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EAN : 9782226441775
224 pages
Albin Michel (11/09/2019)
4.13/5   26 notes
Résumé :
"Il y a un ogre dans la chambre de Pauline !" Derrière la porte, on entend des ronflements si forts qu'ils font penser aux grognements d'un monstre. J'éloigne les petites pour qu'elles laissent dormir leur grande soeur. J'apprendrai plus tard que ces bruits étaient des laryngospasmes, des inspirations très bruyantes, suivies par des mouvements respiratoires de plus en plus courts. Un dernier sursaut du corps pour grappiller un peu d'oxygène... Si j'avais réveillé Pa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
C'est extrêmement compliqué de donner des étoiles à un tel témoignage. Je ne suis pas forcément une grande fan de récits de vie, mais là, je ne sais pas pourquoi, j'ai eu le livre dans les mains et je n'ai rien pu faire d'autre, immédiatement, que le lire jusqu'au bout. Et finalement je me suis bien demandé pourquoi ce besoin, pourquoi je ne pouvais pas le lâcher, et le dévorer en bien peu de temps, en laissant tout le reste en plan.

Qu'elle est touchante cette mère, qu'elle est terrible cette histoire de cette toute jeune fille qui se tue lentement, d'abord la dépression, l'anorexie/boulimie, la scarification, puis l'abandon de soi dans les paradis illusoires des opiacés. Pauline m'a touchée, dans ses petits bouts de journal où elle décrit sa souffrance, son manque de confiance en elle, son aversion pour elle même, si "stupide", si "nulle". Et l'incompréhension de sa mère et de toute sa famille, qui n'ont rien vu venir car elle se cachait tellement, et tellement bien. Et cette culpabilité. Mais non, ce n'est pas la faute à cette femme dont la vie s'arrête en enterrant son enfant, c'est la faute à tout le monde, à la société, au monde, à tout le monde et à personne.

J'ai trouvé ce témoignage vraiment fort et poignant, il m'a mis un peu les larmes aux yeux, parce que finalement il n'est pas que larmoyant, pas dans la colère, pas dans la victimisation, pas dans le règlement de comptes. Je ne sais pas toujours pas pourquoi il m'a touchée à ce point, mais en tout cas c'est là.
Et merci à cette mère endeuillée d'avoir tout fait pour que puisse cesser (ou au moins diminuer) cette addiction destructrice.
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Un magnifique ouvrage, un magnifique récit de vie, bouleversant, poignant. Deux voix qui s'entremêlent, qui ne font qu'une ; celle d'une mère aimante, qui découvre un beau jour les souffrances que sa fille a endurées, silencieusement, jusqu'à son dernier souffle ; celle d'une fille qui n'est plus, mais qui demeure, par les derniers mots qu'elle a laissés derrière elle. Une mère enragée, une femme engagée, pour les autres, pour que plus jamais une autre mère ne puisse subir la souffrance incommensurable qu'elle a endurée. Bravo Christelle Cebo pour ce magnifique témoignage.
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Témoignage bouleversant que je conseille à tous les parents d'adolescents. on comprend comment une maman n'a rien vu de la descente aux enfers de sa fille qui semblait aller bien. On comprend comment une jeune fille, bonne élève, gaie, avec des amis peut cacher à ses parents qu'une fois seule dans sa chambre prend des médicaments en VENTE LIBRE !
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
J'apprendrai plus tard, beaucoup plus tard, que ces bruits étaient des laryngospasmes, des inspirations très bruyantes, suivies par des mouvements respiratoires de plus en plus courts. Un dernier sursaut du corps pour grappiller un peu d'oxygène... Si j'avais réveillé Pauline à cet instant, peut-être qu'il n'aurait pas été trop tard. Je ne le saurai jamais. J'étais loin d'imaginer ce qui nous attendait.

Je me suis levée et j'ai aperçu de la lumière dans la cuisine. Pauline ouvrait la porte d'une armoire où se trouvent des petites choses à grignoter, mais également nos médicaments, sur l'étagère du haut. Je lui ai demandé si ça allait. Oui, tout allait bien. Que cherchait-elle ? Sur le moment, je n'ai rien remarqué de particulier. Je me rends compte que je n'ai presque pas écouté sa réponse, tellement j'étais fatiguée de cette semaine harassante. J'aurais dû insister : c'est la dernière fois que je l'ai vue vivante.

Franck et Jérôme descendent avec difficulté Pauline de la mezzanine : c'est lourd, un corps qui ne veut plus vivre.

En fait, me priver me permet de retrouver un semblant de confiance en moi. Je suis au moins capable de quelque chose. C'est en ça que c'est dangereux, parce que je ne veux plus retourner comme avant.

La mort me fait peur certes, mais vivre devient insupportable. Je ne supporte plus.

J'ai pas envie de grandir. Je veux rester gamine.

Je ne veux pas me rater. Le jour où je voudrai réellement me tuer, je ne voudrai pas me rater. Ce sera la vraie fin. Je ne veux pas faire comme toutes ces connes, « Oh ! la la j'ai avalé trois Doliprane, j'en pouvais plus de la vie, j'ai fait une TS ». Non. Moi ce sera violent, définitif.

J'ai appris à aimer mon visage, mon corps, mais ma personnalité, mon mental, me fera toujours défaut. Je ne suis pas comme je veux.

Je n'aime pas le lycée. Je n'aime pas les gens. Je veux être chez moi, au chaud, seule, tranquille.

Ils semblent dire que je me voile la face, que je refuse d'admettre qu'il n'y a plus d'espoir. Comment une mère peut-elle entendre ces mots ? Je n'y crois pas en effet, c'est un cauchemar, je vais me réveiller...

Une image bien éloignée de celle que je me faisais d'elle, car Pauline disait souvent avoir peu d'amis alors qu'elle était en réalité très entourée. Peut-être était-elle consciente d'endosser un rôle ? Elle savait qu'elle n'était pas comme les autres, mais elle portait un masque, dissimulant à ses camarades autant qu'à nous ce qui n'allait pas.

Je sais ce qui cloche dans ma vie. Il faudrait que je me bouge un peu le cul et que je sois parfaite, ou au moins que je me rapproche de la perfection. Que je fasse les choses au lieu de laisser traîner. Que je sois mince, belle, que je prenne soin de moi, que je fasse du sport, que je fasse mes devoirs en temps et en heure, et non que je laisse en disant « la flemme ». Que je retrouve l'envie de vivre, en gros. Et comment faire ? En étant plus heureuse. Et comment faire ? En prenant des cachets. Ce sera un bonheur artificiel, certes, mais un bonheur quand même.

Un jour, on m'a demandé si je pensais à Pauline tous les jours. Stupéfaite, j'ai répondu à cette personne en la regardant droit dans les yeux : « Pauline, j'y pense tous les jours. À chaque minute. À chaque seconde. Demandez-moi plutôt quand je ne pense pas à elle. »

Je croyais te connaître, j'ai découvert une étrangère le matin du 22 avril, une jeune fille qui masquait son mal-être derrière des rires et des blagues. Une jeune fille qui croyais se soigner avec des drogues légales. Mais je ne t'en veux pas, Pauline, tu n'es pas coupable, toi aussi tu es une victime. Tu es mon Titanic à moi. J'ai fait naufrage avec toi, mais je n'ai pas sombré. Je suis une rescapée qui doit apprendre à vivre sans toi. Jusqu'à nos retrouvailles. Je t'aime, Pauline. Nous t'aimons. Aujourd'hui, et pour l'éternité.

Enfin, je remercie mes deux autres filles, mes deux autres trésors. Un jour, vous lirez ses pages et vous comprendrez pourquoi votre maman est parfois triste quand elle vous regarde grandir. Je voudrais juste vous dire que si un jour vous aviez un problème, il faut nous en parler, à votre papa et à moi. L'amour que nous vous portons est au-dessus de notre amour-propre. Le ridicule ne tue pas, c'est le silence qui tue. Nous pouvons tout entendre, tout comprendre, tout pardonner. Sachez le.

Je termine en remerciant Franck, mon mari, mon prince « plus que charmant ». Sans toi à mes côtés, je n'aurais jamais pu survivre un tel drame. Sans toi à mes côtés, je n'aurais pas pu porter dignement ce combat. Nous sommes unis pour le meilleur et pour le pire. Nous avons vécu le pire. Puisse-t-il nous rester le meilleur.
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