Accoudée au bar qui est en hauteur, je bois mon verre de vodka/pomme. Au loin je crois apercevoir Pierre, lui ne me voit pas, j’hésite à lui faire signe. Finalement vu le monde, je reste là sans bouger. Il bouge et s’avance vers des cages dans lesquelles on peut danser à 5 ou 6 voire plus, surprise de le voir là. Quand tout à coup je laisse tomber mon verre. Tremblante, je suis presque prise de panique. Je regarde autour de moi pour voir si certains de mes amis sont dans le coin. Je ne les vois pas et n’ont donc pas vu ce que je viens de voir.
Architecte, mais pas à son compte, puisqu’on me rabâche que c’est difficile et que j’aurais du mal, mais comme employée, tout le monde s’accorde à dire que ça m’ira très bien, un gentil mari et deux beaux enfants. Voilà ce que tout le monde s’imagine pour moi, sans jamais m’avoir demandé si c’est comme ça que je voyais ma vie future. Et bien non la petite Alice a envie de vivre des aventures comme celle de Lewis Carroll. On parle de rêve américain, ça sera mon pays des merveilles.
Je me suis donc mise face à lui, assise dans le fauteuil qui est très moelleux, les mains sur les genoux et j’ai posé. Je n’étais vraiment pas à l’aise, je sentais que je rougissais. Le voir m’observer sous toutes les coutures me tétanisait. Déjà, quand il est à côté de moi ou qu’il me parle, j’ai le cœur qui palpite, là, je ne peux rien faire, il me dévisage avec ses grands yeux bleus, il a beau être plus âgé que moi, je le trouve charmant.
Nous sommes le 20 décembre, je suis sur le pont de ce cargo, les derniers conteneurs sont chargés, le personnel s’active, ça crie, ça rigole, je découvre un monde qui m’est totalement inconnu. Moi Alice, sortie des études, qui embarque sur un cargo pour rejoindre New-York, je me rends compte que c’est juste irréel, jamais je n’aurais imaginé ça, ni mes amis, ni ma famille non plus.
J’habite au quatrième sans ascenseur et plus nous montons, plus nos cœurs palpitent, un mélange d’essoufflement et de râles presque sexuel. J’ouvre la porte et nous nous sautons l’un sur l’autre. Nos vêtements volent dans tout l’appartement et on se retrouve sur mon lit, nus. Mes volets de chambre ne sont pas fermés, le jour commence à se lever et j’ai un peu de vis-à-vis.