Citations sur On la trouvait plutôt jolie (181)
N'emploie pas l'imparfait, Leyli. On n'emploie pas l’imparfait si le plan est parfait. Emploie le futur. Ca va marcher.
Renaud chantait, c'est pas l'homme qui prend la mer, c'est la mer qui prend l'homme.
Dès que le vent soufflera...
Ils longeaient la plage, pas très loin des Aigues Douces. Des gamins se baignaient, Petar les avait regardés avec mépris avant de lâcher :
- La mer c'est dégueulasse, les migrants crèvent dedans.
La violence finit toujours par vous faire définitivement basculer d un cote ,du non ou du mauvais,et le regard sur toutes vos qualites s en trouvent alors modifié. La determination devient préméditation,la stratégie devient sournoiserie,l inventivité devient perversité
Attention, je te parle des migrants, là, pas des réfugiés.
— C’est quoi la différence, patron ?
Petar observa son adjoint, amusé. Julo devinait qu’il en avait souvent discuté à la terrasse des cafés et que son argumentaire était bien rodé.
— Rien de plus simple, gamin ! Les réfugiés sont les gentils, ils fuient la guerre dans leur pays, on doit avoir pitié d’eux, on a le devoir moral de les accueillir, la France est une terre d’asile ! Les migrants, eux, ce sont les méchants, ils veulent nous envahir, ils sont seulement pauvres, mais des pauvres, on en a déjà assez chez nous.
« (…) l'humanité avait toujours vécu sans passeport. Les hommes n'avaient inventé ce morceau de papier qu'à l'occasion de la Première Guerre mondiale, en s'engageant à le supprimer sitôt la paix revenue. Cette promesse fut longtemps débattue à la Société des nations, puis à l'ONU, avant d'être définitivement enterrée dans les années 60. La libre circulation des hommes sur la terre, ce droit fondamental, historique, millénaire, n'était devenue qu'il y a à peine cinquante ans une utopie à laquelle même les plus idéalistes ne croyaient plus. »
A peine trois ans plus tard, par un mystère dont seule l'administration française a le secret, le ministère lui avait demandé de partager son bureau avec son adjoint. Raréfier les effectifs de la police tout en augmentant la promiscuité dans les commissariats, voilà un exploit dont seule l'action conjuguée et coordonnée des ministères des Finances et de l'Intérieur pouvait se vanter.
Bamby avait semblé passionée par son parcours, François en avait rajouté, les convictions, l'action, ses états d'âmes depuis que le temps de l'insouciance des voyages sans bagage avait laissé place à celui de l'expérience, de la force de l'âge, de la réussite, de la séduction.
L’illusion d’avoir été téléporté hors du temps était parfaite : une sorte de crime rituel commis dans le palais du calife, le châtiment d’un eunuque ayant posé les mains sur la favorite du vizir. Le parfum d’encens épicé saturait ses narines. Personne n’avait eu le réflexe d’arrêter la musique orientale qui sortait d’invisibles enceintes. Les bottes des flics écrasaient les tapis de laine, les lampes LumiLight rasaient les vasques en porcelaine et les fioles d’huile d’argan. La chambre Shéhérazade n’usurpait pas son nom, on aurait cru se trouver au cœur du souk de Bagdad.
Il adorait ces filles qui possèdent le double privilège d’être belle et intelligente. Il avait remarqué que contrairement aux apparences, ça les rendait plus gentilles que les autres, parce qu’elles suscitent tellement de jalousie qu’elles se sentent obligées de devenir l’irréprochable bonne copine pour ne pas finir lapidées, d’apprendre la modestie comme une survie.
Des anges, que peu d’hommes ont le privilège de toucher.
Cette gamine avait décidé de le rendre dingue !
Elle devait juste être un peu plus jeune que sa fille. Ça ne le choquait pas. François se savait encore séduisant, grisonnant, sécurisant. Il connaissait le charme de l’argent, aussi.
Est-ce que l’argent avait à voir là-dedans ?
Bamby ondulait devant lui. Souriait. Jouant comme un papillon qui risque à tout instant de s’envoler. François se força à se perdre dans ses pensées, pour se calmer, ne pas se jeter trop vite sur cette fille, suivre son rythme. Bamby accepterait-elle de l’argent ? Non, bien sûr que non. Le plus simple serait de la revoir. De temps en temps