Ulysse refait un long voyage
Ce n'est qu'une simple sculpture en bois d'une trentaine de cm, sans visage, grossièrement taillée, usée…C'est pourtant le seul objet dont vont s'emparer des voleurs, à la veil
le d'une exposition sur l'art tribal de Papouasie au Petit Palais.
Il faut dire que cette statuette d'apparence anodine appartenant à l'ambassadeur de Papouasie Nouvelle-Guinée en France est l'unique représentation connue de Datagaliwabe, une divinité du peuple Huli.
Dans ces circonstances, il semble logique que l'enquête de la police scientifique soit confiée à l'inspecteur Ulysse Treilhard, qui possède un doctorat en anthropologie et qui connait bien la Papouasie, pour avoir séjourné près d'une année dans les Highlands.
Mais quand l'ambassadeur est assassiné, l'enquête prend une ampleur nouvelle. Face au risque diplomatique, les autorités françaises demandent à Treilhard d'aller résoudre l'affaire sur place, accompagné de sa collègue Delavau.
Dès lors, la mission va se transformer en course-poursuite avec des adversaires puissants et déterminés, au sein d'une nature hostile, peuplée de tribus vivant encore hors du temps, dans un monde dont ils sont les derniers dépositaires.
Le roman est constitué de trois parties, chacune représentant un moment de l'enquête : à Paris, à Port Moresby la capita
le de la Papouasie, puis enfin, dans les Highlands.
Mon sentiment sur ce roman est partagé.
L'écriture est vraiment très soignée, l'enquête est pleine de rebondissements, le suspense est maintenu, tous les éléments d'une enquête sur fond d'anthropologie sont réunis et, à vrai dire, ce livre d'aventures constituerait un scénario formidable pour un film.
Mais j'ai aussi éprouvé de l'impatience car comme l'auteur dont on ressent l'attirance pour son sujet, j'avais hâte de me retrouver au coeur de la jungle, parmi les Huli, pataugeant dans la boue du chemin des Damas. Or, ce temps fort du récit n'arrive qu'assez tardivement. En attendant ce moment exaltant, le récit est un peu languissant.
Il faut dire aussi que si le style est vraiment intéressant, il m'a paru parfois un peu académique, presque trop sage là où j'aurais préféré une écriture un peu plus directe, davantage de rythme, afin de ressentir davantage l'urgence et
le danger.
Mais il me semble que
Sébastien Cazaudehore tient là un matériau qui pourrait le conduire à produire d'autres romans exploitant cette veine anthropologique peu courante et, pour peu qu'il les caractérise davantage, faire de Treilhard et Delavau, des personnages récurrents d'une série à imaginer. Car le talent est incontestablement là et ce livre tient largement la comparaison avec des auteurs plus roublards comme
Caryl Férey, par exemple.
En tous cas, Mesdames et Messieurs les scénaristes, quand vous aurez épuisé vos sempiternelles petites histoires intra-périphérique parisien, pourquoi ne pas jeter un oeil sur des histoires pareilles ?