Des vivants qui ne savent pas qu'ils sont vivants.
Et des morts qui ne peuvent pas mourir.
C'est de l'obscurité que je viens, c'est à l'obscurité que de temps en temps je dois retourner.
De toute façon le malheur des autres ne nous intéresse que quand il nous renvoie au nôtre…
On nous apprend à compter les secondes, les minutes, les heures, les jours, les années… mais personne ne nous explique la valeur d’un instant.
Le dormeur allait être réveillé.
"Les livres étaient un excellent antidote au silence parce qu'ils remplissaient son esprit des mots nécessaires pour combler le vide laissé par les victimes. Surtout , ils représentaient un échappatoire. Sa façon de disparaître .Elle se plongeait dans la lecture et tout le reste- y compris elle même- cessait d'exister .Dans les livres, elle pouvait être "n'importe qui". Ce qui revenait à n'être personne .....Quand elle rentrait chez elle, seuls "les Livres" l'accueillaient ....."
C'est ça un enfant : un jour il te demande un chocolat au lait, le lendemain il réclame son indépendance.
L'incendie avait été maîtrisé, mais l'immeuble en briques rouges s'était écroulé à grand fracas. La combustion des matériaux accumulés dans le bâtiment avait créé un nuage toxique qui, dans la lumière de l'aube, faisait rutiler le ciel.
L'effet est à la fois fascinant et terrible. Même les horreurs peuvent sembler belles.
On nous apprend à compter les secondes, les minutes, les heures, les jours, les années... mais personne ne nous explique la valeur d'un instant. (p.416)
"Elle tendit enfin la main vers l'interrupteur et une lampe s'alluma à l'autre bout de la pièce. Des piles de livres étaient entassés dans le séjour, de même que dans la chambre, dans la salle de bains et même dans la petite cuisine. Romans, essais, textes de philosophie, d'histoire. Neufs, usagés. Elle les achetait en librairie ou à des bouquinistes. Elle s'était mise à les accumuler (...) Par certains aspects, les livres constituaient un lest pour rester ancrée à la vie, parce qu'ils avaient une fin. Peu lui importait qu'elle soit heureuse ou non, cela restait un privilège dont ne jouissaient pas toujours les histoires dont elle s'occupait au quotidien. Et puis les livres étaient un excellent antidote au silence parce qu'ils remplissaient son esprit des mots nécessaires pour combler le vide laissé par les victimes. Surtout, ils représentaient une échappatoire. Sa façon de disparaître. Elle se plongeait dans la lecture et tout le reste _y compris elle-même_ cessait d'exister. Dans les livres, elle pouvait être n'importe qui. Ce qui revenait à n'être personne." p.88