face à des sentiments contradictoires à propos de cette lecture, et ne pas vraiment savoir lequel l'emporte. Dès que je me dis "ah oui ça c'était très bien" vient immédiatement contrebalancer un "ah ça par contre..." qui me laisse perdu.

D'abord il faut contextualiser cette lecture, Les Ultimes fait partie d'une belle brochette de romans LGBT+ de la rentrée littéraire de janvier, dont l'essentiel a paru chez Grasset, et c'est ce qui m'a poussé à solliciter de titre en service de presse à l'éditeur. Alban et Corentin sont deux jumeaux de vingt-quatre ans qui vivent et étudient à Paris, l'un est plus littéraire et l'autre plutôt scientifique.

Ils partagent un petit studio, mais Alban et Corentin partagent aussi leur lit avec Édouard, puisqu'ils forment un trouple dans ce triangle incestueux mais étonnamment banal semble-t-il autour d'eux. Les deux frères sont tiraillés par quelques tensions, notamment sur les perspectives qu'ils offrent au monde, et c'est en ce sens qu'ils proposent dans leur grande école une série de conférences sur cette thématique de déclin sous le nom Les Ultimes.

Tel Abel et Caïn, les jumeaux vivront un drame qui tournera la seconde partie du roman autour de Violaine, leur mère, et d'Édouard qui n'a pas vraiment de statut mais qui permettra à Violaine de comprendre ce qu'elle n'avait jamais voulu voir, et de l'accompagner dans le chemin à parcourir.

C'est une lecture mitigée mais globalement positive, le trait incestueux se noie avec discrétion dans le récit, et si j'ai été un peu ennuyé par les débats philosophiques autour des conférences, l'esprit du roman doucement romantique entre les garçons devient tendrement mélancolique pour ceux qui restent. Demeure une question sans réponse qui m'a intrigué toute ma lecture : quel message porte ce livre ?

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