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4,12

sur 317 notes
En voilà un excellent roman policier signé Thomas Cantaloube, et en plus, c'est un premier roman, il faut le souligner.

Le lecteur va suivre un chassé-croisé entre trois protagonistes très différents mais qui vont se retrouver régulièrement tout au long de cette affaire et des différents évènement survenant dans le récit. Tout commence par l'assassinat d'un avocat algérien qui dérape puisque l'ensemble de sa famille est également exécuté. Commence alors pour le lecteur une plongée dans les arcanes du pouvoirs. L'action prend place dans une période troublée pour la République française en pleine crise algérienne.

C'est un des gros points forts de ce roman, la trame est parfaitement inscrite dans le contexte historique et le lecteur va croiser des personnages publics bien connus comme François Mitterrand ou encore Jean-Marie le Pen.

Les trois personnages principaux, aux intérêts diamétralement opposés, sont parfaitement décrits et on se laisse complètement embarquer au gré de ce récit bien rythmé. La construction est assez classique avec une alternance entre chaque personnage chapitre après chapitre, classique donc mais plutôt efficace.

Je recommande ce roman policier maîtrisé de bout en bout, bien écrit, aux personnages intéressants à suivre et qui s'inscrit dans un contexte historique particulièrement bien retranscrit par cet auteur sur lequel il va maintenant falloir compter !
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Septembre 1959, à Paris. La famille Bentoui est massacrée, depuis le plus petit des enfants jusqu'au père, avocat algérien lié au FLN. Autour de cet assassinat sordide vont graviter trois hommes : Sirius Volkstrom, homme d'action, toujours prêt pour effectuer de sales besognes pourvu qu'il y ait une récompense à la clé ; Antoine Carrega, homme d'honneur mêlé à des trafics reliant Marseille à Paris ; et puis il y a Luc Blanchard, jeune policier naïf du 36, avec une tête de premier de la classe qu'une volonté de fer fait vite oublier à ceux qui croisent son chemin. Malgré des desseins dissemblables, ces trois hommes vont se rencontrer dans cette jeune République dont il apparaît au fil du temps que ses racines sont bien pourries…

« Requiem pour une République » constitue le premier roman de Thomas Cantaloube qui a reçu le Prix Landerneau du polar 2019 ; titre prestigieux pour une oeuvre non moins talentueuse.
Ecrite sans fioriture, l'intrigue est bien construite, alternant les points de vue narratifs et nous faisant progresser dans le temps, depuis 1959 jusqu'à 1961.

L'auteur sait articuler l'intrigue fictionnelle à la grande histoire, celle qu'on n'ose écrire avec une majuscule, puisqu'elle correspond à une période bien trouble qu'a traversé la France lors de la guerre d'Algérie. L'auteur évoque çà et là quelques figures, telles Maurice Papon, François Mitterrand ou Jean-Marie le Pen, par exemple.

En marge de ces figures, louvoient les trois protagonistes de la fiction. Leurs caractères sont bien plantés, jamais de façon définitive ni manichéenne. Ils se révèlent peu à peu dans leur dimension humaine, noirceur, ombres et lumières se répondant, oscillant, tel un kaléidoscope à la faveur des soubresauts de leur existence malmenée.

Si l'action est plus prenante au début, avec le passage des mois puis des années, l'intrigue se délite un peu, perd de sa force narrative, la grande histoire reprenant le devant de la scène, avec son lot d'atrocités. Mais bientôt point l'issue de la fiction, la « petite » histoire dont certains sortent grandis.

« Requiem pour une République » est un polar passionnant, brutal en ce qu'il nous permet de replonger dans des ténèbres d'une époque pas si lointaine qui met en lumière des événements actuels, comme l'auteur le souligne en incipit à l'appui d'une interview de Pierre Joxe en 2016.
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Manchot mais tueur loin d'être malhabile, Sirius Volkstrom a toujours navigué en eaux troubles… après avoir frayé avec les collabos durant la guerre, opéré quelques barbouzeries en Indochine jusqu'à la chute de Dien-Bien-Phu, il continue de rendre service. En l'occurrence, c'est Jean-Pierre Deogratias, directeur-adjoint du préfet de police de Pairs, Maurice Papon, qui a besoin de lui en ce mois de septembre 1959. La mission est relativement simple. Un tueur, Lemaire, doit assassiner Abderhamane Bentaoui, un avocat algérien proche du FLN qui travaille dans la capitale. À Volkstrom de tuer ensuite le tueur pour effacer toute piste éventuelle qu'un policier trop zélé pourrait vouloir suivre. Pas de chance : Lemaire se fait la malle après avoir exécuté l'avocat, sa femme et ses enfants, le jeune ambitieux et opiniâtre inspecteur Luc Blanchard veut mettre la main sur l'assassin, et Antoine Carrega, ancien résistant et petite figure du Milieu, est aussi lancé sur la piste du tueur au nom de sa fraternité d'arme avec le père de la femme assassinée de Bentaoui.
Ainsi, de l'automne 1959 à la nuit du 17 octobre 1961, Thomas Cantaloube lance ses personnages dans les dessous sales d'une Cinquième République qui se construit en édifiant son propre tas d'ordures sur celui laissé par la précédente. Dans cet inframonde ou se côtoient politiques, hauts-fonctionnaires, exécuteurs de basses-oeuvres et à l'occasion, une femme ou un homme honnête égaré dans ses méandres, les alliances sont mouvantes et tiennent moins à des convictions politiques qu'a des préoccupations plus terre à terre, des jeux de pouvoir et des liens tissés dans les périodes les plus sombres.
Tout cela, Thomas Cantaloube le montre en usant d'une fiction qui respectent les codes de ce genre particulier qu'est le roman noir politico-historique dont les meilleurs représentants restent – pour moi en tout cas – James Ellroy avec son American Tabloïd, James Grady avec La ville des ombres et Alberto Garlini avec Les Noirs et les Rouges. C'est tout à l'honneur de Cantaloube de venir s'y frotter et il est très intelligent de sa part de le faire en plongeant dans cette période de l'histoire de France particulièrement riche en turpitudes.
Aux côtés de personnages imaginaires – Carrega, Deogratias, Volkstrom, Blanchard, Margot… – bien campés et suffisamment complexes pour être crédibles, Thomas Cantaloube fait apparaître ceux plus ambigus encore, bien réels que l'on connaît. Papon, bien entendu, mais aussi des parlementaires retors et ambitieux comme le sénateur François Mitterrand ou le député Jean-Marie le Pen ou – parce qu'il faut tout de même, parfois, des personnages positifs, le photographe de l'Humanité Georges Azenstarck. En s'immisçant dans les interstices que l'Histoire laisse dans l'ombre, l'auteur vient habilement imbriquer le romanesque dans les événements du temps, 17 octobre 1961, donc, mais aussi attentat du Strasbourg-Paris de juin 1961 ou encore attentat de l'observatoire.
C'est donc un solide premier roman, dense et prenant que publie là la Série Noire, et l'on est déjà curieux de voir ce que Thomas Cantaloube a encore sous le pied.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Quand je l'ai vu la première fois en libraire, j'ai cru qu'il était question de la République espagnole, alors il a rejoint ma PAL aussi sec. Et puis en lisant la quatrième de couverture j'ai compris mon erreur. Il s'agissait de la France de De Gaulle et des mal-nommés événements d'Algérie. Ce livre a dont patienté avant que je me décide à l'ouvrir. Pour finalement ne plus le lâcher.
Thomas Cantaloube a la force des grands journalistes : il sait raconter des histoires en s'appuyant sur des faits réels. Si l'assassinat de la famille Bentoui qui ouvre le roman est purement fictionnelle, on assiste à l'attentat de Vitry-le-François et à la nuit du 17 octobre 1961. On rencontre aussi Mitterrand en jeune député et Papon en préfet de police, et ces deux personnages sonnent justes, comme décrit dans les journaux et comme on les imagine. Les personnages de Cantaloube donnent une vraie tonalité au récit. Sirius Volkrom, trouble et dangereux, Antoine Carrega, le bandit au coeur tendre et Luc Blanchard, le jeune flic qui comprend au fil du texte à quel point sa hiérarchie le manipule. Ce ne sont pas des personnages très originaux mais ils sont attachants. Et grâce à cela, j'ai le sentiment d'avoir découvert un pan de l'histoire que je ne comprenais que de loin.
Thomas Cantaloube a donc réussi sa mission de journaliste et d'écrivain. On en redemande !
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Un très bon roman mêlant enquête et faits historiques.

Ce livre avait tout ce que j'attendais de ce genre de roman. Une plume avec du style, des dialogues avec de la répartie. Les personnages bien que peut-être archétypes de la littérature noire étaient malgré tout bien construits et plutôt attachant.
Et enfin derrière l'affaire, on s'instruit sans avoir l'impression d'avaler un cours d'histoire ni un cours sur la politique.

Tout est bien dosé.
J'ai aimé suivre l'affaire de base à travers la France de la fin des années 50, début des années 60.
Un contexte particulier, un climat sombre qui est ici bien décrit et qui est un devoir de mémoire.

J'ai adoré comment l'auteur mêle fiction avec faits et personnages réels.
J'ai d'ailleurs été bien surprise de voir apparaître certains noms et j'ai parfois rigolé.

J'ai passé un très bon de lecture même si c'est un livre assez dense, l'écriture est fluide et c'est très agréable.

Bref, j'ai totalement adhéré et j'ai hâte de retrouver et le style de l'auteur et ses personnages.
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Thomas Cantaloube évoque ici les premières années de la cinquième république, qui furent aussi chaotiques que celles que nous vivons de nos jours. On va côtoyer des politiques, des hauts fonctionnaires, mais aussi des malfrats, mais aussi une femme et un homme honnête.
Tout débute par l'assassinat d'un avocat algérien proche du FLN, commandité par Maurice Papon, qui est le préfet de la police de Paris. Abderhamane Bentoui, avocat, est soupçonné de fricoter avec les indépendantistes algériens. L'exécution ne se passe pas comme prévue .
Tout s'organise autour de trois personnages qui vont être à la recherche du meurtrier.
Un jeune flic, Luc Blanchard, novice dans la profession et qui va vite découvrir les coulisses de la préfecture de police .
Antoine Carrega, le truand corse qui rend service à son compagnon de la résistance, Aimé de la Salle de Roquemaure, dont la fille vivait avec l'avocat assassiné . Elle est morte avec lui, ainsi que leurs deux enfants.
Sirius Volkstrom,qui devait tuer Carrega, après le meurtre mais surtout homme à tout faire de l'extrême droite.
Une maitrise de l'intrigue, une histoire ancrée dans la réalité de l'époque, le racisme, la violence, les manigances politiques. L'enquête est passionnante du début jusqu'à la fin.
Deux épisodes de notre passé sont relatés:
le 18 juin 1961, il y a eu l'attentat du Strasbourg-Paris,le déraillement est provoqué par une bombe placée sous le rail et qui explose au passage du train.La bombe aurait été placée par l'OAS, dans le cadre de la guerre d'Algérie.
La Nuit Oubliée – 17 octobre 1961 .Ce jour-là, des dizaines de milliers d'Algériens manifestent pacifiquement contre le couvre-feu qui les vise depuis le 5 octobre et la répression organisée par le préfet de police de la Seine, Maurice Papon. La réponse policière sera terrible. Des dizaines d'Algériens, peut-être entre 150 et 200, sont exécutés. Certains corps sont retrouvés dans la Seine. Pendant plusieurs décennies, la mémoire de ce épisode majeur de la guerre d'Algérie sera occultée.
L'évocation de ces faits historiques n'est pas pesante dans le livre.
je peux dire que Requiem pour une République est un polar historique dont la trame policière est aussi intéressante que le fond politique.
Thomas Canteloupe a su mêler, pour un premier roman faits réels et fiction avec une maîtrise parfaite.

Difficile de ne pas être touchée par ce livre qui nous rappelle ce que fut cette période, qui fait partie de notre Histoire.
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A la fois polar et roman historique, le roman de Thomas Cantaloube est porté par le cynisme et la violence d'une période encore taboue de notre histoire.

Paris, fin des années 50. Une famille entière est assassinée à quelque cinq cents mètres du Quai des Orfèvres. L'affaire est sensible : parmi les victimes figure le couple formé par Abderhamane Bentoui, avocat algérien renommé en lien avec le FLN, et son épouse Jeannette de la Salle de Rochemaure, membre de l'aristocratie française. Leurs deux enfants, ainsi que le frère d'Abderhamane, complètent la liste des victimes.

Nous suivons en alternance trois personnages qui, pour des raisons diverses, traquent l'auteur du meurtre.

Luc Blanchard, jeune recrue de la Police, est chargé de l'enquête avec son binôme Amédée Janvier, flic désabusé et alcoolique. Mais lorsque l'affaire est classée à la demande expresse du Préfet de police Maurice Papon et le crime imputé à un ouvrier algérien dont le cadavre a été repêché sur les bords de Seine, Luc s'obstine, convaincu qu'elle n'est pas résolue. C'est en quelque sorte un candide, ce jeune Blanchard, qui est devenu flic pour servir une idée de la justice qu'il semble être le seul, parmi ses pairs, à défendre. Cette affaire va sonner le glas de ses illusions, en l'amenant à comprendre que justice et intérêts supérieurs de l'Etat ne font pas toujours bon ménage.

Sirius Volkstrom est un ex-collabo dont l'opportunisme et l'appât du gain sont les seules idéologies, homme de l'ombre à qui fait appel Jean-Paul Deogratias, l'une de ses vieilles connaissances et accessoirement bras droit du Préfet, pour une mission délicate. Il s'agit d'éliminer Victor Lemaire, recruté par le même Deogratias pour assassiner Abderhamane Bentoui, une fois qu'il aura commis son forfait. Sauf que rien ne se passe comme prévu, et que Lemaire s'évapore dans la nature après avoir occis sa cible mais aussi ses proches, censés être absents au moment du crime.

Antoine Carrega, enfin, après avoir choisi les rangs de la Résistance, vit depuis l'après-guerre de divers trafics bien rodés, s'étant refusé à suivre le chemin de ses ascendants corses, pêcheurs de génération en génération. Félix de la Salle de Rochemaure, père de Juliette, le contacte, en tant qu'ancien compagnon d'arme, pour enquêter discrètement sur la mort de sa fille, le vieil homme n'éprouvant aucune confiance pour les sbires de la préfecture.

Nos trois quidams, en quête du même homme, vont se croiser, s'affronter, parfois collaborer, louvoyant entre milieux interlopes et préfecture de police, les pires bandits n'appartenant pas toujours aux premiers.

Le tout dans un contexte explosif de guerre qui ne dit pas son nom. Ayant admis que le temps de l'asservissement était révolu, De Gaulle s'apprête à accorder l'indépendance à une Algérie que d'autres, parmi lesquels certains de ses proches collaborateurs, s'obstinent à vouloir garder française. Pris entre nostalgiques de la puissance coloniale française et indépendantistes de plus en plus organisés, le chef de l'Etat tergiverse, entretient une incertitude qui met le feu aux poudres et incite chaque camp à fourbir ses armes.

L'intrigue à la fois complexe et énergique nous mène de quartiers populaires aux bureaux des organes d'Etat, nous faisant côtoyer truands et hommes politiques -parmi lesquels François Mitterrand ou Jean-Marie le Pen-, nous introduisant au coeur d'une mécanique où anciens ennemis s'acoquinent, les bancs de l'Assemblée nationale comme les sièges des hautes administrations rassemblant gaullistes et nostalgiques de Vichy, d'anciens collabos occupant des postes clés avec la bénédiction de leurs anciens adversaires.

Et au milieu de tout ça, un peuple réclame son droit à disposer de lui-même, et en paie le prix fort…
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Thomas Cantaloube est journaliste et reporter, pour Mediapart notamment.
Requiem pour une république est son premier roman qui nous plonge au tout début des années 60 (on sent le plaisir de l'auteur, né en 1971, à reconstituer la France de ces années-là) dans un pays aux prises avec les revendications algériennes, un pays verrouillé par la poigne du pouvoir gaulliste où se côtoient les anciens résistants comme les anciens collabos.
Ce sont les années qui verront la naissance jumelée de l'OAS (l'attentat du Paris-Strasbourg en 1961) et du SAC (la milice du Général).
Au fil des pages, on croisera le préfet Papon (qui ne sera rattrapé par son passé qu'à la fin des années … 80) et bien d'autres collabos recyclés comme Tino Rossi et la mafia corse.
D'autres acteurs aussi comme un certain le Pen, Alain Delon et même un François Mitterrand alors en disgrâce (le faux attentat de l'Observatoire) et qui attend son heure, l'heure d'être à son tour l'un des tontons de la république.
Une république sans majuscule.

[…] — La raison d'État.
— Qu'est-ce que tu racontes ?
— On apprend ça lorsqu'on fait des études de droit. C'est quand, au nom d'intérêts supérieurs, des gouvernants s'autorisent à violer les règles de l'État de droit. Quand le Préfet de police de Paris assassine des innocents dans leur cuisine, ou en pleine rue, avec l'accord du gouvernement, au nom de l'intérêt de la Nation.
— Tu deviens cynique.

L'écriture est simple, directe et sans grandes fioritures. En dépit de quelques longueurs (Cantaloube flâne et déambule dans les rues du Paris des années 60), le plaisir de lecture est garanti par une Histoire qui se suffit à elle-même.
On est donc très proche des bouquins de Romain Slocombe (la série des Sadorski) : ambiance délétère, fréquentations douteuses, personnages peu sympathiques, racisme débridé, rencontres de figures historiques (vues de dos), … les deux auteurs nous font visiter l'envers du décor et les coulisses cradingues d'une Histoire peu reluisante.
Celle des compromissions et des opportunistes.
On se dit qu'à cette époque glorieuse, après les années de guerres et avant celles des crises économiques à répétition, nos parents prospéraient à qui mieux mieux et fermaient les yeux sur les agissements des politiques.
Un petit manuel d'histoire contemporaine.
Très contemporaine parce que si l'on sent l'auteur (et nous lecteurs) passionné(s) par cette visite de notre passé tout récent, on comprend tout aussi bien que Cantaloube pointe là de sa plume l'accouchement mortifère de notre Cinquième République et la naissance d'un OGM un peu monstrueux.
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Thomas Cantaloube est journaliste, né en 1971. Son premier roman aurait pu avoir pour cadre les USA où il a longtemps travaillé, un autre coin du globe tellement les pays où il a effectué des reportages sont nombreux, il a tout simplement choisi la France mais une époque peu explorée, les années 1959, 1960, 1961.

En ce début d'année 2019, Thomas Cantaloube gratifie les amateurs d'un exceptionnel roman noir historique. Les Trente Glorieuses cachent des années parmi les plus sombres de la Cinquième République. Il nous en fait le récit.

Ce roman raconte le destin de trois hommes que tout oppose mais qui vont se croiser et même s'unir pour tenter de faire éclater la vérité dans une affaire politico-criminelle. Luc Blanchard est inspecteur débutant à la crim' du 36, quai des Orfèvres, ses premières enquêtes sont des échecs, il n'hésite pas à recourir à la violence, les coups pleuvent mais les suspects n'avouent rien. Antoine Carrega est corse, ancien résistant, sa vie apparente bien rangée cache des liens avec François Marcantoni ou le convoyage clandestin d'anisette entre Marseille et Paris, certaines bouteilles contiennent de l'héroïne. Sirius Volkstrom est un ancien collabo, peut-être même pire un ancien de la carlingue. Il a ensuite fuit la France pour la guerre d'Indochine où il a perdu un bras ce qui ne l'a pas empêcher par la suite d'accomplir de basses besognes en Algérie.

Chaque chapitre raconte une journée avec un de ces trois hommes comme personnage central. le 4 octobre 1959, Sirius Volkstrom se renseigne sur l'extrême droite parisienne auprès de Jean-Marie le Pen alors ex-député. Vokstrom rejoint en février 1961 les rangs de l'OAS des partisans prêts à combattre pour l'Algérie française. Il avait auparavant opéré au sein du SAC de Pierre Debizet : le Service d'action civique, association officielle pour lutter discrètement contre le FLN, les communistes et plus généralement contre toute forme d'opposition au Général de Gaule. Carrega a également rejoint le SAC dés sa création en janvier 1960 : il participe au service d'ordre des meetings politiques de Michel Debré mais sa carte tricolore lui sert aussi de couverture pour ses trafics. Luc Blanchard s'est vu confier le 24 septembre 1959 l'enquête sur l'assassinat de l'avocat algérien Bentoui et de sa famille, une exécution de sang froid. C'est le Préfet de police de Paris, Maurice Papon, en personne qui lui confit ce dossier délicat qui sent la poudre.

Une fiction plus vraie que nature ! L'Histoire est au tournant de chaque page avec des personnalités connues bien dans leur rôle. Il y a une enquête solide, avec ses incertitudes, ses périodes où il ne se passe rien, les hasards qui brusquement la relancent, des fausses pistes, des filatures, des planques. Luc Blanchard débute dans le métier. Sera-t-il un éternel perdant ? Pas du tout, il se pose les bonnes questions, il veut aller au bout même s'il a compris que désormais des salauds dirigent la France. Volkstrom le mercenaire, Carrega le truand, vont l'aider. Leurs relations comme leurs attitudes restent ambigües. le trio veut aller au bout de l'affaire Bentoui, peu à peu l'enquête devient une quête de vengeance.

Ce roman rappelle ce qu'a été cette période, une tragédie pour des algériens déchirés au sens propre et figuré, ça ratonnait dur à l'époque, en toute impunité. Parfois les mitraillettes se faisaient entendre, la voiture de François Mitterrand en fit les frais. La presse était muselée. Les attentats étaient vite oubliés. Des coupables étaient fabriqués avant d'être suicidés. Mais peu importe, la France entre dans l'élite des puissances détenant l'arme atomique.

Quel roman ! Quelle réussite ! Chaque page est une surprise. Tout foisonne, les sentiments, l'action, L Histoire. Je le dis rarement, énorme coup de coeur !

Lien : http://mille-et-une-feuilles..
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Un polar ? Oui, certes, mais ne vous attendez pas à du Lemaitre ou à du Norek.
Tout est dit quand vous saurez que le "grand méchant" de l'histoire (ou "Histoire" ?), vous êtes nombreux à le connaître : il s'appelle Maurice, Maurice Papon. C'est bon, vous y êtes ?
Bref, c'est plutôt une histoire des années de la fin de la guerre d'Algérie, avec pour prétexte "polarique", trois héros, deux (pseudo) méchants et un flic. Et en "guest", Mitterrand à l'Observatoire !
Corollaire : très utile, surtout pour les jeunes générations en terme d'apprentissage et pour les autres, histoire de se rappeler.
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