Les diams de la couronne

Il n’est pas indispensable d’avoir l’original devant soi pour réaliser une copie. Le diadème est resté exposé en vitrine pendant les deux semaines qui ont précédé le vol. On aura pu sans difficulté le photographier de l’extérieur, avec un appareil miniature. Un spécialiste a pu venir l’examiner quatre ou cinq fois par jour, pendant une semaine ou plus –jusqu’à ce qu’il en connaisse bien tous les détails. Ni le modèle, ni la monture n’en sont extrêmement compliqués, comprenez-vous ? La principale valeur du joyau réside dans les cinq diamants eux-mêmes

Je n’ai pas besoin qu’il me fasse un dessin. Dès que j’ai repéré ces yeux bleu pâle, morts depuis longtemps, je l’ai classé dans la catégorie des tueurs branques, espèce bien plus dangereuse que celle des tueurs professionnels. Avec un salarié, on sait à quoi s’en tenir. C’est un type qui a généralement certaines compétences et qui exécute le boulot pour lequel on le paie exactement comme un photographe de presse.

J’ai toujours trouvé que les blondes et les brunes, ça vaut le coup un moment, tandis que les rousses, généralement des sacs d’os, sont totalement dénuées d’intérêt. Un bref coup d’œil à cette rouquine suffît à me prouver l’ineptie de toute généralisation. Devant sa modeste robe de soie noire qui a un mal fou à contenir deux seins arrogants en diable, je me mets à réviser mes conceptions de l’existence.

Elle pourrait être belle ; elle possède les mêmes attributs de base que sa sœur, à une exception capitale près : il lui manque l’étincelle fondamentale d’un sex-appeal inné. Les unes en ont, les autres pas – comme dit l’autre – et contrairement au goût pour les olives ou pour les dessous affriolants, c’est là une qualité qui ne s’acquiert pas.

Avec une fille qui en vaut la peine, je ne lésine pas. D’ordinaire, la vue d’un seul de mes profils suffit à transformer une blonde normalement constituée en une sanglotante fontaine de désirs inassouvis.