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Après l'époustouflant cadeau qu'une amie m'a fait dernièrement, avec le tout récent "S'émerveiller" de cette auteure, que je lisais pour la toute première fois... je me suis précipitée sur cet écrit intimiste...

Dans cet essai "S' Emerveiller", des allusions, et extraits de ses textes antérieurs, il était question à plusieurs reprises de ce récit personnel, que je me suis commandé aussitôt...

Un hommage unique et bouleversant d'une fille-écrivain à son père, écorché vif, fantasque, atypique, et même si ce dernier se situe dans une existence "manquée", il aura réussi à transmettre à ses enfants,(dont l'auteure) les valeurs primordiales, fondatrices, aimantes pour grandir de la meilleure façon possible...

Ce texte me "tourneboule" à plus d'un titre car il soulève des questions essentielles ,comme nos fondations, les transmissions multiples, variées
et complexes de nos parents...notre construction d'adulte selon la densité , la qualité, l'authenticité des valeurs, de l'affection... que notre histoire familiale nous a léguées

Nous comprenons à cette lecture combien ce papa, original et fantaisiste,fut un pédagogue extraordinaire qui influencera de façon significative la carrière future de l'auteure, ainsi que son appréhension et sa philosophie de la vie...

La lumière, la force, la faiblesse comme l'énergie de Belinda Cannone lui viennent de ce père décalé, mais hors du commun,autodidacte et profondément humaniste...

"Je crois que j'ai eu envie d'écrire ce livre parce qu'un jour, dans un train,me rendant à un colloque de psychanalystes autour de mon essai -
Le Sentiment d'imposture-, j'ai réalisé à quel point il -savait aimer-. Je lisais le résumé d'une conférence où l'auteur évoquait un épisode de la vie de Freud, un voyage entravé par une loyauté à l'égard de son père, et j'ai pensé combien le mien avait su m'autoriser à grandir, et d'abord en me permettant de m'affranchir de lui. A présent je me dis qu'ici se trouve peut-être le fondement de mon entreprise, dans mon émerveillement devant son étonnante intelligence du coeur, émerveillement assez puissant pour m'avoir incitée à tenter son portrait." (p. 108)

Ce récit personnel offre et engrange d'abondants questionnements: les origines possibles du besoin vital d'écrire, de la vocation d'écrivain, tout l'arc-en-ciel de cette chose extraordinaire : la TRANSMISSION...qui permet aux enfants de se construire de façon plus ou moins satisfaisante...

L'héritage affectif et intellectuel des parents, souvent plus envahi d'affects... d'où la complexité fréquente pour les enfants, à digérer, assimiler, et à en faire du positif !

L'auteure relate à quel point , dans les moindres replis de sa sensibilité, les enseignements les plus modestes de son père sont là , omniprésents...
"Mon père (...)) était pourtant fier de moi- quoique pour rien au monde il n'eût parlé de mes livres à quiconque: il aurait eu l'air de se vanter, disait-il, ou pire, de s'attribuer un mérite alors qu'il n'était "évidemment" pour rien dans mes réussites.
Il avait raison, en ce qu'il ne m'a jamais suggéré de publier des livres, mais il avait tort, puisqu'il m'avait mis la plume à la main, les mots au coeur, et m'avait appris à regarder le monde. Quoi qu'il en ait pensé, je suis depuis longtemps persuadée que je réalise, disons, son voeu inconscient" (p. 133-134)


Nous avons tous un parent plus ou moins proche, qui nous a marqués plus durablement, continuant à nous éclairer et à influencer notre propre chemin, nos manières de vivre, de penser, d'agir: cette lecture
bouleversante m'évoque ma propre petite lumière permanente,qui reste (même après près de 30 ans depuis sa disparition, en 1988) ma grand-mère maternelle, conservant, en dépit une vie des plus modestes et effacées ,tout son rayonnement à mes yeux d'enfant comme à ceux de l'adulte...

J'achève ce ressenti de lecture sur cet extrait qui donne parfaitement le ton de cet hommage: Amour, reconnaissance, joie et grande mélancolie...mélangées !

"Au tout début de -Paris, Texas-, de wim Wenders, on voit un homme marchant le long d'une voie ferrée, seul le visage buté, mal fagoté, obstiné et ayant l'air, je ne sais pourquoi je le crois, de faire un long
voyage bien qu'il ne porte aucun bagage, et d'aller fermement vers nulle part. C'est une de ces images complexes comme le cinéma nous en offre parfois, et qui prennent aussitôt place dans un recueil très
intime et précis. Dans ce marcheur j'ai d'emblée vu mon père -pour l'errance, la solitude et l'ardeur. "
(p. 147)

Un très fort moment de lecture... qui m'a fait songer, en partie, à un autre récit personnel d'un écrivain, J.M. Delacomptée "Ecrire pour quelqu'un" [ Hommage d'un fils à son papa].

Je renouvelle ma reconnaissance à l'amie, qui a enclenché ma découverte de cette romancière et essayiste...Elle se reconnaîtra aisément...

Mon enthousiasme est tel , que j'ai commandé à mon libraire de quartier, " La Chair du temps" et "L'Homme qui jeûne"...; mes deux lectures à venir , pour poursuivre ma connaissance de cette dame,
qui me touche et m'enthousiasme pour sa sensibilité, et ses analysestrès percutantes sur l'écriture, et les merveilles de la transmission...
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Un magnifique texte sur les relations d'une fille et son père. L'auteure explore ce que c'est que d'être la fille de son père et les liens tissés par les apports de chacun dans la vie de l'autre. Avec un écriture toujours plus intimiste, Belinda Cannone rend un magnifique hommage à celui qui lui a transmis la vie dans tous ses aspects ! le Don du Passeur, parcourant les anecdotes qui sont visiblement plein de tendresse, installe chez le lecteur le sentiment de la transmission : en effet le thème de la transmission est au coeur de l'oeuvre, transmission d'un père vers sa fille, legs souvent inconscients mais constitutifs de l'identité, mais il pose également, de façon sous-jacente, ce que sera le legs de l'auteur : Belinda Cannone, professeure dans l'enseignement supérieur cherche à transmettre, en partie ce que lui a transmis son père mais se pose également la question de ce que sera son propre héritage.
Un livre puissant, étonnant, et plein de tendresse!
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Enfin Mme BC se révèle ! Certes, nous sommes loin de confessions spontanées et sentimentales mais j'avoue que son nouvel univers me plaît davantage.
La chair du temps m'avait laissée amère dès lors que l'introduction de la fiction s'était imposée.
Cet ouvrage n'est pas qu'un portrait rationnel de son père, mais bien un portrait croisé. C'est de l'auteure dont il est question, de son identité, de sa personnalité.
Fouiller, approfondir l'intime est bien ce qui manquait à mes lectures de Mme BC jusqu'alors.
J'avais du mépris pour la distance sans cesse affichée de l'écrivain. Aujourd'hui, j'en comprends les motifs (cf. l'anecdote de l'ânesse) sans toutefois cautionner la froideur des textes.
Cependant, ma frustration disparue, j'ai enfin pu savourer la beauté du langage, la finesse du phrasé, la pertinence des mots.
Affaire à suivre...
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En librairie depuis le 21 août, "Le don du passeur" est un texte récit biographique écrit par la romancière et essayiste française Belinda Cannone, notamment auteure des romans "L'Adieu à Stefan Zweig","Entre les bruits" ou encore de l'essai "Petit éloge du désir" qui paraîtra le 12 septembre prochain.

"Le don du passeur" évoque Joseph Cannone, cet homme "à contre-courant" qui fut le père de l'auteure.
Un "drôle de bonhomme" doté d'une "disposition continue" à l'intelligence de coeur, qui passait parfois pour un fou tant sa générosité, son respect et son souci des gens, des choses, de la nature, son humilité, son émotivité et sa compassion pouvaient se manifester à l'excès, provoquant souvent l'incompréhension ou l'agacement.
Et pourtant c'est ce même homme, présent en filigrane dans chaque texte de l'auteure, qui en véritable "passeur", a transmis à sa fille le don de pouvoir s'émerveiller devant les plus petites choses et communiqué, malgré lui, un système de valeurs et une certaine façon d'être au monde, toujours empreinte de cette modestie naïve qui le caractérisait.
Pédagogue dans l'âme, toujours prescripteur de conseils pour aider autrui, il n'en a pas moins laissé sa fille libre de penser par elle-même, lui donnant des outils plutôt que de chercher à la diriger dans ses choix. Nul doute que celui-ci, par son amour de la langue et de la littérature, lui ait ouvert la voie vers sa vocation d'écrivain.
Mais, si l'homme pouvait se montrer joyeux, il se révélait aussi mélancolique et jamais apaisé, capable d'une totale abnégation jusqu'à l'auto-flagellation.
Qualités, défauts, les deux notions ne cessent ici de se confondre.

"Je croyais que j'allais souvent pleurer. Mais non. le travail tient l'émotion en respect. Plutôt : pour parvenir à exprimer ce qu'il y a d'émouvant dans ce personnage, je dois fournir un travail qui crée en moi une distance d'avec l'émotion primitive. Que ressentira le lecteur ?" p.45

Puisque l'auteure pose ouvertement la question à son lecteur, je me permets de formuler une réponse.
Loin de moi l'idée de mettre en doute l'amour de Belinda Cannone pour son père (de quel droit me le permettrais-je ?) mais si j'ai bien ressenti une tendresse certaine dans le choix des anecdotes évoquées, il m'a vraiment manqué une chaleur, une vibration dans l'écriture telle que, à sujet plus ou moins équivalent, je l'avais ressentie durant ma lecture de "Le livre de ma mère" d'Albert Cohen.
"Le don du passeur" m'a en quelque sorte fait penser à une coupe de cheveux "effet saut du lit".
Hum...je m'explique. Vous voyez ces ptits djeuns qui arborent une coupe de cheveux d'apparence négligée alors qu'en fait ils ont passé plus d'une heure dans la salle de bains ?
"Le don du passeur" donne par sa construction une impression un peu chaotique, comme si il avait été écrit au fil des idées et des souvenirs de l'auteure. Ainsi le portrait de son père se dessine-t-il progressivement devant elle (et devant le lecteur).
Pour paraphraser Beigbeder, Belinda Cannone écrit pour savoir ce qu'elle pense de son père, recourant à l'écriture pour remplir le vide et composer, immortaliser le portrait formé par les souvenirs liés à lui.
Malheureusement, sans se révéler artificiel pour autant, ce récit m'a semblé trop en retenue, trop travaillé.
Evoquer son propre père relève de l'intime mais dans le cas présent, j'ai trop souvent eu l'impression de lire un essai sur un personnage (l'auteure dresse beaucoup de parallèles avec "L'Idiot" de Dostoievsky, que je n'ai pas lu, ça n'aide pas).
Au final, j'ai regretté que l'auteure verse trop dans l'analyse au détriment de l'affect.
J'espère être davantage conquise par "L'Adieu à Stefan Zweig" qui m'attend dans ma bibliothèque depuis un bon moment.

Lien : http://contesdefaits.blogspo..
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Quel beau titre ! Un père peut-il rêver mieux que d'être un passeur pour ses enfants? Hommage de l'auteur à son père disparu, un homme complexe, inadapté à la société, débordé par ses émotions (comparé à l'Idiot de Dostoievski) mais qui a transmis à ses enfants la joie de vivre, le goût de la littérature. Même si les enfants sont différents de leurs parents, il est beaucoup plus difficile selon l'auteur de se débarrasser des affects, émotions transmis par les parents que de leurs idées car ils sont transmis à leur insu.
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C'est un livre très émouvant sur le père. Un livre de plus, direz-vous, sur ce sujet ? Belinda Cannone se rend compte dans ce livre (roman ?) que son père a toujours été présent dans ses romans, sous une forme ou sous une autre. Il suffit d'aller rechercher les noms qu'elle donne à certains personnages dans les romans antérieurs, par exemple.
Certains passages sont à tomber par terre, tant ils sont touchants. le père-passeur a rendu Belinda plus forte.
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Un père bien particulier, et ce qu'il transmit souvent à son insu. Intelligent et poignant.

Désormais sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/06/03/note-de-lecture-le-don-du-passeur-belinda-cannone/
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Belinda Canone dresse un portrait de son père. J'avais aimé "la chair du temps ", mais celui-là , je n'ai pas "accroché ".

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SYNOPSIS : L'écrivain Belinda Cannone dresse un portrait de son défunt père, homme touchant et sensible, qui lui a légué le goût de l'écriture.
POURQUOI CE LIVRE EST ORIGINAL ET SENSIBLE ? Car ce n'est pas un récit, ni une description ordonnée. Nous suivons le fil de sa pensée et découvrons avec elle combien nos parents nous imprègnent, nous transmettent, nous marquent d'une empreinte indélébile ; celle de leur sensibilité.
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