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EAN : 9782915312126
75 pages
Book-e-book.com (16/06/2008)
4.04/5   13 notes
Résumé :
Sherlock Holmes en herbe, l'apprenti zététicien forme son esprit à passer au crible de la pensée - dans le sens de réflexion - les faits qui lui sont proposés. La première loi de la Zététique c'est de ne pas prendre pour argent comptant tout ce que l'on veut bien nous dire, c'est se donner du recul et c'est, surtout, ne pas se priver de poser des questions, même si elles dérangent.

C'est finalement, tout simplement, se remettre dans la situation où le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
N. B. : critique dédiée à Yvan (membre de Babelio qui se reconnaîtra), mais tellement longue qu'elle est tronquée automatiquement. Je l'ai terminée dans les commentaires à la fin.

Il y a quelques années, le 5 décembre 2014 pour être précise, j'avais posté sur Babelio une citation de Joseph Goebbels qui m'avait paru incroyablement frappante, propre à nous faire réfléchir et méditer longuement.

Ladite citation était celle-ci : « À force de répétitions et à l'aide d'une bonne connaissance du psychisme des personnes concernées, il devrait être tout à fait possible de prouver qu'un carré est en fait un cercle. Car après tout, que sont " cercle " et " carré " ? de simples mots. Et les mots peuvent être façonnés jusqu'à rendre méconnaissables les idées qu'ils véhiculent. »

Selon moi, il ne faisait aucun doute que Joseph Goebbels était connu, archi connu en sa qualité de nazi notoire, l'un des plus célèbres d'entre eux et l'un des plus dangereux en tant qu'un des principaux idéologues de la mouvance.

Aussi, pensais-je, il pourrait être frappant pour le lecteur d'aujourd'hui de comparer la situation qu'il expérimente chaque jour avec ce qu'en disait cet effroyable, froid et calculateur Joseph Goebbels. Je pense n'avoir jamais pris les gens pour des idiots et considère qu'ils ont tous (en tout cas tous ceux dont la curiosité les pousse à venir lire ce que j'écris sur Babelio) des capacités de réflexion propre leur permettant de prendre le recul suffisant et de mettre les choses en perspective.

Or, Yvan m'interpela à l'époque, pour me signifier qu'il désavouait totalement ma démarche et qu'elle était, selon lui, potentiellement très dangereuse, car, à ne pas mettre de filtre devant l'expression d'un haut dignitaire nazi, cela pouvait revenir à faire l'apologie de la pensée explicitée.

Je n'étais (et je ne suis toujours) pas d'accord avec lui sur ce plan, quoique je considère que sa démarche est tout à fait légitime : je la comprends mais n'y souscris pas. Selon moi, cacher, interdire l'accès, diaboliser et surtout, surtout, considérer que les personnes ne seront pas assez critiques, suffisamment influençables pour boire comme du petit lait tout ce qu'aurait pu dire ou écrire un personnage tel que Goebbels ne correspond pas à l'idée que je me fais de l'humain ni de l'éducation : créer un interdit, c'est ipso facto créer chez certains la volonté de le braver.

Je suis farouchement hostile à la culture du bannissement actuelle (cancel culture). Sous prétexte qu'untel ou unetelle a dit ou fait des choses pendables, ERGO tout ce qu'il ou elle a dit ou fait est détestable. Ça me paraît primaire comme raisonnement. Qui parmi vous qui me lisez peut se vanter de n'avoir aucun, absolument aucun squelette dans le placard ? Qui n'a jamais nuit à personne ? Qui n'a jamais pensé par devers lui ou elle des trucs absolument dégueulasses ? C'est humain, tout simplement.

J'en connais par exemple qui s'enorgueillissent d'avoir un aïeul médaillé de guerre. Quel est le haut fait moral d'un médaillé de guerre ? D'avoir bien décimé la gueule à l'ennemi sur un champ de bataille ? C'était grand ? C'était moral ? D'avoir bien zigouillé les appelés du camp d'en face qui n'avaient rien demandé et qui n'étaient peut-être arrivé sur place que depuis 2 jours ?

Toutes ces personnes qui se croient moralement irréprochables et qui pourtant usent et abusent quotidiennement de leur smartphone... Quelles sont les conséquences très concrètes de ce comportement ? Impact écologique catastrophique, impact humain quant à l'extraction des ressources nécessaires, etc., etc. La liste est longue comme le bras.

Bertrand Cantat est un vrai con meurtrier ERGO toutes les chansons de ma jeunesse qu'il a écrites avant l'assassinat de Marie Trintignant sont à mettre à la poubelle, et je dois avoir honte de les écouter à présent ? Martin Luther était un antisémite notoire donc tous les protestants doivent avoir honte, etc., etc.

Joseph Goebbels est un nazi répugnant ERGO tout ce qu'il a dit ou écrit doit être piétiné ? Non, je ne le crois pas, sans ça il faudrait vider nos musées d'à peu près toutes leurs oeuvres d'art, il faudrait brûler à peu de chose près toute la littérature depuis des siècles, etc., etc.

Joseph Goebbels, par cette simple citation, nous incite à la plus grande vigilance : les dirigeants veulent orienter l'opinion, et, pour ce faire, ils utilisent des experts de la communication — rémunérés à prix d'or sur des fonds publics, c'est-à-dire sur le dos de ceux qui vont se faire rouler dans la farine par eux (exactement comme les policiers sont payés par le peuple, qu'ils récompensent à coups de matraque lors des manifestations).

J'ai déjà posté une critique il y a quelques années à propos des écrits salutaires de Henri Broch, le fondateur français de cette discipline au nom imprononçable de " zététique " dont la définition correspond, en gros, au titre de l'ouvrage que j'ai critiqué alors : L'Art du Doute, ou comment s'affranchir du prêt-à-penser.

Ce petit livre d'aujourd'hui est une sorte de vademecum, l'équivalent de la check-list que l'on consulte avant de faire décoller un avion. J'ai l'impression qu'à l'heure actuelle (depuis toujours mais le flux d'informations étant devenu ce qu'il est et sa vitesse étant ce qu'elle est, interdisant au passage de prendre le temps de vérifier chaque information, d'où qu'elle vienne, d'une secte ou d'un gouvernement), il devient non seulement nécessaire mais crucial de toujours garder en tête cette check-list avant de se faire une quelconque opinion, quel que soit le sujet.

Je pourrais vous dire tout le bien que je pense d'Henri Broch ou de ce petit ouvrage, mais ce serait sujet à caution, comme tout ce qui relève de l'émotionnel et de la subjectivité. le mieux que j'aie à faire, je crois (je n'ai pas écris « je sais » mais « je crois », donc, méfiance, allez vérifier, ne gobez rien tel quel), c'est de vous recopier les titres des paragraphes de l'ouvrage qui sont assez parlants en eux-mêmes. Les voici :

1) Facettes de la zététique : ce dont il faut se souvenir, ce qu'il faut faire :
- Les anomalies, les mystères, ne constituent pas un fondement.
- Un scénario n'est pas une loi.
- Quantité n'est pas qualité.
- Un mot écrit n'est pas auto-validant.
- L'analogie n'est pas une preuve.
- L'inexistence de la preuve n'est pas une preuve de l'inexistence.
- La non-impossibilité n'est pas un argument d'existence.
- Possible n'est pas toujours possible.
- Compétitif n'est pas forcément contradictoire.
- La bonne foi n'est pas un argument.
- Positionner le curseur vraisemblance.
- Accorder toute son importance à l'incertitude d'un résultat.
- Une analyse globale ou statistique est souvent concluante.
- Se montrer prudent dans l'interprétation.
- Ne pas oublier l'exposition sélective et la validation subjective.
- La nature est sûre.
- La parcimonie est de règle.
- le mode de rejet des données est significatif.
- Une théorie scientifique est testable, réfutable.
- L'inférence est nécessaire.
- Une allégation extra-ordinaire nécessite une preuve plus qu'ordinaire.
- le bizarre, l'improbable, est… probable.
- L'erreur est humaine, la faillite permanente ne l'est pas.
- L'origine de l'information est fondamentale.
- La compétence réelle de l'informateur est également fondamentale.
- La force d'une croyance peut-être immense.
- L'illusionnisme a un rôle critique important.
- L'histoire des sciences et techniques a son utilité.
- le contexte est important.
- L'alternative est féconde.
- La charge de la preuve appartient à celui qui déclare.

2) Effets de la zététique, ce qu'il faut (essayer de ) détecter :
- Effet Bof ? égaliser sans raison suffisante.
- Effet Boule de neige, accumuler les détails dans un récit de nième main.
- Effet Escalade, adhérer au comportement et non aux raisons.
- Effet Bi-Standard, modifier les règles en cours de jeu.
- Effet Petits ruisseaux, permettre, par de petits oublis, de grandes théories.
- Effet Bipède, prendre l'effet pour la cause.
- Effet Cerceau, admettre au départ ce que l'on veut ensuite prouver.
- Effet Puits, faire un discours profond — creux — est efficace.
- Effet Impact, utiliser le poids des mots, la connotation.
- Effet Cigogne, confondre corrélation et causalité.
- Effet Paillasson, faire un choix trompeur des mots utilisés.

Voilà, une fois que vous aurez cela bien en tête, repassez le film des dernières infos que vous aurez écoutées à la radio ou vues ou lues sur internet ou ailleurs. Repensez à tout ce qu'on vous dit à propos de la campagne présidentielle, repensez à tout ce qu'on vous a fait avaler sur le corona virus depuis deux ans, sur la dette, sur l'Europe, sur l'euro, sur le rôle de la Russie ou des États-Unis ou de la Chine.

Enfin, pour conclure, à titre d'exercice pratique, je vous propose de visionner le petit documentaire d'Arte, réputé sérieux et fiable, intitulé " le Dessous des cartes ". J'ai passé au crible de la zététique l'épisode de 2015 qui s'intitule : « Les Chinois étouffent » que vous pouvez retrouver sur le lien suivant :
https://www.youtube.com/watch?v=3BqnZ6uu8sc

On commence par vous soumettre à une série de photos sans vous préciser dans quelles conditions météorologiques elles ont été prises (moi je peux vous faire sans problème une photo de Paris dans le brouillard et préciser en-dessous que le taux de pollution atteint dans la capitale est inégalé depuis trois cents ans).

Le commentateur, Jean-Christophe Victor commence à vous préparer en vous expliquant que les chercheurs ont eu du mal à obtenir des données. À titre de curiosité, essayez d'obtenir des infos concernant nos centrales nucléaires ou nos industries bien polluantes (au Havre par exemple, ville chère à notre ancien premier ministre) ou même à nos leaders de l'énergie comme Engie et vous verrez la transparence est légion chez nous...

Ensuite, on vous présente une magnifique corrélation entre l'évolution du PIB et sa production de CO2 et l'on nous dit ensuite que depuis 2007, la Chine a dépassé le niveau d'émission des USA. Or, que je sache, le commentateur ne s'émeut pas outre mesure du taux phénoménal que manifestait les USA depuis des décennies et des décennies. J'imagine encore que la Révolution industrielle, en Angleterre, en Allemagne ou en France s'est faite sans accroissement notoire des émissions de CO2. Les Chinois sont donc bien les monstres que l'on veut nous présenter.

On vous montre ensuite en arrière plan une usine toute fumeuse. J'imagine que nos propres terminaux pétroliers (allez voir au Havre ou à Marseille) , nos usines à gaz et nos centrales thermiques ne rejettent, elles, rien du tout, sont belles à voir comme des oeuvres d'art et contribuent à améliorer notre impact sur l'environnement.

L'image suivante est un tour de force : on nous présente la part des différentes sources d'énergies utilisées par la Chine pour nous convaincre que ce sont réellement d'odieux personnages. le code couleur utilisé est fantastique : le charbon est noir, beurk !, c'est sale, c'est dégoûtant, les Chinois n'utilisent quasiment que ça, houu ! pas bon. Et, par curiosité, savez-vous quel est le code couleur utilisé pour désigner le pétrole (source majeure d'énergie des USA) ? Allez, allez, dites une couleur, n'importe laquelle. Non ? Bon, tant pis, je vous la donne, le pétrole, bien évidemment, tout le monde le sait, le pétrole c'est... VERT ! Donc utiliser du charbon, comme les Chinois, c'est noir, c'est beurk, c'est mal, par contre, utiliser du pétrole, c'est vert, c'est bien, c'est propre...

Le commentaire précise alors que la Chine est le 3è pays mondial en terme de réserves de charbon (on passe très vite et sans s'arrêter sur le fait que le n° 1 sont les USA). Vient ensuite une carte qui représente les différents gisements de charbon en Chine (en gros répartis à peu près partout sur le territoire) et le commentateur dit : « Vous voyez, ils sont plutôt dans le nord de la Chine. » Je suis désolée, j'ai beau regarder et regarder encore la carte, je n'en vois pas plus dans le nord que dans le sud, mais comme ça passe très vite, on n'a pas le temps de se questionner sur ce que dit le commentaire.

La carte fleurit ensuite des principaux sites d'exploitation de cette ressource, en gros sur la moitié est du pays, partout du nord au sud, une grande majorité proche des gisements, or, le commentaire dit exactement le contraire : « Vous voyez qu'ils sont éloignés des sites de production ». Euh... moi je regarde toujours la carte, je fais bien attention et je ne trouve pas du tout qu'ils sont particulièrement éloignés, mais là encore, ça va très vite, l'auditeur distrait peut avaler ça sans sourciller.

Ensuite, nouveau tour de force, on nous présente les voies ferroviaires permettant de transporter le charbon, le commentateur dit vite fait, très vite fait, que la Chine met en oeuvre chaque mois des moyens considérables pour rapprocher ses usines des lieux d'extraction, qu'elle essaie d'améliorer la propreté du parc existant, pourtant, phrase suivante, il introduit une notion qu'il n'a absolument pas démontrée ni quantifiée ni comparée avec celles d'autres pays, la notion de " gaspillage énergétique ". J'imagine que l'exposé ô combien convainquant de la distance entre lieu d'extraction et position des usines était suffisant, sachant que les USA produisent du pétrole de schiste qu'ils exportent et qu'ils importent du pétrole d'Arabie saoudite, ça c'est propre et ça n'est pas du gaspillage, les Chinois par contre, quels gaspilleurs ils sont.

Continuons. Apparaît ensuite une carte présentant (sans détail concernant les valeurs du code couleur) les endroits de Chine ayant connu des jours d'alerte au smog. On peut juste savoir de la légende que la couleur la plus foncée correspond à plus de 100 jours d'alerte en 2013. le commentateur égrène alors le nom de plusieurs villes qui viennent se placer sur la carte et du record de jours d'alerte qui leur est associé en 2013. Or... ces villes, notamment Shijiazhuang (119 jours) et Xingtai (129 jours) sont toutes situées dans des zones où le code couleur indique bien moins de 100 jours de smog en 2013, d'où la fiabilité de la carte.

Après, nouveau tour de force, le commentateur précise que ce type de smog toucherait jusqu'à 17 provinces du pays sur 28 (bon là, pourquoi pas), j'accepte parallèlement de considérer que vu la présence du Havre et de Marseille, des régions comme la Normandie ou PACA sont touchées par la pollution en France, mais là où le commentaire est insidieux, c'est qu'il fait l'amalgame entre la population totale de ces provinces et le fait qu'elles puissent être touchées. Parallèlement, c'est comme si moi je disais que toute la population de PACA et de Normandie était touchée par la pollution des usines situées sur les ports de Marseille et du Havre. Vous voyez la pirouette ? Il arrive donc à la somme vertigineuse de 600 millions de personnes touchées par le phénomène du smog, car si un point de la province est touché, il compte toute sa population.

Point suivant, il évoque l'explosion du parc automobile (je passe sous silence le nouveau matraquage de photos riches en brumes). Il nous dit que depuis 2010, la Chine est le premier marché mondial d'immatriculation de véhicules particuliers, qu'elle en immatricule 1 toute les 4 secondes (hou... je tremble) et que — chiffre ô combien flippant — on atteint en 2015 la valeur vertigineuse de 75 millions de véhicules en Chine. Alors moi je m'arrête 2 secondes, je réfléchis et je me dis que 75 millions de véhicules pour 1 milliard 400 millions de personnes, ça ne fait tout de même vraiment pas beaucoup, surtout si l'on ose la comparaison avec la France ou les État-Unis. Il nous dit ensuite que ce chiffre pourrait atteindre jusqu'à 230 millions en 2020. Même remarque. Combien de véhicules en circulation aux USA ? Combien de véhicule par habitant ?

Thème suivant, là encore, du très grand art. On nous montre Pékin et Paris à la même échelle et l'on trace en rouge les boulevards périphériques. Pour Paris, il n'y en a qu'un, tandis qu'à Pékin il y en a 6 et bientôt un 7ème. Ceci est censé nous prouver que c'est beaucoup plus pollué dans l'une que dans l'autre. Inconsciemment, on imagine le périf de Paris X6 ou X7, mais on ne nous donne aucune information quant à la fréquentation de ces périfs. C'est peut-être tout simplement moins le bordel qu'à Paris. On n'a aucune donnée chiffrée, juste 6 anneaux au lieu d'un. Magnifique, non ?

Le commentateur enchaîne ensuite tout naturellement sur les particules fines dans l'air et, vous vous en doutez, le constat est accablant pour une partie de la Chine, notamment celle située à l'est du désert de Gobi. On nous présente une carte du monde des particules fines, oui, c'est indéniable, c'est très rouge en Chine. Mais, moi, comme je suis curieuse, je suis allée voir ailleurs dans le monde sur cette carte les autres zones particulièrement rouges et là, ô surprise, qu'est-ce que je vois, en hyper rouge, on trouve par exemple, le Sahara occidental, la Mauritanie, le nord du Mali, la zone désertique du Niger, du Tchad, de la Libye, de l'Égypte, de l'Arabie saoudite... Bref que des déserts quasi inhabités. Je regarde ensuite du côté de San-Francisco, réputée pour la pureté de son air et là, qu'est-ce qu'on voit, que du bleu, c'est magnifique, pur à souhait. Madagascar, le Brésil, pur à souhait... Tiens, tiens, tiens Madagascar, pas de pollution ? le Brésil, pas de pollution ? Tandis que le Sahara occidental, méchamment pollué ?

Eh bien oui, on sait que les déserts sont de très gros producteurs de particules fines, c'est un phénomène naturel et donc, le flux étant d'ouest, la Chine étant située à l'est du désert de Gobi, il est naturel qu'elle soit touchée par le phénomène. Je ne dis pas que la Chine ne produit pas de particules fines, je dis que la carte présentée ne permet pas de conclure à une véracité de l'impact humain sur la survenue du phénomène. Mais cela n'empêche pas le commentateur d'affirmer que ces particules fines proviennent des fumées issues de la combustion du charbon et des vapeurs d'automobiles. (C'est fou ce qu'on brûle comme charbon et ce qu'on roule en plein désert du Sahara, vous verriez ça, c'est phénoménal.)

Le tableau suivant frise la malhonnêteté de grand chemin. On nous présente une carte des maladies respiratoires en Chine en (tenez-vous bien) nombre de cas pour 100 km2, oui, vous avez bien lu, nombre de cas par unité de surface, et non nombre de cas pour 100 000 habitants par exemple. C'est-à-dire que cette carte n'est rien d'autre qu'une carte de densité de population, et il est en toute logique normal d'avoir plus de cas dans les zones plus densément peuplées, qui s'avèrent être également les plus densément industrialisées. Avec un tel raisonnement, moi je peux vous affirmer sans erreur possible qu'il y a plus de détraqués sexuels pour 100 km2 à Paris que dans la Lozère, plus de personnes blanches, plus de femmes, tout ce qu'on veut, même plus de cheveux ou de boucles de ceinture. C'est totalement bidon, ça ne veut strictement rien dire.

Mais le commentateur ne s'arrête p
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Dans “Comment déjouer les pièges de l'information ou les règles d'or de la zététique”, Henri Broch explore le concept de la zététique, une démarche critique et méthodologique appliquée à l'examen de phénomènes paranormaux et de croyances. L'objectif est de fournir aux lecteurs des outils pour développer un esprit critique aiguisé, capable de distinguer entre faits scientifiquement établis et allégations infondées ou trompeuses.

Broch, à travers ce livre, démontre comment la zététique, en tant que “l'art du doute”, nous aide à naviguer dans un monde saturé d'informations souvent contradictoires ou trompeuses. Il insiste sur l'importance de ne pas prendre pour acquis tout ce qui est présenté comme un fait, et encourage la remise en question et l'analyse critique systématique. le livre s'articule autour de la présentation de divers “effets” et “facettes” de la zététique, comme l'Effet Paillasson, qui décrit la tendance à choisir des mots pour induire des idées différentes de celles explicitement énoncées, ou l'Effet Cerceau, qui est un raisonnement circulaire où l'on admet au départ ce que l'on cherche à prouver.

En somme, “Comment déjouer les pièges de l'information ou les règles d'or de la zététique” est un guide essentiel pour quiconque souhaite développer une pensée critique et rigoureuse, particulièrement utile dans le contexte actuel de surinformation et de diffusion rapide des fausses nouvelles. Broch offre une approche pragmatique et accessible pour évaluer les informations et les affirmations, renforçant l'idée que la zététique n'est pas seulement une discipline académique, mais un ensemble de compétences vitales pour tout citoyen.
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La zététique c'est un long chemin. Un long chemin sans fin. C'est faire le choix du voyage sans réelle destination.
C'est une pratique à s'ancrer dans la caboche, des réflexes à acquérir. Des façons de pensées à appréhender, digérer, intégrer.
Cet ouvrage permet de se lancer, de mettre un premier pied à l'étrier, de passer à du concret.

Présentant d'un côté les "facettes" de la zététique et de l'autre ses "effets", il permet de réviser ou de découvrir, suivant vos lectures précédentes, des concepts clés.

La pédagogie, c'est l'art de la répétition il paraît. Alors lisons et relisons !

Henri Broch est l'une des figures majeures de la zététique en France et ce petit livre - malgré son prix un peu exagéré : 11€ pour un semi-poche de 70 pages à grosses marges - est une introduction très efficace à l'art du doute, et son corollaire le devoir de vigilance.
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Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Les tenants de l'authenticité du " suaire de Turin " clament haut et fort que la datation au carbone 14 donnant le XIVe siècle pour le linge a été faussée par une contamination due à du carbone plus récent laissé sur le linge lors de contacts divers qui ont effectivement eu lieu. L'hypothèse est séduisante mais il faut se montrer prudent avant d'interpréter en ce sens la datation au carbone 14.
En effet, un calcul montre que la quantité nécessaire de carbone ajouté pour fausser la datation et donner un résultat moyenâgeux pour un linge qui aurait en réalité 2000 ans doit représenter en fait… plusieurs fois la masse totale du " suaire " !
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La première loi de la Zététique c'est de ne pas prendre pour argent comptant tout ce que l'on veut bien nous dire, c'est se donner du recul et c'est, surtout, ne pas se priver de poser des questions, même si elles dérangent.
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Lorsque l'on évoque une idée et un mot qui la "traduit", on commet en fait une petite erreur car on ne devrait pas parler d'un mot et d'une idée car le mot est l'idée.
[...]
C'est le mot - vocalisé ou non, peu importe - qui donne réellement son existence à la pensée. Ce qui compte c'est de verbaliser la pensée, car verbaliser n'est pas simplement mettre en forme cette pensée mais c'est plus exactement la créer. (11)
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La Lune provoque les marées, donc la Lune - par cette "force marémotrice" - peut bien provoquer quelque chose d'individualisé chez le bébé à la naissance. Certes, mais on oublie que la physique du Globe n'est pas la physique de l'individu ! Nous avons là un glissement du général au particulier que rien ne justifie. (19)
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Ne pas pouvoir montrer que quelque chose soit totalement impossible n'implique en rien que ladite chose soit possible.
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Video de Henri Broch (1) Voir plusAjouter une vidéo

Georges Charpak et Henri Broch : Devenez sorciers, devenez savants
Depuis la librairie Tschann, Boulevard du Montparnasse à Paris, Olivier BARROT présente le livre de Georges CHARPAK et Henri BROCH "Devenez sorciers, devenez savants", publié par les éditions Odile Jacob.
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