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4,12

sur 315 notes
Il fallait beaucoup d'audace et de confiance en soi pour écrire un tel roman dans lequel se mêlent personnages de fiction et personnages réels. Ce livre est superbement vivant, bien documenté, et profondément romanesque.
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L'histoire démarre le 15 septembre 1959.
J'avais 8 mois!!!!!
Je ne connaissais pas Thomas Cantaloube, mais pour un "coup d'essai", ...vous connaissez la suite! Addictif à ce polar/thriller -car tour à tour l'histoire est vue sous l'oeil de Luc Blanchard, flic au 36, mais également sous ceux des autres protagonistes, tant les victimes que certains des acteurs de leurs temps.
Nous sommes en pleine période hésitante entre une Algérie Française ou une Algérie indépendante, ( avec ses violences quotidiennes et ses victimes innocentes), avec les naissances du SAC et de l'OAS) et déjà, on côtoie les noms de ceux qui feront parler d'eux, des décenies plus tard, tels François Miterrand, "méprisant -déjà- les autres" (sic), Jean-Marie le Pen, le tristement célèbre Debizet et son SAC, Service d'Action Civique, qui va défrayer la chronique en 1981 avec ce que la presse et la télé ont appelé "La tuerie d'Auriol" (un inspecteur de police, ses enfants et ses parents seront massacrés dans leur bastide d'Auriol), Marcantoni (que l'on retrouvera mêlé à l'affaire Delon et au plus haut niveau de l'Etat), et d'autres.
Au milieu de tout ce "beau monde" et de la raison d'Etat qui prévaut -argument facile quand on veut s'affranchir de la loi-, un jeune inspecteur de la Crim', Luc Blanchard, et pas si "naif" (sic) que ça. Il démarre dans la police, donc il débarque avec ses illusions, et je trouve qu'il arrive très vite à voir ce qui se cache de l'autre côté du miroir et à franchir "la 7 ème case".
Comme tout flic qui démarre, Blanchard veut sauver le monde et s'investir à fond dans son métier, mais il comprendra très vite, comme le dit le commissaire Corti, héros récurent de Fred Bologsen, que "au bout de 20 ans de carrière, j'avais compris que je me devais surtout de sauver ma femme, mon fils et mes deux chats.... Dans le désordre".
Si Blanchard représente la "nouvelle vague de la police", son adjoint, Amédé Janvier dit "le gros", est le prototype de l'ancienne, porté sur l'alcool, prêt aux compromissions et compromis, et au franchissement de lignes blanches quand l'occasion se présente.
Si Janvier ne "bougera" pas, Blanchard lui, évolue....
Et puis il y a le "bandit d'honneur", Antoine Carrega, qui par fidélité envers l'un de ses amis résistants, banquier ayant perdu sa fille, assassinée avec son mari - célèbre avocat algérien et "dérangeant le pouvoir en place", et ses enfants, va enquêter en "free lance" et tenter de percer un quintuple assassinat que la presse a déjà qualifié de règlement de compte entre arabes, entre pro et anti FLN.
Concernant le nom de Carrega, je me suis demandé si l'auteur l'avait choisi par hasard, le patronyme étant réputé en Corse pour être celui qui a été plusieurs fois champion de France et du monde de ball trap ( ce dernier s'appellait Michel et le notre, dans l'histoire, Antoine).
Il y a aussi Sirius Volkstrom, homme de main au départ de Déogratias, Dir Cab de Papon, et qui a pour mission d'éliminer le vrai tueur de cette famille entière, un nommé Lemaire.
Très interessant, l'évolution du ressenti puis des agissements en conséquence de Carrega, de Volkstrom, au fur et à mesure que des voiles sont levés et que la "vérite vraie" fait surface et apparaît comme une évidence, de même que le "lien" entre Blanchard et Carrega, l'inspecteur étant devenu le nouvel petit ami de Margot, l'ex du Sécor.
Chaque chapitre, commenté par un des personnages de l'histoire, révèle son lot de surprises. Pas de temps mort, un suspens continu, un très bon premier polar.
Ne me reste plus qu'à trouver la suite des "aventures de Luc Blanchard, dans "Frakas".
Encore un de mes coups de coeur de l'année avec Colin Niel et Jeanne Benameur.
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Dans ce roman noir, se rencontrent trois personnages, trois destins dans cette période trouble de la guerre d'Algérie. La peinture de cette époque est réaliste, elle n'oublie pas de dresser le portrait de ces personnages sombres de l'histoire, Papon en tête. L'auteur est journaliste et nous offre une plongée sociologique comme dans certains bons polars. Les trois personnages sont décrits dans leur complexité, sans manichéisme. Ils sont avant tout à la recherche de la vérité, d'une justice qui semblent bien difficiles à atteindre.
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En septembre 1959, un assassinat sanglant en plein Paris met la Police et la presse dans tous ses états. Un avocat algérien, en lien avec FLN est assassiné avec toute sa famille. Dans l’ombre, le préfet Papon et le sinistre Deogratias tirent les ficelles, mais c’est sans compter sur la perspicacité d’un jeune flic, l’acharnement d’un ancien collabo manchot avide de vengeance et la détermination d’un ancien résistant corse devenu convoyeur de drogue et d’anisette. Ces trois personnages au destin diamétralement opposé vont se retrouver bien malgré eux dans une intrigue à enjeux multiples avec au centre une manipulation politique dont personne ne pourrait ressortir indemne.

Pour son premier roman, le journaliste Thomas Cantaloube réalise un joli coup avec ce roman noir au scénario diabolique et très bien ficelé dans lequel chaque personnage est construit avec un soin tout particulier, dessinant au fil des pages des personnalités complexes et attachantes, malgré la part d’ombre qui se dessine derrière certains.
A partir de cette petite histoire politico-crapuleuse, l’auteur évoque la grande Histoire, celle d’une France vivant les dernières heures de la IVe République, avec en point d’orgue morbide, l’assassinat, par la police, le 17 Octobre 1961, d’algériens pacifistes.

Au détour d’une page ou d’un chapitre, on croisera de nombreux personnages imaginaires mais aussi quelques noms importants de la Cinquième République : Michel Debré, François Mitterrand, Charles Pasqua, Jean-Marie Le Pen… puisque Thomas Cantaloube a eu la bonne idée d’entremêler faits réels (l’attentat de l’OAS contre le Strasbourg-Paris, la création du SAC, l’attentat de l’Observatoire…) et fiction, comme si de rien n’était. Et ça fonctionne parfaitement pour le plus grand plaisir du lecteur !

Les 540 pages de ce roman se lisent d’une traite ou presque avec un récit touffu, sans temps mort, dans lequel il se passe toujours quelque chose.
L’ambiance de l’époque, avec ce Paris grisâtre sur fond de Guerre d’Algérie et de répression sanglante, est parfaitement rendue par l’auteur, dans une langue presque d’époque, un peu fleurie et en tout cas très plaisante, qui évoque le cinéma en noir et blanc de la fin des années 50, des films de Gilles Grangier, (Le désordre et la nuit), Melville, mais aussi les bandes dessinées de Tardi quand celui-ci adapte Pierre Siniac ou Léo Malet.

Une grande Série noire et un polar historique passionnant qui, espérons-le, ne sera que le début d’une belle carrière de romancier pour un Thomas Cantaloube qui maîtrise déjà parfaitement les codes du genre.
Lien : https://www.benzinemag.net/2..
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Voici un roman intéressant, qui m'a bien plut, et dans lequel j'avais hâte de me replonger quand je devais faire une pause.

Contexte : Nous sommes à la fin de la guerre d'Algérie (qu'on n'appelle pas encore comme cela, puisqu'il faut attendre les années 90 pour trouver officiellement l'appellation ‘'guerre d'Algérie''), entre 1959 et 1961.
Quoi : à Paris, un avocat algérien et son frère se font assassiner chez eux. Pour la police, c'est un simple fait divers, un simple règlement de compte entre factions algériennes rivales.
Qui : Luc Blanchard, un jeune inspecteur de police criminel, que ses collègues ne prennent pas encore très au sérieux avec ses lunettes rondes et sa tête de premier de la classe, Sirius Volkstrom, pion occulte de la préfecture de police, chargé du ménage, Antoine Carrega, ‘'bandit corse'', convoyeur entre Marseille et Paris, engagé malgré lui, et tardivement dans l'affaire. le Bon, la Brute et le Truand. Ce trio va se croiser, se flairer, s'entendre, se chercher, chacun manipulé, commandé, commandité par des tierces personnes, parfois à leur insu.

C'est une fiction, mais dans un contexte historique chargé. Elle plante le décor, l'ambiance, l'atmosphère de la France de ces années-là. Mais de la France de la préfecture, des instances de police. C'est une FICTION, certes, mais dans laquelle on trouve des personnages bien REELS, certains toujours en vie. Alors, quand dans cette période trouble, on tombe au coin d'une page sur Papon ( préfet de police de Paris) , Mittérand (ancien ministre à différents portefeuille) ou le Pen ( qui a encore son bandeau sur l'oeil), on se dit qu'on devra bien se laver les mains après avoir refermé le livre.

« En dépit de ces récentes lectures, Volkstrom n'était pas doté d'une grande culture politique. Mais il avait suffisamment bourlingué dans les arrière-cours du pouvoir pour comprendre que la période s'apparentait à une vaste tambouille où les affiliations d'autrefois comptaient moins que les combats tactiques du moment. Gaullistes at anti-gaullistes se claquaient la bise. Des résistants farouches faisaient bras dessus bras dessous avec des collabos. Fachos, poujadistes et nostalgiques de Vichy étaient recyclés dans l'administration ou l'Assemblée Nationale, avec la bénédiction de leurs anciens adversaires. » p 355

« Ce qui se passait dans les vespasiennes parisiennes avait vocation à rester dans les vespasiennes parisiennes » p 229

« Blanchard commençait à saisir. Son esprit moulinait de nouveau. Une famille entière trucidée dans Paris à cinq cent mètres du quai des orfèvres, c'était mauvais. Une famille franco-algérienne, ç compliquait les choses. Une épouse avec un tel pedigree, ça attirait les ennuis. Un avocat descendu, ça suscitait des questions. Un avocat descendu qui bosse avec le FLN, ça pouvait être bon ou mauvais, selon qui l'avait refroidi. Ça devenait politique. Un frère qui n'était pas censé être là, ça soulevait des interrogations…Bref, un beau bordel. » p 67
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Requiem pour une République est un premier roman qui présente beaucoup de qualités et quelques défauts.
L'ouvrage réussit, d'abord, dans sa volonté d'immerger le liseur dans la France du début de la Ve République. Véritable hommage au roman de gare, il dépeint une ambiance et des attitudes qui renvoient à l'imaginaire cinématographique de l'époque Gabin. Il offre de rencontrer des personnages célèbres : le Pen, Papon et un Mitterand dont le portrait mérite d'être dégusté.
C'est également un roman assez haletant, qui tient son lecteur comme on tient un lait sur le feu. Les imbrications entre les personnages sont souvent ingénieuses.
Pas parfait, toutefois : le livre n'est pas magnifiquement écrit. Il semble parfois douter de l'intelligence de ses lecteurs, en s'attardant (essentiellement à la fin des chapitres) sur les conclusions que l'histoire suggérait de comprendre.

Reste qu'une fois le livre consumé, on regrette que ce décor funeste et cette histoire de mort nous quittent, alors qu'on s'étonnait de s'y être si agréablement acclimaté.
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Jusqu'ici je n'étais pas fan des livres de passant au moment plus ou moins de la guerre d'Algérie et de son indépendance. Au niveau historique je trouvais que c'était trop récent alors que j'apreciais ceux qui se passait au moment de la première ou seconde guerre mondiale. Pourtant quand j'ai vu le titre et le quatrième de couverture j'ai tout de suite accroché. J'ai adoré ce bouquin et j'ai appris plusieurs choses dont je n'avais pas où peu connaissance. Les 3 personnages principaux qui n'ont en principe rien à faire ensemble vont être obligé de s'entendre pour résoudre le meutre d'une famille entière. Je pense que je lirai bientôt Frakas où on retrouve Luc Blanchard. Ayant appris que Mai 67 était sorti j'ai décidé de relire Requiem pour une République et Frakas pour me ré imprégner des deux livres que j'avais vraiment beaucoup aimé
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Roman engagé pour décrire une facette de l'ambiance en France durant une certaine période de la guerre d'Algérie.
L'intrigue policière n'est qu'un prétexte pour cette prise de position et ne répond à aucune des questions posées par l'enquête.
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Une affaire sordide vous attend dans les années 1960, en pleine guerre d'Algérie, donc vous l'imaginez, dans un contexte tumultueux, en plein Paris.
Une famille décimée, mais pas n'importe laquelle, un avocat lié au FLN en est un des membres.
Les trois personnages, avec des voies différentes, vont se retrouver en plein coeur de cette affaire. Un flic, un truand et un manchot qui est le bras droit du Préfet Papon!
Un polar de haute volée, où l'auteur dénonce les massacres silencieux et sans scrupule de la police française sur des Algériens.
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Cantaloube Thomas (1971-) – "Requiem pour une république" – Gallimard-NRF Série noire, 2019 (ISBN 978-2-07-278756-0) – format 21x14cm, 540p.

Né en 1971, ayant vécu une bonne partie de ces dernières années aux États-Unis, l'auteur n'a qu'une connaissance fort indirecte de l'époque dont il traite dans ce roman, à savoir la guerre d'Algérie et ses conséquences sur le sol de la métropole.
Cela se constate rapidement, car il n'apporte rien de nouveau, se bornant à ressasser ce qui constitue dorénavant une sorte de "vulgate" sur ce sujet, vu depuis un angle qui se dit et se croit "de gauche", centré sur les "hor-r-r-r-r-ibles" agissements des forces de police en collusion avec l'extrême-droite telle que l'extrême-gauche se la représente (là encore, rien de plus dans ce roman qu'un tissu de lieux communs).

Chaque chapitre est précisément daté (de septembre 1959 à avril 1962). le récit intègre des personnages et services réels, que l'auteur fait parler et met en scène dans leur vie quotidienne : Jean-Marie le Pen (p. 107), Mitterrand le "ministre à tout faire de la IVe République" (p.133), le SAC (service d'action civique – p. 184), Michel Debré (p. 272), Céline et Claude Gallimard (p. 457) sans oubllier Maurice Papon.

Journaliste à "Mediapart", cet auteur a l'habitude de romancer l'actualité de façon à ce qu'elle corresponde à sa vision du monde. Cela manque toutefois d'approfondissement : pour ne prendre que Mitterrand, l'auteur relate le ridicule auto-attentat soigneusement organisé par celui qui fut l'homme politique le plus fourbe de sa génération, mais il ne fait qu'une très très brève allusion à sa responsabilité dans le déclenchement du soulèvement algérien, omettant de mettre en perspective historique la situation catastrophique dont De Gaulle hérite lors de son retour au pouvoir en 1958.

Je n'apprécie guère qu'un auteur se serve d'un sujet historique pour illustrer ses croyances politiques à grand renfort de lieux communs.

Sur le thème de la Guerre d'Algérie, il existe des romans ou témoignages plus nuancés, écrits par des auteurs bénéficiant d'une approche personnelle directe de leur sujet, comme par exemple :
Georget Philippe – "Les violents de l'automne"
Belezi Mathieu (pseudonyme de Gérard Martial Princeau, né vers 1947-48) - «C'était notre terre»
Blas de Roblès (Jean-Marie) – "Dans l'épaisseur de la chair"
Mauvignier Laurent - «Des hommes» - éditions de Minuit, 2009
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