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EAN : 9782366243918
160 pages
Cambourakis (02/01/2019)
3.69/5   35 notes
Résumé :
Lorsque Irwin Semple sort de l'asile psychiatrique de Cannon après dix-huit ans d'internement, il a trente-cinq ans, doit refaire - ou plutôt commencer - sa vie, la tête pleine de souvenirs adolescents encore à vif. A force de persévérance, il parvient vaille que vaille à se réinsérer, jusqu'au jour où il croise Harold Hunt, ancien leader d'un clan qu'il rêvait d'intégrer au lycée. Irrémédiablement associée au tragique événement qui a conduit à son internement, la v... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Irwin Semple est différent. Une gueule tordue, une élocution limitée, un air absent, un comportement imprévisible… Bénêt, simplet, idiot, où placer le curseur ? Peu importe. Les ingrédients d'une enfance et d'une adolescence difficiles sont constitués.

Pourtant, dans l'adversité et les railleries, Irwin n'a de cesse que de chercher à s'intégrer aux autres ados et en particulier à Harold, beau gosse et cynique chef de bande. Leurs moqueries, leur mépris, leurs sévices – moraux comme physiques - glissent sur Irwin, qui n'y voit que de réconfortantes et encourageantes marques d'intérêt.

Et pourtant c'est lui qui trinque à chaque fois, viré du bar, mutilé par une boule de billard ou exclu du collège. Et le jour où le défi est poussé à son paroxysme avec Carole, l'amie d'Harold, le drame survient : Irwin y gagnera un séjour de dix-huit ans en HP. À sa sortie, il est temps pour Irwin de tout recommencer et d'apprendre à vivre. Jusqu'à ce qu'il recroise Harold…

Dans Clair obscur, Don Carpenter – traduit par Céline Leroy – nous entraîne dans une histoire sombre, empreinte de fatalisme, de désespoir et d'une certaine forme de cruauté sordide, celles des petits riens et des petites bassesses de tous les jours qui font les grands maux de ceux qui les subissent. Mais dans toute cette injuste noirceur, Carpenter laisse constamment transparaître une – faible – lueur d'espoir : l'idée d'une rédemption toujours possible, de vies résignées mais de vies quand même, d'une éventualité de bonheur qui peut suffire à justifier toute existence.

Enfin, comme cela m'avait déjà frappé dans Un dernier verre au bar sans nom, Carpenter est un portraitiste surdoué, qui porte un regard incroyablement bienveillant sur ses personnages qui en deviennent immédiatement attachants : Irwin, bien sûr. Mais aussi la tendre Rosemary qui trouve dans la chaleur mêlée de leurs corps le réconfort recherché. L'écriture de Carpenter transpire cette bienveillance : douce, fluide, rêveuse par moments, elle est paradoxalement apaisante dans cet univers si sombre, ce qui mérite au passage une mention spéciale pour la traductrice.
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La 4ème de couverture m'avait attirée.
Ne sachant trop quoi dire, j'en reprends ici le résumé (bien consciente que je ne fais pas ici une "critique") :
Irwin Semple sorte de l'asile psychiatrique après 18 ans d'internement. Il a 35 ans et doit commencer sa vie; à force de persévérance, il parvient à se réinsérer jusqu'au jour où il croise Harold Hunt, ancien leader d'un clan qu'il rêvait d'intégrer au lycée. Associé à l'événement qui l'a conduit à son internement, la vision de Harold provoque un nouveau choc chez Semple. Partagé entre son besoin de reconnaissance et un certain désir de vengeance, parviendra-t-il à passer outre et aller de l'avant ?

Je crois bien être passée à côté de ce roman pourtant très bien écrit. J'en attendais plus, mais je l'ai oublié quinze jours plus tard.
Peut-être est-ce d'avoir lu récemment d'autres auteurs qui m'ont enchanté. Petite déception donc.
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Lorsque Irwin Semple sort de l'asile psychiatrique de Cannon après dix-huit ans d'internement, il a trente-cinq ans, doit refaire - ou plutôt commencer - sa vie, la tête pleine de souvenirs adolescents encore à vif. A force de persévérance, il parvient vaille que vaille à se réinsérer, jusqu'au jour où il croise Harold Hunt, ancien leader d'un clan qu'il rêvait d'intégrer au lycée. Irrémédiablement associée au tragique événement qui a conduit à son internement, la vision de Harold déclenche un nouveau choc chez Semple. Partagé entre son éternel besoin de reconnaissance et un certain désir de vengeance, va-t-il parvenir à passer outre et aller de l'avant ? Dans ce deuxième roman, composé juste après Sale temps pour les braves, Don Carpenter explore avec puissance et empathie les existences de ces âmes perdues, leurs fêlures, leurs doutes et leurs espoirs, profondément humains.
Mon avis :
Clair obscur est un roman extrêmement humain. Don Carpenter sait peindre ses personnages avec bienveillance, suscitant l'empathie chez le lecteur : Irwin Semple est très attachant, et on souffre en imaginant tout ce qu'il a pu endurer tout au long de sa vie, que ce soit dans son enfance sans amour, son adolescence où il était le souffre-douleur de la bande d'Harold Hunt, et pendant son internement en institut psychiatrique. Il est réconfortant de voir que malgré la dureté de la vie, les personnages d'Irwin Semple et Rosemary conservent l'espoir de jours meilleurs, ils ont en eux une certaine image du bonheur.
J'ai beaucoup apprécié la construction du roman, faite d'allers-retours entre présent et passé, qui apporte des éclairages par petites touches progressives.
L'émotion que l'on ressent à cette lecture est due au talent de l'écrivain mais aussi à celui de Céline Leroy, qui sait remarquablement faire passer en français ce qui fait la beauté de ce roman.
Une phrase résume assez bien la ligne de conduite de Semple : « Si quelqu'un lui demandait de faire quelque chose et qu'il pouvait le faire, alors il s'exécutait, qu'il le désire ou non. Cela évitait les ennuis. »
Le personnage de Semple restera longtemps dans ma mémoire.
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À chaque fois que j'ouvre un livre de Don Carpenter, j'espère retrouver l'intensité de Sale temps pour les braves, un roman que j'avais dévoré et adoré. le début de Clair-obscur me laissait même espérer le meilleur... Ce n'est pas que ce 2e roman écris par Carpenter soit mauvais, au contraire, il est très bon, mais il est loin de concurrencer Sale temps... Je dirais même qu'aucun autre ne s'en approche. Avec Clair-obscur nous nous retrouvons dans le même univers que La promo 49, des adolescents, quelque peu abandonnés-laissés à eux mêmes, qui terminent le High School et se trouvent désemparés. Comme dans la Promo 49, Clair-obscur est composé à travers plusieurs points de vue, passant qu'un étudiant à l'autre, recomposant ainsi par petites touches le récit d'un petit groupe d'étudiants durant ces quelques années à l'école, avec aussi, le passage souvent compliqué à la vie adulte: amenant son lot de déceptions.

Dans ce roman,le récit se construit principalement autour de Semple et d'Harold, jeune et moins jeune. Nous attrapons Semple, qui sort tout juste de 18 ans à l'asile psychiatrique, pour recommencer la vie, là où il l'avait laissée. C'est par petites touches, que l'on comprend ce qui l'a amené là et, sans rien dévoiler, on se doute assez vite qu'Harold, le dur de l'école, à quelque chose à voir là-dedans, à l'époque, comme à sa sortie...

Malgré tout le bien que je peux penser de Carpenter, grand ami de Brautigan, je suis toujours étonné de ce décalage entre Sale temps et le reste de son oeuvre...à vrai dire, La promo 49, les deux comédiens, un dernier verre et maintenant Clair-obscur, composent une oeuvre cohérente, avec un même souffle, une douceur, mais toujours en-deçà de Sale temps...son premier roman. Carpenter se serait-il brûlé les ailes ? Comme si écrire un pareil chef-d'oeuvre l'avait vidé... que pouvait-il faire après ? Un chef-d'oeuvre s'est bien assez... Il n'a certainement pas de mal à en relire seulement un.
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Après dix-huit ans passés dans un établissement psychiatrique, Irwin Semple retrouve la liberté. A trente-cinq ans, il a vécu plus de la moitié de son existence enfermé pour un acte dont on connaîtra la teneur un peu plus loin.
Le personnel a été impuissant à soigner cet homme dont on ne sait de quelle maladie il souffre.
Agité de tremblements, d'une laideur repoussante, incapable d'aligner trois mots cohérents, Irwin doit à sa sortie affronter un monde toujours aussi impitoyable que celui qu'il avait quitté près de vingt ans plus tôt.
Considéré comme un idiot du village par ses « camarades » et maltraité par une famille où l'inceste et l'alcoolisme font office de vertus, il est difficile à cerner et c'est ce qui fait l'intérêt de ce personnage façonné par Don Carpenter. Un brin naïf, philosophant sur la beauté de la nature et le sens de la vie, lucide sur son physique repoussant et son élocution approximative, Semple est une victime toute désignée par les garçons « normaux », à savoir beaux parleurs, sportifs, tombeurs de filles... Tout ce qu'il n'est pas.
Alors qu'il tente de se réinsérer après sa sortie de l'asile dans un travail répétitif digne des « Temps modernes », il croise le cruel Harold Hunt, chef d'une bande d'abrutis par qui tout est arrivé.
Maniant le procédé classique des allers et retours entre le présent et le passé, l'auteur de « Sale temps pour les braves », a construit un bref récit puissant et d'une profonde tristesse sur un garçon trop différent pour trouver sa place dans une société implacable qui laisse sur le côté de la route marginaux et autres inadaptés. La « maudite engeance », comme sa « mère-grand-mère » l'appelle, est, malgré les apparences, loin d'être un imbécile. Il est juste un être sensible et pur auquel le lecteur, quel que soit le crime qu'il a commis, ne pourra que s'attacher.
« Clair-obscur » est un texte magnifique qui décrit avec une grande justesse la crasse, la misère, les travers de l'humanité et, surtout, les affres d'un garçon mal-aimé, seul et incompris. Sauf par un assistant social psychologue qui perçoit l'intelligence sous la façade peu avenante et par la tendre Rosemary, « une petite amie qu'il n'avait pourtant même pas cherchée ni désirée ». Enfin une lueur d'espoir !

EXTRAITS
- Il était devenu expert en beauté de la nature, pensant, puisqu'il avait l'opportunité de le faire, que chaque être humain avait ses défauts comme lui avait les siens, et que la beauté est ce qu'un homme n'a pas fabriqué ni touché.
- Sa vraie mère, assise à sa gauche et qui buvait du whiskey dans un verre à confiture, était censée être sa soeur, de quinze ans plus âgée, une femme de trente-deux ans à la peau brune et au regard maussade dont les seins étaient à moitié visibles sous une blouse blanche de paysanne, froissée autour du corsage, auréolée au niveau des aisselles, le tissu détendu par la chaleur sèche de la pièce.
- A d'autres moments, il se demandait s'il n'y avait pas un humain sous la coquille de tous les attardés et de tous ceux qui bossaient en usine, qui étaient tenus au secret par leur imbécillité ou l'imbécillité de la société qui les avait créés, qui avait besoin d'eux et les utilisait, puis les laissait mourir une fois qu'ils s'étaient reproduits.
- de parasite pénible à l'école il avait été réduit au rôle d'idiot du village.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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critiques presse (1)
LeMonde
08 janvier 2019
Un roman féroce et tendre de l’écrivain américain mort en 1995, auteur de « La Promo 49 » ou de « Deux comédiens », et nouvelle preuve de son talent.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Elle avait compris, et ce depuis des années, que le glamour et le salaire élevé offraient une compensation, souvent inadéquate, pour l'une des professions les plus sales de notre civilisation, une profession qui affrontait au quotidien la crasse, la maladie, les aspects les plus laids, miteux et avariés de l'animal humain et qu'en fait, les praticiens les plus glamours, c'est-à-dire les chirurgiens et les psychiatres, effectuaient les besognes les plus sales ; le premier n'était qu'un vulgaire boucher opérant sur de la viande malade, le second ne valait pas mieux qu'un paillasson psychique sur lequel les patients déversaient leur vomi émotionnel heure après heure et jour après jour.
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Ensuite il concentra son attention sur ses yeux, espérant y voir quelque chose. Comme à l'accoutumée, il ne vit rien, seulement deux petits yeux délavés, cette fois cernés de rouge d'avoir pleuré, mornes et implacables. Aucun mystère, rien. Même les yeux d'un serpent étaient plus expressifs. Et au moins, les yeux d'un serpent disaient : "Méfie-toi de moi !" Ses yeux à lui ne disaient rien du tout.
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Rosemary se dit qu'il était d'une laideur terrible et pitoyable, y compris dans la pénombre, et éprouva un chagrin profond pour les difficultés qu'affrontaient les personnes laides dans une société à ce point vouée à la beauté lisse; un paria, un rebut, condamné à une vie d'obscurité.
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[...] les gens n'effectuent pas ces rituels parce que ce sont des rituels, mais parce que ceux-ci morcellent le temps en fragments vivables et trompent ce gouffre sans fond qu'est l'absence de temps ; [...]. p. 110
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A d'autres moments, il se demandait s'il n'y avait pas un humain sous la coquille de tous les attardés et de tous ceux qui bossaient en usine, qui étaient tenus au secret par leur imbécillité ou l'imbécillité de la société qui les avait créés, qui avait besoin d'eux et les utilisait, puis les laissait mourir une fois qu'ils s'étaient reproduits. p. 57
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