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EAN : 9782879293554
145 pages
Editions de l'Olivier (05/09/2002)
4.22/5   9 notes
Résumé :

Elle est là, à Milledgeville, les yeux grands ouverts, ne pouvant se rebeller ni contre son père qui se meurt, ni contre sa mère qui est parfaite, ni contre Dieu, bien qu’elle tente à plusieurs reprises de salir les ailes de son ange gardien, et de le boxer.

Elle ne peut pas parce que, au milieu des sectes et des prophètes, elle sent qu’il faut être fidèle à quelque chose, une armature, une colonne vertébrale.

Et elle exp... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
"Quiconque survit à son enfance dispose, dit-elle, d'une assez ample information pour le restant de ses jours : sur les violences invisibles, les brutalités cachées, les situations comiques et douloureuses, les tragiques effets de la volonté de bien faire, tous ces détails que l'on voit, auxquels on ne peut rien."

Geneviève Brisac s'appuie tant sur la correspondance de Flannery O'Connor que sur son oeuvre pour nous proposer ce beau portrait de femme et d'écrivain.

De la gamine d'Ed et Regina O'Connor, née à Savannah en 1925, "trop intelligente et hypersensible", qui collectionne les poules rares et biscornues, s'applique à être très désagréable avec tout le monde, et doit apprendre à vivre sans son père emporté par un lupus erythémateux quand elle a douze ans.
"On décide de ne pas grandir, et on découvre la solitude de qui s'arrête sur le chemin, la solitude de celui qui s'est mis à observer ses pieds et du coup, plus rien n'est évident, surtout pas d'avancer."

De la jeune fille qui quitte la maison maternelle ("Tentative d'évasion", titre Geneviève Brisac) pour aller à l'université d'Iowa où elle suit des cours de journalisme puis participe à un atelier d'écriture. "Dès le début, Flannery trouve que les professeurs feraient mieux de décourager un maximum de volontaires."
"J'ai lu tout un tas de dingues, et puis tous les romanciers catholiques, les russes, et Conrad." Et James, "le plus grand à ses yeux".
Elle se voit comme "ces jeunes filles qu'elle invente souvent, trop diplômées, encombrées de savoir, maladroites et de mauvaise humeur".

De l'écrivain qui, cinq ans plus tard, juste après avoir achevé le manuscrit de la sagesse dans le sang, se voit contrainte par la maladie de revenir vivre avec sa mère à Andalusia Farm, près de Milledgeville, Géorgie. Elle a vingt-cinq ans, et passera les quatorze ans qui lui restent à vivre et à écrire entourée de toutes sortes d'oiseaux, en particulier de paons, et des soins attentifs d'une mère qui ne comprend rien à son oeuvre et lui reproche "de gâcher comme elle le fait les dons que Dieu lui a donnés, en refusant, par pur entêtement, d'écrire le genre de choses qu'un tas de gens aimeraient lire, des choses qu'ils auraient plaisir à lire…" Flannery en reste "sans voix. Avec une tension qui bat tous les records."

"Regina est le parent à l'oeil clair, et aux gestes décidés, grâce à elle, la paix règne, ou bien l'ordre est rétabli quand c'est nécessaire."

Au fil du temps, les tensions s'apaisent, "Flannery a retroussé ses manches, elle est à sa machine, elle est en paix avec Regina, un modus vivendi a été trouvé, fait de tolérance et d'incompréhension, de compréhension et de silences, d'admiration et d'étonnements réciproques."

Geneviève Brisac met en miroir ce que Flannery O'Connor voit autour d'elle et ce qu'elle en traduit dans ses nouvelles et ses romans, avec une verve comique assez cruelle qui lui est propre et qu'elle revendique.
Chaque étape de la vie de l'écrivain est doublée d'une évocation de l'un ou l'autre de ses personnages, de la nouvelle ou du roman dont il est extrait et de la concordance fine entre les situations réelles et leur adaptation sous la plume de Flannery O'Connor.

De nombreuses citations émaillent également Loin du paradis, Flannery O'Connor, sans guillemets, tirées de sa correspondance ou d'interviews, qui laissent entendre directement sa voix, à la première personne. C'est presque à croire qu'elle interrompt Geneviève Brisac pour appuyer son propos.

C'est une des plus belles biographies qu'il m'ait été donné de lire.
L'ensemble forme un portrait subtil, intelligent et drôle, composé avec une belle générosité, une très grande attention à ne pas diluer les propos ou la féroce indépendance de Flannery O'Connor, et une superbe introduction à son oeuvre.

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Flannery O'Connor (1925/1964) est méconnue en France. Même si elle est saluée par les plus grands.Écrivain sudiste comme Faulkner. Elle est née en 1925, à Savannah, elle est issue d'une grande famille bourgeoise catholique. lle s'appelle encore Mary Flannery, son père est malade et il a très peu de temps à vivre. En 1945, elle a vingt ans, elle décide de partir pour l'université d'Iowa, elle ne veut plus être sociologue, elle s'inscrit au département d'École de journalisme. Elle n'est pas sûr de se consacrer à la Elle participe à un atelier d'écriture au Writer's workshop. Elle lit, elle découvre les grands romanciers tel qu' Hawthorne, James, Joyce, Conrad. Elle commence à faire ses armes en tant qu' écrivain via la nouvelle. En 1959, elle s'installe dans le Connecticut. Durant la fin des années 50, elle écrit un roman "La sagesse dans le sang", elle met cinq ans à l'écrire. Et, elle a vingt-cinq ans, elle est très malade, elle est touché de la même maladie que son père dix ans auparavant. Elle rentre chez elle auprès de sa mère dans la ferme d'Andalusia. La religion d'un grand rôle dans sa vie, elle est très croyante et dans ses livres elle tient une grande place. Pour la bonne raison que la famille de sa mère, Regina Clive sont des catholiques fervent bien connue à Milledgeville, enclave catholique intégriste. Elle voyagera seulement deux fois dans sa vie en 1958 à Lourdes et à Rome.
J'admire l'humilité qu'elle porte à son travail d'écrivain. En ce qui concerne son écriture elle se sent proche de d'Henry James. Cet essai biographique est remarquable, un ode à cette femme exemplaire, forte, courageuse. Beaucoup d'émotion, de générosité de la part de Geneviève Brisac, pour Flannery O'Connor. Un merveilleux livre pour découvrir cette voix forte.

Lien : http://livresdemalice.blogsp..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Comme Kafka écrivant quand la ville dort, elle écrit de l'intérieur de la maladie.
Je n'ai jamais été nulle part que dans la maladie. Mon royaume c'est la maladie.
La maladie est une chose sale :
L'art romanesque est par excellence l'art de l'incarnation, écrit-elle, nous sommes pétris de limon, si vous avez peur de vous salir, ne vous mêlez pas de romans.
p 69 collection l'un et l'autre
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C'est une chance que nous ne nous soyons pas rencontrées petites filles. Nous aurions fait exploser quelque chose. J'aurais trouvé les allumettes, et vous aurais laissé le soin d'allumer la dynamite.
p.145
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Une éclosion d'idiots représentera une épreuve pour tout le monde sauf pour les romanciers. Mais comme il n'y aura plus personne pour lire les livres, cela posera un problème, à moins qu'on n'adapte les romans à la télévision.
p.39
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Quand j'étais à Iowa City, le zoo contenait deux ours flegmatiques. En dessous, un écriteau annonçait :
Ces lions ont été offerts par le club des Elans d'Iowa City.
p.133
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Toute sa vie, Flannery O'connor a dû répondre à deux questions: pourquoi elle écrivait des histoires aussi horribles, et pourquoi elle consacrait le reste de son temps à élever des paons, oiseaux antipathiques, inutiles, et même dévastateurs, s'il en fut. (...)
Il faut une dose énorme d'entêtement et même de fanatisme pour aimer les paons, ou pour devenir un écrivain. (p. 12-13)
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Vidéo de Geneviève Brisac
Les nouvelles. Lecture de « Une société », par Anne Alvaro, Geneviève Brisac, Agnès Desarthe.
« … non seulement les femmes se prêtent moins aisément à l'analyse que les hommes, mais ce qui fait leur vie échappe aux méthodes habituelles par lesquelles nous examinons et sondons l'existence. »
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