Ce 4ème volet s'ouvre sur la 1ère représentation du film de Salomon Rubinstein au Chinese Theatre, à Hollywood, en janvier 1936. Rebaptisé en Sal Rubin, il raconte son enfance et la vie de sa famille. Son frère Moïse, invité à partager le succès de cette projection, découvre avec horreur ce que son grand frère a dû subir et faire pour le protéger et lui payer les études dont leurs parents rêvaient pour lui.
Dans le même temps, on suit Moïse en 1943, au camp de concentration de Sobibor.
Pour la lecture de la BD, ce n'est pas toujours facile de passer d'une année à l'autre et d'un pays à l'autre, on voyage entre l'Amérique, la France et la Pologne mais on s'y fait grâce, notamment, au talent d'Elvire de Cock et à sa colorisation judicieuse.
Le film « Une enfance volée » est bien sûr très dur puisqu'il y est question de la vie de Salomon notamment dans un camp de travail pour enfants mais il a beaucoup amusé un des frères Warner qui y voit l'occasion de se faire beaucoup d'argent en envoyant Sal présenter son film dans toutes les salles de cinéma françaises et où il pourra raconter son histoire à toute la presse et les radios du pays.
Moïse, quant à lui, a rencontré une jeune femme, étudiante comme lui à Harvard, faisant partie d'une association qui veut créer un état juif en Palestine. Invitée par Moïse à la première du film, elle veut interviewer Sal afin de publier son histoire dans le journal sioniste dans lequel elle écrit.
« - Je lui ai donc demandé s'il accepterait d'évoquer son parcours dans les colonnes de notre journal.
- Connaissant Mo, j'imagine qu'il a dit non ?
- Exact ! Mais il m'a parlé de son grand frère, scénariste, en passe de devenir une vedette d'Hollywood, dont les propos auraient certainement un très grand impact sur nos lecteurs... »
En France, où il est toujours recherché par la police, Sal raconte son expérience au sein de la colonie pénitentiaire où il avait été interné pour un crime qu'il n'avait pas commis. Il s'agit de la colonie agricole de Mettray où les enfants étaient censés apprendre un métier. Les enseignants peu nombreux y sont peu à peu remplacés par des gardiens de prison. En fait, ces écoles/bagnes agricoles étaient très nombreux en France, des bagnes pour enfants où ceux-ci subissaient maints sévices.
Moïse, quant à lui, prend conscience que les nazis ne laisseront pas de traces de leurs exactions à la fin de la guerre.
Aux USA, les discriminations sont bien présentes aussi. Il existe un quota d'étudiants juifs pouvant entrer dans les universités par exemple.
Sans pour autant minimiser les crimes nazis,
Luc Brunschwig nous fait prendre conscience, encore une fois, que d'autres pays dont la France n'étaient pas exempts d'abominations, ici c'est le bagne pour enfants et adolescents qui est mis en avant.
Avec ces 2 frères extrêmement attachants, bien que très différents, mais liés par un amour indéfectible, l'auteur nous fait traverser cette période historique avec beaucoup de talent.
Etienne le Roux et
Loïc Chevallier au dessin sont toujours aussi doués pour nous faire ressentir les émotions des personnages. Quant à
Elvire de Cock à la couleur, c'est grâce à elle qu'on ne se perd pas dans les époques et les pays.
J'aime toujours autant cette série. Les albums, en plus d'être historiques sont magnifiques !