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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un polar passionnant, au scénario bien ficelé, mêlant présent et passé, et qui alterne l'enquête sur l'assassinat des époux Adell et l'histoire de Melchor.
Un policier complexe, au passé tumultueux et dont il a du mal à se défaire, qui s'identifie aux personnages des misérables, son roman fétiche.
Un style assez déroutant au début, où les actions et les éléments du décor sont décrites minutieusement et dans le détail, de façon un peu enfantine ou à la façon d'un script de cinéma. Mais une traduction assez médiocre.
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Javier Cercas est un auteur de talent, reconnu et primé des deux côtés des Pyrénées, qui traite avec une grande justesse de ton des sujets âpres, ceux de la Guerre d'Espagne, des empreintes qu'elle a laissées, des cicatrices mal refermées et dresse le portrait de personnages ambigus, pris à mi-chemin entre rêves de gloire et petites ou grandes trahisons.

Dans Terra Alta, il s'essaie à un nouveau genre, le polar, avec un nouvel héros, Melchor, aussi torturé que les victimes dont il est chargé de découvrir l'assassin, un couple de très riches octogénaires retrouvés morts et atrocement mutilés dans leur villa : tout le monde leur en veut mais personne ne dit leur en vouloir.

Le décor de Terra Alta est... Terra Alta, une terre perdue et austère, aux limites de la Catalogne et de l'Aragon, le long de l'Èbre. Les gens y sont taiseux, comme l'est Melchor, les secrets bien gardés même si on les entend se retourner tels des cadavres dans les mémoires. le livre, premier d'une série, est l'occasion de nous présenter Melchor, entre ombre et lumière, chien et loup, les Javert et Valjean qu'il chérit dans les Misérables - on est bien chez Cercas.

Si le roman est réussi, lourd et dense, prenant et profond, ce n'est pas à cause de l'intrigue policière proprement dite. Elle est plutôt décevante, sa résolution presque anecdotique, les rebondissements peu spectaculaires, comme amortis et amenés de (très) loin : amateurs de whodunits, passez votre chemin ! (J'en veux d'ailleurs pour preuve que le livre était rangé en littérature étrangère dans la librairie où je l'ai acheté, et non en rayon policiers. Idem de la collection chez Actes Sud.)

Non, ce qui fait la force du livre, c'est la force même de Cercas : son art de la narration, de la construction patiente et ambitieuse des personnages, sa maîtrise des allers retours, des détails révélateurs ou insolites, son goût de la Littérature et d'une Espagne dont le passé, proche et tragique, ne passe pas.

La suite, Independencia, est sortie en Espagne... La esperamos !

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Premier tome d'une série, qui présente les débuts du héros alternativement avec l'enquête qu'il mène à Tera Alta. J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans l'histoire, et c'est dût au style un peu détaché. C'est dommage le héros est intéressant par la vie qu'il a menée. et sa passion de la littérature, surtout "Les misérables".
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Outre l'intrigue purement policière et la personnalité de son personnage principal, Terra Alta vaut aussi pour le portrait de la comarque éponyme, tout au sud de la Catalogne, rocailleuse, pauvre et inclémente. Dans les environs a eu lieu la bataille de l'Ebre, la plus sanglante de la guerre civile espagnole. Ce n'est pas un coïncidence si le roman se déroule en ces lieux car il y a un lien ténu avec l'enquête pour triple meurtre qui occupe Melchor mais ceci n'est révélé qu'à la fin de l'ouvrage. En revanche, la présence des Misérables de Hugo est une constante dans le livre, véritable compagnon de route de son héros qui s'identifie à l'inspecteur Javert.
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M'étant rendue il y a peu en Catalogne du Sud et ayant fort apprécié mon voyage, il m'a paru intéressant de poursuivre l'exploration, par la littérature, de ces terres oubliées de la Generalitat (gouvernement catalan) et de découvrir cet écrivain controversé qu'est Javier Cercas.

Terra Alta s'est révélé un vrai page-turner, que j'ai dévoré en quelques jours seulement (une des raisons pour lesquelles le roman se lit si vite est qu'il est rempli de dialogues, ce qui rend la lecture particulièrement fluide).

J'ai beaucoup aimé la description des paysages, qui m'ont rappelé mes impressions (notamment l'effet d'optique qui se crée à cause de la chaleur sur les routes : « l'asphalte de l'autoroute, où le reflet du soleil crée des flaques tremblotantes d'eau illusoire) et la mention de lieux où je m'étais rendue : Benifallet, Xerta, Tortosa, Riumar, Miravet… L'auteur excelle à retranscrire les ambiances, notamment celle du petit village où habitent les personnages, avec le bar sur la place du village où se croisent les différentes générations, et notamment les petits vieux.

Le roman est particulièrement ancré dans le réel et notamment dans la politique : l'écrivain fait référence au referendum sur l'indépendance de la Catalogne d'octobre 2017 (le fameux « 1 d'octubre ») à et à Carles Puigdemont, aux moyens limités de la police et au mauvais salaire des fonctionnaires qui y travaillent…

Le personnage principal est un peu caricatural des policiers que l'on retrouve dans les polars : torturé, hanté par son passé et épris de justice. le lecteur fait donc la connaissance de Melchor, qui porte ce prénom car lorsqu'il est né sa mère a trouvé qu'il ressemblait à un roi mage. Fils de prostituée, ancien taulard et héros des attentats islamistes, Melchor est envoyé en Terra Alta par ses supérieurs, soucieux de le protéger des conséquences que pourraient avoir son acte de bravoure à Cambrils. Il commence à travailler dans un petit commissariat où la plupart de ses collègues sont indépendantistes. Il y fait la connaissance d'Olga, une ravissante bibliothécaire, de quinze ans son ainée, et, après quelques discussions littéraires (qui portent principalement sur des romans français, Javier Cercas semblant particulièrement passionné par la littérature française : Hugo, Perec, etc) tombe vite sous son charme. Il finit par se marier avec elle et avoir une fille, nommée Cosette en l'honneur du personnage des Misérables

L'intrigue commence in medias res, comme souvent dans les romans policiers : un couple de personnages âgées, les Adell, est retrouvé mort dans leur propriété. La particularité de ce meurtre : la torture, ce qui conduit les enquêteurs envoyés sur les lieux à écarter la piste du vol. Sur la liste des principaux suspects, on trouve leur fille, leur gendre et le gérant de l'entreprise dont ils étaient propriétaires. L'enquête piétine rapidement et au bout de quelques semaines, l'affaire est classée, au grand dépit de Melchor, qui se met à bosser sur l'affaire en dehors de ses horaires de travail, ce qui lui vaut un rappel à l'ordre de sa hiérarchie. Melchor se voit alors forcé d'arrêter son enquête officieuse, pour un temps du moins. Il la reprend rapidement à la mort (supposément accidentelle mais rien n'est moins sûr) de sa femme, qui, il en est persuadé, a un lien avec les assassinats des Adell survenus quelques semaines plus tôt. Spoiler(cliquez pour révéler)Parviennent alors à Melchor des messages mystérieux qui l'orientent sur une piste qu'il n'avait pas identifiée plus tôt, et qui lui permettent de recoller les pièces du puzzle, et donc de coincer l'assassin.

Le choix d'alterner chapitres au présent et au passé fonctionne bien, mais j'aurais apprécié un peu plus de passages sur la guerre civile, qui est présente dans le roman (et surtout son dénouement) mais qui gagnerait à être développés, ne serait-ce que pour la gouverne du lecteur étranger. D'un autre côté, l'action du roman se situant de nos jours, il est logique que la plupart des acteurs de la guerre ne soient plus de ce monde (c'est d'ailleurs pour ça que l'auteur a choisi comme victimes des nonagénaires), et donc que la mémoire « directe » de la guerre s'efface progressivement de la conscience collective . J'aurais aimé que l'auteur crée une sorte de huis-clos villageois étouffant, alimenté par de vieilles rancunes et des histoires de famille. Car si c'est bien de vengeance familiale qu'il s'agit, et si le motif des assassinats se trouve dans le passé, le lecteur vient presque à regretter qu'il n'y ait pas de flash-back plus anciens que l'arrivée de Melchor en Terra Alta, qui remonterait à la guerre civile ou au début de la dictature.

Le dénouement n'est pas très original, sans doute par le nombre de suspects, somme doute assez réduit, mais il a le mérite d'être réaliste.

J'ai hâte de me plonger dans le deuxième tome de cette trilogie, « Indépendance », qui s'annonce assez politique.
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