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Robert Pépin (Traducteur)
EAN : 9782253146599
447 pages
Le Livre de Poche (01/05/1999)
4.12/5   276 notes
Résumé :
Un soir, regagnant le lotissement où il réside, loin du centre de Los Angeles, Delaney manque d'écraser un passant.

C'est un « chicano », un Mexicain entré clandestinement en Californie, qui vit dans une misérable cabane avec América, sa femme.

Cet incident va mettre en contact deux mondes : une petite bourgeoisie évoluée, protégée, paisible, et les parias du Sud... Erreurs, drames et malentendus vont s'accumuler, la paranoïa s'installe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (41) Voir plus Ajouter une critique
4,12

sur 276 notes
" Les racistes sont des gens qui se trompent de colère "
Je voulais commencer cette critique par cette citation de Léopold Sédar Senghor.
En 1997 T.C Boyle recevait le prix Médicis étranger pour son roman "America".
"America" est le récit d'une rencontre, deux communautés que tout oppose.
" America "est une jeune mexicaine de 17 ans, elle a suivi son mari Candido dans l'espoir de trouver un monde meilleur, le fameux rêve américain.
Delaney lui est le brave gars, il a une belle maison dans le quartier d'Arroyo Blanco, une belle voiture...
Il est plus préoccupé par l'écologie et la faune du désert.
A la suite d'un accident de la route Delaney se sent mal, la victime est Candido.
Delaney va être confronté à la xénophobie ambiante.
T.C Boyle nous raconte dans un style épuré une histoire où deux communautés sont prêtes à tous tous les excès.
Terrible constat, vingt ans plus tard Donald Trump est aux manettes de cette Amérique avec comme projet la construction d'un mur.
Du côté de l'Europe des odeurs nauséabondes véhiculées par des gens soucieux de notre bien-être voudraient fermer nos frontières.
Moi j'ai une image qui me hante, c'est cet enfant sur une plage, mort noyé, seul...
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Candido Rincon, un jeune Mexicain, est arrivé en Californie avec sa compagne América, enceinte, afin d'y trouver une vie meilleure. Un soir, il se fait renverser sur le bord de la route par Delaney Mossbacher, un habitant aisé d'un lotissement bourgeois qui se ferme de plus en plus sur lui-même. Delaney lui tend vingt dollars que Candido, ignorant des lois, est heureux d'accepter avant de rejoindre le ravin où il vit avec América. Cet accident va hanter Delaney, et, de leur côté, Candido et América vont connaître le sort terrible des immigrés latinos illégaux aux Etats-Unis. ● Je vais aller à l'encontre de la plupart des critiques Babelio de ce roman que j'ai lu parce qu'il est conseillé par Edouard Jousselin dans son formidable roman La Géométrie des possibles (2024). ● Je l'ai trouvé beaucoup trop long et bavard. ● Je n'ai pas été sensible au sort de Candido et d'América sur lesquels le destin semble s'acharner de façon outrancière. ● le parallèle entre les coyotes et les Mexicains m'a paru lourdingue. ● Je ne sais pas si c'est dû à la traduction, mais je n'ai pas non plus aimé le style, avec les innombrables inversions, artificielles et pleines d'affectation. ● Si l'intention de l'auteur est louable, montrer un monde où des êtres humains se déchirent simplement parce qu'ils sont nés de part et d'autre d'une frontière, les Etats-Unis qui ne pensent qu'à ériger des murs de toute façon inutiles, des personnes comme Delaney qui pourtant sont humanistes mais finissent par être contaminés par une mentalité belliqueuse et paranoïaque, tout ceci il y a presque trente ans, et les choses ayant incontestablement empiré depuis, je ne trouve pas que la réalisation soit à la hauteur de l'enjeu.
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América. le rêve à portée de main ? Oui mais... mais non. Candido et son épouse América vont en faire l'expérience, amère. Arrivés en Californie, à la porte d'une corne d'abondance, ils se retrouvent coincés dans une fange inimaginable. Terrés dans ce canyon où la chaleur vous cuit la peau, sans un toit, sans nourriture sauf celle qu'ils peuvent (parfois) s'acheter au chinois du coin, la moins chère et qui se mange dans une boite réchauffée sur un feu de brindilles. Pas de savon ni de brosse pour les dents ou les cheveux, une robe pour elle, un vieux pantalon et des chaussures en pneu pour lui. Et tous les jours, on tente sa chance pour vendre sa force de travail sur le marché aux esclaves.

Delaney et son épouse Kira sont venus s'installer dans ce coin paradisiaque pour être dans la nature, vivre au bon air et loin de la ville, avec le jeune fils de Kira. Il écrit des articles sur les animaux qui peuplent cette contrée, elle vend des belles maisons. La petite communauté dans laquelle ils habitent est paisible. Delaney entretient peu de rapports avec son voisinage, il partage peu leurs idées concernant l'immigration. Ainsi se démarque-t-il lors de projet visant à construire un mur tout autour de la communauté afin de refouler les migrants. Lui ne veut pas, il ne comprend pas se repli sur soi et estime que chacun doit avoir sa chance, s'installer où il le souhaite et trouver un travail pour nourrir sa famille. Mais un coyote mal intentionné vient bouffer sous ses yeux ses deux petits chiens. Sa femme prend dès lors le parti de ceux qui souhaitent le mur.

Toutefois, ce n'est pas le premier signe d'alerte du changement dans cette famille. En fait tout commence par un accident. Delaney renverse Candido un soir avec sa voiture. Candido gravement blessé refuse d'aller se faire soigner, Delaney lui propose vingt dollars. C'est ainsi que ces deux personnages se rencontrent et vont se recroiser pour le pire... et le meilleur ?

Ce roman est très bien construit et bien écrit. J'ai beaucoup aimé. Je l'ai vu comme un hommage au roman de Steinbeck « Les raisins de la colère », actualisé entre le Mexique et l'Amérique de nos jours. A cet égard T.C. Boyle met en exergue une citation dudit roman : « Ils ne sont pas humains. Un être humain ne vivrait pas comme eux. Un être humain ne pourrait pas supporter d'être aussi sale et malheureux. »

T.C. Boyle va décrire dans América la vie des migrants, les wetbacks comme on les appelle parce qu'ils ont le dos mouillés en traversant la rivière, et va montrer comment un homme ou une femme peut basculer dans la folie parce que la douleur est trop vive, insupportable. C'est bien écrit et j'ai ressenti toute la peine pour América, Candido mais également j'ai eu à me poser les mêmes questions que Delaney et cela fait réfléchir... Un excellent roman.
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C'est le premier roman de Boyle que je lis, et à n'en pas douter , ça ne sera pas le dernier.

Le point de départ d'América, c'est une rencontre dans des conditions assez peu heureuses de deux types personnes qui d'ordinaires se croisent sans réellement se voir.

D'un côté Delaney Mossbacher, un quadragénaire qui vit dans un quartier résidentiel de Californie, loin de l'agitation et des tracas de la ville, mais surtout protégé des gens pas trop comme lui. Et de l'autre Candido Rincon, un Mexicain qui a passé illégalement l'immense frontière qui sépare son pays des Etats-Unis , avec sa femme, enceinte, América.
Ces deux hommes que l'on peut aisément qualifier de "pauvres types" - pour différentes raisons - se font face à cause d'un accident. A partir du moment où Delaney heurte Candido, le récit de l'auteur nous "oblige" à nous attarder sur le quotidien de ces deux hommes.

Chacun vivent avec leur désespoir et leurs rêves brisés, la famille mexicaine surtout. Les oppositions entre ces deux camps sont très bien transcrites et dans une prose simple, directe et travaillée à la fois. Et c'est de ces contrastes que naît la satire de Boyle.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que les WASP en prennent pour leur grade... Chacun trop occupé à ses petits soucis de riche et à rester à l'écart de tout (ou presque) que la compassion est remplacée par une peur de l'Autre à la limite de la paranoïa.

Difficile en fait de faire une critique sur ce roman qui met en scène l'éternelle injustice qu'est celle des "nantis" et des "damnés" avec de pauvres bougres qui n'ont d'autre tort que celui d'être né sous la mauvaise étoile, du mauvais côté de la frontière (richesse) et sont prêts à tout pour avoir "le droit" de profiter des facilités de vie qu'ont leur voisins. Petit à petit l'auteur nous montre comment l'être humain devient un prédateur plus vicieux que les serpents des canyons. Et au fil des chapitres, on assiste à la déchéance des Mexicains qui perdent tout (même s'ils n'avaient, pour ainsi dire, rien au départ) et ne vivent plus comme des humains. Et parallèlement, Delaney qui d'un pauvre type inoffensif devient un facho dangereux.

Un portrait de la société américaine moderne qui ne fait pas rêver, bien au contraire.
En bref, un roman marquant qui vaut la peine d'être lu et fera un jour - j'espère - partie du canon américain pour ce nouveau siècle.
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Delaney Mossbacher rentre un soir dans sa cité pavillonnaire sécurisée, et renverse un homme, celui ci malgré ces blessures s'enfuit. L'homme est un clandestin, un chicano qui a franchit la frontière avec son épouse América et qui vivent cachés dans un cabanon en attentant des jours meilleurs.Delaney lui le progressiste, pronant la tolérance et écologique acharné, prend peur et voit dans cet accident un danger pour sa vie de nanti , protégé et respectueux des lois. Alors, Delaney sombre dans une paranoia qui l'amène à récuser tous ces idéaux.Et si cet homme portait plainte ?
T;C. Boyle met face à face deux mondes qui vont s'affronter par l'intermédiaire de Delaney et Candido. Boyle montre avec un talent incroyable comment Delaney oublie ces principes dès lors qu'il sent une menace sur les siens et que son imagination se met à dérailler.
Un portrait saisissant, de deux destins qui s'opposent, la peur de voir son petit monde bien établi s'effondrer. Les conditions de vie (de survie plutôt) de Candido et América sont insupportables et le basculement de Delaney vers une radicalité à l'opposé de ces croyances sont formidablement décrits. le roman sonne avec une justesse glaçante. Et Boyle de taper sur la tête de cette grande Amérique hypocrite, donneuse de leçons. C'est tellement plus facile chez les autres. Boyle dresse un réquisitoire sans appel, un uppercut qui vous laisse KO. Un roman implacable, impressionnant, dérangeant et terriblement d'actualité.
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Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
Sur la côte Est, l'automne arrivait dans une grande bourrasque d'air canadien, revigorante et décisive. Les feuilles changeaient. La pluie tombait en éclats gris et froids, sur les flaques une deuxième peau se formait. Le monde fermait boutique, rentrait au chaud dans ses tanières et ses sillons, et l'équinoxe n'était pas chose ordinaire. Ici, dans les collines délavées qui dominaient Los Angeles, l'automne n'était jamais qu'une autre phase de l'été éternel, plus brûlante et plus sèche, poussée à travers les canyons par des vents qui suçaient toute l'humidité du chaparral et faisaient remonter à la surface des feuilles les huiles combustibles du plus profond des branches et des brindilles. C'était la saison que Delaney avait le plus de mal à supporter. Qu'y avait-il donc à recommander lorsque la température tournait aux alentours de quarante degrés, lorsque l'humidité tombait à zéro et que les vents chassaient de fines poussières de granite dans les narines chaque fois qu'on sortait de chez soi ? Quel charme y avait-il à cela ? D'autres écrivains pouvaient célébrer les rites automnaux de la Nouvelle-Angleterre ou des Grandes Smoky Mountains – ah, regarder les oiseaux qui s'envolent en formations, couper le bois pur le poêle, monter le pressoir à cidre, traquer l'ours somnolant dans les bois sans feuilles, dire les premières senteurs humides de la neige dans l'air qu'on respire -, mais ici... Que pouvait-il faire pour redonner quelque couleur aux lugubres réalités d'une saison pareille ? Oh, bien sûr, il éduquait ses lecteurs sur la germination qui immanquablement suit l'incendie, les extractifs et solvants qu'on trouve dans le manzanita et les roseaux à demi brûlés, l'apparition de substances nutritives au cœur même de la cendre, mais que pouvait-il faire d'une saison qui, loin d'annoncer les douces et magiques transformations de le neige, prédisait l'embrasement infernal qui vaporisera tout sur son passage et lancera de tourbillonnantes colonnes de fumée noire comme de l'encre jusqu'à dix-huit cents mètres dans les airs ?
Les vents soufflaient, Delaney s'était assis à son bureau et tentait de les comprendre.
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Le feu prit et grandit. Il s'agenouilla dans le sable et jeta des branches entre les doigts avides des flammes, l'odeur du bois qui brûle lui gratouillant la nostalgie du plus lointain de mille matins d'antan - il était chez lui et sa mère avait allumé une poignée de brindilles pour faire démarrer la cuisinière, il y avait du pain grillé et du gruau de maïs à manger et à boire du café chaud saturé de sucre -, puis il se détourna et regarda les bras et les jambes de sa femme, et encore ses hanches et ses seins se remplir de lumière.
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Au début, la déception fut grande, mais América était patiente, infiniment patiente, comme rivée au sol par l'ennui des jours. Enfin elle perçut un mouvement et la chose se matérialisa d'un seul coup devant elle, comme dans ces dessins qu'on peut contempler des heures sans rien y voir jusqu'au moment où brusquement on tourne la tête et ça y est, l'image apparaît comme par magie. C'était un coyote. Fourrure hérissée, de la même teinte exactement que les herbes brûlées des collines, une patte levée, les oreilles dressées. Il resta figé en l'endroit, il sentait que quelque chose n'allait pas, de ses yeux jaunes comme du verre il la transperça, elle vit qu'il avait des tétines et de la barbe, la truffe noire et fendue, il était petit, aussi petit que le chien qu'elle avait eu quand elle était enfant, et il ne bougeait toujours pas. Elle le regarda si fort et si longtemps qu'elle crut halluciner, se vit derrière ces yeux au regard méfiant et sut enfin que les hommes étaient ses ennemis - ceux en uniforme, ceux qui portaient leur casquette à l'envers, ceux qui avaient des pièges, des fusils et des appâts empoisonnés. Derrière lui, le terrier était plein de petits, les collines ne furent bientôt plus rien sous ses les pas vifs et brûlants du quadrupède. Elle n'avait pas bougé. Elle n'avait même pas cillé. Finalement, alors même qu'elle n'avait pas cessé de regarder, elle se rendit compte que l'animal n'était plus là.
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(...) he'd stood up at the bimonthly meeting of the property owners' association to say somrthing (...). They wouldn't even listen. Coyotes, gophers, yellow jackets, rattlesnakes even - they were a pain in the ass, sure, but nature was the least of their problems. It was humans they were worried about. The Salvadorans, the Mexicans, the blacks, the gangbangers and taggers and carjackers they read about in the Metro section over their bran toast and coffee. That's why they'd abandoned the flatlands of the Valley and the hills of the Westside to ive up here, outside the city limits, in the midst of all this scenic splendor.
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Sais-tu que l'année dernière, les USA ont accepté plus d'immigrants que tous les autres pays du monde réunis ? Et que la moitié d'entre eux se sont installés en Californie ? Et je ne parle que des immigrants légaux, ceux qui ont un métier, de l'argent et de l'instruction. Ceux qui nous tuent, ce sont ceux qui franchissent le rideau de tortilla en bas, au sud.
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Vidéo de T. C. Boyle
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