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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Entre recherche historique sur la vie d'un jeune soldat pendant la guerre civile, et recherche sur son héritage familial, Javier Cercas nous donne à voir les vérités derrière les récits maintes fois répétés, et surtout derrière les silences. En interrogeant toutes les personnes qui ont pu croiser la route ou entendre parler de son grand oncle mort au combat, l'auteur nous transmet des témoignages d'une époque presque trop lointaine pour être visualisée et pourtant tellement présente dans les souvenirs des vieillards, les pierres des villages et les paysages espagnols.

Javier Cercas réveille les fantômes du passé phalangiste de sa famille, et nous interroge à nous, les descendants d'exilés espagnols, sur notre propre héritage. Sa famille n'a rien d'exceptionnel, ça pourrait être la mienne ou la vôtre, mais son travail de fouille minutieuse de "l'âpre vérité", lui, est exceptionnel et infiniment précieux.

Si les détails sur les batailles et les déplacements de la brigade de son oncle peuvent être rébarbatifs (j'ai sauté des passages), je vois cet ouvrage comme un hommage à tous ces morts de la guerre, à tous les survivants qui ont partagé leurs souvenirs, et aux descendants qui ne peuvent pas remonter le temps comme Cercas l'a fait. L'écriture de ce livre part d'un désir presque égoïste de faire la paix avec son passé familial, mais son positionnement d'historien se voulant neutre permet d'élargir ses questionnements et d'embarquer le lecteur dans ce basculement propre aux guerres civiles, de gens simples pendant la paix à acteurs du cauchemar pendant la guerre.

J'ai une pensée émue pour l'un de mes arrières grand oncle mort au combat à Guadalajara, lui était du côté républicain mais peu importe, Cercas nous rappelle que tous ces soldats étaient du côté des perdants, cependant ils vivent encore grâce à son talent d'auteur, et grace à leurs descendants. Nous sommes avec Cercas dans "le présent éternel".

"Nos ancêtres vivent en nous (...) nous héritons de ce qu'ils furent, que cela nous plaise ou non."
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Ce roman, dans lequel l'auteur et le narrateur se confondent, voit Janvier Cercas pister la trace de son grand-oncle, soldat phalangiste tué au combat. Au-delà de cette figure nébuleuse, c'est le passé de sa famille et, symboliquement, de l'Espagne franquiste, que l'auteur met en lumière. Cercas met sa plume habile au service d'une réflexion approfondie sur le rapport entre écriture, histoire et vérité. Il manque un souffle épique à ce roman pour me subjuguer complètement mais cela reste un beau texte sur une période sombre de l'histoire de l'Espagne.
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Dans cet intrigant roman-documentaire, Javier Cercas essaie de tirer de l'oubli le parcours de son grand-oncle Manuel, combattant franquiste pendant la guerre d'Espagne. Sur la forme, l'auteur nous entraine dans une réflexion sur cette impossible narration, sur le travail de fiction auquel il se refuse lorsque les sources historiques sont lacunaires, sur le poids de cet héritage dans une société espagnole où cette question n'est visiblement pas encore entièrement réglée. Sur le fond, on suit, parfois avec un peu de difficulté, le parcours de ce tout jeune homme, mort à 19 ans, qui ne fut pas, et loin de là, un combattant entièrement aveuglé et acquis au franquisme, mais un jeune homme pétri de doutes, lorsqu'il découvre l'horreur de la guerre.
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Ce livre est à la fois l'histoire d'un garçon mort trop tôt pour de mauvaises raisons, Manuel Mena, soldat franquiste, tué à dix-neuf ans lors de la bataille de l'Èbre en septembre 1938, et l'exploration de la mémoire politique et intime d'un village du sud de l'Espagne durant la guerre civile. Mena était l'oncle préféré de la mère de l'auteur, le héros de la famille dont elle a transmis la légende à ses enfants, paradigme de l'héritage problématique pour un écrivain de gauche. Pour mieux cerner son sujet, Cercas a pris le parti de dédoubler sa narration, d'un côté, la biographie rédigée à la troisième personne de son jeune aïeul mêlée à l'histoire de leur village, Ibahernando, de l'autre, sa quête, à la première personne, pour reconstituer les minces traces de cette vie, tant à travers les souvenirs de sa famille et ceux des gens de leur hameau que dans les documents officiels de l'époque. Les deux récits peuvent se lire comme une longue prétérition où l'auteur emprunte de nombreux détours pour expliquer comment une bourgade de paysans dont certains, petits propriétaires, étaient à peine moins pauvres que les autres, passa en quelques années d'un enthousiasme certain pour la nouvelle république à l'adhésion au fascisme, défendant non seulement une cause déshonorable mais aussi contraire à leurs propres intérêts. Réflexion historique doublée d'une méditation littéraire sur l'héroïsme et le destin, le titre faisant écho aux lamentations d'Achille dans l'Odyssée, mort jeune en pleine gloire qui se désole de n'être désormais plus que le souverain des défunts. Il en résulte un livre parfois ardu à l'écriture scrupuleuse et brillante que je conseille à tous les amateurs d'enquête historique.
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N°1657- Juillet 2022

Le monarque des ombresJavier Cercas – Actes sud.
Traduit de l'espagnol par Karine Louesdon et Aleksandar Grujičič.

Celui qui se cache derrière ce titre, c'est Manuel Mena, le grand oncle maternel de l'auteur, sous-lieutenant phalangiste, mort à dix-neuf ans à la bataille de L'Ebre en 1938. Cette mort héroïque d'un jeune homme fut une sorte de fierté familiale dans ce village désolé d'Estremadure malgré l'avènement de la République et la tragique guerre civile. L'oubli reste une des grandes énigmes de l'espèce humaine, même au sein des familles et l'auteur, après avoir longtemps refusé d'évoquer l'histoire de ce parent, a résolu de le faire, pour lui mais surtout pour sa famille, comme un devoir de mémoire, une obligation morale et personnelle, parce que rien n'avait été fait auparavant au sujet de cet homme et que les choses écrites non seulement perdurent plus longtemps mais surtout ont une apparence de vérité. Il va donc, un peu malgré lui, parler de sa famille et de cet aïeul, et ce faisant, rouvrir les plaies de cette guerre civile que la génération précédente avait voulu oublier. Il va parler de cet homme, mort jeune pendant ce conflit fratricide qui divisa même les familles, évoquer le rapide passage sur terre de quelqu'un qui a combattu les armes à la main pour défendre l'idée qu'il se faisait du destin de son propre pays. Il va donc se rendre dans cette maison familiale désormais vide, dans ce village d'Estremadure qu'il a quitté depuis longtemps où une rue porte le nom de ce sous-lieutenant, avec le risque d'apprendre sur lui des choses qui ne vont pas forcément dans le sens du souvenir qu'il a laissé. En effet Javier Cercas a une sensibilité de gauche et parler ainsi de ce grand oncle qui a combattu volontairement dans les rangs franquistes, c'est à dire fascistes, tient un peu de la gageure. Il va rencontrer des membres de sa famille qui l'ont connu, retrouver des anciennes lettres, de rares photos, évoquer son souvenir, rafraîchir la figure un peu oubliée de ce garçon tout juste sorti de l'adolescence, enthousiaste à l'idée de combattre, animé d'un esprit de sacrifice, mort en pleine jeunesse les armes à la main pour défendre une certaine idée de son pays qui lui av ait été forgée par ses parents, même s'il eût été plus logique qu'il se tournât vers l'idéal républicain et ses réformes, dans cette famille modeste d'une province pauvre et désolée aux mains de grands propriétaires terriens. Cercas le fait avec un certain sentiment de culpabilité, ravivant le deuil de ceux qui l'ont aimé et ont survécu, même s'il retisse et nourrit la légende de Manuel qui ne vieillira pas, ne sera jamais la victime du temps, ne connaîtra jamais la vieillesse avec ses altérations physiques, ses regrets, ses remords, ses phobies... Qu'on le veuille ou non, il y a une certaine aura à mourir jeune. Puis, petit à petit, cette statue se lézarde, cette silhouette un peu fantomatique d'un jeune garçon enthousiaste et idéaliste, trop tôt mûri par les événements tragiques qu'il a été amené à vivre et qui le dépassaient, s'affine pour laisser place à un homme mélancolique et solitaire qui portait sur ce monde qui l'entourait un regard à la fois désabusé et fataliste, se rendant compte de la réalité absurde des choses qui l'avaient amené là où il était.
Cela commence un peu laborieusement sous forme de biographie qui mêle l'histoire de cette famille et de ce village, à celle de l'Espagne devenue républicaine, avec des souvenirs d'école, des remarques sur la passivité et l'inconstance des gens qui votent en fonction des circonstances et surtout contre leur intérêt, un projet de livre puis de film avec David Trueba. le texte est un peu bizarre puisqu'il évoque l'histoire de cette famille en parlant de l'auteur, Javier Cercas, alternativement à la troisième personne mais aussi en lui donnant la parole. Il refait, avec la précision d'un historien, le parcours de certains de ses membres entre engagements républicains et franquistes (ou phalangistes) dans la grande tourmente de cette époque dont Antoine de Saint-Exupéry, alors reporter, a pu dire « ici on fusille comme on déboise ». le grand oncle de l'auteur ne vécut de douze mois dans son grade d'officier, mais il le fit intensément comme un combattant convaincu de la justesse de la cause qu'il défendait. Cette évocation brise un peu la légende et conte la véritable histoire de Manuel, malgré les erreurs des documents administratifs régimentaires et comptes-rendus de mouvements des troupes. Cela prend même par moments la forme ennuyeuse d'un rapport militaire sur les attaques, les contre-attaques, les positions perdues puis reprises, le décompte des morts et des blessés, les distinctions obtenues, les remarques sur la stratégie et ses conséquences … Je m'interroge également sur la qualification de « roman » donné au livre alors que, plus j'avançais dans ma lecture plus j'avais la certitude de ne lire qu'une chronique d'où l'imagination était absente et qui dessinait petit à petit le vrai visage de ce jeune homme oublié. L'épilogue, s'il ne doit rien à la fiction, a cependant son pesant d'émotions qui fait de ce texte autre chose qu'un simple récit.
Reste le titre un peu énigmatique comme c'était déjà le cas dans un précédent livre (« Les soldats de Salamine »). Manuel Mena a été après sa mort idéalisé par la mère de l'auteur, il est pour elle à l'image d'Achille dans l'Iliade d'Homère, combattant pour une cause qui le dépasse et qui meurt au combat, l'homme d'une vie brève et d'une mort glorieuse en pleine jeunesse qui couronne une belle vie et le fait accéder à l'immortalité, qui règne sur les défunts, « le monarque des ombres », l'idéal grec, l'exact contraire d'Ulysse qui, vivant, connaît la vieillesse.
Cette démarche littéraire enfin aboutie a quelque chose d'extraordinaire, non seulement parce qu'elle tire de l'anonymat et raconte l'histoire de ce jeune homme entraîné dans la tourmente de cette horrible et meurtrière guerre civile, mais aussi parce qu'elle parle de lui comme de quelqu'un qui a été amené à combattre pour les intérêts des autres, contre les siens propres mais qui l'a fait avec l'enthousiasme de la jeunesse et y a perdu son unique bien, sa vie, avec l'illusion que la cause pour laquelle il se battait était juste. Qu'aurait-il pensé, s'il avait survécu, de la quarantaine d'années de dictature qui s'ensuivit ?
Il y a aussi la démarche de l'auteur dans l'écriture de cette histoire. Au terme de ce saut dans le passé de sa famille, de réticent au départ, il se sent obligé de la transcrire parce qu'il est écrivain, seul sans doute parmi sa parentèle capable d'écrire une telle chose, mais aussi parce que, désormais dépositaire de ces révélations jusqu'alors secrètes, il en devient responsable, et, l'écrivant, il s'en libère aussi parce que l'écriture a ceci de miraculeux que les mots ont à la fois ce pouvoir de partage et de résilience au terme duquel celui qui tient la plume se révèle à lui-même, et ce bien que je ne partage pas tout à fait sa vertigineuse prise de conscience culpabilisante à la fin.
En Espagne, sous la dictature de Franco, le souvenir de la guerre civile a été complètement occulté. Sous le régime suivant, plus démocratique, on a cherché à oublier toutes ces atrocités. Ce n'est que lors de la génération suivante, qui n'a évidemment pas connu ce conflit, que les jeunes écrivains espagnols s'en sont emparés, se le sont même approprié et l'ont intégré à leur oeuvre, comme pour en exorciser toutes les horreurs et tous les mensonges. Javier Cercas, né en 1962 est de ceux-là. Je lui sais gré de sa démarche si bien exprimée et incitatrice de réflexions.

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Nouvelle exploration du passé franquiste et phalanges, cette fois au coeur de sa famille. Javier Cercas toujours subtil et traversé par le doute plonge dans la mythologie familiale à la poursuite de son grand-oncle. La transmission au coeur de ce beau livre.
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Bien aimé ce roman
Ou comment un très jeune homme de 19 ans intelligent sensible et prometteur,issu d'un minuscule village reculé se retrouve happé par la guerre civile espagnole et meurt assez rapidement au combat ,côté fasciste
Parti fasciste dans lequel il se retrouve par la force des choses un peu à cause des circonstances et de son milieu d origine ,les villageois de l Espagne de 1934 se méfiant de tout ce qui est révolutionnaire ,sachant que cela n apporte que ruine et désolation ,
c est l Espagne enlisée dans la féodalité ,les notables du village et le clergé Règnent en maîtres .
L auteur retrouve une vieille photo du jeune homme ,relégué aux oubliettes de la famille.C est le point de départ de recherches sur la passé de sa famille
Sa famille se voulant progressiste , de gauche et niant ou occultant l'existence ce tout jeune homme
Un roman aux analyses très fines , tout en nuances ,qui souligne que tout n est jamais ni blanc ni noir .
Et qui réhabilite cet adolescent , fauché dansla fleur de l âge qui ne sera jamais plus que le monarque des ombres
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« C'était un franquiste fervent, ou du moins un fervent phalangiste, ou du moins l'avait-il été au début de la guerre. »

En une phrase, Javier Cercas nous laisse comprendre toute l'ambiguïté du personnage dont il fait le centre de son « roman non fictionnel ». Manuel Mena, son grand-oncle, est le héros de la famille. Il est mort à dix-neuf ans à Bot, Catalogne, lors de la bataille de l'Ebre.

Les Cercas sont originaires d'un village figé dans le temps et l'espace, en Estrémadure, le village de Ibahernando. Village de paysans pauvres et de paysans devenus locataires de leurs terres, village d'aristocrates qui vivent à Madrid. La fracture du monde paysan se fait quand les locataires de terres deviennent des patriciens et se prennent pour des aristos. Situation assez fréquente en Espagne mais qui se révèle terriblement destructrice au bout de seulement deux ans d'existence de la Seconde République, vers 1931. Dès lors, les intérêts divergent et chacun se range dans son camp, en s'en trompant parfois.

Le propos de Cercas est de faire revivre ce « héros de la famille », phalangiste plutôt que franquiste. Il veut écrire sur lui et aidé de David Trueba, cinéaste et écrivain, il enregistre les souvenirs de gens qui ont connu le « héros ». Parmi lesquels le « Tondeur », 94 ans et toute sa tête !

Il raconte l'histoire de ce village qui, en un clin d'oeil, est passé de monarchique à républicain, de soumission à l'Église riche et indifférente au choix du temple protestant, plus soucieux des gens pauvres et qui va développer l'école. Javier Cercas parle de sa famille, de ses deux grands-pères de droite, de sa propre mère sous la coupe du héros Manuel Mena et c'est l'histoire de toute l'Espagne que nous avons sous les yeux. Ces familles d'aujourd'hui, de gauche, athées, modérées, qui savent que, très proches d'elles dans leur arbre généalogique, se trouvent d'anciens phalangistes, d'anciens franquistes. Et qui n'en parlent pas.

« Un oncle facho ? Non, la famille au grand complet ! » s'exclame le personnage, « Toute l'Espagne ou presque était franquiste, par action ou par omission. »

Des années plus tard, et encore aujourd'hui, il est difficile d'aborder ces sujets.
« Dans l'Espagne des années 1970, le mot « réconciliation » était un euphémisme du mot « trahison », parce qu'il n'y avait pas de réconciliation possible sans trahison, du moins sans que certains trahissent. »

Javier Cercas donne la parole au chef de la Phalange et à « son idéalisme venimeux », José Antonio Primo de Rivera qui affirme les principes de son mouvement : anticapitalisme, anti-marxisme, non-adhésion au franquisme, nationalisme revendiqué : «  Arriba Espana, una, grande, libre ! ». Puis des décennies de dictature, d'exécutions, de tortures. La Phalange a fini par se plier sous la férule de Paquito !

Le narrateur raconte les assassinats perpétrés sous le nom de « la promenade », plus par les franquistes que par les républicains. Il raconte l'exécution d'une jeune fille qui n'avait pas d'autre tort que celui d'être la fiancée d'un révolutionnaire. Il raconte comment les franquistes ont recruté et formé en quinze jours 300 000 sous-lieutenants, « sous-lieutenant intérimaire, cadavre titulaire », disait-on alors !

Ce roman autobiographique est une recherche passionnée de « la vérité » d'un héros qui s'était trompé de camp, appuyée sur des documents d'époque, des photos, jusqu'à une touchante marguerite séchée depuis quatre-vingts ans entre les pages des papiers laissés par Manuel Mena.

Pour clore cette quête essentielle pour un auteur manifestement hanté par son oncle, nous nous rendons à Bot, petite ville où Manuel Mena mourut d'une blessure qu'on n'a pas pu soigner, ni opérer en temps utile. Et l'auteur semble enfin apaisé, bouclant un parcours douloureux dont le livre est la concrétisation, avec ce qu'il présuppose de conséquences pour la famille.

Comme toujours, on apprécie la sincérité de l'auteur, son souci de dissocier auteur et narrateur selon les moments de l'écriture, son souci de restituer scrupuleusement les faits, appuyés sur des entretiens avec des « anciens », puis des descendants d'anciens, jusqu'à peut-être ne plus être aussi fiable. Là, le littérateur prend la relève, dit-il. Et c'est ce qui me gêne : aucune bibliographie, des références minimes, invérifiables.

Ce qui me gêne aussi, ce sont ces deux procédés de style répétitifs jusqu'à l'indigestion : l'accumulation basée sur des dizaines de « et » très indigestes ; et la prétérition répétée : tout ce que je ne dirai pas mais que vous lisez sous ma plume. C'est long, pesant, indigeste.

Il n'en reste pas moins que ce livre est une mine d'informations, une démarche intelligente, honnête et courageuse pour raconter ce que fut réellement ce héros de 19 ans mort pour un idéal auquel il avait fini par ne plus croire, ce héros qui n'avait pas fait le bon choix en 1937.
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L'histoire dans l'Histoire…

Javier CERCAS nous livre ici à la fois un autre grand chef-d'oeuvre (après Les soldats de Salamine) et une partie de lui-même, à travers son histoire personnelle et l'histoire d'un grand-oncle Manuel MENA, qu'il n'a jamais connu car mort bien avant sa naissance pendant la Guerre Civile Espagnole. L'auteur traite encore une fois ce sujet toujours tabou en Espagne mais, d'une manière très différente.

Même si le style est parfois un peu brouillon et les chapitres un peu longs, l'alternance entre passé et présent oblige, on s'attache vite à l'intrigue et aux personnages.

Au fil du roman, CERCAS tente de ne pas inventer les morceaux manquants de l'histoire de Manuel MENA, il essaye de prendre ses distances. Il veut traiter le sujet en journaliste/historien plutôt qu'en romancier. Il explique même qu'il ne voulait pas écrire sur son grand-oncle. Mais, tout au long et surtout à la fin, on comprend que c'est impossible, que ce grand-oncle fait bien trop parti de son histoire personnelle pour qu'il s'en détache.

Il nous décrit aussi certains aspects de la Guerre Civile Espagnole et nous montre le terrible qu'a été cette guerre et ce pour les deux camps.
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La guerre d'Espagne, le héros franquiste de sa famille; tout le livre n'est qu'une longue interrogation de l'auteur sur l'utilité d'écrire un livre sur ce personnage.
La réponse n'est donnée que dans les toutes dernières pages. C'est une enquête, bien réelle, dans le passé, comme Cercas en avait déjà menée. Mais si Les Soldats de Salamine réservaient bien des surprises, ici pas grand chose, on attend en vain. Et il est bien difficile, au regard de l'Histoire, d'avoir la moindre empathie pour ce gamin phalangiste. le livre est sauvé par l'art de la mise en scène de l'auteur et la qualité de ses réflexions.
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