On eût dit que leur point de rencontre était un bateau naviguant entre deux îles où chacun conservait sa propre vérité. En faisant un effort, il aurait pu apercevoir les rives du monde de Grady, mais son domaine à lui se perdait dans la brume.
...Ms McNeil ne se souvenait pas de grand-chose, sinon de sa toilette rose et or, du collier de perles de sa mère et, ah oui, de sa première rencontre, tout sauf mémorable, avec Lamont Mc Neil. Elle dansa une fois avec lui sans ressentir la moindre émotion. Sa mère en revanche manifesta un plus vif intérêt car, bien qu'il approchât de la trentaine et fût peu introduit dans le monde, Lamont McNeil avait à Wall street une réputation croissante d'homme d'affaires et représentait une jolie prise pour les jeunes filles sinon de grandes du moins de bonnes familles.
On ne fuit pas les gens, on se fuit soi-même.
Il y a une sorte de magie à observer l'être aimé sans qu'il en ait conscience, comme si sans le toucher on lui prenait la main et que l'on lise dans son coeur. Il s'offre ainsi ingénument, à croire que, de manière irrationnelle, il concilie toutes les qualités qu'on lui attribue à l'aveuglette, la pureté du coeur, la tendresse de l'enfance.
- Pendant tout ce temps, moi je pensais que tu me fuyais, murmura Clyde.
- On ne fuit pas les gens, on se fuit soi-même, répondit Grady. Mais tout va bien maintenant.
- Bien sûr; dit-il. Tout va bien.
Elle avait quatorze ans, un cruel soupçon l'avait incitée à croire que sa mère l'aimait sans l'estimer
Puisque l'on connait le passé et que l'on vit au présent, pourquoi ne pourrions nous pas croiser l'avenir en rêve ?
Perdue dans ses rêves, elle pensa que c'était Clyde qui lui parlait, bien qu'il eut la voix de Peter. Comme elle tournoyait dans l'espace, ses cheveux voletèrent autour d'elle en un étendard triomphal. Ils dansèrent jusqu'à ce que, soudain, la musique expire et les étoiles s'éteignent.
On ne fuit pas les gens,on se fuit soi-même
Il lui attrapa la main et ils se mirent à courir, jusqu'à une paisible ruelle latérale qu'adoucissait encore une rangée d'arbres.Quand ils s'arrêtèrent essoufflés pour s'appuyer contre un mur, il lui glissa dans les mains un petit bouquet de violettes. Elle n'eut pas besoin de les regarder plour savoir qu'il les avait volées, comme si elle avait assisté à la scène. Les fleurs contenaient l'été tout entier,avec ses ombres et ses lumières gravées dans les feuilles, et elle en pressa toute la fraîcheur contre sa joue.
Puisque l'on connaît le passé et que l'on vit au présent,pourquoi ne pourrait-on pas croiser l'avenir en rêve?