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4,03

sur 211 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Je ne suis pas la seule à penser que ce Requiem des innocents ne constitue pas un chef d'oeuvre et j'ai avec moi une opinion bien placée pour savoir de quoi elle parle. Louis Calaferte lui-même a écrit : « S'il y a deux livres de moi que j'abomine, ce sont les deux premiers, que je verrais disparaître avec plaisir » (Le spectateur immobile). Requiem des innocents fait évidemment partie de ces deux premiers livres. Essoufflé dès les premières pages, il semble révéler une discorde entre l'état d'esprit de Louis Calafarte au moment de l'écriture et le propos pourtant prometteur de son livre. La misère sociale donne l'impression de devoir se grimer pour constituer un aliment immédiatement disponible, comme si le lecteur ne pouvait pas fournir le travail d'interprétation tout seul.


Au moment-même de l'écriture, Louis Calafarte ne croyait peut-être déjà plus à ce qu'il écrivait ? L'enfant en lui s'en est allé, il essaie pourtant de le retrouver. Il fabrique une image crédible de sa jeunesse sans que celle-ci ne semble pourtant totalement authentique. La colère re-suscitée donne des coups de poings dans le vide et le sadisme se contemple avec satisfaction, comme un vice rare et bourgeois. L'acte de lecture du Requiem des innocents ne déroge pas à cette position faussement désenchantée.
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Une écriture rapide, des phrases courtes, un vocabulaire courant, voilà aussi ce qui fait la force de ce Requiem des innocents.
Premier livre de Louis Calaferte, cinquante ans après son écriture, il reste une claque reçue en pleine figure.
Décrire le malheur et la détresse qui habitent des pauvres, des moins que pauvres, dans la zone d'une grande ville, comme l'auteur le fait, nous force à ouvrir les yeux.
La crasse physique, la crasse intellectuelle, la crasse morale sont si épaisses que ces femmes et ces hommes peuvent sembler moins que des bêtes.
Et pourtant, quand la société ouvre les yeux, quand elle veut bien faire l'effort de se regarder en face, elle fait naître l'espoir et des sentiments nouveaux, presque inconnus chez le héros, l'auteur lui-même.
Et là, ces enfants qui n'ont pas d'enfance, deviennent des êtres sensibles, émouvants, à qui pour une fois on tend la main, pour les caresser, pas pour les battre. Présenté de manière crue, ce monde à la lisière du monde « normal » nous rappelle toute l'injustice qui règne autour de nous. Il nous rappelle aussi la spirale infinie que vivent celles et ceux à qui on ferme la porte. Il nous rappelle enfin que l'homme est toujours prêt à s'oublier, pour oublier.
Il nous crie, au visage, aux oreilles, que transposée aujourd'hui cette histoire reste vraie et qu'il est plus que temps de sortir la tête du sable.
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Un ouvrage coup de poing sans filtre (et c'est un euphémisme). Un récit brut de ce que fut l'enfance de l'auteur dans les bidonvilles de la banlieue lyonnaise qu'il nomme la Zone. Un monde à part, un monde où la misère rend les gens fous. Comment des enfants parviennent-ils à y survivre? Mais y survivent-ils ou s'y noient-ils même quand la "chance" d'une rencontre les en éloigne? Un pan de l'histoire de la France à regarder bien en face au moment où la pauvreté pointe à nouveau son nez...
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Un petit bouquin intimiste, format missel, qui n'a pas de qualités littéraires mais rend compte de toute une époque de pauvreté celle de l'après-guerre en France celles des immigrés de l'époque. La France de la cloche

Petite racaille, pas encore la cailleras et pas encore de président à Karcher, petite frappes ou gouapes des bidonvilles que l'abbé Pierre découvre en ces années cinquante .

A Lyon ou déjà à la périphérie, on ne sait pas exactement où, et s'est dommage, du coté d'un boulevard peut-être celui du Boulevard Laurent Bonnevay dit boulevard de Ceinture mis en chantier dans les années trente et qui coupait déjà l'agglomération en deux : d'un coté la ville qui travaille et qui prie et de l'autre la périphérie, le bidonville, qui boit, vole et tue. L'histoire a tendance a se répéter éternellement et « la pauvreté a s'acharner obstinément sur les pauvres gens. »(Coluche)

La violence la plus sordide, il y a soixante ans seulement, ivrognerie, violences verbales, bagarres incessantes, bandes organisées, vols, fric frac, braquages, meurtres, drogue déjà, violence entre jeunes, entre parents, entre parents et enfants, violence juvénile à l'image des parents.
Des maux dus à la pauvreté, à alphabétisation défaillante, à la cohabitation de personnes étrangères qui provoque une perte de repères pour les uns et les autres au niveau de la langue, des coutumes et comportements

Mais bon est-ce que cela a bien changé? Dans les faits divers, de plus en plus occulté des informations, ceux de ces années là l'étaient déjà nous dit Calaferte, il semblerait que non mise à part les rodéos urbains et donc la misère s'acharne encore sur les mêmes avec autant de rigueur.
Si les trente glorieuses socialisantes ont permis une nette élévation du niveau de vie il semblerait que le libéralisme marchant capitalisant continue de générer deux catégories de gens les «sans problèmes» et les autres de plus en plus nombreux.
On n'apprend pas grand-chose dans ce livre car c'est une vie brutale racontée crûment mais simplement. Un déroulement continu d'agissements dégradants mais qui sont ordinaires pour ceux qui les vivent. Toutefois il suffit de pas grand-chose pour que les choses changent et cela vient même de l'intérieur car le monde extérieur lui a depuis longtemps les yeux.
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Lecture "imposée" par le Cercle Lecteurs que j'anime dans ma bibliothèque. Je ne suis plus trop branchée "récit personnel tragique" (je l'ai été plus jeune, comme nombre d'ado), donc je n'étais pas très attirée par le récit terrible et dérangeant de l'enfance de Calaferte. Tout n'y est que violence, haine, mépris... J'ai par contre été marquée par l'écriture, la langue utilisée : à la fois directe, crue, presque parlée et en même temps travaillée, poétique parfois, avec des images très fortes. (avril 2013)
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Le livre est une autobiographie où il décrit sa vie dans une banlieue lyonnaise, des années 1938 à 1942 jusqu'à l'obtention de son certificat d'études. Enfant de père immigré italien, ils vivent dans une sorte de ghetto insalubre et misérable qui rassemble une cohorte de paumés, chômeurs, alcooliques, illettrés, voleurs, dont la ribambelle de gamins est à l'image des parents. Enfants malmenés, affamés, sales, frappés, déscolarisés, violents, certains handicapés et retardés mentaux… ils sont au quotidien, livrés à leur propre déchéance, n'ayant pour le monde extérieur -les bourgeois et les flics- que haine et ressentiment. Un acte plus violent que les autres commis sur un des leurs, décidera les autorités administratives à leur obligation scolaire. Grâce à cela et à l'intelligence d'un instituteur : Mr Lobe, Louis Calaferte aura le goût de la poésie et de la littérature et décrochera son certificat d'études.
Avec l'aide de Joseph Kessel, il publie ce premier livre, Requiem des innocents, en 1952. Suivront des récits, des poésies, des pièces de théâtres et des essais, couronnés par quelques prix littéraires. Un beau parcours.
Oui, les enseignants savent parfois discerner le bon grain de l'ivraie !

Lien : https://www.babelio.com/conf..
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La misère, la pauvreté dans toute leur splendeur et leur cruauté, dans toute leur innocence.
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