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Citations sur Le monarque des ombres (88)

Manuel Mena avait perdu la guerre par trois fois : la première, parce qu'il avait tout perdu lors de cette guerre; la deuxième parce qu'il avait tout perdu pour une cause qui n'était pas la sienne mais celle des autres, puisque lors de cette guerre il n'avait pas défendu ses intérêts, mais ceux d'autrui; la troisième parce qu'il avait tout perdu pour une cause qui n'était pas la bonne.
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Il est mille fois préférable d'être Ulysse que d'être Achille, de vivre une longue vie médiocre et heureuse, en restant loyal à Pénélope, à Ithaque et à soi-même, même si après cette vie il n'y en a pas d'autre que vivre une vie brève et héroïque et de connaître une mort glorieuse, qu'il est mille fois préférable d'être le serf d'un autre serf dans la vie que le roi des morts dans le royaume des ombres.
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Franco était prisonnier d'une idée archaïque, criminelle, inefficace, obstinée et pathologique de l'art de la guerre, qu'à de nombreuses reprises ses propres généraux et alliés eux-mêmes n'arrivaient pas à comprendre : comme ils purent le vérifier cette année-là à Teruel, cette conception l'obligeait à se battre là où l'ennemi lui proposait le combat et à se démener pour récupérer le moindre pouce de terrain cédé ; mais elle l'obligeait surtout à ne pas se contenter de vaincre l'ennemi : il lui fallait l'exterminer. Cela explique pourquoi, dès lors, une épuisant bataille d'usure commence à l'Ebre ("un choc de béliers", comme le décrira un général franquiste quelques années plus tard) sur un terrain sans la moindre importance stratégique, et à un prix exorbitant : sacrifier en vain des divisions entières en les précipitant au fil des semaines dans une succession effrénée de six contre-offensives absurdes, contre un ennemi inférieur en nombre et en moyens mais décidé à vendre très cher sa peau, bien plus habile à se défendre qu'à attaquer et solidement retranché dans les hauteurs les mieux placées de la région.
Le résultat ne peut être décrit que comme une boucherie innommable.
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S'ils sont allés à la guerre, ce n'est par passion politique, ou parce qu'ils voulaient changer le monde, ou faire la révolution national-syndicaliste ; tu dois comprendre ça, Javier. Ils sont partis à la guerre parce qu'ils ont senti que c'était leur devoir, parce que c'était pour eux la seule issue. Et tu sais ce qu'ils en ont conclu, de cette guerre ? Rien. Les autres ont fait leur beurre, ils ont tout raflé, mais pas eux. Ils n'ont rien pris. Rien de rien. (...)
Au-delà des antagonismes découlant de l'effort de la République pour moderniser le pays et toutes ces choses que racontent les livres d'histoire, et qui sont vraies, ce qui se passe ici avant la guerre, c'est quelque chose de bien plus élémentaire, et c'est pareil dans beaucoup de villages d'Estrémadure, d'Andalousie et ailleurs : c'est une situation d'extrême nécessité qui fait s'opposer, comme disait Manolo, ceux qui n'ont rien à manger et ceux qui ont de quoi manger ; ces derniers ont très peu, juste ce qu'il faut, mais ils ont quelque chose. Et en effet, ici, ça commence à prendre une allure de tragédie, parce que ceux qui ont faim ont raison de haïr ceux qui peuvent manger et ceux qui peuvent manger ont raison d'avoir peur de ceux qui ont faim. Et c'est comme ça qu'ils arrivent tous à une conclusion terrifiante : c'est soit eux, soit nous. Si eux gagnent, ils nous tuent ; si nous, on gagne, on doit les tuer. Voilà la situation impossible à laquelle les responsables du pays ont conduit ces pauvres gens.
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Tu sais, Javier, ce qui m'énerve le plus, c'est les interprétations équidistantes de la guerre, celles à cinquante-cinquante, qui disent que ça a été une tragédie et que les deux camps avaient raison. Faux : ce qu'il s'est passé, c'était un coup d'Etat militaire contre une démocratie, soutenu par l'oligarchie et l'Eglise. D'accord, cette démocratie était tout sauf parfaite, et vers la fin très peu de gens y croyaient et respectaient ses règles, mais ça restait une démocratie : la raison politique était donc du côté des républicains. Point barre ! Et ce qui m'énerve aussi, c'est l'interprétation sectaire ou religieuse ou puérile de la guerre, d'après laquelle la République était un paradis sur terre et tous les républicains des anges qui n'ont tué personne, et que tous les franquistes étaient des monstres qui assassinaient à tour de bras ; faux, encore une fois...
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La décision fut d’écrire d’autres histoires, mais qu’entre-temps je glanerais des informations sur Manuel Mena, même si c’était entre deux livres et à mes heures perdues, avant que la trace de sa courte vie s’estompe complètement et disparaisse de la mémoire précaire et usée de ceux qui l’avaient connu ou de l’ordre volatil des archives et des bibliothèques.
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le peu de lumière qui pénétra dans la pièce à travers une persienne cassée éclaira des milliers de particules de poussière flottant dans l'air confiné. J'eus le sentiment d'avoir déjà vécu cet instant mais je ne savais ni quand ni où et je me rendis compte que des inconnus étaient entrés dans la pièce, qu'ils nous observaient dans un silence intrigué ou circonspect et qu'ils chuchotaient entre eux.
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comme si saisir le passé était aussi difficile que saisir l'eau dans ses mains;
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