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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Gros coup de coeur pour Raymond Carver, que je ne connaissais pas. Amputées par l'éditeur de l'époque (1981), ces nouvelles sont aujourd'hui présentées dans leurs versions originales. Qu'elles se déroulent dans le confort - ou l'inconfort ? - du foyer ou chez le coiffeur, les personnages qui y sont dépeints sont la plupart du temps à un point de rupture de leur vie, si ce n'est pas carrément en crise: alcoolisme, difficultés conjugales, infidélités, déceptions, violence... Cela pourrait les rendre difficiles à lire, et il est vrai que je n'en ai lu qu'une ou deux à la fois, mais le grand humanisme de l'auteur nous permet d'accéder à leur vérité essentielle, la difficulté de vivre lorsque la vie est pleine d'embûches et se révèle décevante.
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État de Washington, le long de la rivière Naches dans un décor tristement banal, les habitants sont livreur de lait, comptable, vigile, coiffeur, directeur de supermarché, pêcheur, chasseur... des gens normaux...
Un vague malaise transpire. Une angoisse sourde s'installe insidieusement et se fait oppressante. L'atmosphère devient étouffante sans cause apparente. Étrange sensation de dissociation : on est dans l'instant dense et pourtant on est à distance. On est là, complètement là et on est absent et ailleurs à la fois. On ne sait si la situation va dégénérer ou non. On n'a plus prise sur le réel.
Des événements anodins prennent une tournure inquiétante quasi obsessionnelle: un hippie qui joue au bingo, une danseuse de flamenco, un pâtissier qui rappelle sa cliente pour une commande passée. Les objets eux mêmes participent de ce sentiment d'étrangeté, un cendrier plein de mégots dans un couloir d'hôpital, ou un autre cendrier, lourde pièce de grès bleu détournée de son usage initial de plat, des limaces dans un jardin, du vent dans les herbes...
La crise atteint son paroxysme, le malaise est exprimé, verbalisé, la pression peut redescendre évacuée, on ressort apaisé, rasséréné. La vie normale peut reprendre son cours. Quelque part on s'est libéré.
Les nouvelles nous troublent. Elles relatent des histoires tourmentées de lentes descentes aux enfers. Un moment de tension émotionnelle plus ou moins vive provoque une prise de conscience, une réaction salutaire. La plupart des nouvelles obéissent à ce schéma.
Il faut pénétrer dans cet univers insipide, terne, dénué de sens apparent pour accéder aux vibrations sourdes mais intenses de l'oeuvre de Carver.
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J'ignore tout de la littérature américaine récente. Cet auteur m'a été présenté par un ami, frappé par la ressemblance qu'il y voyait avec le nouvelliste sur lequel je suis en train de travailler. Si je n'ai retrouvé que peu de ces éléments de ressemblance, j'avoue avoir été franchement séduit par Raymond Carver (1938-1988).
Ce recueil dépeint avec un réalisme saisissant le monde étouffant de la lower-middle class provinciale américaine, peuplé de personnages - surtout masculins - faibles, tristes, désabusés, proies de relations familiales et amicales frustrantes, de l'ennui et, pour la plupart, de l'alcoolisme.
Parfois des drames surviennent dans ces vies monotones, parfois leur éventuel dénouement est à peine suggéré, mais le plus souvent Carver décrit plutôt des situations. C'est là une caractéristique qui sied particulièrement au genre de la nouvelle, non seulement pour sa brévité (ici la longueur varie entre 4 et 40 p.) mais pour la facilité de l'ellipse et des renvois.
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La version "restaurée" selon ses voeux des premières nouvelles de Raymond Carver.

C'est l'excellent "Ciseaux" de Stéphane Michaka qui m'a attiré vers ce premier volume des oeuvres complètes de Raymond Carver, publié en 2010 en français par les éditions de l'Olivier, correspondant au "Beginners" de l'édition américaine Jonathan Cape de 2009.

Le volume regroupe 17 nouvelles dans une "version originale restaurée", libérée des coupes et de la réécriture menée vigoureusement à l'époque de leur première publication (sous une forme que l'on peut lire dans le volume 2 des oeuvres complètes, "Parlez-moi d'amour") par l'éditeur Gordon "Ciseaux" Lish, et que Raymond Carver, dans une lettre extrêmement émouvante, annexée au volume, indiquait regretter, tout en reconnaissant à son éditeur le mérite d'avoir "su le faire publier".

Il y a donc bien entendu deux lectures de ce volume : l'une directe, plongeant corps et âme dans ces tranches de quotidien de la classe moyenne américaine soigneusement disposés en abîme, sur des moments où tout peut basculer, s'effondrer, disparaître, ou au contraire, sur ceux où quelque chose de bon a été, comme par miracle, préservé... Mes préférées sont ainsi "Une petite douceur" (l'atroce télescopage d'une commande de gâteau d'anniversaire et d'un accident de la circulation survenu à l'enfant auquel il était destiné), "La tarte" (le harcèlement terrible d'un ex-mari ivrogne envers son ex-femme), "À moi" (une très brève et tragique empoignade à propos d'un bébé) et "Débutants" (une longue conversation entre deux couples d'amis à propos de la nature de l'amour). L'autre lecture consiste à "comparer" la version restaurée et celle "de Gordon Lish" : je vous en dirai donc plus en parlant de "Parlez-moi d'amour".

" "Tenez, sentez-moi ça, dit le boulanger, brisant une miche de pain noir. C'est un pain lourd, mais riche." Ils le humèrent puis il le leur fit goûter. Il avait goût de mélasse et de céréales non raffinées. Ils l'écoutaient. Ils mangeaient tout ce qu'ils pouvaient. Ils avalaient le pain noir. La lumière était comme celle du jour sous les plaques d'éclairage au néon. Ils bavardèrent jusqu'au petit matin, quand monta la pâle lueur dans les fenêtres, et ils ne pensaient pas à s'en aller." ("Une petite douceur")
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J.aime beaucoup les nouvelles et j'ai apprécié celles de ce nouvel auteur que je viens de découvrir. Des nouvelles qui se situent aux Etats Unis et dans la vie quotidienne. Sauf qu'il y en a qui m' ont semblées inachevées. On dirait que la fin est ouverte. il faut imaginer ce qui se passe après. La traduction est bien faite. Et, en ce qui concerne la période, on peut imaginer qu'elles sont contemporaines. Je vais lire d,autres livres de cet auteur.
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Ces tranches de vie illustrent une certaine « middle class » américaine. Ce sont des êtres paumés, seuls ou mal accompagnés, addicts à l'alcool et violents parfois, l'auteur livre des descriptions sans concession pour des parcours ordinaires et trop courants.
Du réalisme sans catastrophisme et des personnages vrais qu'il sait nous rendre proches : on les plaint tout en s'attachant à ces héros ordinaires qui luttent pour une vie meilleure.
Une écriture fluide, un style sobre et une émotion toujours palpable pour une peinture d'une Amérique au bord de la rupture.
Ma nouvelle préférée est la dernière qui parle d'amour et du temps qui passe.
Lien : https://www.despagesetdesile..
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Je ne suis pas fan des recueils de nouvelles et le début de celui-ci n'a rien pour me faire changer d'idée. Sauf que... dès la sixième, le charme a opéré et j'ai été envoûté par la subtilité de cet auteur qui évoque avec raffinement et style des événements pourtant forts courants. Que ce soit le père qui confesse longuement une infidélité à son fils pas vraiment intéressé ou une effroyable méprise qui mène à un harcèlement inutilement cruel, Carver nous sert de banalités qu'il charge de sens et nous atteint sans coup férir. Définitivement une lecture qui me donne le goût d'explorer cet auteur.
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Dans ses 17 nouvelles, Raymond Carver décrit la vie d'américains, seuls, tellement seuls, qui tentent de vivre avec, et de survivre à leurs démons. Comme ils peuvent. Chacun à sa façon.

Délectable et corrosif !
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