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EAN : 9782370553225
122 pages
Le Tripode (07/04/2022)
3.3/5   27 notes
Résumé :
Isolés dans un pays déchiré par la guerre, retranchés dans leur camp, des mercenaires au service d’une entreprise privée ont pour mission de protéger une raffinerie de pétrole.

L’un d’eux, tireur d’élite, reçoit un traitement expérimental qui doit lui permettre de rester sans sommeil plusieurs jours et nuits d’affilée, afin d’optimiser ses performances. Soumis à la solitude de cet état de veille artificiel, et à la menace fantôme d’ennemis toujours ca... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
C'est plutôt rare chez moi que d'acheter un roman pour sa couverture lors d'une déambulation dans ma librairie habituelle. L'illustration de l'artiste lituanienne Natalie Levkovska m'a fascinée, son trait de crayon simple et évocateur, cet homme mystérieux dont on n'entrevoit pas le visage, juste le corps repu, la nuque offerte aux regards. Et puis la ligne éditoriale de la maison d'édition le Tripode ne m'a jamais déçue, avec des auteurs comme Bérangère Cournut, Olivier Mak-Bouchard ou Dimitri Rouchon-Borie.

Et bien bonne pioche avec ce roman court très singulier qui distille une atmosphère légèrement dystopique, en tout cas cauchemardesque, très réussie.

Et ce dès la première phrase, surprenante : « Y a pas plus beaux paysages que ceux de pays en guerre » nous interpelle le narrateur en décrivant de façon très poétique le paysage qui l'entoure à travers la croix du viseur de son arme. C'est un mercenaire d'un groupe type Wagner, sniper surdoué chargé de surveiller une raffinerie de pétrole, quelque part au Moyen-Orient, contre des ennemis menaçants mais souvent invisibles. C'est aussi un cobaye qui teste une traitement expérimental lui permettant de ne pas dormir. Ou le sommeil rendu obsolète par la technologie.

Derrière la routine de la vie du soldat dans l'attente des attaques sporadiques de l'ennemi, derrière la crudité des mots pour dire les traumatismes de chacun ou la violence larvée de ce mode de vie, banales, monte une étrange tension avec ce narrateur shooté aux amphétamines. D'autant plus en plus forte, qu'il est en proie à des hallucinations. L'écriture d'Olivier Bruneau est suffisamment précise et évocatrice pour électriser le lecteur, totalement happée par l'imprévisibilité à venir. On colle au sniper, à ces sens suraiguisés par la drogue prise, il ressent tout de façon trop intense, les sons, les odeurs ; tout l'attaque et l'agresse, jusqu'à l'usure mentale dévastatrice. Jusqu'à devenir fou.

Et puis il y a ces treize dernières pages qui ramènent le lecteur dans la société civile, ou plutôt dans une ville à la fois très contemporaine futuriste, une ville qui ne dort jamais au sens premier du terme, une ville sans nuit. Un cauchemar où la lutte des classes se joue autour du sommeil. Cet ultime chapitre est la clé pour comprendre tout ce qui a précédé. A l'image de ce drôle de titre avec son double sens étymologique. Le« pharmakon » en grec, c'est le bouc-émissaire, la victime expiatoire qui permet de purger le mal de la cité, c'est à la fois celui qui soulage, le remède, mais c'est aussi le poison qui envenime … ce qui permet une très intelligente double lecture de tout le roman, à rebours de la première impression.

Définitivement troublant.







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Vous souffrez de narcolepsie ?
Réjouissez-vous : Olivier Bruneau a (peut-être ?) LA solution !
Un médicament révolutionnaire, quelques pilules magiques et hop, adieu les troubles du sommeil (adieu même le sommeil !), vous voilà parti pour plusieurs jours de veille consécutifs.
Quelle belle idée !

Bon c'est vrai, le traitement est encore en phase expérimentale, mais soyez rassuré car un homme le teste pour vous. Et ce n'est pas n'importe qui : le cobaye est tireur d'élite, employé par une milice privée affectée à la surveillance et à la protection d'une raffinerie de pétrole, dans un pays en guerre. Autant vous dire que c'est du sérieux.
Voilà trois, puis quatre, puis cinq jours qu'à travers sa lunette de sniper, notre homme - enfin libéré de la dictature biologique de son corps - scrute l'horizon sans discontinuer, dégommant quelques insurgés quand l'occasion se présente.

Mais peut-on vraiment faire confiance à ce produit miracle, conçu dans les meilleurs laboratoires militaires ? Qu'adviendra-t-il de notre brave soldat, lui qui bientôt avoue "flotter au-dessus de la réalité" et souffrir d'hallucinations, lui qui n'ose pas s'en plaindre à sa hiérarchie et qui préfère se confier à nous ("j'ai passé trop de temps seul avec moi-même, mon esprit tourne en circuit fermé et mes pensées fermentent sous mon crâne, elles pourrissent même.") Combien de temps survit-on sans dormir, combien de jours avant que la folie l'emporte ?
La réponse est dans Pharmakon, et le titre déjà nous donne un indice puisque ce terme de grec ancien désigne à la fois le remède et le poison, la drogue salutaire et la potion toxique.

Avec ce roman court, nerveux et efficace, l'auteur nous fait partager le trouble grandissant de son narrateur-sentinelle. Quelques phrases sèches, un soleil de plomb, un ennemi invisible, et nous voilà projetés dans le poste de guet d'un camp miliaire sordide, fusil en main, aux côtés d'une troupe de mercenaires saturés de testostérone. Moi qui ne savais pas du tout à quoi m'attendre avec ce petit bouquin au titre énigmatique et à la couverture vaguement malaisante, je dois reconnaître que l'expérience est très réussie !
Le style est plutôt percutant, le dépaysement sur ces terres hostiles est total, le mépris des miliciens occidentaux pour les populations autochtones est manifeste, et les questions soulevées par ces idées d'homme-augmenté et de fuites en avant médicales ou technologiques ne manquent pas de pertinence. Oh qu'il est flippant, ce monde (qui vient ?) où "le sommeil ne sera plus qu'un luxe réservé à la classe des feignants, cette classe improductive, inférieure, inutile"...
Pour finir, l'ouvrage en lui-même, par le grain du papier et le choix de la typographie, est très plaisant à lire : merci à Babelio et aux éditions du Tripode pour cette agréable découverte !

Si l'on tient vraiment à relever quelques petits bémols, on pourra éventuellement parler de ce dernier chapitre en forme de pirouette un peu surprenante qui ne m'aura pas complètement convaincu, ou des "oublis" systématiques de l'adverbe "ne" dans les formes négatives. L'auteur espérait probablement conférer ainsi à son texte un caractère d'oralité plus vivant, mais ici ce procédé m'a pas toujours semblé judicieux ;-).
Tout ça est bien sûr anecdotique et n'enlève rien à la qualité de ce chouette roman d'anticipation, dont on regrettera seulement l'extrême brièveté (tout juste 122 pages dont on ressort à peine essoufflé ... et parfaitement réveillé !).
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J'ai choisi ce livre à sa couverture et à son titre. Je ne pouvais donc pas me douter qu'il faisait la part belle à un tireur d'élite bourré d'excitants. Vous l'avez compris, c'est un livre shooté à la testostérone, pour les gens qui aiment les films de guerre comme « du sang et des larmes », « Jarhead » ou « American sniper ».
Notre tireur a une spécificité : il fait l'objet d'une expérimentation médicale. En accord avec la société privée qui l'emploie, il ingurgite un cocktail chimique qui lui permet de tenir des jours entiers sans dormir. Pratique quand on doit planquer des heures entières la bande d'insurgés qui menace la raffinerie voisine.
Lui et son groupe évolue dans des montagnes hostiles, dans une sorte de monde parallèle : « On se sent plus libres qu'on ne l'a jamais été (…) et en même temps on sent bien que tout ça n'est pas vraiment normal. On est comme des détenus à qui on aurait accordé une permission de groupe, ou comme une bande gosses lâchés dans la nature sans la permission des parents ».
Au début, le remède à Morphée fait merveille et puis, au fil des jours, la machine biologique s'enraye, avant l'inéluctable.
Pour parler du quotidien d'un soldat en terre ennemie, rien n'égale le « Yellow birds » du vétéran et écrivain américain Kevin Powers, mais ce « Pharmakon » ne démérite pas. le style est vif et le propos, juste et lucide.
Bilan : 🌹
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Dans le cadre de l'opération Masse critique du site Babelio, j'ai choisi Pharmakon d'Olivier Bruneau pour deux raisons :

1) son côté dystopique

2) sa maison d'édition, le Tripode, dont la ligne éditoriale m'interpelle toujours (dans le bon sens, je précise). Cette maison sort des sentiers battus et médiatiques pour proposer d'autres univers, d'autres proses. Parfois cela me parle, parfois cela me sort par les yeux, mais toujours cela me surprend ou me dérange dans mes petites habitudes de mémère. Et franchement, cela me fait un bien fou !

Pharmakon ne déroge pas à cette règle !

Dans Pharmakon, on découvre un tireur d'élite, cobaye volontaire d'un traitement qui le tient éveillé continuellement. En mission sur un terrain miné, auprès de ses camarades, il apprend la surveillance à toute heure, des terroristes à débusquer dans des endroits isolés, surprenants, inattendus. Mais interrompre ainsi un cycle de vie (une vie sans sommeil) va quelque peu perturber notre bonhomme et déranger sa prise de recul.

Je dois dire que j'ai lu avec intérêt Pharmakon : je ne peux pas dire que j'y ai éprouvé un plaisir immense, mais un intérêt certain, cela oui , et pour plusieurs raisons :
1) On se doute que la situation va devenir explosive mais on ne sait pas quand.
2) On se rend compte qu'elle explose, mais on ne s'attendait pas complètement à cela (et là, je loue le travail assez intéressant sur les situations et les personnages secondaires de la part d'Olivier Bruneau... qui, lui, sait où il va, et il ne perd pas en chemin son objectif... contrairement à notre héros... mais revenons à nos moutons ... et on verra qu'ils ne servent pas ici à décompter le temps de l'insomnie... bon là, je m'égare.. comme eux !)
3) La tension monte crescendo mais c'est supportable parce qu'Olivier Bruneau a l'art de jouer aux montagnes russes (ou afghanes ou autres), parce qu'il y décrit le quotidien d'une occupation et de la guerilla (celle de l'incertitude, celle du qui-vive) où le moindre grain de sable enraye une belle machine, où le manque affectif se fait sentir, où les humeurs joyeuses et les festins cachent de sombres desseins.

Si j'ai été intéressée par l'intrigue, par le héros et ses acolytes imprévisibles, il m'a manqué la visualisation des scènes, il m'a manqué les descriptions des territoires, des lieux et c'est bien dommage surtout dans le désert qui se prête à l'évasion (dans tous les sens du terme). J'ai été happée par des dialogues percutants. Même la langue familière avec un français parlé doté d'erreurs syntaxiques ne m'a pas dérangée plus que cela, elle ne m'a en revanche pas charmée non plus.

Il n'empêche que Pharmakon s'achève par une pirouette spatio-temporelle déjà vue mais très maîtrisée, un clin d'oeil du passé pour un avenir pas brillant... contrairement à l'auteur. Well done !
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"Dans un livre ça devrait marquer le début d'un nouveau chapitre, mais pour moi, y a pas de pause, pas de transition ici. Entre le jour et la nuit, c'est juste une simple histoire de luminosité."

Imaginez ne plus avoir besoin de dormir, ne plus ressentir la fatigue, vivre chaque minute de chaque heure d'une journée.
Ça vous dirait ?

Olivier Bruneau s'intéresse au sommeil dans son nouveau roman paru début avril chez le Tripode : Pharmakon.

La définition de ce mot devenu l'éponyme du roman amène le lecteur dans une histoire en demi-teinte, ni salvatrice ni destructrice.

Un homme, tireur d'élite, est membre d'une entreprise privée de mercenaires.

"C'est dur à croire, mais j'ai beau être un tireur d'élite, je suis même pas sûr d'aimer tirer. Y se trouve juste que je suis trop bon à ça, et je peux pas me permettre de rien en faire. Avoir un don pareil et le laisser pourrir, c'est comme déchirer un ticket de loterie gagnant, celui qui t'assure de pas perdre ta vie à essayer de la gagner."

Le narrateur va être notre cobaye, celui qui teste pour nous le cachet miracle qui bloque le sommeil, l'annihile, l'éradique.
Le traitement expérimental est délivré sous étroite surveillance et c'est entre les rencontres avec le médecin et les missions sur le terrain que les jours et les nuits vont s'enchaîner.

La situation s'envenime et le personnage s'enlise.

Le roman, très court, est anxiogène du début à la fin. On sent une catastrophe arriver sans savoir d'où elle pourrait bien venir.

En Grèce antique le terme pharmakon désigne autant un poison, un remède qu'un bouc émissaire. le sommeil apparaît tour à tour sous ces trois facettes, à la fois allié et ennemi.
On sort du roman sonné, dégoûté par certains passages (lors de l'intrusion dans le village par exemple), mais certain d'avoir découvert un personnage qui n'est ni héros ni anti-héros. Un homme paumé, tout simplement.

Pharmakon est un court roman d'anticipation. En concentrant son livre sur un peu plus de 120 pages, Olivier Bruneau n'épargne rien au lecteur : les effrayants progrès de la médecine, l'insensibilité et la mégalomanie des occidentaux face aux villageois, un homme-narrateur un peu à côté de la plaque qui doit rester sur le qui-vive.


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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
On s'approche du chef du village qui se lève pour nous saluer. Il a une longue barbe filasse et l'air d'avoir mille ans, avec sa peau de parchemin et ses rides comme des crevasses. Les types autour de lui viennent au contact, et très vite on se regarde tous dans le blanc des yeux. Même avec Amir c'est déjà compliqué de communiquer avec eux, alors sans lui ça devient juste absurde d'essayer. Ils pigent pas un mot et font que baragouiner dans leur dialecte, le même qu'y a trois mille ans, même leur langage des mains a l'air d'avoir un sens différent du nôtre. Y a pas vraiment de tension entre nous, juste deux mondes qui se regardent de chaque côté d'une faille béante.
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Mais au fil des ans je n’ai plus supporté cette espèce d’intranquillité permanente. La garde ne doit jamais baisser, l’esprit doit rester toujours en éveil, et jamais il ne trouve le repos véritable. Quelle que soit l’heure de la nuit, il y a toujours quelqu’un d’éveillé quelque part dans le monde qui peut avoir besoin de vous. Les lumières de ce monde-là ne s’éteignent jamais, jamais il ne nous laisse dormir d’un sommeil noir. Le continuum existe sur les réseaux de vie dématérialisée, et ce n’est qu’une question d’années pour qu’il finisse de contaminer tout le reste. […] Quand j’ai essayé d’expliquer ça à mon supérieur, il m’a d’abord ri au nez, et puis il m’a dit que le sommeil n’était plus qu’un luxe réservé à la classe des feignants, cette classe improductive, inférieure, inutile.
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C’est dur à croire, mais j’ai beau être un tireur d’élite, je suis même pas sûr d’aimer tirer. Y se trouve juste que je suis trop bon à ça, et je peux pas me permettre de rien en faire. Avoir un don pareil et le laisser pourrir, c’est comme déchirer un ticket de loterie gagnant, celui qui t’assure de pas perdre ta vie à essayer de la gagner.
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Dans un livre ça devrait marquer le début d’un nouveau chapitre, mais pour moi, y a pas de pause, pas de transition ici. Entre le jour et la nuit, c’est juste une simple histoire de luminosité.
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