AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur L'immense obscurité de la mort (10)

Le vrai problème, c'est la nuit. Elle passe jamais et tu chopes de mauvaises pensées, ça arrive à tout le monde. L'air devient lourd de désespoir. Tu respires même celui des autres.
Commenter  J’apprécie          370
Monsieur le Directeur ?

Le detenu Raffaello Beggiato, cellule numéro 5, deuxième division, vous demande de pouvoir acheter une boite de 3 filtres d’une tasse. Salutations distinguées. Raffaello Beggiato.

Je souligne « une tasse », comme ça le connard de service y se plantera pas.
Commenter  J’apprécie          170
Le problème était de feindre la normalité et de dominer ce cri qui me gonflait la poitrine de plus en plus souvent: "C'est tout noir, Silvano. Je vois plus rien, j'ai peur, j'ai peur, aide-moi, c'est tout noir." Moi aussi, j'aurais voulu hurler jusqu'à l'épuisement, jusqu'à la mort.
Commenter  J’apprécie          90
— J'ai toujours été pour la peine de mort pour les criminels. Sauf que c’est aux magistrats d’émettre la sentence et à l’État de l’exécuter. On n’est pas au Far West, ici, monsieur Contin, et personne ne vous a accroché l’étoile de shérif sur la poitrine.
— Pourtant, c’est nous autres, les victimes.
Commenter  J’apprécie          70
Je suis allé à l'hosto pour faire des analyses et là, c'est pire qu'en taule. Les toubibs et les infirmières, c'est qu'une bande de cons. Ils me traitent mal, ils me méprisent. Ils me font un mal de chien quand ils me piquent. Entre eux, ils m'appellent "le perpète" à haute voix. J'ai honte. Je peux pas imaginer crever entouré de tant de haine. Et à vrai dire, j'ai pas envie de clamser du tout mais c'est pas eux qui vont lever le petit doigt pour me guérir. Au contraire, y vont me faire souffrir. Fils de putes, saloperies de bourreaux. Et je fais quoi maintenant, putain ? Je suis fait comme un rat. Un rat, c'est tout ce que je suis devenu le jour où j'ai descendu deux innocents, mais je mérite pas tout ça. Putain, j'ai le cancer. Mais y'a personne qui a pitié ici ?
Commenter  J’apprécie          40
Le vrai problème, c'est la nuit.Elle passe jamais et tu chopes de mauvaises pensées, ça arrive à tout le monde.L'air devient lourd de désespoir.Tu respires même celui des autres.
Commenter  J’apprécie          40
Ma vie était enfermée pour toujours dans l’immense obscurité de la mort. Mon présent et mon avenir n’étaient que du temps passé dans l’antichambre à attendre la fin, parce qu’il ne me restait rien d’autre.
Commenter  J’apprécie          30
La douleur battait comme celle d'une blessure infectée mais m'aidait à me sentir vivant et à m'orienter dans l'immense obscurité de la mort
Commenter  J’apprécie          30
Demain, c’est mardi. Jour de merde. Samedi et dimanche, c’est trop loin ; les meilleurs jours en taule. Douche, parloir, pâtes au four, petite tranche de viande, patates et foot. Du foot à gogo. J’ai parié deux cartouches de clopes MS avec un Serbe. Le Milan AC perd et moi je clope gratis toute la semaine. Ce con de toubib s’énerve que je fume encore mais comment tu fais pour te taper perpète sans clopes ? Ici les locataires qui fument pas, y se comptent sur les doigts de la main. Dans la cour, on s’est bien marrés avec cette histoire qu’ils veulent séparer les cellules fumeurs des non fumeurs. Les mecs du ministère, c’est vraiment des comiques. Mais ils ont déjà mis les pieds dans une taule ? Demain, c’est mardi. Sept heures, ménage. Jour pair : serpillière et ammoniaque. Sept heures et demie, le chariot du p’tit-déj’ passe. Je prends que du lait. Le café est infect, y’a que le brigadier et les mouchards qui peuvent le torcher. Ma cafetière est déjà prête sur le petit réchaud. À huit heures, la ronde passe et les portes blindées s’ouvrent, comme ça le gars du nettoyage peut donner les dernières infos de radio nuit. Neuf heures, l’heure de la promenade. Faut que j’parle avec celui de la 27, on m’a dit qu’il a mis sur pied un nouveau trafic de shit. Y paraît que ça fait du bien pour le cancer. Et puis y faut que j’dise à ceux de la commission qu’ils choisissent des programmes télé moins cons. L’après-midi, c’est toujours tragique. Je veux voir celui avec les filles qui essaient de s’accaparer un benêt perché sur un trône et qui s’égorgent pire que dans un tribunal. À onze heures, y’a le type qui prend nos commandes qui passe. Faut que j’cantine du shampooing contre la chute des cheveux, du dentifrice et deux bonbonnes de gaz pour mon réchaud. À midi, le chariot de la gamelle arrive. Jour pair : pâtes, ragoût, légumes. À 13 heures, le type affecté au courrier se pointe. Savoir si Contin a reçu ma lettre. Peut-être qu’il va répondre vite. Le JT de 13 h 30 et puis une petite sieste jusqu’à 15 heures. Un autre tour dans la cour et puis, après la ronde de 16 h 30, fermeture des portes. Le chariot du repas du soir passe à 17 heures. Demain, c’est mardi : potage, mortadelle et salade. Un autre café pour digérer et la journée est finie. Seules nouveautés : les rondes de 20 heures, de 23 heures, d’une heure, de 4 heures et de 6 heures du mat’. Si tu dors, les matons te réveillent. Et puis après l’infirmier. Ce connard est toujours à la bourre. Il est 23 h 55 et il est pas encore passé. Mon verre en plastique est déjà prêt sur le rebord de la trappe. Il a juste à allonger le bras et mettre les gouttes. Avec cette histoire que j’ai le cancer, il y va pas de main morte. Tant mieux. La dose habituelle me faisait plus rien. L’abondance de Valium est le seul privilège de la cabane à vie. Ils flippent toujours que ceux qui ont plus d’espoir perdent la boule et se paient un des leurs, alors avec les tranquillisants, y sont pas radins. Putain, mais y va arriver quand cet enculé ? Il a dû s’arrêter bavasser avec ses collègues d’en bas, à la rotonde. Toute façon, qu’est-ce que ça peut lui foutre qu’on aille pas bien ?
Commenter  J’apprécie          20
L'accusé avait la lèvre fendue, les yeux au beurre noir, le nez cassé et enflé ; deux mèches hémostatiques lui sortaient des narines, l'obligeant à respirer par la bouche. Les deux agents de la police pénitentiaire qui le soutenaient durent l'aider à s'asseoir. Il était dans un sale état. Le juge, énervé, regarda l'avocat pour essayer de comprendre s'il essaierait d'ajourner l'interrogatoire. Ce dernier le rassura d'un haussement d'épaules ; son client avait bien d'autres problèmes auxquels penser. Le magistrat, soulagé, dicta au greffier l'identité des personnes présentes et demanda à l'inculpé s'il entendait se soumettre à l'interrogatoire.
Commenter  J’apprécie          10




    Lecteurs (169) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Quiz sur le livre "Arrivederci amore" de Massimo Carlotto.

    Qu'est-ce que San Vittore à Milan ?

    un hôtel
    une prison
    une boite de nuit

    10 questions
    0 lecteurs ont répondu
    Thème : Arrivederci amore de Massimo CarlottoCréer un quiz sur ce livre

    {* *}