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Citations sur On la trouvait plutôt jolie (180)

Leyli grimaça devant le carrelage fissuré, la rampe rouillée, les taches d’humidité et de moisissure qui cloquaient les plinthes. La FOS-IMMO avait repeint les façades des immeubles l’été dernier, mais il faut croire qu’ils n’avaient plus assez de peinture pour les cages d’escalier. Ou bien, pensa-t-elle en observant les cœurs, les têtes de mort, les sexes tagués sur les murs, la municipalité avait créé une commission pour discuter de la sauvegarde des graffitis, témoignage du patrimoine artistique urbain en ce début de siècle. De quoi se plaignait-elle ? Dans des millénaires, on viendrait visiter son palier comme on visite aujourd’hui la grotte de Lascaux.
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François calcula les mois dans sa tête, cela faisait près d’un an qu’il n’avait pas trompé Solène. Il était devenu fidèle presque sans s’en rendre compte. A Vogelzug, parmi les pasionarias de la cause des clandestins, il avait rarement l’occasion de voir des filles s’habiller en cagole, afficher leurs courbes et laisser deviner leurs seins. Et encore moins de les tenir entre ses mains.
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Le silence autour de la table alourdissait encore l’ambiance de veille d'enterrement. Pas même un bruit de chaise ou de fourchette. Alpha n'est pas mort ! se força à penser Leyli. Il sortira demain. Il sera là demain. Pourtant, elle ne pouvait évacuer ce terrible pressentiment, depuis deux heures, elle ne repensait qu'à ce livre qu'elle avait lu avant de perdre la vue, dans sa case de Ségou, ce roman policier, Dix petits nègres, les invités à un dîner qui un à un disparaissaient. Dix, neuf, huit, sept, six, cinq... Jusqu'au dernier.

Ils étaient quatre hier. Trois aujourd'hui.
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Le soleil se faufilait entre les platanes du quai de la Liberté. Le bus 22 prenait son temps en cette fin de matinée, dépassait les joueurs de boules sur la place, les familles qui revenaient du marché, les salariés de l’arsenal qui vidaient leur bière en terrasse sous les palmiers. Dès que l’on quittait les tours des Aigues Douces, au premier rayon de soleil, Port-de-Bouc prenait des allures de village provençal de carte postale. Leyli aimait traverser la ville assise dans le bus. Longer le port de commerce, apercevoir l’étang de Berre et les façades colorées du port de Martigues, traverser la zone commerciale. Elle l’atteindrait dans moins de dix minutes. Leyli aimait être en avance.
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Il préférait les cueillir avec cette imparable citation de Stefan Zweig. Il l'avait déjà souvent utilisée, elle produisait son petit effet.
- " Rien peut-être ne rend plus sensible le formidable recul qu'a subi le monde depuis la Première Guerre mondiale que les restrictions apportées à la liberté des hommes. Avant 1914, la terre avait appartenu à tous les hommes. Chacun allait où il voulait et y demeurait aussi longtemps qu'il lui plaisait. "
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Elle comptait et recomptait les trois assiettes., les trois verres, les trois couverts. Un de moins qu'hier. Comme quand quelqu'un est mort, pensait Leyli, qu'on se retrouve à manger à côté de la place vide d'un mari, d'un père, d'un frère. Jamais il ne vous manque autant qu'à ce moment-là.
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Cet anniversaire se déroulait à merveille, mais il faut dire qu’il y avait mis le prix. Cinq animateurs pour quatorze gamins. Uniquement des copains de classe issus de l’école Montessori les Oliviers. Des parents pas vraiment dans le besoin, qu’il avait pourtant épatés quand il les avait accueillis devant la piscine installée au cinquième étage de sa villa, la Lavéra, avec vue sur le golfe de Fos, de Port-Saint-Louis-du-Rhône, aux limites de la Camargue, jusqu’aux plages de la pointe du Carro. Venez les mains vides, indiquait le carton d’invitation, pas de cadeaux, juste un maillot de bain.
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[...] pour couper la conversation, P. avait tourné le volume de l'autoradio. Renaud chantait, c'est pas l'homme qui prend la mer, c'est la mer qui prend l'homme.
'Dès que le vent soufflera...'
Ils longeaient la plage, pas très loin des Aigues Douces. Des gamins se baignaient, P. les avait regardés avec mépris avant de lâcher :
- La mer, c'est dégueulasse, les migrants crèvent dedans.
(p. 333-334)
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- [...] c'est juste que... Je ne suis pas habitué.
- A quoi ? Au bordel ? Aux gamins ? Aux chouettes ? A ce qu'une jeune fille aussi sexy et riche que moi vous aborde et vous invite dans son palace à partager une coupe de champagne ?
- A l'Afrique, lâcha Guy.
Il était presque sorti de l'appartement et se tenait debout, soulevant nerveusement avec son pied un morceau de carrelage décollé. [...]
- Hou là, je ne m'y attendais pas, à celle-là. Précisez donc, mon gentil voisin.
Guy rassembla tout son courage d'un coup. Son flux de paroles se fit presque agressif.
- Je vais pas vous faire un dessin ! J'ai passé ma jeunesse entre Vitrolles et Gardanne, je bosse depuis trente ans comme ouvrier sur les docks de Port-de-Bouc, les trois quarts de mes potes sont pieds-noirs ou fils de pieds-noirs, on occupe les week-ends à chasser le canard dans l'étang de Berre, on vote tous pour le même parti et il est plutôt couleur bleu marine, vous m'avez compris, quoi... Vous avez l'air gentille, j'ai rien contre vous et encore moins contre vos gamins, mais, putain, comment vous dire... Je suis pas vraiment du genre qui fréquente les Arabes...
(p. 50)
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— Rien de plus simple, gamin ! Les réfugiés sont les gentils, ils fuient la guerre dans leur pays, on doit avoir pitié d’eux, on a le devoir moral de les accueillir, la France est une terre d’asile ! Les migrants, eux, ce sont les méchants, ils veulent nous envahir, ils sont seulement pauvres, mais des pauvres, on en a déjà assez chez nous. Tu comprends ? — Donc on laisse entrer les réfugiés mais pas les migrants ? — Tut tut tut, pas si vite, mon garçon. Le devoir de la France est d’accueillir les réfugiés, mais la consigne est de ne pas les laisser entrer ! Du moins ceux qui n’ont pas de papiers, mais comme c’est assez rare que les dictateurs tamponnent leurs visas ou qu’ils trouvent une photocopieuse en état de marche dans les villes bombardées, ils doivent risquer leur peau pour passer illégalement. Mais une fois qu’ils ont posé un pied chez nous, jackpot, ils sont sauvés. — On ne peut plus les renvoyer chez eux ? — En théorie. Mais ça dépend de leur pays. On les renvoie seulement s’ils viennent d’un POS, un pays d’origine sûr, c’est-à-dire qui ne les torturera pas quand ils descendront de l’avion.
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