Il la regarde en souriant et elle se jette dans ses yeux. Impossible de s'en détacher.
Avant chaque examen, Azami a droit à son omamori. Mais, cette fois, au lieu de l'habituelle effigie d'un dieu glissée dans une pochette en tissu, sa grand-mère lui présente un bracelet de métal sombre mal poli. (...) Azami détourne le regard: elle a l'interdiction formelle de lire les signes gravés à l'intérieur. Pour être efficace, le charme de protection ne doit pas être connu de celui à qui il est destiné. Elle tend son poignet sur lequel sa grand-mère se hâte de refermer ce bracelet rustique en marmonnant une prière.
Azami est à deux doigts de s’évanouir.
« La France est sale », se surprend-elle à penser. Ces mots s’affichent dans sa tête comme une enseigne aux néons clignotants. Tout lui paraît souillé, crasseux. Les odeurs deviennent insupportables, et pas seulement celles de son voisin. Au Japon, les trains sont d’une propreté irréprochable, astiqués par une équipe de nettoyage qui salue les voyageurs avant leur départ. Il n’y a pas de détritus sur le sol. Les gens utilisent des éventails afin de ne pas transpirer. Les hommes s’épongent le visage. Et les Japonais sont certainement les plus grands consommateurs de déodorants du monde !
- Tu es malade ? s’inquiète Myo.
- N… non, bafouille Azami. I… il faut juste que je m’habitue.
« Voyager, c’est accepter les différences », se répète-t-elle en détournant tout les mêmes les yeux des aisselles humides de son voisin. « Je dois m’adapter à la vie française. »