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sur 1992 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
En Russie un groupe de 5 socialistes révolutionnaires préparent un attentat contre le despote Grand Duc Serge. Kaliayeb un des membres de l'organisation se sacrifie pour lancer la bombe, mais voilà, ce jour là dans la calèche le Grand Duc est accompagné de son neveu et sa nièce, de jeunes enfants. Kaliayeb renonce...
Deux jours plus tard, Kaliayeb passe à l'action et tue le Grand Duc, il sera arrêté.

Chaque membre de cette organisation joue un rôle différent mais est porté par la même cause.
- Kaliayeb est un idéaliste, en tuant le grand duc pense écraser le despotisme et s'identifie à un justicier.
- Stepan est plus radical, il est prêt à tuer même des innocents comme les 2 enfants pour sauver d'autres enfants russes qui meurent de faim. Il n'a aucun état d'âme, pendant 3 ans il a été prisonnier et fouetté, sa femme s'est suicidée pour protester d'où sa détermination.
- Dora joue un rôle important dans le groupe, elle est conciliante et influente, elle oblige les révolutionnaires à réfléchir sur le sens de leur acte. Partagée entre son amour pour Kaliayeb et sa cause, elle est parfois dans la confusion et souffre.
- Annenkov chef du groupe est l'homme de raison et Voinov est vulnérable et hésitant dans son engagement.

Basé sur des faits réels, cette pièce à 5 actes nous amène à plusieurs réflexions sur le terrorisme, le sacrifice, la justice, le despotisme, la peine de mort...

Chaque individu qui défend une cause extrémiste pense toujours qu'elle est juste mais l'est-elle forcément pour les autres !
Se sacrifier pour une idée relève de son propre choix, chacun décide de sa vie ou de sa mort que ce soit pour des raisons personnelles ou idéologiques, mais tuer pour une idée même si la cible est la pire des espèces humaines est-elle justifiée, a-t-on le droit de tuer ou de juger si quelqu'un doit mourir !
Tuer le despotisme par le terrorisme est-ce vraiment un juste aboutissement !
Tuer pour que d'autres vivent donne-t-il raison aux exécutants et pour le coup sont-ils des terroristes ou des résistants contre la tyrannie russe !
Chacun aura sa propre opinion sur le sujet et pourra débattre sur cet attentat à sa guise.
Mais avant tout, tuer pour une cause même juste, n'est-ce pas aussi un meurtre ?

« Les justes » est une oeuvre essentielle qui fait réagir, mais c'est également une tragédie amoureuse celle de Dora et Kaliayeb, une histoire d'amour dramatique puisqu'elle est incompatible avec la cause révolutionnaire qu'ils défendent.
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Dans sa préface Camus explique « Si extraordinaires que puissent paraître, en effet, certaines des situations de cette pièce, elles sont pourtant historiques. Ceci ne veut pas dire, on verra d'ailleurs, que Les Justes soient une pièce historique. Mais tous les personnages ont réellement existé et se sont conduits comme je le dis. J'ai seulement tâché à rendre vraisemblable ce qui était déjà. »
C' est bien la dramatisation événements historiques qui se sont déroulés en Russie qui sont au coeur de cette tragédie : l'attentat perpétré contre le grand-duc Serge Alexandrovitch, le 17 février 1905 à Moscou par le poète socialiste révolutionnaire Ivan Platonovitch Kaliaïev, membre du parti des Combattants socialistes révolutionnaires.
Plusieurs pistes de réflexion et de recherche après cette lecture.
J'ai voulu, dans un premier temps, retrouver les acteurs historiques, les comparer avec les personnages de la fiction théâtrale et voir, de plus près, les sources nombreuses sur lesquelles s'est appuyé Camus pour composer cette pièce :
- Dostoïevski, bien sûr, mais aussi Rousseau,
- Les souvenirs de l'écrivain révolutionnaire Boris Savinkov, traduits par Nicolas Ivanovich Lazarevitch, ami de Camus, qui lui apporte, sur cette époque, ses connaissances personnelles ,
- Les écrits et témoignages, entre autres, des philosophes Nicolaï Tchernischevski et Mikhaïl Aleksandrovitch Bakounine , de l'activiste Sergueï Guennadievitch Netchaïev , du nihiliste Dimitri Ivanovitch Pissarev, du sociologue Nikolaï Konstantinovitch Mikhaïlovski …

Les Carnets II (1945-1948, notamment pages 222 et suivantes NRF Gallimard Edition 1964) foisonnent d'informations collectées au fur et à mesure de ses investigations, d'idées pour la future rédaction.

Je me suis intéressée, plus particulièrement à Ivan Platonovitch Kaliaïev, qui commit l'attentat mortel contre le grand-duc, et j'ai tenté de faire le parallèle avec le héros de la pièce, qui partage avec Romeo, quelques caractéristiques, il en a la jeunesse, le charme, l'ardeur et l'impatience.
Mais moi, j'ai eu un faible pour le jeune Alexis Voinov, idéaliste, fervent mais il doute, il a peur, il est tellement humain !

Et puis, un des aspects que développe Camus dans cette pièce explique clairement cette phrase qu'il prononcera plus tard à Stockholm et qui fera tant polémique car extraite de son contexte, déformée et raccourcie ! « Je crois à la Justice, mais je défendrai ma mère avant la Justice» et voici la vraie version « En ce moment, on lance des bombes dans les tramways d'Alger. Ma mère peut se trouver dans un de ses tramways. Si c'est cela, la justice, je préfère ma mère ».

Et enfin, j'ai retrouvé Maria Casarès interprétant, plutôt incarnant magistralement Dora avec tant de réalisme et de conviction ! Et j'ai relu avec émotion le courrier qu'elle adressa à Camus le jour de la dernière représentation (j'ai eu le bonheur de lire l'original de cette lettre, reproduite dans la correspondance Camus/Casarès page 641) « Ce soir, ce sera l'heure de la mélancolie. La dernière représentation des Justes. Hier déjà j'en ai senti la nostalgie tout le long du cinquième acte ; aujourd'hui ce sera difficile. Trop de choses ont marqué cette pièce et c'est la première fois que j'aurais à pleurer une « dernière », seule. »
De nombreuses lettres -72 échangées entre Camus et Maria Casarès évoquent Les Justes.
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Je connais peu Albert Camus, je ne suis pas familiarisée avec son courant de pensée, je n'ai lu jusqu'ici que ses classiques.
Mais j'ai trouvé ce livre, publié dans les années 50, abandonné dans une boîte à livres, un de ces livres pour lesquels il fallait utiliser un coupe-papier -et j'en avais oublié l'existence!! - et dont les dernières pages d'ailleurs sont restées vierges... pourquoi, alors que cette pièce de théâtre se lit si facilement?
J'en ai aimé le look, la texture, l'odeur, et voilà.
Les Justes serait une réponse à Jean-Paul Sartre. Les Justes, ce sont cette bande de révolutionnaires socialistes qui, au nom de la liberté du peuple, prémédite l'assassinat du grand-duc en Russie, en 1905.
L'intérêt de cette pièce tient, selon moi, à la personnalité des différents personnages face à cet acte terroriste qu'ils tentent de justifier selon leurs propres valeurs.
J'y ai retrouvé certaines interrogations évoquées par Alain Damasio dans la Zone du dehors: qu'est-ce qui est légitime ou ne l'est plus?
J'ai été plus touchée par cette pièce que par tout ce que j'ai pu lire jusqu'ici de cet auteur, ce qui m'incite à continuer ma prospection littéraire de cet auteur.
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Une pièce en cinq actes, basée sur des faits réels.

Nous sommes en Russie, au sein d'un groupe révolutionnaire, qui prépare un attentat contre le Grand Duc Serge, un despote.

Ce groupe est composé de membres assez différents : D'abord Annenkov, le chef du groupe, Kaliayeb, opposant qui veut se battre contre le despotisme, Stepan, un radical, Voinov, un membre engagé mais plus hésitant ; puis il y a Dora, la seule femme, amoureuse de Kaliayeb, dont la détermination oscille entre la cause et son amour.

Kaliayeb, se propose pour lancer une bombe dans la calèche du Grand Duc, mais le jour J, deux jeunes enfants sont présents dans le véhicule et Kaliayeb renonce, refusant de tuer deux innocents pour la cause… Il passera à l'action deux jours plus tard et sera arrêté après avoir tué le Grand Duc.

Une pièce assez dure qui oblige les neurones à se mettre en action !

Il y a de nobles causes à défendre, mais justifient-elles la violence, le crime ou de tuer des innocents ? Ceux qui passent à l'action, ont-il le droit de devenir des justiciers qui font autant de mal que le régime auquel ils s'opposent ?

On peut, pour s'opposer à une idée ou la défendre, décider de sacrifier sa vie ; c'est un choix personnel… Mais à t-on le droit au nom d'un idéal, aussi juste soit-il, de sacrifier la vie de personnes innocentes ?

Lorsqu'on se bat pour la liberté, n'est-il pas inconcevable d'en priver les victimes collatérales qui vont se retrouver piégées dans un attentat, tuées ou mutilées ?

Et quid de la peine de mort ?

Si je peux comprendre qu'on défende une cause, qu'on se batte contre des injustices, j'ai toujours du mal avec la violence, quel que soit le camp dans lequel elle se trouve.

Il est également intéressant dans cette pièce, de voir les sentiments de Dora, qui se débat entre ses opinions et son amour pour Kaliayeb ; il est parfois difficile de concilier les deux.

La vie est courte et c'est un don précieux, nul n'a le droit de vous l'ôter quelque soit la cause qu'il défend.

Bref, une excellente pièce de théâtre qui, je le déplore, est toujours d'actualité et que je vous invite à lire ou à relire et à méditer…

À lire en écoutant « On écrit sur les murs » (Demis Roussos) ou « Les bombes » (Michel Pagliaro), bien installé(e) dans un fauteuil, en buvant un chocolat chaud accompagné de quelques biscuits…

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C'est une pièce de théâtre que j'ai lu lorsque j'étais au lycée il me semble, donc ça commence à faire un bout. J'en ai très peu de souvenirs précis mais je me rappelle que j'avais beaucoup aimé et que je l'avais lu très rapidement. le théâtre est un genre que j'aime beaucoup lire et cette pièce-ci m'avait pas mal marquée parmi celles que j'avais pu lire à l'école. Je me rappelle que ce livre m'avait plus fait l'effet d'un roman structurée comme une pièce de théâtre, c'était très moderne.

C'est une pièce que je conseillerais à toute personne désireuse de lire du théâtre sans en avoir jamais fait l'expérience.
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Après les livres forêts de mots où un lecteur même aguerri se perd cent fois, voici un texte bien sec, bien élagué, mais sans pour autant être moins fort.
Ces Justes sont à mettre dans les mains de tout élève-étudiant-apprenti de la vie, un livre qui ouvre aux discussions, aux réflexions, aux confrontations, bref qui fait grandir.
La violence et la mort, la terreur et la résistance, sont et resteront encore longtemps des sujets actuels. Ce livre est et sera encore longtemps actuel.
Id est.
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Cette pièce de théâtre avait bouleversé mon coeur d'adolescente ; vingt après j'ai retrouvé les mêmes frissons et les mêmes élans, vivant chaque phrase avec tout mon être.

Le contexte historique est très bien campé : nous sommes en Russie, au début du XXe siècle, et un groupe de révolutionnaires -je n'ose les qualifier de terroristes- prépare un attentat contre un grand Duc. Leur cause est noble, et prétend affranchir le peuple russe de cette inique domination et apporter plus d'égalité dans leur pays, mais la méthode est violente et passe par la bombe. Ces jeunes exaltés réussiront-ils à aller au bout de leurs idées ?

Et pourtant j'ai trouvé en ces lignes une universalité rare, un condensé d'humanité, de philosophie et de passion à chaque page, et même presque à chaque réplique. C'est court, dense et droit au but, tel un uppercut émotionnel.

Je rêve désormais de voir cette pièce sur les planches, tout en fantasmant sur ce qu'a dû être la première en 1949, portée par les acteurs Serge Reggiani, Michel Bouquet et Maria Casarès, muse d'Albert Camus.
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Peut-on organiser un attentat pour une cause juste ? Dans sa pièce de 1949, en miroir avec Les mains sales de son rival Sartre, Camus explore les mécanismes de la justification d'un attentat contre une personnalité d'Etat à des fins politiques. Je garde un excellent souvenir de cette pièce sombre et lucide. A travers le protagoniste Kaliayev, on devine toute la grandeur d'âme, l'humanité de Camus, ce qui rend son oeuvre si touchante et authentique dans son questionnement de la mort. le terroriste Kaliayev est d'abord confronté au choix de lancer une bombe dans une voiture où se trouve de manière inattendue des enfants. Il refuse ces meurtres contre l'avis de sa bande révolutionnaire. Kaliayev est ensuite confronté à la tentation du parjure, cet instant ultime où toute la vérité du combat éclate : est-ce pour une cause suffisamment digne de donner sa vie à son tour ?
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C'est une pièce de théâtre en 5 actes, écrite par Albert Camus, représentée pour la première fois le 15 décembre 1949, et éditée en 1950 par Gallimard.

Moscou, février 1905, dans un appartement se réunissent cinq terroristes du parti socialiste révolutionnaire. 
Cinq terroristes aux profils bien différents. 
Ces derniers organisent un attentat à la bombe contre le grand-duc Serge, oncle du tsar.

Le moment fatidique arrive. Voivov est en place quand la calèche passe et il doit jeter la bombe.

Voivov :
"J'ai compris qu'il ne suffisait pas de dénoncer l'injustice. Il fallait donner sa vie pour la combattre. Maintenant, je suis heureux."

Et Voivov changea d'avis contre toute attente. le grand-duc Serge était accompagné de deux enfants dans sa calèche.

Voivov ne saisira pas la seconde opportunité de tuer le grand-duc deux jours plus tard, assailli par la peur… il n'est pas fait pour la terreur.
Il préférera militer dans les comités, à la propagande. 
"On risque sa vie, bien-sûr, mais à tâtons, sans rien voir."

Certains le comprennent, d'autres moins. le chef de l'organisation Kaliayev pense lui aussi que si la révolution devait se séparer de l'honneur, il s'en détournerait et tuer des enfants est contraire à l'honneur. 

Cette petite pièce de théâtre amène à réfléchir sur le terrorisme, la justice, la peine de mort, la fraternité, la politique, et à l'amour aussi.
Faut-il tuer pour que d'autres vivent ou comme Foka, pour gagner quelques années de liberté ? 
Qui sommes-nous pour juger si quelqu'un doit garder la vie ou la perdre? Mourir pour une idée? Une idée pour mourir ?

Quelques pages bien percutantes qui se lisent en vitesse, j'ai été saisie. Ma fille qui entre en première devait le lire pendant les vacances. Nous sommes donc deux à en avoir profité. 
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Je connaissais les deux grands romans de Camus mais n'avais encore jamais essayé son théâtre.
Comme toujours, je préfèrerais l'avoir vu jouer mais l'auteur parvient très bien, grâce à des didascalies concises mais claires, à nous mettre dans l'ambiance et on a l'impression de voir la pièce se jouer devant nous.
Chaque mot est ciselé et c'est toute une réflexion philosophique qui nous est présentée. Qu'est-ce qui peut bien animer un terroriste? Qu'est-ce qui peut le pousser à devenir un meurtrier, ou à ne pas l'être? Camus ne prend pas position, nous explique juste une manière de voir les choses. Et nous ne sommes pas non plus à amener à juger, juste à recevoir cette proposition d'explication.

A étudier en classe, au lycée, pour faire réfléchir nos jeunes.
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