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3,9

sur 311 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Le moonshine doit son nom au fait qu'il passe sa vie dans la pénombre, et personne ne comprend ce destin mieux que moi ». Ainsi s'exprime la narratrice du roman, Wren, adolescente de quinze ans qui a grandi dans l'ombre de son père, un influant prêcheur qui officie dans les montagnes des Appalaches.

L'atmosphère est lourde et poisseuse dans cette région reculée de Virginie Occidentale, où la fermeture des mines de charbon a laissé dans son sillage la misère et le désespoir. Au milieu de cette désolation, les habitants tentent de trouver un réconfort illusoire dans l'alcool de contrebande local fabriqué par les moonshiners, et dans leurs croyances.
« Par delà ces collines, les miens sont connus pour le mordant de leur gnôle et la pauvreté de leur coeurs. Overdoses, opiacés, chômage. Les gens nous préfèrent comme ça, la bouche anesthésiée, les dents jaunies par la clope, l'esprit engourdi par les bonbonnes de whisky et les bibles cornées ».

Pour guider ses ouailles vers Dieu, Briar Bird alias « Oeil Blanc », qui a bâti sa légende sur le miracle qui l'aurait sauvé de la foudre, prêche dans son église tous les dimanches, en tenant entre ses mains des serpents, selon une vieille tradition dont le danger fascine autant qu'il effraie les habitants.

Mais ce manipulateur de serpents est un manipulateur tout court qui agit au sein de sa famille comme un gourou tout puissant et qui impose sa loi à sa femme et sa fille. Isolées dans une cabane au fin fond de la montagne et coupées du monde moderne, Wren et sa mère Ruby parviennent parfois à voler quelques instants de liberté durant les absences de Briar, et se rendent en ville, où Ruby va au cinéma avec sa meilleure amie Ivy pendant que Wren essaye d'apprendre à se servir d'un ordinateur à la bibliothèque.

Si le cas de Wren et Ruby est plutôt extrême au point qu'elles sont souvent considérées comme des « arriérées » aux yeux des gens de la ville, le sort des femmes en général n'est guère enviable dans cette contrée des Appalaches où celles-ci doivent vivre sous le joug des pères puis sous celui des maris. le titre « Les femmes n'ont pas d'histoire » marque le fait que les femmes de cette région de la Rust Belt n'ont que peu voix au chapitre et sont la plupart du temps condamnées à faire des choix par défaut.
« Les hommes de la montagne tenaient la barre de leur propre histoire, et les femmes leur tenaient lieu de rames ».

Ce récit est l'histoire de deux générations de femmes fortes qui ont tenté de reprendre leur destin en main.
D'abord celle de deux amies fusionnelles, Ruby et Ivy, qui rêvaient dans leur jeunesse de s'échapper ensemble vers un avenir meilleur, mais dont les projets ont tourné court lorsque Ruby s'est laissée prendre au piège des belles paroles de Briar. Elles vivront le reste de leur vie dans le regret et l'amertume, tentant de maintenir le secret pour protéger leurs enfants.
Puis celle de Wren qui, suite à un terrible drame, parviendra à s'extraire de sa condition et lèvera peu à peu le voile sur l'histoire de ses parents.

J'ai beaucoup aimé ce roman sombre, dans lequel l'auteure dépeint avec talent les désillusions et les contradictions des personnages. Amy Jo Burns a su insuffler de la poésie dans l'art de la fabrication du moonshine et a fait ressortir la beauté de cette terre inhospitalière, malgré les ravages de l'industrie minière.

Merci à lecteurs.com, aux éditions « Voir de près » ainsi qu'à la Librairie des Grands Caractères pour la découverte de ce beau roman.
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Très bonne découverte que ce premier roman, choisi évidemment pour son titre énigmatique!
Wren est une adolescente élevée par ses parents au beau milieu d'une forêt dans les Appalaches. Coupée du monde, elle ne va pas à l'école et vit dans l'ombre de son père, qui communique avec Dieu en manipulant des serpents.
Lecture très surprenante sur un mode de vie que je croyais disparu, loin du monde, en autarcie, avec un mode de pensée assez restreint.
Une autrice à suivre!
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Le titre résume le roman, c'est l'histoire de femmes qui n'ont pas d'histoires car toujours dans l'ombre d'un père ou d'un mari.
Cela se passe dans un coin montagneux et perdu des États Unis. L'héroïne Wren est la fille d'un manipulateur de serpent, une religion dans ce pays, elle nous raconte sa vie dénué de tout confort moderne et sous le joug de ce père qui prêche une vie pure et sans pêchés dans ce pays où l'alcool de contrebande coule à flot. On suit également la jeunesse de la mère de Wren et son mariage à travers les yeux de sa meilleure amie Ivy qui se retrouve coincée dans ses montagnes alors qu'elle ne revait que de partir. Pour changer de point de vue, Flynn le meilleur ami du manipulateur de serpent nous raconte également sa vie.

C'est très sombre, j'ai apprécié le personnage de Wren et du coup j'ai eu un peu de mal avec le changement de point de vue de l'auteure. Surtout que je ne me suis pas attachée aux personnages d'Ivy et de Ruby, j'ai ressenti un mélange de pitié et d'envie de les secouer pour leur dire de se sortir de là. L'amitié entre les deux femmes est une belle histoire d'amitié entre femmes mais cela ne m'a pas suffit à les apprécier.

Une partie intéressante de ce roman est la description de la manipulation de serpent dans la religion, une pratique que je ne connaissais pas et sur laquelle je me suis renseignée du coup. le roman fait froid dans le dos quand il évoque cette pratique religieuse qui semble responsable du malheur des personnages de l'histoire.

Il y a donc deux thèmes importants dans ce roman, la vie des femmes sous le joug des hommes et ce que peut provoquer une foi aveugle en certains miracles et pratiques religieuses.
Un roman intéressant mais qui ne restera pas dans mes meilleures lectures.
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Dès les premières pages, j'ai été emportée par un style et une histoire qui m'ont rappelé "Histoire de Bone" (Dorothy Allison) et "Une éducation" (Tara Westover). Et c'est bien évidemment un compliment.

On découvre Wren, une adolescente qui vit avec ses parents dans une cabane isolée de tout - ou presque, car la religion, l'alcool et la sensation d'être oubliés du reste du pays sont omniprésents. Les légendes entourent cette famille, les rumeurs aussi.

Heureusement, pour tenir, il y a la solidarité, et surtout l'amitié indéfectible entre Ruby, la mère de Wren, et Ivy, son amie d'enfance. On sent la tension monter, mais jamais je n'aurais imaginé que les drames iraient aussi loin.

Dans une deuxième partie, le narrateur change et on découvre alors d'autres pièces du puzzle : celles du passé. Que s'est-il passé avant d'en arriver là ? Pourquoi Ruby et Ivy, qui voulaient fuir la montagne et vivre à la ville, sont-elles restées ? de nouveaux secrets apparaissent, des liens se découvrent. J'ai de nouveau été très touchée, car on sent bien que cette histoire aurait pu être totalement différente, si d'autres choix avaient été faits.

Ainsi de suite, on comprend de mieux en mieux le décor, et on ressent l'étouffement des personnages. La fin est très belle, pleine d'espoir malgré la tristesse : il faut vivre avec son histoire, ses légendes de famille, et espérer que justice se fasse seule un jour.
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10/18 nous offre ici une fresque digne d'un roman de Gallmeister ! On va d'abord suivre la jeune Wren, qui vit au milieu des montagnes avec sa mère Ruby et son père prêcheur influent dans la région. Au milieu de la nature, Wren est seule, elle n'a jamais été scolarisée, n'a aucun ami. Seule la meilleure amie de sa mère, Ivy vient rendre visite à la famille avec ses fils, eux aussi vivant assez éloigné de la société. A travers le récit la jeunesse de Ruby et Ivy va nous être dévoilée petit à petit.

Un récit émouvant sur l'émancipation presque impossible des femmes dans ces régions reculées, où les hommes, les croyances, l'alcool et la drogue ont une place prépondérante. Il m'aura peut-être manqué un peu de rythme à certains moments mais cela reste néanmoins un très beau récit, sombre et poignant.

En bref, un roman d'atmosphère, un roman de femmes à qui on ne laisse pas la place de vivre leur histoire.
Lien : https://lecturesda.wordpress..
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Wren est une adolescente solitaire de quinze ans qui a grandi au coeur des Appalaches dans une région désolée, touchée par le chômage, l'alcool de contrebande et la pauvreté. Son père Briar Bird est un manipulateur de serpent, un miraculé qui prêche chaque dimanche dans une ancienne station-service.

Ruby sa mère, quant à elle, est embourbée dans une existence rude et misérable, vivant dans une cabane à l'écart de tout, sauf de sa meilleure amie Ivy qui veille sur elle et sa fille Wren.

Jusqu'au jour où un évènement dramatique va venir bousculer le quotidien de la famille Bird. Les croyances malsaines du père de Wren vont envenimer la situation et son vrai visage va peu à peu apparaître à Wren.

Cette savoureuse histoire de femmes nous est contée par la talentueuse Amy Jo Burns et sa plume est vraiment superbe. L'atmosphère sombre de ce récit, les paysages montagneux et sauvages de la Virginie Occidentale enveloppent le lecteur dès les premières pages. 

Par ailleurs, le changement de narrateur dans la deuxième partie du roman donne de la profondeur aux différents personnages, nous faisant par la même occasion remonter dans le passé de Ruby, Briar et Ivy. Des secrets sont peu à peu dévoilés et Wren, pour survivre, devra affronter son père.

Sacrifices, désillusions, emprises et amitiés sont au coeur de cette intrigue habilement dosée, poignante mais sans jamais en faire trop. 

Un roman noir captivant et particulièrement envoûtant.

Lien : https://mesechappeeslivresqu..
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Les femmes n'ont pas d'histoire de Amy Jo Burns

Trois choses m'ont impressionnées dans ce premier roman et en ont fait une très belle lecture. 

Ce qui m'a d'abord séduite, c'est le style. L'auteure fait partie de ces conteurs qui vous emportent, vous guide à travers leur histoire tout  naturellement.

Puis j'ai aimé les personnages si finement dessinés à travers leurs sentiments et leurs liens. 

Enfin, j'ai été complètement bluffée par la construction. Il y a quatre parties, trois narrateurs. Tout se dévoile lentement mais quand tout est mis en place, tout s'imbrique parfaitement.

Wren prend la parole la première. Elle a 15 ans et vit dans la montagne loin du monde dans une cabane sans même une adresse. Son père est un prêcheur reconnu par la communauté, également  guérisseur. Elle ne va pas à l'école mais étudie sur la table de la cuisine selon ce que lui donne sa mère

A la mort de la meilleure amie de sa mère, le monde de Wren est chamboulé. On va remonter l'histoire de sa mère. Deux autres personnages prendront la parole. Flynn l'amoureux refoulé mais fidèle et Ivy la meilleure amie. 

Il y a un beau contraste entre tout le paysage sauvage, le mode de vie un peu à l'écart et tous les sentiments des personnages que l'auteure arrive à nous faire ressentir avec pudeur et finesse. 

Je ne voyais pas trop où le tout menait mais je me suis laissée guider par l'incroyable talent de conteuse de l'auteure. 

Une fois que tout est mis en place, l'histoire se construit, tous les événements s'imbriquent parfaitement. 

L'auteure dessine un monde hostile envers les femmes qui ne sont reconnues que par rapport aux hommes auxquels elles appartiennent, un monde qui tourne autour des croyances, de l'alcool et de la violence. 

J'aime ces romans sombres et durs qui distillent de discrètes lumières. C'est le cas ici avec des amours et des amitiés contrariés. 


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Wren est une petite fille qui vit sur la Montagne, un endroit isolé au coeur des Appalaches. Son père est un célèbre prêcheur connu dans sa région sous le nom du manipulateur de serpents.

J ai été subjuguée par les différents récits que nous offre l autrice dans son premier roman. L'écriture est vraiment envoûtante. Je n'ai pas mis longtemps à lire ce livre car j'avais très envie de connaître les personnages et leurs secrets.

Dans ce récit à trois voix, Wren mais aussi Ruby, sa mère et la meilleure amie de cette dernière, Ivy, sont des femmes remarquables. Si le titre affirme qu'elles n ont pas d histoire, c est uniquement parce que les histoires des hommes mettent les leur dans l'ombre. Pour autant, ce qu'elles ont à nous dire est passionnant, même si triste et tragique.

C'est un roman immersif, où l'environnement, le mystère et la nature humaine sont disséqués. Je vous recommande vivement de vous laisser porter par ce livre.
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Je suis les éditions Sonatine depuis le tout début, c'est une de mes maisons d'édition préférées et je ne rate quasiment aucune de leurs publications. Dans son programme de 2021 Les femmes n'ont pas d'histoire faisait indéniablement partie des titres que j'attendais avec le plus d'impatience.

Le genre du "rural/country noir" a pris une importance grandissante parmi les parutions américaines, ce sont des livres qui permettent de mieux appréhender les États-Unis, de mieux comprendre ses habitants et plus particulièrement les laissés-pour-compte, ceux qui n'ont pas eu le droit à la réalisation de leur "rêve américain".

Dans la lignée de Mon territoire de Tess Sharpe, Winter's Bone de Daniel Woodrell, My absolute darling de Gabriel Tallent ou encore de l'oeuvre de David Joy, ce nouveau roman signe les débuts prometteurs d'Amy Jo Burns en tant que romancière.

Si vous avez adoré les livres susmentionnés, vous allez adorer ce premier roman qui nous conte la vie difficile de plusieurs générations de femmes, des vies remplies de défis et de tragédies, des femmes qui subissent souvent la cruauté des hommes et certaines qui arrivent à s'émanciper mais avec des conséquences terribles.

Vous l'aurez compris, ce livre n'est pas révolutionnaire, il s'inscrit dans la lignée d'autres titres mais il ne souffre pas pour autant de la comparaison. Amy Jo Burns a su donner une âme à son histoire et à ses protagonistes et plus particulièrement à ses personnages féminins : des adolescentes et femmes d'une grande richesse et complexité.

En définitive, j'ai beaucoup aimé ce livre qui contient tout les éléments que j'ai pu apprécier dans d'autres romans et qui signe les débuts d'une écrivaine talentueuse.


Lien : https://leatouchbook.blogspo..
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Dans Les Femmes n'ont pas d'histoire, Amy Jo Burns nous fait découvrir Wren, une jeune femme que vous n'êtes pas près d'oublier.
C'est l'histoire de la fille du manipulateur de serpents...

Dans cette région reculée des États-Unis, les femmes sont régentées par les hommes, et les hommes sont régentés par Dieu.
Ou, dans l'absolu, c'est ce qu'ils voudraient que le monde croit.
Car qu'est-ce qui de l'alcool, des drogues ou du Seigneur Tout-Puissant les fait réellement se lever chaque jour ?

Pour le père de Wren, c'est Dieu. Puisqu'il en est son représentant. Il en est certain, tout le monde l'est : il peut tenir des serpents, c'est la preuve qu'il a été choisi.
Parce que si ce n'est pas Dieu, alors que reste-t-il de cet homme et de ses malheureux serpents ?

Pour sa mère, le problème est justement là. Elle l'a cru. Elle y a cru.
Elle s'est repliée, retirée, effacée, pour que toute la lumière soit sur lui.

Pour Wren, le juste milieu n'existe pas. Si elle plie, elle rompra fatalement.
Alors elle va saisir sa chance. Son unique chance.
Même si celle-ci découle du jour le plus terrible de sa vie...

Avec un style impeccable l'auteure nous entraîne dans un monde qui nous paraît lointain et qui pourtant est si proche.
Sa plume nous décrit des paysages sauvages et magnifiques, des personnages aussi blessés que blessants, des vies aussi abîmées que prometteuses.
Grâce à elle nous suivons avidement Wren, ces choix et ses errements, ses erreurs et ses victoires.
Avec elle nous comprenons que ce qui nous semble terminé, lointain, aboli, et pourtant toujours là, juste camouflé un peu plus loin...
Mais nous apprenons aussi que rien n'est écrit à l'avance.
Que le choix est possible.
Et que si la victoire à son importance, c'est surtout le combat qui compte.

Oui, un vrai beau roman noir américain. Plein de poésie et de désillusions. Empli de cris et de refrains.
Un de ceux dont Sonatine a souvent le secret.
Et une nouvelle écrivaine à suivre, pour ce qu'elle a à dire, et pour la façon dont elle le dit !

À découvrir sans hésiter.
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