« L'euphorie perpétuelle » est un livre difficile, brillant d'intelligence et développant des idées à contre courant de la pensée dominante.
Les références (philosophes, écrivains, scientifiques, journalistes) utilisées par Bruckner sont réellement impressionnantes et totalement maitrisées.
Le cheminement est imparable, avec chaque étape historique marquant une évolution vers la notion de bonheur.
Mon sentiment est que privé de puissants systèmes de pensées religieux, philosophiques ou politiques, privé aussi souvent de grands évènements lui rappelant sa fragilité (guerre, épidémie, catastrophe) , l'homme occidental moderne se raccroche artificiellement à une conception factice d'un bonheur inatteignable pour combler le terrible sentiment de vide en lui qu'aucune recherche de biens matériels ou de richesse ne saurait combler.
C'est donc comme si la société se droguait elle-même au bonheur pour ne plus voir la petitesse, la vacuité et l'inutilité de la condition humaine.
A mon sens la science est à terme une illusion, il y a eu un avant l'homme et il y aura un après.
L'homme n'est qu'un voyageur, une ombre de passage, le comprendre c'est déjà avoir la lucidité nécessaire pour tenter de faire quelque chose de sa vie pour rendre ce passage le moins désagréable possible tout en acceptant que les moments pénibles succèdent inlassablement aux moments heureux dans un infernal ballet cyclique ou l'homme subit plutôt qu'il n'agit.
Même si Bruckner est dur avec l'insensibilité stricte des philosophes Stoïciens, je me sens beaucoup plus proches du messages des philosophes grecs que des tous les autres avec cette approche de la recherche d'un équilibre entre passions et besoins corporels avec comme unique boussole (certes grandement imparfaite) l'intellect faisant office de régulateur.
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