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Matt Scudder tome 1 sur 18

Robert Pépin (Traducteur)
EAN : 9782020339254
204 pages
Seuil (19/08/2000)
3.55/5   70 notes
Résumé :
Depuis trois ans, Matt Scudder a démissionné de la police new-yorkaise à la suite d'une bavure. Alors qu'il tirait sur deux malfrats venus braquer son bar favori, une de ses balles, en ricochant, a tué une fillette de sept ans.

Bien que jugé innocent, Matt culpabilise. Il a aussi quitté le foyer conjugal et vit seul à l'hôtel. Il soigne son mal à l'alcool et exécute "au noir" quelques enquêtes, comme celle sur Wendy Hanniford. Wendy a été assassinée p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Un père qui veut savoir pourquoi sa fille, avec laquelle il avait perdu contact, a été assassinée; un ancien policier, hanté par une intervention qui a mal tourné, recyclé en détective privé bien que sans licence, et qui ne cherche pas vraiment de travail : telles sont les bases intrigantes de ce roman qui marque l'entrée en scène de Matthew Scudder, l'enquêteur alcoolique et désabusé de Lawrence Block. En moins de deux cents pages narrées à la première personne du singulier, Scudder se révèle méthodique et efficace malgré tout l'alcool et le café qu'il ingurgite de bar en bar dans le New York des années 1970 dans lequel il évolue, complexe, et sensible aux enjeux de la psyché humaine auxquels il réfléchit de façon psychanalytique, un aspect du personnage que j'ai particulièrement apprécié, capable de combler les vides lorsqu'il en a besoin. D'un style épuré et d'un suspense certain – j'avais hâte de voir les conclusions auxquelles il allait arriver -, Les Péchés des pères est une excellente introduction qui me donne envie d'aller plus loin à la découverte de ce personnage.
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Un ami me disait il y a peu de temps :

J'attends d'un polars 3 ingrédients de base :
- un personnage central avec des pleins et des déliés, torturé entre son travail et sa vie amoureuse, un type avec des dilemmes moraux, des squelettes dans ses placards et un sens de la répartie plus mordant qu'un pit-bull affamé.
- un décor (souvent urbain) découpé au scalpel, peuplé de figurants qui sentent bon le réel. L'âme de la ville doit avoir son écho dans la psyché du personnage central.
- une intrigue qui me fait me poser des questions, une enquête qui progresse en montrant l'absurdité de la hiérarchie, les instincts du flic, les fausses pistes que l'on aime désamorcer. La procédure policière peut être plus ou moins mise en avant, mais ça doit me happer.

Je ne sais pas si je partage cette opinion. Ou pas. En fait, je ne m'étais jamais vraiment posé la question. Quoi qu'il en soit, les oeuvres de Lawrence Block me semblent coller pile poil à ces exigences. En particulier la série des Matt Scudder qui est, à ce jour, la seule que j'ai abordée.

Le personnage d'abord. Dans le genre plein et déliés, il n'est pas mal du tout. C'est un ancien flic devenu alcoolique. Même si ce premier opus de ses aventures n'aborde pas le sujet de manière explicite (ça viendra), le bonhomme boit beaucoup. Et pas que du café. Il a quitté la police après la mort, accidentelle, d'une fillette dont il se sent responsable. Voilà pour le cadavre dans le placard. Ses dilemmes moraux sont semés tout le long du roman. Est-il préférable de faire le mal pour de bonnes raisons ou de faire le bien pour de mauvaises ? Un flic peut-il balancer un type dans l'Hudson quand il le sait coupable de meurtre mais sans avoir de preuves ? Et ainsi de suite.
Lorsqu'il était encore dans la police, il ne refusait jamais l'argent qu'on lui proposait. Même s'il n'en aurait jamais réclamé de lui-même. Voilà pour la morale.
Pourtant, au bout du compte, même s'il ne dédaigne pas de recourir à la violence quand on le cherche, Scudder est un type bien. Il fait preuve d'une rare indulgence (plus pour les autres que pour lui-même) et se garde de juger. Ce qui le rend d'autant plus attachant.

Le décor ensuite. Il s'agit ni plus ni moins de New-York. Peut-être pas tant New-York d'ailleurs, dont on visite surtout les bars, il faut bien le dire, que les New-Yorkais. Ce qui revient au même. L'âme d'une ville ne se trouve-t-elle pas précisément dans ses habitants ? Et des New-Yorkais, forcément, on en croise. Des barmen (tiens-donc), des concierges, des portiers, des putes, des ménagères, des flics, des chauffeurs de taxi, des prêtres ... Au fil des rencontres de Matt, c'est un portrait vivant de New-York qui se forme. Sans oublier les news qui jalonnent le récit et qui complètent l'image, pas très rose, de la grosse pomme.

L'intrigue enfin. Dans ces Péchés des pères, comme souvent chez Scudder, c'est une enquête de proximité que mène le détective. Il va tâcher de se faire une idée, une image de la victime en interrogeant tous ceux qui l'ont côtoyée. D'autant qu'ici ce n'est pas le meurtrier que cherche Scudder, puisque celui-ci, de l'avis de tous les protagonistes, est connu et s'est suicidé. C'est plutôt un portrait de la jeune femme qui a été tuée qu'il va s'évertuer à composer. Ceci nous donne droit à des pages et des pages de dialogues qui nous permettent de mieux cerner la personnalité de la victime et de son supposé meurtrier.

Ce qui fait la qualité principale des romans de Block, c'est son écriture. Son style est simple et fluide. Ses phrases son courtes. Et les nombreux dialogues donnent du rythme au récit. le tout se lit avec une facilité déconcertante. Qui plus est, les romans, du moins les premiers, sont très courts. A peine plus de 200 pages pour Les péchés des pères. N'espérez donc pas des descriptions à n'en plus finir. Ce qui intéresse Block c'est manifestement ce que ses personnages éprouvent et comment il l'expriment.

A la différence d'un Ken Bruen, dont il faudra que je vous parle, qui est beaucoup plus désespéré, Lawrence Block nous parle d'un monde où, malgré les tragédies quotidiennes, il reste des moments de bonheur qu'il faut saisir sans trop se poser de questions.

Block est pour moi une découverte récente, comme Ken Bruen, James Crumley ou Dennis Lehane, et fut un vrai coup de coeur.
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Cale Hanniford, père pétri de douleur, veut comprendre pourquoi Richard Vanderpoel, fils de pasteur, a assassiné sa fille Wendy, avec qui il vivait. Hanniford est frustré par la rapidité de l'enquête bâclée en raison de l'arrestation immédiate de l'assassin, suivie de son suicide dans sa cellule. A peine apprend-il que sa fille se prostituait, que le dossier est classé, l'action de la justice éteinte avec la mort du coupable. Il rend visite à Matt, qui ne se considère pas comme un détective : « Je rends service, parfois. Et on m'offre des cadeaux », afin qu'il reconstitue la vie de Wendy, depuis qu'elle a quitté le domicile familial jusqu'à sa mort. Matt accepte de rendre service à ce père éploré contre 2 000 dollars, réévaluables.


Paru en 1976 sous le titre The sins of the fathers, traduit en France en 2000, Les péchés des pères inaugure la série des Matt Scudder. Tout ce qui a fortifié, affiné, enrichi le personnage de Matt au fil des années ultérieures est déjà présent dans ce premier tome où l'essentiel est brossé à grands traits. On apprend pourquoi Matt a quitté la police : à la suite d'une arrestation musclée, il a causé bien involontairement, par dégât collatéral avec une balle perdue, la mort d'Estrella Rivers, 7 ans. Ce qui n'aurait été qu'une "bavure" dans la carrière de certains de ses collègues, le hante. Jour et nuit, il pense à Estrellita qui n'aura jamais 8 ans. A la suite de cette tragédie, il a renoncé à son boulot, puis à son couple et à ses enfants. Il n'a plus voulu être flic, ni mari, ni père, ni membre productif de la société. Il vit frugalement dans un hôtel, soumis à peu de besoins. Il prend ses repas dans des gargotes, au gré de ses déambulations et fréquente assidûment les bars. Sa vie sexuelle est partagée avec des filles à qui il laisse 30 dollars.


Lawrence Block fait partie du cercle restreint des romanciers qui savent dégraisser leur prose pour éliminer ce qui est inutile, il est même un maître en la matière : ses dialogues sont réduits à l'indispensable, l'enquête ne contient pas de digressions. Enfin, pour ceux qui apprécient les romans policiers vintage, l'auteur propose une belle évocation des années 70 où semblait régner dans tous les domaines une forme de libération, une époque où l'on osait dire aux Etats-Unis que Gay is good. Ca fait du bien ce petit vent de liberté !
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Ce roman ouvre la série Matt Scudder, un détective comme on les aime, écorché vif, un peu en marge et doué. L'intrigue est assez classique : une jeune femme assassinée, un assassin tout désigné, un homme riche qui veut des réponses sur la mort de sa fille. Matt Scudder va reconstituer la vie de la victime qui, de fille à papa, est devenue prostituée assassinée.
Une écriture efficace, une narration sans temps mort, un ambiance assez noire dans le New-York des années 70, tout est là pour que l'on se laisse volontiers balader dans cette histoire sans s'ennuyer une seconde. L'alchimie fonctionne plutôt bien, et, malgré quelques schémas assez classiques et un peu clichés - la police qui bâcle l'enquête, l'assassin qui meurt en prison, le père de la victime qui est un vilain cachottier - l'ensemble est très agréable et fait passer un très bon moment. A suivre donc...
Lien : http://bloglavieestbelle.ove..
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J'avoue avoir un avis plus que mitigé sur ce livre. Si la résolution de l'intrigue nous laisse pantois, le style d'écriture lui ne m'a pas charmée une seule seconde.
J'ai toujours aimé les livres écrits à la première personne. Ça permet de mieux s'impliquer dans la vie des différents personnages, de tout voir avec le point de vue et les sentiments du narrateur. Mais ici, j'ai découvert un narrateur antipathique. Son côté "écorché vif" pourrait le rendre attachant pour certains mais en ce qui me concerne ça ne prend pas du tout. Pas sur ce livre du moins. Quant au style d'écriture en lui-même, il est très froid, pendant toute la première moitié du livre, jusqu'à ce que Matt Scudder commence à comprendre la vie des différents protagonistes. Et même à ce moment, si le narrateur peut sembler touché, le style reste encore trop détaché. Il manque ce petit quelque chose qui fait qu'on se sent impliqué dans l'enquête, qu'on a envie d'aller plus avant dans le livre. Là je me suis plutôt ennuyée. Heureusement qu'il ne fait que 200 pages sinon je crois bien que je l'aurais fermé avant la fin (c'est très rare que je ferme un livre en cours de route, ça n'est arrivé que deux fois !).
Pour ce qui est du secret derrière le meurtre de Wendy, on ne découvre la vérité qu'au cours des dix dernières pages. Ce qui m'a donné une fois de plus l'impression d'avoir été mise à l'écart à un moment de l'histoire. Bien sûr je ne demande pas à avoir la solution toute crue dès le début, mais quelques éléments qui nous orienteraient vers la réponse ne seraient pas de refus. Durant toutes les pages précédentes, en plus de l'ennui lié au style d'écriture, j'étais déçue : l'auteur nous fait croire que le livre est terminé, l'enquête résolue pour de bon, si bien qu'on se dit "quoi ? c'est tout ? ça ne va pas plus loin ? Avec un titre pareil je m'attendais à un dénouement plus "glauque" !". Finalement il se rattrape sur les fameuses dix dernières pages, mais c'est trop tard, il y a trop longtemps que je suis lassée du livre.
Quant au final ou comment apprendre à faire justice soi-même, je n'adhère pas. J'ai déjà lu des livres qui se terminaient ainsi, ça ne m'avait pas dérangée le moins du monde. Mais ici, c'est amené d'une telle façon qu'on a le sentiment que c'est la seule forme de justice possible et imaginable. Je ne sais pas trop comment l'expliquer mais je pense que ça a beaucoup à voir avec le caractère du narrateur, et le fait qu'il me soit à ce point antipathique.
1 sur 5 (je mets un pour la révélation de dernière minute mais uniquement pour ça ! Je ne suis pas certaine de laisser une deuxième chance à cet auteur...)
Lien : http://labulleasylla.blogspo..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
— Il est donc probable que vous ayez aussi vu des photos du vrai suspect à côté de ces portraits. Ça n’a jamais l’air ressemblant, surtout à l’observateur qui n’a pas l’œil formé à ça. Mais de fait il y a une vraie ressemblance et l’officier de police entraîné en tire souvent un bon profit. Voyez-vous où je veux en venir ? Ce sont des photos de votre fille et du gamin qui l’a tuée que vous voulez. Je ne suis pas équipé pour ça. Personne ne l’est. En creusant, je peux vous rapporter toutes sortes de faits et d’impressions qui vous aideront à obtenir leurs portraits-robots, mais il se peut qu’au final le résultat n’ait qu’un lointain rapport avec ce que vous cherchez vraiment
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Puis je m'agenouillai, lui pris la main droite dans ma gauche et collai ma figure contre la sienne. Il écarquillait les yeux et semblait avoir peur. J'en fus heureux : j'avais envie qu'il ait peur. Je voulais qu'il sache ce qu'est la trouille, qu'il l'éprouve jusqu'au plus profond de lui-même.
- Écoute-moi, lui dis-je. C'est pas des rues gentilles qu'on a par ici et t'es pas assez costaud pour elles. Tu ferais mieux de trouver un boulot comme tout le monde parce que ici, c'est pas pour toi : t'as pas ce qu'il faut. Tu crois que c'est facile, mais c'est bien plus raide que ce que tu imagines. Et maintenant, je vais te donner une chance de ne pas l'oublier.
Je repliai tous les doigts de sa main droite un par un jusqu'à ce qu'ils cassent. Rien que les doigts, pas le pouce. Il ne poussa pas de hurlements ou quoi que ce soit. La terreur devait l'empêcher de souffrir.
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Cale Hanniford m’avait donné deux mille dollars, j’en avais filé deux cents aux pauvres. Je ne sais pas ce qu’ils font du fric. Ça leur sert peut-être à acheter de la nourriture et des vêtements pour des familles dans le besoin. Ça leur sert peut-être aussi à acheter des Lincoln aux curés. Je ne m’intéresse pas vraiment à ce qu’on en fait
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— Oui, par moi. Ma femme est sa mère. Son père a été tué avant sa naissance. C’était un Marine. Il est mort au débarquement d’Inchon. (Il se détourna une deuxième fois.) J’ai épousé la mère de Wendy trois ans après. Et Wendy, je l’ai aimée tout de suite comme n’importe quel père véritable… Et quand j’ai découvert que… que je ne pouvais pas avoir d’enfants moi-même, j’ai été encore plus reconnaissant qu’elle soit là. Et donc… C’est important
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— Quand j’ai appris ce qui s’était passé, ce qu’il avait fait, j’ai eu envie de le tuer. J’ai eu envie de le mettre à mort de mes propres mains. (À l’évocation de ce souvenir, il serra les poings, puis ses mains se rouvrirent doucement.) Mais après son suicide, je… je ne sais pas. Quelque chose a changé en moi. J’ai eu l’impression que lui aussi était une victime. Son père est pasteur
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Cercle polar : quand les héros s'incrustent. .Cercle polar : quand les héros s'incrustent. Allez savoir pourquoi ! Il arrive parfois q'un héros s'impose à un auteur, jusqu'à ne plus le quitter, jusqu'à vieillir ensemble. le phénomène n'est pas nouveau. Philip Marlowe et Raymond Chandler, Agatha Christie et Hercule Poirot, Arthur Conan Doyle et Sherlock Holmes sont des couples mythiques. Et le phénomène se poursuit, plus encore peut-être depuis le succès des séries télévisées. Fred Vargas et son commissaire Adamsberg, Michael Connelly et Harry Bosch finiront pas fêter leurs noces d'or pour le plus grand bonheur de leurs lecteurs. Car le plaisir est grand, en ouvrant chaque nouvel épisode de leurs aventures, de prendre des nouvelles de ces amis de papier comme on s'inquiète de la santé de nos proches. Matt Scudder va-t- il replonger dans l'alcool, se demandait-on à chaque épisode de la série de Lawrence Block. Ces héros que l'on dit récurrents sont plus nombreux que jamais, en voici trois que vous ne connaissez peut-être pas encore... « le Joker » de John Burdett (Presses de la Cité) « Une affaire d'hommes » de Todd Robinson (Gallmeister) « Aux vents mauvais » de Elena Piacentini (Au-delà du raisonnable)
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