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4,04

sur 1992 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Belle et grande pièce de théâtre qui aborde des sujets sérieux et fait passer des messages. Pièce dédiée à la lutte contre l'oppression. Pièce qui est un plaidoyer pour la fidélité à la cause, fidélité sans faille puisqu'elle peut être couronnée par la mort sur l'échafaud. Pièce qui met en avant l'amitié et la fraternité dans le combat, qui fait réfléchir aussi aux conséquences d'une action. Pièce qui porte un regard sur la justice, la peur, la trahison, le reniement, le recours à la religion. du grand théâtre, du bel ouvrage, de la grande littérature. Une superbe oeuvre d'Albert Camus.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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La relecture d'un livre découvert à l'adolescence est toujours un peu risquée et d'autant plus que cette oeuvre avait eu un fort impact. C'est donc avec la crainte d'être légèrement déçue que j'ai relu « les justes » de Camus dont je gardais un souvenir assez intense. Par bonheur, cette relecture fut aussi bonne, peut-être même meilleure, que la première.

En général, en matière de théâtre, je recherche avant tout la beauté stylistique. C'est pour ça que j'apprécie tout particulièrement le registre de la tragédie d'inspiration antique avec ses situations épurées et ses dialogues finement ciselés. Avec « les justes » on est assez loin de ce registre. Si le texte est bien écrit, il n'est pas flamboyant non plus, il ne subjugue pas le lecteur. La force de cette oeuvre est la réflexion politico-philosophique qu'il porte. Ce questionnement sur l'usage de la violence pour défendre des idées est brillamment posé et donne vraiment à réfléchir. de plus, Camus n'impose jamais à son lecteur un point de vue réducteur, il l'invite à se poser des questions, à réfléchir et à se faire ses propres opinions. Il ne juge pas ses personnages de façon péremptoire, s'il ne loue pas leurs actes, il ne les condamne pas définitivement non plus. La nuance, c'est ce qui manque trop souvent quand des sujets graves sont abordés. Dans une société où tout va trop vite, il faut rapidement se faire une opinion tranchée sur n'importe quel sujet sans prendre le temps d'une véritable réflexion. Même les intellectuels d'aujourd'hui ont tendance à céder à cette injonction à se ranger dans un camp de façon urgente. Pourtant, rien n'est jamais si simple. Selon moi, le rôle de l'intellectuel n'est pas forcément de prendre position à tout prix mais plutôt de poser les pistes de réflexion tout en étant dans une démarche de constante remise en question, ce qui n'empêche pas d'être engagé et d'avoir des idéaux. Voilà pourquoi lire une pièce comme « les justes » est particulièrement important et bénéfique. La relire est une expérience encore plus riche. A la réflexion intellectuelle portée par la pièce, s'ajoute une dimension plus personnelle. Comparer les façons dont on reçoit le texte à deux époques de sa vie met en lumière sa propre évolution de pensée et je trouve ça intéressant.

Cela faisait une éternité que je n'avais pas lu Camus. Cette redécouverte me donne envie de continuer à le lire et relire.
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Les terroristes des uns sont les résistants des autres comme disent certains, tout dépend dans quel camps on se trouve, le terroriste c'est toujours l'autre. Cette pièce traite des thèmes très épineux que sont le terrorisme et de résistance, la limite est bien mince entre les deux. Peut-on tout accepter sous prétexte que c'est pour la bonne cause (ex tuer des enfants) et jusqu'où peut-on aller quand on résiste à un oppresseur. J'ai beaucoup aimé cette pièce qui ne laisse pas indifférent.
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C'est vrai que j'ai toujours eu un peu de mal avec les écrits d'Albert Camus, non pas avec l'écriture en elle-même mais en raison des sujets car cela est m'a toujours un peu dérangée, mise mal à l'aise (je fais notamment allusion ici à L'Etranger que j'ai lu il y a de nombreuses années déjà) mais là, j'avais envie de découvrir ses pièces de théâtre.

Il est ici question d'un sujet qui, bien que véridique mais romancé (enfin adapté en pièce de théâtre) s'est déroulé au début du siècle dernier et qui pourtant demeure toujours d'actualité : peut-on mourir pour une idée ? Dora Doulebov, Ivan Kaliayey (notre héros), Stepan Fedorov, Boris Annenkov (le chef) et Alexis Voinov sont un groupe de révolutionnaires communistes appartenant à "L'Organisation" s'étant fixé pour but d'assassiner le Grand-Duc afin de faire entendre leur voix, celui du peuple russe qui est en grande souffrance.

Seulement, la première opération échoue car si tous sont prêts à donner leur vie pour une idée et à abattre le dit grand-duc, il en est autrement lorsqu'ils le trouvent (enfin, le premier qui se trouvé chargé de mettre en place le dit attentat) face à des enfants, qui, eux, n'ont rien demandé et incarnent, bien qu'ils appartiennent à une haute lignée, encore l'innocence. Si ils se disent donc prêts à mourir pour leur idéal, ils ne sont cependant pas tous prêts à le faire à n'importe quel prix !

Une pièce de théâtre qui m'a permis donc de me réconcilier un tant soit peu avec les écrits de Camus. Un ouvrage très vite lu, mais qui je pense sera long à digérer tant les faits décrits ici restent malgré tout, toujours d'actualité. A découvrir et à faire découvrir !
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Après « L'étranger » lu dernièrement avec Nadou, nous continuons notre découverte de l'oeuvre de Camus.
« Les justes » pièce de théâtre est écrite en 1949 par Albert Camus en réponse aux « Mains sales » de Sartre. La pièce inspirée de faits réels interroge sur l'idée de savoir si « La fin justifie les moyens ».
La bande de jeunes terroristes russes qui sont représentés ici, expriment la vision individuelle de leur engagement. La peur, le refus de tuer des innocents ou pas au nom de leur révolution. C'est surtout les points de vue de Stepan et de Yakev qui sont très opposés.
L'oeuvre est scindée en cinq actes. La pièce a été représentée la première fois le 15 décembre 1949 avec dans le rôle de Kaliayev : Serge Regianni et dans celui de Stepan : Michel Bouquet. Deux grands acteurs que j'ai beaucoup aimés.
Qu'est ce qu'un Juste pour Camus ? Normalement selon le dictionnaire un Juste est quelqu'un qui se comporte, agit conformément à la justice, à l'équité. Ici il s'agit de commettre un attentat en réaction aux injustices de la Russie tsariste. Selon les protagonistes c'est leur idéal qui prime. Les différences que l'on peut trouver en eux s'affrontent dans les personnalités de Kaliayev et Stepan qui sont en opposition. Pour Kaliayev La fin ne justifie pas les moyens ; il n'a pu lancer sa bombe car dans la calèche du Grand-duc il y avait deux enfants. Il ne peut justifier tuer des enfants pour un idéal. Contrairement à Stepan qui est plus radical.
Dans le petit groupe on trouve aussi Dora, amoureuse de Kaliayev, qui cherche à lui faire prendre conscience que l'amour peut aussi dépasser la haine. Mais l'idéal prime pour tout. Sacrifice de l'amour pour la cause.
Dans l'acte IV, Kaliayev se retrouve en prison après l'attentat. Tous les moyens sont bons pour lui faire avouer le nom de ses compagnons, même la visite de la Grande-duchesse qui a perdu son mari et cherche à l'infléchir au nom de Dieu et de la justice. Mais pour le héros il n'en est pas question, il revendique son acte en pleine conscience.
J'ai un peu de mal à concevoir ma critique, ma lecture avec Nadou m'a beaucoup aidée, mais je pense que c'est réciproque, nous avons trouvé cette lecture froide, épurée. L'écriture de Camus est belle, il se lit facilement, il nous interroge sur différents sujets. Mais on ne peut pas dire que ce soit une lecture plaisir qui nous emporte. le but de toute façon n'est pas là, Camus interroge et remue son lecteur. Il devait avoir respect et admiration pour les personnages de sa pièce qui ont vraiment existé à l'époque de la révolution russe de 1905 car ils ont agit avec idéal pour le bien des malheureux.
Donc avis mitigé sur la forme, je ne suis pas trop fan du format pièce de théâtre en lecture, je préfère la regarder et l'entendre… Les thématiques interrogent et il faut du temps pour digérer ce genre d'oeuvre très dense même si elle est courte.
Merci Nadou pour l'accompagnement, nous nous sommes données courage ;-)

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Pour cette pièce de théâtre, Albert Camus a mis en scène un "fait divers" historique qu'il a voulu rendre vraisemblable, tangible, moins factuel que dans un livre d'histoire. Il s'agit d'un groupe de jeunes russes socialistes révolutionnaires qui planifient l'assassinat d'un grand-duc. , incarnant l'injustice sociale de la société russe et toute la colère qu'elle suscite chez les prolétaires. Alors, au bord du désespoir, quand il semble que la vie nous amène dans un engrenage sans fin, pour être un vrai révolutionnaire : faut-il prendre la parole ou prendre les armes ? Et une révolution/révolte peut-elle être qualifiée de "juste" si elle doit assassiner des personnes que l'on pense ou perçoit comme innocents ? Que ce soit les enfants du grand-duc ou le grand-duc lui-même qui est l'incarnation d'un système dont il bénéficie mais jamais aucun acte condamnable de sa part n'est mentionné.
Même avec des idées bien tranchées/ arrêtées, pour beaucoup, se dire que l'on met fin à une vie n'est pas chose aisée - si ceux qui le décide s'en lavent les mains, les exécutants eux peuvent être assaillis d'un questionnement moral (tout à fait légitime)

C'est une lecture que je n'avais pas prévu de faire, mais l'adaptation d'Abd al Malik diffusée sur France 5 m'y a poussée. On retrouve beaucoup de thèmes chers à Camus comme l'idéal de justice, la mort, la liberté, la nécessité d'être vrai à soi et à ses opinions. Et en prime, on sent bien la touche existentialiste, ce qui fait que cette lecture peut s'avérer ardue si l'on manque de clés pour la déchiffrer. Et même avec quelques unes, on sent bien que certains aspects de l'oeuvre nous échappent !

Le discours est lapidaire et minimaliste, et malgré les quelques moments où la passion révolutionnaire et la soif de justice émergent du texte, la plupart du temps le décalage entre ces phrases minimalistes et la gravité de la situation créent un tel contraste que l'atmosphère est des plus tendues.
On parle des riches despotes, mais aussi du risque de voir les révolutionnaires trop zélés instaurer une nouvelle forme de despotisme, notamment de par leur attachement fanatique à leur cause plus qu'aux individus.

En cela, cette pièce relevant pourtant de l'existentialisme a des résonances toutes particulières en ce début de 21ème siècle, une époque où les individus sont blasés par la violence à grande échelle avec les actes terroristes, l'avènement de Daech et le manque de lien social t de solidarité tant le monde s'est polarisé entre "nous versus les autres" (que ce soit en termes de nationalités, d'opinions politiques, d'ethnies, ou en termes économiques et sociaux).
Une chose est certaine : c'est une pièce qui noue la gorge.



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En février 1905, à Moscou, un petit groupe de socialistes révolutionnaires prépare l'assassinat du grand-duc Serge (Сергей Александрович Романов, Sergueï Aleksandrovitch Romanov, 1857-1905), cinquième fils de l'empereur Alexandre II de Russie (lui-même assassiné en 1881).

Ce cadre historique sert de support à la pièce de Camus.
Les membres du groupe terroriste sont a priori motivés par la même cause : mettre fin à l'exploitation du peuple russe. Les discussions entre eux sont cependant animées.

Camus nous invite à réfléchir sur la notion de justice, et sur la légitimité de l'action terroriste. Le sacrifice d'Ivan Kaliaïev semble magnifié par son propre discours, mais on y perçoit des failles soulignées par son intransigeance. Dora, portée par la même logique, mettra sur un piédestal l'acte de Kaliaïev…

La suite des évènements en Russie nous amène à porter un regard critique et lucide sur l'engagement d'hommes comme Kalaïev.
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Poursuite de ma découverte de l'univers de Camus avec ma co-lectrice Srafina. On s'attèle cette fois-ci à sa pièce de théâtre Les Justes, qu'un ami babeliote m'avait recommandée.

Je retrouve ici le plaisir d'une lecture simple, dans le sens épurée, et directe. Je m'étonne d'utiliser le terme « plaisir » car je ne peux pas dire que le sujet ou la plume m'aient enthousiasmés. Mais je réalise cependant que je l'ai lu avec avidité : les pages se tournent très vite, on a envie de savoir et de comprendre.

Et c'est une fois de plus une lecture qui questionne et interpelle sur un sujet plutôt sombre et malheureusement intemporel.
Car ici, Camus met en scène un évènement réel qui s'est produit par le passé, en 1905 en Russie, à savoir l'assassinat du Grand-Duc Serge par des terroristes du parti socialiste révolutionnaire. Une situation qui peut aisément être transposée à d'autres évènements similaires et plus contemporains.

La question qui se pose dans cette pièce est de savoir si une cause, aussi juste soit-elle, justifie-t-elle de passer par le meurtre ?

Il présente pour cela des protagonistes très différents qui s'appuient pour certains sur la haine, pour d'autres sur l'espoir et même l'amour pour légitimer leurs actes.
Tous n'ont pas cependant la même réaction lorsqu'ils sont confrontés au choix de condamner ou pas des enfants dans cet attentat. Suivant leurs vécus, et sans doute aussi leur part d'humanité non détruite, les points de vue divergent sur les limites à prendre.
C'est une chose d'être un Juste, de se livrer corps et âme à une cause au dépend de sa vie, il en est une autre d'être aussi despotique que le despote combattu.

Le lecteur est ainsi balloté tout au long de la lecture, entre des moments d'empathie envers ces personnages qui souffrent et qui veulent défendre une cause juste, et des moments de révolte et d'antipathie face aux décisions prises et aux discours menant à ces actes graves et irréversibles. Que la nature humaine est complexe…

Je ne dirai pas que j'ai passé un bon moment de lecture avec Camus, mais je suis contente de l'avoir lu. Je reconnais avoir apprécié les réflexions que cette lecture a suscité. Les échanges et discussions avec Srafina y sont pour beaucoup, un grand merci à elle.
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En 1905, en Russie, deux terroristes préparent un attentat contre le grand duc. Stepan incarne le révolutionnaire froid, sans états d'âme, qui n'aime pas la vie et est prêt à tout sacrifier à un idéal théorique (l'avenir selon Camus ?). Il méprise Kaliayev, un poète idéaliste aimé de Dora qui croit en "la révolution pour la vie".
Le jour prévu de l'attentat, Kalyev ne peut lancer la bombe car deux enfants se trouvent avec le grand duc, il se veut "justicier" mais non "assassin". Stepan ne comprend pas car pour lui, la Révolution permettra se sauver l'humanité, alors que représentent deux enfants ? Il faut sauver l'humanité malgré elle, lui imposer la Révolution. Kaliayev jette la bombe deux jours plus tard, il est arrêté et refuse de dénoncer ses complices. Dora, sa fiancée a des doutes. L'idéal politique vaut-il le sacrifice du bonheur ? Donner la mort permettra-il d'accoucher d'un monde meilleur ?
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Les justes raconte l'histoire d'un groupe de Russes qui ont décidé de commettre un attentat à la bombe contre le grand-duc afin de libérer la Russie de l'oppression. Il s'agit d'une pièce de théâtre basée sur un fait historique. Elle se lit très vite, il y a à peine 150 pages et sous forme de pièce, ça se lit toujours rapidement. Les dialogues sont savoureux, pleins de fougue, d'émotion. On a toujours envie de la lire à voix haute. Les textes sont superbes, ce sont de belles diatribes sur l'honneur, la justice, la liberté, l'amour, la mort, etc. Ce sont de ces textes qui font un peu enfler le coeur et gonfler le torse. Et la fin... une fin bien savoureuse dans le genre du théâtre, et conséquente au reste du texte. J'aurais adoré voir cette pièce jouée sur scène, et c'est bien là qu'on voit la richesse du théâtre, c'est quand on a envie de voir la pièce.
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