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Citations sur San Miguel (9)

Elle voulait sincèrement croire que leur vie avait un sens, qu'ils gagneraient de l'argent dans cette aventure, au lieu de perdre son dernier pécule, elle avait envie de croire que vivre retirée dans cette île réparerait ses poumons et que l'agneau d'Edith se rétablirait, reprendrait des forces progressivement...elle aurait prié pour que cela arrive si elle n'en avait perdu l'habitude.
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Ce qu'elle savait, c'est que l'île lui était devenue étrangère, aussi étrangère désormais qu'elle l'avait été quand, pour la première fois, jeune mariée, elle avait remonté la route, et que Herbie avait allumé les lampes dans toute la maison, de sorte que, lorsqu'elle était retournée dans la cour chercher ses valises neuves en cuir, les fenêtres rougeoyaient dans la nuit qui était totale jusqu'au seuil des étoiles. Elle savait que la chance avait tourné. Elle savait qu'il ne fallait rien garder, que rien ne valait la peine qu'on s'y accroche, qu'en fin de compte, tout cela n'était rien. Elle plongea les bras dans le coffre et souleva tout ce qu'elle put. Le feu repartit de plus belle. Les pages se recroquevillèrent, les images s'effacèrent comme si elles n'avaient jamais existé.
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Elle toussait, toussait toujours et parfois crachait du sang. Il jaillissait en une bruine arrachée aux fibres de ses poumons, pompée, pleine d'air, comme un parfum dans un vaporisateur. Ou bien il montait dans sa bouche comme un sirop au goût métallique, brûlant de la chaleur de ses entrailles, jusqu'à ce qu'elle le crache dans le pot en porcelaine et voie le caillot rouge, brillant comme une chose à laquelle elle aurait donné naissance, comme le placenta, mais que pouvait-elle en savoir puisqu'elle n'avait jamais conçu, ni avec James, son premier mari, ni avec Will. A trente-huit ans, elle était résignée à ne jamais avoir d'enfant, pas dans cette vie. Lorsqu'elle se sentait fatiguée, quand elle avait des hémorragies et que la douleur à la poitrine avait l'acuité des tortures du Moyen Age, telle la "peine forte et dure" que le bourreau faisait subir au supplicié en empillant des pierres sur son corps jusqu'à ce que ses côtes s'enfoncent et que son coeur lâche, il lui semblait parfois qu'elle ne survivrait pas à cette année.
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Elle avait entendu dire qu’on pouvait s’habituer à tout : ainsi, dans l’Arctique, les explorateurs devaient tuer leurs chiens pour ne pas mourir de faim et de froid, comme si les animaux dont ils ravissaient la chair et le fourrure n’avaient jamais été leurs compagnons et leurs confidents ; on parlait aussi des prisonniers en cellule d’isolement qui se satisfaisaient de la compagnie d’un rat ou d’un cafard, ou même de Robinson Crusoé, qui finit par s’habituer à son île, au point de ne plus vouloir la quitter. Mais, pour Edith, l’adaptabilité était une malédiction.
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Elle mit de côté sa broderie et, parcourue de part en part par une décharge d'excitation - une nouvelle tête! -, elle se précipita sur la porte. L'air, vivifiant, sentait pour une fois plus l'océan que le troupeau. Les cochons grognaient dans leur bauge. Elle entendit le chœur des phoques mêlé au vent qui au loin sifflait comme un câble qui se rompt.
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Elle aurait pu autrefois avoir choisi de rester à Manhattan, de s’installer dans l’appartement avec vue sur l’East River sur lequel elle avait jeté son dévolu, et mener sa vie comme si elle avait glissé sur un fil de chez elle au travail et retour, à feuilleter les fiches du catalogue de la bibliothèque, ôtant l’enveloppe d’un sandwich à l’heure du déjeuner à son bureau au pied des hautes fenêtres, dînant au restaurant du coin, avec les bougies fondant dans des coupelles sur les tables et le menu du jour écrit à la craie sur le tableau au-dessus du bar. Elle aurait pu aller à Paris, retourner à Montreux ou chez sa mère à Rye, où chaque année était la réplique de la précédente, où le seul changement était le changement des saisons. Or Herbert Steever Lester avait frappé à sa porte et elle avait fait le grand saut, s’était transportée sur cette île qui ne lui était déjà plus rien…
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Les nouvelles du monde arrivaient sans trêve, les infectant comme une sorte de peste. Qu'ils le veuillent ou non, ils faisaient désormais partie du monde, happés par lui presqu'à leur corps défendant.
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C’était bien l’île, l’île qui la détruisait, elle le savait depuis le début, et elle aurait pu le dire tout fort, le hurler, elle aurait pu dire n’importe quoi, jurer et tempêter, pensant Voici ce à quoi ressemble la mort, ce poids, cet écrasement.
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Elle savait qu'il ne fallait rine garder, que rien ne falait la peine qu'on s'y accroche, qu'en fin de compte, tout cela n'était rien.
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