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Laurent Lombard (Traducteur)
EAN : 9782864245728
191 pages
Editions Métailié (09/03/2006)
3.92/5   79 notes
Résumé :
Il s'est enfui avec le butin, sain et sauf - ça ressemble à miracle. Un miracle cher payé : il laisse derrière lui deux morts innocents et son coéquipier Raffaello, qui écope de la perpétuité. Quinze ans plus tard, Raffaello formule un recours en grâce et demande le pardon de Silvano, père et mari des victimes. Ce dernier, fou de douleur, accepte de pardonner pour mieux se venger.
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
3,92

sur 79 notes
Nord de l'Italie. Un braquage qui a vraiment mal tourné. Deux losers, le butin de la bijouterie dans un sac, tentent tant bien que mal de semer la police lancée à leurs trousses. Raffaello, en panique totale, prend en otage un gamin. Se sentant menacé, il le tue froidement, les hurlements de la maman déchirant l'air jusqu'à ce qu'elle reçoive une balle dans le ventre. Mais, il se fait bien vite rattrapé par les flics, son complice réussissant à s'échapper avec le butin. Condamné à perpétuité... 
Mais, quinze ans plus tard, il est condamné. Un cancer aura raison de lui d'ici 2 ans. Pour se racheter une bonne conduite et mourir en homme libre et par la même occasion riche, sa part du butin étant mise à l'ombre, il envoie une lettre à Silvano, le père et le mari des otages tués. Il lui demande un avis favorable à son recours en grâce. Mais, Silvano refuse. Il n'en a que faire de ses états d'âme, lui qui, depuis la mort de sa famille, vit telle une ombre, les souvenirs encore ancrés dans sa mémoire. Il désire avant tout retrouver le complice de Raffaello et assouvir sa vengeance. Bien vite, une idée germe alors: la libération de ce dernier ne pourrait-elle l'aider dans sa quête? 

Deux hommes qui s'affrontent. Deux âmes meurtries, emplies de haine. Construit habilement sur cette confrontation et donnant successivement la parole à chacun, ce roman noir, machiavélique et terriblement efficace ne laisse finalement que très peu d'espoir. Ce braquage, finalement, fera bien plus de victimes qu'il n'y paraît. Outre cette notion de justice, l'on est confronté à ces désirs de vengeance et de rédemption. Ce roman, bref mais dense et profond, nous interpelle. Qu'aurions-nous fait à la place de Silvano? D'une écriture efficace, parfois dure, l'auteur nous offre un roman d'une froideur implacable où les bons sentiments n'ont pas leur place. le dénouement est, là encore, surprenant. 

L'on entrevoit déjà L'immense obscurité de la mort...
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Raffaello et Silvano, deux faces d'une même pièce, celle du désir de rédemption et de vengeance.

Raffaello croupit en prison. Quinze ans plus tôt, il est arrêté pour braquage, tentative de fuite avec son complice, prise d'otage puis double meurtre.
Il a pris perpet'.
Silvano attend sa femme et son fils comme tous les jours. Clara et Enrico ne rentreront pas, froidement assassinés par leurs ravisseurs d'un jour.
Il a pris perpet'.
Aussi, lorsque le premier lui demande d'accepter un recours en grâce tout en jurant ses grands dieux qu'il regrette, Silvano n'y voit lui qu'un moyen d'assouvir enfin sa vengeance.

Roman crépusculaire à deux voix 100 % arabica , L'immense obscurité de la mort séduit de par son originalité et la psychologie des deux damnés particulièrement bien soignée.
Ni juge, ni partie, Carlotto évoque deux âmes perdues à la dérive que plus rien ne semble rattacher à la vie.
Si l'un semble être le pire des salopards, l'autre apparaît finalement ne pas valoir beaucoup mieux et c'est là que l'auteur fait très fort en inversant les rôles. L'on se prendra finalement d'un minimum de sympathie pour ce loser rongé par le cancer qui ne rêve plus que de finir ses jours au Brésil tout en estimant que le second, pour parvenir à ses fins, use de moyens plus que discutables.
L'enfer, c'est les autres qui vous ramènent cependant à vos propres démons.
Dualité de l'homme dans son immense complexité.
Un roman noir intelligent et poisseux qui, en plus de vous tenir en haleine, amène à une certaine réflexion quant au pardon, et ce d'où qu'il vienne..
L'immense obscurité de la mort, qui a éteint la lumière ?
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« Ah c'est ça t'es un connard de justicier à la Charles Bronson. » (p. 166). Après un justicier dans la ville sans justicier, (Arrivederci amore, 2001) voilà, du même auteur, un justicier dans la ville avec justicier. Cette fois il manque la politique : pas de gauchiste à la dérive. le sexe et la mort se partagent l'avant-scène devant un rideau noir. Et la pièce est bien connue : « que justice soit faite ». le personnage usuel, ivre de la mixologie classique -1/3 brandy, 1/3 testostérone 1/3 vengeance -comme dans "Death Wish" (1974), fait le devoir de la police parce que le vieux commissaire mou ne pense qu'à sa retraite. le vengeur sans étoile passe de victime civilisée à bourreau barbare en deux pages, c'est vous dire comme tout cela est divertissant et cathartique. On en a tellement bouffé de ce genre de scénar, hormonal mais pas original, que forcément on cherche autre chose: une culture, des caractères, une ville… En vain. Tout ça pourrait se passer à Oslo ou à Palaiseau. Seule fantaisie de ce polar, le récit à deux voix : quand on n'en peut plus du justicier en goguette, l'assassin plein de regrets prend le relais. Il ne nous épargne rien de sa cellule où il ne se passe rien. Côté sexe, si d'ordinaire Bronson n'exige pas de coucher avec la femme de l'assassin, chez Carlotto, ça se fait. ( Arrivederci amore) . le vengeur extorque du tueur ses richesses et les fesses de son épouse. Les deniers et le fessier, le pognon et le fion, le grisbi et le zizi, les écus et le cul. Che noia !
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Du grec au latin… Quelle est la recette idéale pour composer un bon Carlotto ?

Pour l'entrée, je vous conseille fortement de s'inspirer du démarrage détonnant de « Funky Guns » écrit par le grand auteur d'origine grecque George Pelecanos ("Un nommé Peter Karras", "Blanc comme neige", ...). Afin d'éviter le cliché italien, vous remplacez astucieusement le braquage d'une pizzeria par celui d'une bijouterie.

En revanche, pour pimenter à souhait cette mise en bouche, il faut impérativement conserver les meurtres des pauvres otages qui n'y sont évidemment pour rien dans l'histoire. Ainsi, malheureusement, une maman et son enfant vont donc tomber sous les balles des braqueurs dont un seul des deux fugitifs pourra s'échapper avec le butin conséquent de la bijouterie.

Sous forme de plat de résistance, rien de mieux que l'univers désespérant de la taule comme Edward Bunker l'avait décrit si brillamment de l'intérieur dans « La bête contre les murs ». (1)

Comme l'auteur américain, Massimo Carlotto a connu également les affres de la prison et peut faire ressentir comme nul autre la violence physique et psychologique de l'univers carcéral.

Autant Ron le taulard de Buncker est très jeune et espère sortir rapidement, autant Raffaello, qui a écopé de la perpetuité, ne peut espérer sortir que pour des raisons de santé. En effet, prisonnier durant quinze ans et atteint d'un cancer, Raffaello peut demander une libération anticipée à une seule condition : que le père et mari des deux victimes du braqueur, Silvano, accepte son recours en grâce.

Pour terminer le menu du jour, en guise de dessert, je vous suggère une dernière partie inattendue et machiavélique à l'image de l'excellent « Alex » de Pierre Lemaitre. Mais je ne vous donnerai pas la composition exacte du succulent final, histoire de ne pas vous dévoiler le bouquet final de ce menu à déguster sans modération.

Pensant découvrir un simple polar classique, « L'immense obscurité de la mort... » est en fin de compte un roman très noir, beaucoup plus complexe et ambigu qu'il ne parait. Jusqu' à y perdre ses repères et surtout son latin !

arrivederci e grazie a tutti…

Note : 4.5/5

(1) Je vous conseille plus que vivement la lecture du fantastique "Aucune bête aussi féroce". Juste inoubliable !


Ps : J'ai trouvé sur internet l'histoire de l'auteur résumée en quelques lignes et vous la restitue telle quelle :

En Italie, il existe une «affaire Carlotto», page sombre de l'histoire de la justice italienne qui faillit priver le monde d'une des plumes les plus attachantes du noir contemporain.

Étudiant de 19 ans engagé dans les mouvements contestataires d'extrême gauche, Massimo Carlotto est témoin, par une nuit de 1976, du meurtre d'une jeune femme. Après avoir tenté de la secourir, sans succès, il prévient la police, qui l'interpelle aussitôt. Accusé de meurtre, Carlotto est initialement acquitté, faute de preuves et d'une enquête rigoureuse, avant d'être reconnu coupable en cour d'appel sans que des faits nouveaux aient été révélés. En 1982, on le condamne à dix-huit ans de prison. Acculé au pied du mur, Carlotto s'enfuit en France puis au Mexique, avec un détour par Buenos Aires.

Capturé puis ramené en Italie à la fin des années 1980, il est cette fois condamné à seize ans de réclusion, et ce, en dépit des nombreuses irrégularités révélées lors du nouveau procès. Outrée, l'opinion publique s'enflamme. Si bien que, en 1993, le président de la République italienne, Luigi Scalfaro, prononce la grâce inconditionnelle de Massimo Carlotto. Les vestiges de ce passé douloureux, on les retrouve dans plusieurs de ses romans.
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Raffaello Beggiato prend perpète pour un braquage qui laisse deux victimes innocentes sur le carreau...Un petit garçon et une femme : la famille de Silvano.
Fou de chagrin, Silvano ne trouvera pas de repos tant que le complice de l'inculpé court toujours. Mais Raffaello n'est pas un donneur. La loi du silence est sacrée et une partie du magot l'attend quelque part au chaud à sa sortie...
Quinze ans plus tard, ce dernier atteint d'un cancer incurable demande la grâce. Or il doit d'abord obtenir le pardon de Silvano ...

Que ferait-on à sa place ?
Vengeance ou pardon... telle est la question
Un choix cornélien...finalement pas insoluble, pour une âme torturée.

Massimo Carlotto alterne les points de vue : un coup dans la peau de Silvano et un autre dans la tête de Raffaelo...Le premier une âme en peine , le deuxième qui purge sa peine. Deux hommes qui n'ont plus rien à perdre mais ont encore quelques rêves noirs ou roses à réaliser. Au fur et à mesure des chapitres les choix se précisent, les cou(p)s tordus et les pièces sacrifiées ne laissent plus beaucoup de doute quant à la fin à moins qu'un des deux la jouent fair play ? Peut-on rêver devant l'immense obscurité de la mort ?

Le scénario de l'auteur est diabolique, les personnages sombres et réversibles et la fin exotique.
Un très bon roman noir qui remue les tripes et les méninges
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Demain, c’est mardi. Jour de merde. Samedi et dimanche, c’est trop loin ; les meilleurs jours en taule. Douche, parloir, pâtes au four, petite tranche de viande, patates et foot. Du foot à gogo. J’ai parié deux cartouches de clopes MS avec un Serbe. Le Milan AC perd et moi je clope gratis toute la semaine. Ce con de toubib s’énerve que je fume encore mais comment tu fais pour te taper perpète sans clopes ? Ici les locataires qui fument pas, y se comptent sur les doigts de la main. Dans la cour, on s’est bien marrés avec cette histoire qu’ils veulent séparer les cellules fumeurs des non fumeurs. Les mecs du ministère, c’est vraiment des comiques. Mais ils ont déjà mis les pieds dans une taule ? Demain, c’est mardi. Sept heures, ménage. Jour pair : serpillière et ammoniaque. Sept heures et demie, le chariot du p’tit-déj’ passe. Je prends que du lait. Le café est infect, y’a que le brigadier et les mouchards qui peuvent le torcher. Ma cafetière est déjà prête sur le petit réchaud. À huit heures, la ronde passe et les portes blindées s’ouvrent, comme ça le gars du nettoyage peut donner les dernières infos de radio nuit. Neuf heures, l’heure de la promenade. Faut que j’parle avec celui de la 27, on m’a dit qu’il a mis sur pied un nouveau trafic de shit. Y paraît que ça fait du bien pour le cancer. Et puis y faut que j’dise à ceux de la commission qu’ils choisissent des programmes télé moins cons. L’après-midi, c’est toujours tragique. Je veux voir celui avec les filles qui essaient de s’accaparer un benêt perché sur un trône et qui s’égorgent pire que dans un tribunal. À onze heures, y’a le type qui prend nos commandes qui passe. Faut que j’cantine du shampooing contre la chute des cheveux, du dentifrice et deux bonbonnes de gaz pour mon réchaud. À midi, le chariot de la gamelle arrive. Jour pair : pâtes, ragoût, légumes. À 13 heures, le type affecté au courrier se pointe. Savoir si Contin a reçu ma lettre. Peut-être qu’il va répondre vite. Le JT de 13 h 30 et puis une petite sieste jusqu’à 15 heures. Un autre tour dans la cour et puis, après la ronde de 16 h 30, fermeture des portes. Le chariot du repas du soir passe à 17 heures. Demain, c’est mardi : potage, mortadelle et salade. Un autre café pour digérer et la journée est finie. Seules nouveautés : les rondes de 20 heures, de 23 heures, d’une heure, de 4 heures et de 6 heures du mat’. Si tu dors, les matons te réveillent. Et puis après l’infirmier. Ce connard est toujours à la bourre. Il est 23 h 55 et il est pas encore passé. Mon verre en plastique est déjà prêt sur le rebord de la trappe. Il a juste à allonger le bras et mettre les gouttes. Avec cette histoire que j’ai le cancer, il y va pas de main morte. Tant mieux. La dose habituelle me faisait plus rien. L’abondance de Valium est le seul privilège de la cabane à vie. Ils flippent toujours que ceux qui ont plus d’espoir perdent la boule et se paient un des leurs, alors avec les tranquillisants, y sont pas radins. Putain, mais y va arriver quand cet enculé ? Il a dû s’arrêter bavasser avec ses collègues d’en bas, à la rotonde. Toute façon, qu’est-ce que ça peut lui foutre qu’on aille pas bien ?
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Le vrai problème, c'est la nuit. Elle passe jamais et tu chopes de mauvaises pensées, ça arrive à tout le monde. L'air devient lourd de désespoir. Tu respires même celui des autres.
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Monsieur le Directeur ?

Le detenu Raffaello Beggiato, cellule numéro 5, deuxième division, vous demande de pouvoir acheter une boite de 3 filtres d’une tasse. Salutations distinguées. Raffaello Beggiato.

Je souligne « une tasse », comme ça le connard de service y se plantera pas.
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Je suis allé à l'hosto pour faire des analyses et là, c'est pire qu'en taule. Les toubibs et les infirmières, c'est qu'une bande de cons. Ils me traitent mal, ils me méprisent. Ils me font un mal de chien quand ils me piquent. Entre eux, ils m'appellent "le perpète" à haute voix. J'ai honte. Je peux pas imaginer crever entouré de tant de haine. Et à vrai dire, j'ai pas envie de clamser du tout mais c'est pas eux qui vont lever le petit doigt pour me guérir. Au contraire, y vont me faire souffrir. Fils de putes, saloperies de bourreaux. Et je fais quoi maintenant, putain ? Je suis fait comme un rat. Un rat, c'est tout ce que je suis devenu le jour où j'ai descendu deux innocents, mais je mérite pas tout ça. Putain, j'ai le cancer. Mais y'a personne qui a pitié ici ?
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Le problème était de feindre la normalité et de dominer ce cri qui me gonflait la poitrine de plus en plus souvent: "C'est tout noir, Silvano. Je vois plus rien, j'ai peur, j'ai peur, aide-moi, c'est tout noir." Moi aussi, j'aurais voulu hurler jusqu'à l'épuisement, jusqu'à la mort.
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