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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Écrite au 17e siècle, cette pièce porte le coup de grâce à la vacuité de notre siècle.
Il faudrait plus souvent écouter les poètes. Mais de nos jours, un seul flambeau : l'Information, qui prédit plus qu'elle ne raisonne.
La vie, nous confie Calderon, est ce que nous en rêvons. Nous sommes libres de nos songes. Choisir la lumière plutôt que les ténèbres, voilà la voie de la raison.
Calderon nous parle de liberté plus que d'illusion. La réalité suit l'imagination. Il faut risquer et ne pas fuir. Il fait tenter avant de condamner. La peur, la crainte n'engendre que le chaos. L'oeuvre de Calderon est une mine d'enseignements. Pyrite de fer ou pépite d'or ? que reste t il entre nos mains lorsque nous exploitons les veines de notre raison? C'est la confiance que l'on met en tout homme qui éclairera son discernement.
Par son discours militant et ses tirades turbulentes, le comique toujours en filigrane, et sur un rythme déchaîné, emplie d'humanité, la pièce de Calderon donne aux hommes un regard de bête lorsqu'ils se soumettent aux chaînes et fait d'eux des princes lorsqu'ils maîtrisent leurs rêves.
Tout simplement : intelligent !
Astrid SHRIQUI GARAIN
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Ecrite en 1635, La vie est un songe est l'une des oeuvres majeures du Siècle d'Or espagnol, dont il faut souligner le paradoxe : tandis que l'Espagne, puissance politique majeure et souveraine en Europe tout au long du 16ème siècle, perd de son influence au cours du 17ème siècle, elle voit émerger des figures artistiques majeures dont Calderon ou Cervantès en littérature, Velasquez et Murillo en peinture, Luis de Victoria en musique.

La pièce est le reflet des débats théologiques et scientifiques de l'époque, marqués par le rôle croissant des Jésuites dans l'éducation des jeunes élites. A ce titre, on retrouve des réflexions dignes de Descartes chez Calderon. Ainsi en va-t-il de la réflexion sur la place de l'homme et de la dichotomie entre libre arbitre et toute puissance divine : la prédestination n'est pas admise chez les catholiques, et pourtant Dieu est Tout-puissant. Mais par l'exercice de son libre arbitre, l'homme peut s'améliorer et ne pas céder à ses désirs. Il en est ainsi, dans la pièce, de Sigismond, qui lutte contre son destin et le sort que lui auraient réservé les étoiles. La pièce montre aussi à quel point la Renaissance a fait la part belle à l'Antiquité gréco-romaine, notamment en cela que les personnages cèdent tous à l'hybris, ce vice qui pousse les hommes à se croire des dieux. C'est le cas de Basilio, qui croit lire dans le grand livre du monde les fortunes de chacun, ou encore de Sigismond qui, se croyant roi, oppose sa force à tout ce qui s'oppose à sa volonté.

L'action, qui se déroule en trois jours, se passe en Pologne, cadre lointain mais guère respecté par Calderon qui pense probablement à l'Espagne en écrivant sa pièce. Rosaura, déguisée en homme et accompagnée de son valet Clarin, y croise accidentellement – son cheval s'est emballé – Sigismond, « cadavre vivant », emprisonné dans une tour en plein désert. En effet, son père, le roi Basilio, l'a fait enfermer dès après sa naissance car il a vu, dans les étoiles, que son fils serait un tyran et qu'il le soumettrait à son pouvoir. Rosaura et Clarin sont surpris par Clotaldo, noble homme de main de Basilio qui a fait l'éducation de Sigismond. Clotaldo est troublé par l'épée que porte Rosaura et pour cause : il est son père.

Les deux autres journées voient Sigismond revenir à la cour en tant que nouvel héritier de Basilio. Toutefois, ce dernier, pour se prémunir de tout nouvel accès de violence de son fils, a prévu, si de tels faits s'avéraient, de le renvoyer en prison et lu faire croire à un rêve, afin que son enfermement lui soit plus doux.

Le titre de la pièce résume à merveille les interrogations qui apparaissent chez Sigismond et traduisent cette mélancolie, propre aux auteurs baroques, qui voit avec tristesse le temps qui passe et ravage tout. Tirée de la fin de la deuxième scène, la phrase « la vie est un songe » traduit à la fois un souci religieux et philosophique. Philosophique, car elle invite à se méfier de la vie et de ses attraits où tout n'est qu'illusion et apparence, et bien plus encore dans cette Espagne du Siècle d'Or où l'étiquette est très présente et où les valeurs des hommes et des femmes doivent correspondre à leurs rangs sociaux. Cette illusion, Sigismond la ressent dans sa prison et, même durant la troisième journée, il redoute que ce qu'il vit soit encore un rêve.
Religieuse, car selon les préceptes chrétiens hérités de saint Augustin, cette vie n'est que l'antichambre de la vraie vie, éternelle, qui viendra après la mort. En ce sens, les hommes ne sont que des morts en puissants, des dormeurs rêvant de ce qu'ils croient être.
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Une oeuvre étudiée en cours de lettres il y a 17ans mais qui me laisse toujours une impression aussi agréable post lecture et relecture. le baroque est toujours d une grande esthétique que ce soit en littérature ou sur le plan pictural
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Une pièce tout bonnement extraordinaire, intemporelle, féérique... J'en avais vu une représentation il y a quelque chose comme huit ans, et je voulais la lire depuis très longtemps. Elle m'avait marqué par sa profondeur incroyablement alliée à une légèreté qui était une telle bouffée d'air, encore plus aujourd'hui. Et je réalise que les thèmes autour du pouvoir, de son caractère éphémère, qui ne doit jamais être oublié, avaient forcément dû me séduire comme ils m'ont séduit aujourd'hui, à une époque où je militais.

Car oui, si la pièce enseigne de prendre la vie comme un rêve, un fantasme à saisir, en en profitant mais en prenant garde, en gardant en tête la chute à venir, qu'est son inéluctable fin... Elle met surtout l'accent sur la vanité du pouvoir, qu'aucun dirigeant ne devrait oublier, à l'heure où ils sont, pour la énième fois dans notre histoire, trop convaincus de leur suprématie. Et elle démontre une nouvelle fois qu'on ne peut échapper aux prophéties, rééditant l'exemple d'Oedipe qui n'est plus à présenter, avec l'inoubliable Sigismond.

Calderon est souvent collé à Shakespeare lorsqu'on énumère les dramaturges qui ne respectaient pas les sacro-saintes règles que le théâtre classique a ensuite imposé (et qui furent renversées avec les romantiques...) mais il est différent du Dieu britannique de la littérature. Son théâtre est encore plus fait de sophismes, le style, à coups de longues phrases alambiquées qui peuvent laisser sceptique quant à leur construction, fait sourciller au début, et surtout, ce n'est plus une histoire prétexte à la métaphysique, mais quasiment l'inverse. On ne connait pas l'histoire au début, on ne comprend pas du tout ce qui se passe, on se laisse porter par les personnages, le cadre sorti d'un conte, et les propos toujours justes... Ce n'est qu'ensuite qu'on découvre les ficelles.

Le Folio Théâtre de Gallimard est assez admirable et fourmille de notes qui permettent de réaliser à quel point la traduction de Lucien Dupuis résulte de la prouesse... Jeux de mots, passages au sens incertain... Cette pièce très courte est un chef d'oeuvre fou sur le pouvoir et la vie, entre Shakespeare et Hugo. Qui eut crû que le premier puisse paraître réglementé à côté?
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Un vrai régal que ce grand chef-d'oeuvre du baroque: paradoxe du rêve plus réel que la réalité, jeu d'illusions dénonçant autant les fausses croyances que les perfidies de cour, c'est le rythme avant tout qui vous emporte dans cette quête de l'identité qui touche à l'universel.
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Toute la vie n'est qu'un songe et les songes ne sont que des songes?
Sigismond et Rosaure vivent le même destin en parallèle: tout deux victimes du sort tragique de leur père.
Cependant, Rosaure va faire naître en lui des émotions cachées qui vont lui faire vivre des émotions partagées: réalité ou songe! ?Va t-il perdre son honneur au profit de l'amour?Rosaure est prenante est défie les Dieux .....
La raison du coeur est toujours la meilleur, elle défie le pire des cauchemards et le pire de l'homme!
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Une pièce de théâtre que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire.
On y retrouve la quête de sens, recherché par les hommes.

Est-ce que ce que l'on vit est réel ou n'est-ce qu'un songe ?

Ici Caldéron, nous illustre très bien que le destin n'est pas une fatalité, mais au contraire que c'est notre libre arbitre qui va influencer notre destiné. C'est donc à nous de savoir si nous voulons accepter notre destin ou si alors, nous voulons tenter de le modifier.
Une oeuvre philosophique que je recommande pour la beauté de ses textes et pour la qualité de ses intrigues.
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Excellente pièce !!
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