Citations sur Cahiers de poèmes (37)
Fragment
Les pieds de sa soeur, de son frère
Essuient la rose embaumée :
Elle bondit pour saluer
L'herbe, les fleurs et le soleil.
Août 1837
(p. 39)
Ô Rêve, où es-tu à présent ?
De longues années ont passé
Depuis que sur ton visage d'ange
J' ai vu la lumière s' altérer -
Hélas, hélas pour moi,
Si radieuse était ta beauté,
Je ne savais pas que ton souvenir
Ne me livrerait que tourment !
Le rayon de soleil et l' orage,
La soirée d'été divine,
La nuit silencieuse au calme solennel,
La clarté pure de la pleine lune
Jadis entrelacés à toi
Le sont aujourd'hui au lourd chagrin -
Vision perdue ! il me suffit -
Tu ne peux plus resplendir -
En de secrets plaisirs, en de secrètes larmes,
Cette changeante vie s'est écoulée furtive,
[...]
Qui des hommes misérables draine le sang,
Boit des larmes, non la rosée :
Ah ! puissé-je dormir sous son règne aveuglant
Avec vous seules réveillée !
[...]
That drains the blood of suffering men ;
Drinks tears, instead of dew:
Let me sleep through his blinding reign,
And only wake with you !
Mon plus grand bonheur c’est qu’au loin
Mon plus grand bonheur, c’est qu’au loin
Mon âme fuie sa demeure d’argile,
Par une nuit qu’il vente, que la lune est claire,
Que l’oeil peut parcourir des mondes de lumière –
Que je ne suis plus, qu’il n’est rien –
Terre ni mer ni ciel sans nuages –
Hormis un esprit en voyage
Dans l’immensité infinie.
Février ou Mars 1838
Toute fleur, avant de se clore,
Prie pour que vienne le soleil;
Lui de même, en toute innocence,
Humaine rose sans soleil.
"Jour par jour, quel triste gage
Desertera ton souvenir
Et, tous liens brisés, pour finir,
Que serais je à tes yeux qu' un songe?"
SILENCIEUSE EST LA MAISON - TOUS SONT PLONGES DANS LE SOMMEIL
"Silencieuse est la maison - tous sont plongés dans le sommeil ;
Un seul regarde, solitaire, au-delà des neiges profondes,
Guettant des yeux chaque nuage, frémissant à chaque rafale
Qui soulève de fols tourbillons et ploie les arbres gémissants."
SILENT IS THE HOUSE - ALL ARE LAID ASLEEP
"Silent is the House - all are laid asleep ;
One, alone, looks out o'er the snow wreaths deep ;
Watching every cloud, dreading every breeze
That whirls the 'wildering drifts and bends the groaning trees."
La sévère Raison siège au tribunal
Avec son lugubre appareil:
Vas tu rester muette, toi, mon avocate?
Non pas, ange radieux, tu vas parler et dire
Pourquoi j'au rejeté le monde;
Pour quoi j'ai fui sans cesse avec persévérance
Les sentiers battus par les autres,
Et voulu voyager par une route étrange,
Négligeant aussi bien que pouvoir et richesse
La couronne de gloire et la fleur du plaisir.
Lourde pend la goutte de pluie
Au rameau qui ploie;
Lourde plane l humide brume
Au loin, sur les Hautes-Terres.
Lourd menace le ciel maussade,
Lourde déferle la mer -
Lourd palpite le jeune coeur
Sous l arbre solitaire.