Trop aimer, aimer jusqu'à la haine, c'est sacrifier son honneur, aliéner sa propre liberté, c'est se faire mal, forcément.
"...Je ne saurai définir l'obsession. Je crois qu'on la porte toujours en soi. Souvent, il suffit de presque rien pour la déclencher. Elle s'immisce en vous, silencieuse, attaque lentement, tortueuse, chaque partie de votre être; mais elle est rusée et terriblement manipulatrice, car elle se fait passer pour votre amie, mais ne manque pas de vous trahir. La souffrance dans tout cela n'est qu'un effet. Lorsqu'on devient fou, on ne se rend pas compte car on n'a pas mal. Le plus douloureux c'est la chute. Le moment où on réalise. Moi non plus je ne voulais rien voir venir. Et puis, forcément, j'ai fini par atterrir...."
Sarah me comprenait mieux que je ne m'étais jamais comprise moi-même. Elle cherchait plus loin que les simples frontières de mon existence. Peu à peu, ma vie prenait forme et je devenais quelqu'un. Souvent, cela me faisait peur. C'était trop brusque, trop nouveau, trop sublime pour que cela m'appartienne vraiment.
Personne, pas même mes parents, n'a réalisé que ce n'était pas un accident, mais bel et bien un besoin de connaître la mort, un désir d'étouffement, bref, une tentative de suicide. (p61)
On n'échappe pas à sa propre folie en s'efforçant d'agir comme les gens normaux. La folie est la plus forte : tôt ou tard elle finit par refaire surface.
Le silence est notre thérapie. C'est lui qui nous apprend à regarder le passé, à affronter nos actes, à combattre les erreurs. C'st lui qui nous fait réfléchir, et nous pousse à la remise en question, lui aussi qui nous guide, apaise nos angoisses ou les fait resurgir, nous sort de l'incertitude ou nous plonge dans la folie. C'est lui qui apprivoise ce que nous sommes, assassine le poids des heures, lutte contre les parts de nous-mêmes que nous voudrions oublier.
Charlene. Regarde-moi dans les yeux et dis-moi que tu regrettés ce que tu as fais.
D'un coup, mes sanglots se sont apaisés. J'ai gardé la tête baissée, je ne voulais pas qu'il voit mon visage. Je n'ai pas su lui dire. Comment lui expliquer que je n'avais aucuns remords, et que malgré la douleur, la haine et la honte, j'étais sortie victorieuse à tout jamais d'une vie détestée ?
J'ai oublié de respirer. Je ne sais plus comment il faut faire.
Emprisonnée dans mes rêves, dans ma révolte interdite, je n'étais qu'une enfant.
Je n'ai pas pris le temps d'imaginer ma vie sans elle, sans quelqu'un de qui dépendre. Je refusais d'évoluer, de me détacher de ce tourbillon qui m'enfermait. Il m'était impossible de faire un pas en arrière. Je me suis laissé faire. J'étais déjà morte.