AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
2,82

sur 34 notes
5
0 avis
4
0 avis
3
5 avis
2
0 avis
1
1 avis

Garniture de Pléiade !
Troisième publication des manuscrits retrouvés mais pas perdus pour tout le monde de Céline avant l'édition sur papier bible, caractères Garamond pour mirettes de pilote de chasse, dos gratté à l'or fin, couverture cuir de moutons de Nouvelle Zélande et coup de massue en caisse. Il était temps que cela s'arrête : il ne manque plus que sa liste de course et ses cahiers de vacances pour compléter ce bourrage de papier.
Autant j'avais trouvé du sens et un vrai intérêt littéraire aux publications de Guerre et Londres, autant ces deux versions inabouties d'une légende qui aurait dû le rester relève presque de l'escroquerie éditoriale. Si vous enlevez les trois premiers chapitres qui permettent de retrouver la verve et la langue inimitable de Céline, avec un français d'autrefois sauce « Bardamu perdu dans le Seigneur des anneaux », autant le reste fait presque injure à l'auteur. C'est à croire que ce sont les innombrables détracteurs de l'infréquentable sieur Destouches qui sont à l'origine de cette parution.
Je suis d'autant plus déçu que la découverte d'un Céline médiéval dont la langue pouvait rappeler un Rabelais énervé par un régime aux brocolis avait titillé ma curiosité.
Amputée de ses premiers chapitres, la Volonté du roi Krogold est un moignon d'histoires décousues qui commence sur un champ de bataille avec l'agonie du prince Gwendor. Avec une lance dans le corps, brochette de chevalier, le bonhomme a du mal à digérer la séance d'acupuncture, son destin et l'imminence de son trépas. Il tente alors de négocier un délai avec la mort, plutôt dure en affaire. Pas possible de négocier une mort à crédit.
Le récit suit ensuite le fameux roi Krogold, victorieux mais privé du repos du guerrier dans des marais plus troublés par des spectres que par les moustiques. Un insomniaque qui voyage au bout de la nuit.
Vient après l'angoisse des habitants de Christianie, cité peu portée sur la repentance malgré son blason, qui avait parié sur le mauvais cheval avant la bataille et qui redoute la vengeance du roi. Nous avons droit aussi à un poète emprisonné depuis 12 ans, un peu têtu côté aveux et qui harcèle son bourreau à court d'idées en matière de torture. Il est vrai que le rap, le tofu et les guides de développement personnel n'existaient pas à l'époque pour faire avouer n'importe quoi.
Perdu au milieu de cette histoire sans queue ni tête, sans manche ni jus de gueule aurait pu écrire Céline, un long épisode opposant un trouvère, jongleur à l'accent oïl, à un nautonier, sorte de taxi à rames dont le métier n'a pas résisté à l'invention du pont.
Les Céliniens énamourés s'extasieront de ces quelques saynètes qui font voyager dans le temps la langue fourchue de son auteur. Ce dernier chercha peut-être avec cette légende à offrir une certaine transcendance à son oeuvre et à sa trajectoire romanesque. Mais… Eût-il phallus qu'il troussasse sa légende médiévale jusqu'à son bout, haro sur la discordance des temps, pour que je puisse me contenter de ses quelques traits de génie. Il manque quelques touches à ce Destouches.
Je place Mort à crédit et Voyage au bout de la nuit dans le rayon des chefs d'oeuvres mais j'ai lu ce récit comme un touriste qui occupe ses yeux devant un spectacle de danse folklorique.
Du remplissage d'annexes en petits caractères pour universitaires maniaques.
Commenter  J’apprécie          8810
Dernier des inédits céliniens retrouvés en 2021, voici qu'est enfin publié le fameux récit relatant les aventures du terrible Roi Krogold et de Gwendor le Magnifique. Jusqu'alors, leur histoire n'apparaissait que par fragments dans "Mort à crédit", "Guerre" et "Londres", Céline peinant à la faire éditer après le succès de "Voyage au bout de la nuit".
C'est donc chose faite en 2023, et Gallimard a gâté les amateurs de l'écrivain : au manuscrit "La volonté du Roi Krogold" datant de 1939/40 (100 pages), est joint le tapuscrit "La légende du Roi René" de 1933/34 (80 pages). Les deux textes, bien qu'incomplets, racontent la même histoire, celle du Roi Krogold/René qui vainc le traître Gwendor au cours d'une bataille épique et s'apprête à fondre sur sa ville de Christianie aux habitants terrifiés.

Il s'agit donc d'un conte médiéval, directement inspiré des illustrés que lisait Céline dans sa jeunesse, et qui regorgeaient de récits d'aventures pour garçons. Il n'y manque ni chevaliers, ni loups, ni fantômes, ni épées, ni princesses, ni combats sanglants, ni ménestrels. Mais les hommes y sont tout aussi "lourds et épais" (pour reprendre son expression) que dans n'importe quel autre de ses romans, et les foules tout aussi méchantes et bêtes. On retrouve bien l'âme de l'auteur dans ces textes, son penchant pour l'onirisme, son goût du burlesque et de l'exagération, et sa noirceur inconsolable : "(...) la vie n'est qu'une ivresse, une pourriture immense, l'espérance de serments."
Toutefois, le style diffère de ses autres oeuvres : si "La légende du Roi René" est écrit en français du XXe siècle, "La volonté du Roi Krogold" est rédigé en vieux françois, ce qui rend sa lecture parfois difficile -mais j'imagine sans peine le plaisir ressenti par Céline à réinventer un langage rabelaisien.

Néanmoins, cet ouvrage est avant tout une curiosité littéraire à mes yeux, que je suis heureuse d'avoir découverte mais qui ne m'a pas emportée. Les batailles de chevaliers dans l'univers celtico-nordique ne m'attirent pas du tout, et puis je n'ai jamais voulu être une princesse, et d'abord j'ai passé l'âge de croire au prince charmant.
Mais ressentir le bonheur de Céline à produire son propre conte pour (grands) garçons reste néanmoins une expérience émouvante et enrichissante. Alors, Céliniens de tous pays, n'hésitez pas à y goûter !
Commenter  J’apprécie          438
La légende de Céline.

Deux manuscrits pour le prix d'un ! Incomplets, ils sont une expérience littéraire chère à Céline, dans un monde médiévalo-biscornu... le verbe célinien utilisant déjà une syntaxe anti-académique, cette surenchère dans un style "vieux français" alourdit à l'extrême la compréhension. Amateurs ou néophytes du Grand écrivain, passez votre chemin! Préférez tous les autres ouvrages du Maître, au risque d'être déçu... profondément!
Commenter  J’apprécie          90
En tant que fan absolu de Louis Ferdinand Celine, ma déception est d'autant plus grande… quelle erreur de conclure la découverte des oeuvres posthumes de Celine par ce roman « médiéval » qui se veut « authentique »… moi qui n'ai quasiment jamais abandonné la lecture d'un livre de ma vie, j'y étais forcé…
Commenter  J’apprécie          51
Ouh là là !!
Tout ça pour ça !!
C'est vrai que ce livre a parsemé l'oeuvre et les paroles de Céline et en grand auteur Céline en a joué de la volonté du roi Krogold, Il l'a magnifié son roi Krogold, Il nous en a fait ressentir son manque ....... Et puis le voilà livre en cours, courts chapitres laissant ressentir des vides,des manques ,sans réelle histoire..... heureusement qu'on y retrouve un peu de l'écriture de Céline et certaines de ses obsessions et puis Céline s'essayant à l'atmosphère moyennageuse et son vieux français ça vaut quand même son pesant d'or.
A part ça mieux vaut s'esbaudire et ouïr en toute jouissance François Villon
L'an quatre cens cinquante six
Je François Villon escollier
Considérant de sens rassis
Le frain au dens franc au collier .....
Hommes faillis bersautez de raison
Desnaturez et hors de congnoissance
Demis du sens comblez de déraison......

Commenter  J’apprécie          30
Bien sûr, il y a un après Céline où le français n'est plus jamais écrit comme avant, où la littérature accueille la rue sans plus s'en empêcher, et il y a un Céline celtique avec La Volonté du Roi Krogold et La Légende du Roi René dont des scènes et des ébauches se retrouvent parmi les plus de 6000 pages restées dans une malle depuis sa mort. Au-delà du rocambolesque de leur redécouverte qui remonte les mauvais effluves de l'histoire, immanquablement rappelés par les odieux pamphlets dès que l'auteur est mentionné, leur lecture n'en est pas moins surprenante. Non pour leur qualité littéraire qui apparaît comme une longue ribambelle de fausses tournures moyenâgeuses et d'injures au médiéval réarrangé, mais pour l'intérêt réellement affirmé, alors que seulement évoqué auparavant, pour ces récits d'ardeurs guerrières et de furieux batifolages sexuels aux temps des bardes.
Lien : https://franqueuil.com/2023/..
Commenter  J’apprécie          10



Lecteurs (124) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz Voyage au bout de la nuit

Comment s'appelle le héros qui raconte son expérience de la 1ère guerre mondiale

Bardamu
Bardamur
Barudamurad
Barudabadumarad
Rudaba Abarmadabudabar

9 questions
1305 lecteurs ont répondu
Thème : Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand CélineCréer un quiz sur ce livre

{* *}