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4,04

sur 1093 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je rejoins complètement mes amis babéliotes sur cet ouvrage... c'est un petit bijou de tendresse que nous a livré monsieur Cavanna ; tous ces souvenirs d'enfance qu'il revit pour nous, cette gouaille...
C'est un auteur que je connaissais peu, si ce n'est son par son talent de dessinateur, et dont j'ai maintenant envie de découvrir l'oeuvre plus en avant... un très bon moment de lecture !
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Voici un classique divertissant qui offre d'intéressants tableaux sur la vie de la communauté italienne de Nogent vers 1930, avec un accent particulier sur les jeunes, dont le petit François Cavanna. Truculent !

Je profite de congés (bien mérités) pour enfin m'atteler à vider ma pile de critiques en retard, qui n'a jamais été aussi haute ! Je commence par « Les ritals », trouvé dans une boîte à lire au moment où je terminais « Porca miseria » de Tonino Benacquista, que j'avais commenté le 14 juin 2022 et qui le cite comme un grand classique du genre.

Nul besoin de présenter François Cavanna, cofondateur de Hara-Kiri et de Charlie Hebdo. J'avais lu quelques uns de ses livres, il y a plus de 25 ans, et je ne sais pas trop pourquoi je n'ai pas continué car ils m'avaient bien diverti.

Lorsque paraît « Les ritals », Cavanna a 55 ans. Des années ont passé depuis les souvenirs d'enfance qu'il raconte dans ce livre; je ne serais donc pas étonné que sa mémoire ait ajouté une petite couche de romanesque à certains de ses exploits de gamin. Mais bon, gageons que dans les grandes lignes, le récit colle à la réalité de la communauté d'émigrants italiens dans laquelle le petit François a grandi à Nogent au début des années trente (il est né en 1923).

« J'étais parti pour raconter les Ritals, je crois qu'en fin de compte j'ai surtout raconté papa. » Et ç'est vrai que Cavanna évoque souvent son père maçon, imitant son accent italien, se moquant avec beaucoup de tendresse de ses petites manies ou de sa débrouillardise à toute épreuve. On sent l'enfant qui considère son père comme un héros, même s'il l'énerve souvent; c'est très touchant, en fin de compte.

Voici un morceau choisi, ou il raconte comment son père récupère des morceaux de mètres pliants pour les recomposer et en fabriquer de nouveaux:
« Papa, pourquoi ils se suivent pas, les numéros ?"
Papa m'a regardé, il a craché un long jus de chique par la fenêtre, du coin de la bouche –pour ça aussi, je l'admire beaucoup – et il a dit :
"Ma, qué nouméros ?
- Les numéros sur le mètre. Là il y a 60, et juste après il y a 25, et juste après 145
- Ma qu'est-ce qué t'as bisoin les nouméros ? Tou régardes combien qu'il y a les branches, et basta, va bene. Quatre branches, ça veut dire quatre-vingt. Ecco. Pour les pétites centimètres toutes pétites qui sont en plus, tou comptes avec le doigt, à peu près, quoi, voyons, faut pas perdre le temps à des conneries, qué le plâtre, lui tou sais, le plâtre, il attend pas, lui?"

Le texte peut parfois paraître décousu, ce n'est pas monument de littérature, mais l'extrait ci-dessus vous donne une bonne idée du style enjoué qui vous fera passer un bon moment de lecture. Je vous recommande ce livre avec enthousiasme d'une part pour ce qu'il raconte à propos de Cavanna, mais aussi pour tout ce qu'il décrit sur le quotidien de la vie des banlieues populaires dans les années trente. Comme il raconte sa propre enfance, l'auteur met l'accent sur les jeunes. J'ai souri en comparant l'apprentissage des choses de la vie par les jeunes de cette époque, qui serait bien décrié par les parents qui surprotègent leurs enfants-rois actuellement. Les frasques du petit François ne l'ont pas empêché de se plonger très jeune dans la littérature et de se montrer bon élève !
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Cavanna a été longtemps un habitué des plateaux télé, pour sa gouaille, ses bons mots et son humour. Il est aussi un écrivain de qualité, pour une littérature populaire et généreuse. Dans Les Ritals, il raconte son enfance d'immigré italien, les bêtises et les souffrances des colibets. C'est toute une époque qui est valorisée, une famille au grand coeur et une vie difficile mais heureuse, avec beaucoup d'humour. Un livre à lire pour ceux qui aiment le personnage, même si cette autobiographie, comme tant d'autres, a un peu vielli.
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De Cavanna, je connaissais l'insolence, la truculence, l'acidité, l'appétit de rires et de bons mots. Je ne connaissais pas la tendresse, la pudeur cachée derrière les éclats rabelaisien. Et puis, j'ai lu "Les Ritals", pétrie de tendresse infinie autant que de rires.
Cavanna y raconte, avec le regard et le ton, les mots même de l'enfant voire de l'adolescent qu'il était, son enfance populaire à Nogent-Sur-Marne dans le milieu des immigrés italiens, dont fait partie son père. Sa mère, elle, est française, et ce métissage n'est pas toujours facile à vivre pour le petit François qui nous raconte son quotidien avec une sincérité et une drôlerie désarmante.
Là où Les Ritals diffère de tant d'autres autobiographies autour de l'enfance de leur auteur, c'est qu'il ne nous propose pas un récit linéaire mais plutôt un patchwork, des bribes rassemblés en chapitres, par thèmes. Outre que c'est plutôt original, cela contribue à l'impression d'authenticité, de vivacité même de ce texte, un "texte-gamin" jamais épuisé, toujours assoiffé, toujours à fond! Truculent et réjouissant, un rien rabelaisien parfois.
Il y a Nogent dans Les Ritals et l'attachement de l'enfant pour sa ville, terrain de jeu, pour le fort, la bibliothèque.
Il y a la mère toujours inquiète et en colère et le père tant aimé, maçon-jardinier qui fait pousser des pêchers sur ses chantiers à coups de noyau.
Il y a les illustrés acquis plus ou moins honnêtement, les caricatures (déjà!) et l'amour des livres (déjà bis), le bordel et l'école.
Il y a la crise et le chômage mais beaucoup de rires et de bonheur malgré tout.
Et puis, la langue de Cavanna, très personnelle, réjouissante, encore une fois: vivante, et l'italien.
Pour ceux à qui tout ça ne suffirait pas, c'est aussi une belle réflexion sur le langage, la transmission. Et l'enfance, ce paradis perdu.
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J'allais au lycée à Nogent quelques années après que Cavanna ait écrit ce livre, mais l'ambiance du quartier (non encore démoli) était encore présente.
Ce livre nous plonge dans une ambiance, un livre en noir et blanc, avec des mômes un rebelles, en culotte courte, dans une culture familiale encore italienne mais socialement intégrés dans le social nogentais (j'avais a peu près 1/4 d'italiens dans ma classe).
Le livre est drôle, plein de gouaille, on entend les cris et les engueulades, ça sent la sauce tomate et il y a du linge aux fenêtres !
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Parole de Mon Vieux:

Dans son vieux pardessus râpé
Il s'en allait l'hiver, l'été
Dans le petit matin frileux
Mon vieux.

Y avait qu'un dimanche par semaine
Les autres jours, c'était la graine
Qu'il allait gagner comme on peut
Mon vieux.

L'été, on allait voir la mer
Tu vois c'était pas la misère
C'était pas non plus l'paradis
Hé oui tant pis.

Dans son vieux pardessus râpé
Il a pris pendant des années
L'même autobus de banlieue
Mon vieux.

L'soir en rentrant du boulot
Il s'asseyait sans dire un mot
Il était du genre silencieux
Mon vieux.

Les dimanches étaient monotones
On n'recevait jamais personne
Ça n'le rendait pas malheureux
Je crois, mon vieux.

Dans son vieux pardessus râpé
Les jours de paye quand il rentrait
On l'entendait gueuler un peu
Mon vieux.

Nous, on connaissait la chanson
Tout y passait, bourgeois, patrons,
La gauche, la droite, même le bon Dieu
Avec mon vieux.

Chez nous y avait pas la télé
C'est dehors que j'allais chercher
Pendant quelques heures l'évasion
Tu sais, c'est con!

Dire que j'ai passé des années
A côté de lui sans le r'garder
On a à peine ouvert les yeux
Nous deux.

J'aurais pu c'était pas malin
Faire avec lui un bout d'chemin
Ça l'aurait p't'-êt' rendu heureux
Mon vieux.

Mais quand on a juste quinze ans
On n'a pas le cœur assez grand
Pour y loger tout's ces chos's-là
Tu vois.

Maintenant qu'il est loin d'ici
En pensant à tout ça, j'me dis
"J'aim'rais bien qu'il soit près de moi"
PAPA...
tout est dit, non?
Non!
Parce qu'il y a plus de joie là dedans, il y a les 400 d'un gosse, la tendresse d'un regard, la beauté des gestes.
Les ritals, l'histoire attachante d'un fils d'Italien.
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Les ritals, récit autobiographique de Cavanna, raconte sa jeunesse de six à seize ans du côté de Nogent sur Marne dans les années trente quarante.
Formidable récit, ou le petit François nous conte ces quatre cents coups avec ces potes, le portrait extraordinaire du père Vidgeon, de la recherche de ces repères, de ces envies dans cette petite Italie qui commence à percevoir la montée de l'antisémitisme, du racisme, et des années sombres qui approchent. Drôle, émouvante, formidablement vivante cette tranche de vie nous fait découvrir un univers chaleureux et savoureux. prix Interallié 1979. Un régal.

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François Cavanna, fils d'un immigré italien et d'une Française, raconte son enfance à Nogent-sur-Marne.
Son style est direct, cru, vivant. Ce qui rend ce témoignage si agréable à lire.

Cavanna restitue bien l'ambiance de l'entre-deux guerres, ainsi que le mépris que peuvent subir les immigrés.
Chaque nouvelle vague améliore un peu le sort de la précédente, laquelle peut même se joindre à la meute pour rejeter les derniers arrivés, comme le dit si bien Blanche Gardin dans son sketch 'Les réfugiés climatiques'.

On se régale de découvrir le petit François en culottes courtes, ses 400 coups de gamin rebelle, son amour pour la lecture, sa tendresse pour son père.
Celui qui est devenu le grand bonhomme qu'on a aimé, avec son engagement, son humour, ses excès, son regard clair, sa belle "gueule de métèque", etc.

Livre découvert à sa sortie (France Loisirs), et relu pendant le confinement, j'avais épuisé le stock fourni par ma fille (stock qui se mesure en cartons de ramettes, pourtant).
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Quel régal que ces souvenirs d'enfance pleins de verve, d'humour et d'amour !

C'est un gosse d'entre six et seize ans (c'est lui qui le dit) qui dévide des souvenirs plus ou moins fantasmés. le tout est bourré de tendresse, de fantaisie débridée, ce n'est pas une autobiographie, non c'est un pêle-mêle d'instantanés de vie quotidienne contés dans un style fleuri, plein de verdeur, de gaillardise.

C'est truculent et plein de nostalgie, c'est l'évocation du monde magique de l'enfance, des découvertes et tourments de l'adolescence... et d'un monde disparu, les années d'entre les deux guerres dont le gamin évoque les usages, qui nous paraissent actuellement aussi lointains que le paléolithique.

C'est aussi une ode à son père, un de ces maçons ritals, qui, comme chacun sait,
(selon Cavanna), sont venus bouffer le pain des français, et surtout trimer en France après le désastre de la Grande Guerre et la montée du fascisme.
Papa, toujours à chiquer, qui engrange dans la profondeur de ses poches, tout un fatras de vis, boulons, bouts de ficelle, noyaux de pêche et os à offrir aux chiens du voisinage !
Papa, fort en gueule avec un coeur énorme, du courage à revendre, "qui lance son grand rire au ciel" et s'exprime dans un français mâtiné de réjouissants "italienismes" plus ou moins fantaisistes.

Un sacré bon gros et grand bonheur de lecture, ecco !
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D'émouvants à drôles en passant par cruels, grivois ou détestables, les souvenirs anecdotiques de François Cavanna nous emmènent visiter le Temps d'Avant, celui de ses jeunes années. Parents (nombreux hommages à son "papa"), copains, école, quartier (est), conditions de vie, immigration, sexualité, lectures et rigolades sont racontés dans un style très personnel, de prime abord cru et familier; néanmoins, la richesse du vocabulaire et les tournures propres à l'auteur rendent le tout fort savoureux. Tour à tour on fronce les sourcils, on sourit, on cligne d'un oeil ou on se bidonne en lisant ces textes d'un autre âge. Mon préféré : le Tour du Monde, un bémol : Les passages de transcriptions phonétiques. le tout est composé d'une série de chapitres qui façonnent le livre sans qu'aucune chronologie n'apparaisse vraiment et pourtant on ne se perd jamais. le récit s'arrête là où commence la guerre.
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