Les livres des survivants ou survivantes de l'Holocauste révèlent des personnalités fortes et très diverses.
Edith Bruck est une écrivaine originale.
Le Pain perdu débute dans un village hongrois en 1943 . La petite fille Ditke a déjà très conscience de l'antisémitisme des villageois et des lois antisémites qui s'appliquent aussi à l'école et les brimades de la part des adultes et des enfants
Le Pain perdu, c'est celui que la mère avait préparé avec la farine qu'une voisine avait offert, qui levait et qui devait être mis au four, quand les gendarmes sont venus en 1944 chercher la famille pour la déporter vers le ghetto. "le pain", " le pain", était la plainte de sa mère devant la catastrophe imminente.
Birkenau, Auschwitz, Landsberg, Dachau, Bergen-Belsen...
Ditke et sa soeur Judit se soutiennent après avoir été séparées du reste de la famille
Quand la guerre se termine "une nouvelle vie" s'ouvre aux deux soeurs qui recherchent d'abord les survivants de leur famille à Budapest : Sara et Mirjam les soeurs ainées mariées, David leur frère. Elles retournent au village où elles trouvent leur maison pillée et l'hostilité des voisins.
Judit persuade Ditke à la suivre en Palestine qui était le rêve de leur mère. Edith a une autre vocation : elle veut écrire. Elle pressent que la discipline qu'on exigera d'elle lui pèsera. Elle ne supportera pas "les dortoirs"
Pour suivre sa soeur et son frère Ditke essaye de s'installer à Haïfa, se trouve un mari, marin, un travail, rêve un moment d'une maison, et même d'un bébé. Fiasco, son mari est violent ; elle divorce
Pour fuir le service militaire, elle se remarie, avec Bruck qui lui donnera son nom d'écrivaine. Mariage blanc, elle s'enfuit devient danseuse à Athènes. D'Athènes à Istanbul, à Zurich suivant sa troupe , et enfin Naples et Rome
Pour la première fois, je me suis trouvée bien tout de suite, après mon long et triste pèlerinage. “Voilà, me disais-je, c'est mon pays.” le mot “patrie”, je ne l'ai jamais prononcé : au nom de la patrie, les peuples commettent toutes sortes d'infamie. J'abolirais le mot “patrie”, comme tant d'autres mots et expressions : “mon”, “tais-toi”, “obéir”, “la loi est la même pour tous”, “nationalisme”, “racisme”, “guerre” et presque aussi le mot “amour”, privé de toute substance. Il faudrait des mots nouveaux, y compris pour raconter Auschwitz, une langue nouvelle, une langue qui blesse moins que la mienne, maternelle.
C'est donc en Italien qu'elle écrira comme elle l'avait toujours désiré. Coiffeuse des acteurs et actrices du cinéma italien, des critiques littéraires des cinéastes, se marie avec le cinéaste Nisi. Toujours antifasciste, elle écrit :
"En fille adoptive de l'Italie, qui m'a donné beaucoup plus que le pain quotidien, et je ne peux que lui en être
reconnaissante, je suis aujourd'hui profondément troublée pour mon pays et pour l'Europe, où souffle un vent pollué par de nouveaux fascismes, racismes, nationalismes, antisémitismes, que je ressens doublement : des plantes vénéneuses qui n'ont jamais été éradiquées et où poussent de nouvelles branches, des feuilles que le peuple dupé mange, en écoutant les voix qui hurlent en son nom, affamé qu'il est d'identité forte, revendiquée à et à cri, italianité pure, blanche... Quelle tristesse, quel danger !"
Une leçon de vie!
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