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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je crois que c'est le premier livre policier de Javier CERCAS que j'ai lu. CERCAS m'a habitué à des enquêtes dont le narrateur semble être totalement concerné. Enquêtes liées à l'histoire du pays, la guerre civile.
Dans ce livre, avec cette enquête policière, la guerre est présente. J'ai aimé le personnage principal, sa fascination pour les Misérables de HUGO.
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Dans ce roman absolument haletant, un policier est confronté à des crimes sordides. Mais il n'est pas le personnage principal qui, en fait, n'est autre que la guerre d'Espagne, présente de bout en bout, qui a laissé des plaies profondes, que l'auteur sait remarquablement analyser.
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Un polar mélancolique où les souvenirs du policier s'intercalent avec le récit. Melchior un flic au nom de roi mage enquête sur le meurtre avec torture ( scène la plus tétanisante du livre) d'un couple de nonagénaire. Chef d'une entreprise de cartonnerie, le vieillard se révèle être un despote, très bosseur toutefois, s'étant enrichi il ne veut rien lâcher.Rien cependant qui permettent de justifier ce crime sadique. L'enquête va traîner en longueur, avec des personnages peu singuliers. Plus prenante, est la partie sur le passé de Melchior, une mère prostituée, un père inconnu, une jeunesse dans la drogue, la prison puis la résilience. Les belles rencontres sont la force du roman, un taulard qui va lui donner le goût de lire et celui de se passionner pour les Misérables de Victor Hugo, un avocat qui ne paye pas de mine avec ses costards fripés mais qui va s'avérer être un indéfectible soutien indéfectible et la rencontre avec une bibliothécaire où l'amour de la littérature va se transformer en amour tout court. On voit se construire un personnage au « coeur pur » malgré l'hostilité de la vie. Et puis au milieu du roman le passé et le présent se percutent. A nouveau la douleur face à l'injustice de la vie, la chute . Un roman émouvant au milieu des rudes paysages du pays Catalan.
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On suit Melchor dans l'enquête des meurtres des époux Adell en Tera Alta à proximité de Barcelone. Une région où tout le monde se connait et où les affaires sérieuses pour un flic ne sont pas légion. Ces meurtres barbares secouent la population et l'enquête s'avère difficile pour Melchor et ses collègues. il lui faudra de la pugnacité pour résoudre l'enquête.
En chapitre alterné, on retrouve aussi Melchor dans son parcours de petite frappe à flic, sa relation particulière avec son avocat Vivales, sa rencontre avec Olga sa femme, sa vie de flic.
Il y a aussi ces références régulières avec Les Misérables, les rapprochements avec Jean Valjean ou Javert auquel Melchor s'identifie - au moins dans un premier temps. La fille de Melchor se nomme Cosette ! Des commentaires sur le livre de Hugo, des explications, des citations sont présents tout au long du livre et c'est vraiment bien vu. C'est agréable de lire ce romancier espagnol qui cite avec plaisir et justesse un de nos plus grands romans - de mon point de vue.
Un polars qui ne ressemble pas aux autres. Un très bon moment de lecture.
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Travailler au corps la notion de justice dans un décor en or de polar bien noir, aux confins de la Catalogne et des Misérables de Hugo, pour y découvrir de nouveaux points aveugles.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/07/10/note-de-lecture-terra-alta-javier-cercas/

Terra Alta. Dans un petit coin de Catalogne semblant avoir été (presque) laissé à l'écart d'une modernité rugissante, coin encore hanté des souvenirs de la si décisive bataille de l'Èbre, toute proche, lors de la guerre civile espagnole, un meurtre particulièrement atroce semble suspendre le temps : les époux Adell, fort âgés, richissimes à l'échelle locale et au-delà, principaux employeurs de la région, ont été massacrés après avoir été longuement torturés, dans leur maison familiale connue de toutes et de tous.

Alors que les suspects possibles sont à la fois trop et pas assez nombreux, dès que le paisible vernis de la bourgade se craquèle, l'enquête est confiée à un jeune policier, installé ici depuis quelques années, policier au destin chahuté et aux origines ô combien atypiques, devenu un héros national ayant besoin de discrétion depuis qu'il a abattu plusieurs terroristes en plein passage à l'acte, lors des attentats islamistes de Barcelone et de Cambrils en août 2017.

Sous le signe obsessionnel des « Misérables » de Victor Hugo, réfutant la figure de Jean Valjean pour mieux célébrer celle de Javert, une forme rare de course à l'abîme s'engage, dans laquelle la justice individuelle et le destin collectif s'entrechoquent sauvagement, jusqu'à un dénouement à la fois parfaitement surprenant et totalement logique à l'aune de l'oeuvre perpétuellement enquêtrice de Javier Cercas, dans laquelle le mort est si souvent prêt à dévorer le vif.

De nombreux commentaires, en Espagne et désormais en France, à la parution de « Terra Alta » en 2019 (traduit en français en mai 2021 chez Actes Sud par Aleksandar Grujičić et Karine Louesdon), ont paru s'étonner de cette incursion très décidée (plusieurs suites étaient d'emblée prévues par l'auteur, la première d'entre elles, « Independencia », venant de paraître en Espagne en mars 2021) de Javier Cercas dans le polar « pur et dur ».

D'autres chroniques, plus affûtées, à l'image de celle d'Ariane Singer dans le Monde (ici), ont heureusement rappelé qu'une très grande partie de l'oeuvre de l'auteur à ce jour s'inscrivait puissamment dans le registre de l'enquête, et tout particulièrement de l'enquête historique criminelle, sur des faits impliquant violences ou meurtres : « le mobile » (1987) est construit autour du crime de sang comme source d'inspiration, « Les soldats de Salamine » (2001) est tout entier voué à une quête de vérité du passé qui ne serait pas la bonne, « Anatomie d'un instant » (2009), bien que travail historique intégral ou presque, épouse sans barguigner les codes majeurs du thriller d'espionnage, « Les lois de la frontière » (2012) déconstruisent le faux romantisme souvent créé de toutes pièces autour de certains personnages de bandits contemporains à partir d'un cas concret bien réel, tandis que « L'imposteur » (2014), dans sa tentative de compréhension du mystère d'un mensonge personnel propulsé à grande échelle, se retrouve à son tour à épouser la méthodologie d'un juge d'instruction pratiquant le contradictoire et la haute volée. Quant au « Monarque des Ombres » (2017), revisitant en apparence le décor historique des « Soldats de Salamine », en forme de recherche familiale avouée, il constitue certainement le point d'orgue de cette tranche-ci de vie littéraire chez Javier Cercas.

Ne changeant ainsi pas nécessairement la grille thématique enserrant les objets de ses quêtes littéraires et leur fournissant un point aveugle (comme l'appellerait sans aucun doute l'auteur du formidable essai éponyme de 2016) probablement commun, Javier Cercas confessait au moment de la publication de ce « Terra Alta » avoir « clos le cycle narratif de l'autofiction », et pour éviter de « courir le risque de se répéter ou de s'imiter, d'avoir senti l'urgence de se réinventer ». En choisissant de se glisser, pour le subvertir le cas échéant, au coeur du massif de tropes constitué ces dernières années par un certain type de mini-séries télévisées à « forte couleur locale », plongeant un policier venant de l'extérieur – mais lié au lieu du crime d'une manière ou d'une autre – dans les résurgences sauvages du passé au sein d'une communauté villageoise contemporaine (que ce soit Maria Meras dans la galicienne « le goût des marguerites », Richard Harrington dans la galloise « Hinterland », Luc Schiltz dans la luxembourgeoise « Capitani », ou encore Ólafur Darri Ólafsson dans l'islandaise « Trapped »), Javier Cercas a pris sciemment un autre risque littéraire et s'en est sorti ici avec un immense brio : son « Terra Alta » s'inscrit d'emblée parmi les plus vifs témoignages contemporains de la survivance obstinée du passé trouble, et des problèmes concrets que pose de vouloir éventuellement les ignorer, les oublier ou les enterrer pour passer, trop vite, à autre chose.
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Javier Cercas est un classique contemporain (et ouais il arrive à peine à la soixantaine et il n'est pas mort) et le voilà qui se décide à jouer avec les nerfs de ses lecteurs en leur proposant un bon thriller.
Melchor Marin, jeune flic venu de Barcelone, vit depuis quelques années dans la région tranquille de Terra Alta. Auprès de sa femme et de sa fille, il est heureux, il a même presque oubliés tous les démons de son passé trouble. Mais alors qu'un triple homicide particulièrement sanglant est commis, ses souvenirs reviendront le hanter et viendront présenter au lecteur un personnage d'une subtilité rare et d'une humanité folle.
Si l'intrigue policière est prenante, c'est le portrait cet homme et de cette région reculée qui captivent. Et en plus, Javier Cercas se permet des déclarations d'amour à la littérature (surtout au chef d'oeuvre "Les Misérables"). Un roman à lire absolument.
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Melchor est flic à Terra Alta en Catalogne. Mais ce n'est pas un flic ordinaire. Sa trajectoire de vie est mouvementée en atteste. Fils de père inconnu, mère prostituée il a été élevé dans le quartier de Sant Roc à Barcelone. Sa mère s'efforce de le faire travailler à l'école pour ne pas qu'il sombre comme elle. Mais Melchor a le diable au corps et plonge dans la délinquance. Ce qui le conduit à devenir homme de main de trafiquants d'un cartel colombien installés en Espagne. Puis c'est la prison où il rencontre Domingo Vivales, un drôle d'avocat qui sous ses airs de ne pas y toucher le sort d'une sacrée mouise. Durant sa peine de prison, la mère de Melchor est sauvagement violée et assassinée. Dans le même temps, Melchor se lie avec le Français qui lui fait découvrir ce qui va devenir sa bible Les Misérables de Victor Hugo. Face au malheur subi par sa mère, Melchor décide de devenir policier. Ce qu'il réussit à sa sortie de prison. Et se lance dans l'enquête sur la mort de sa mère. Et se fait taper sur les doigts pour enquêter en dehors de sont temps de travail sur un dossier qui ne lui est pas attribué. Il accomplit un acte héroïque en abattant des terroristes. Il se retrouve à Terra Alta en tant qu'enquêteur où une nouvelle vie d'homme marié, de père de famille commence. Il est chargé de l'enquête de l'atroce meurtre des Adell, dont le mari est un richissime entrepreneur. Bien des questions posées, bien des réponses trouvées ou non et toujours le drame qui suit Melchor.

J'aime beaucoup l'écriture, le sens du récit et la façon dont Javier Cercas embarque ses lecteurs. Généralement, je le lis en espagnol. Sauf que là j'ai fait ma feignasse et je suis passée à la traduction française. de J. Cercas j'ai surtout l'habitude de lire ses livres traitant directement de la guerre civile ou de l'histoire du franquisme : Soldats de Salamine, Anatomie d'un instance, le monarque des ombres, l'imposteur. Mais ses autres romans m'ont bien intéressé comme la vitesse de la lumière ou encore les lois de la frontière.

Terra alta est un roman policier avec un vrai fond et contexte littéraires. En effet, Melchor le personnage principal nous entraîne dans sa passion des Misérables et comment Javert et Jean Valjean influent sur son travail. Par ailleurs, c'est un policier réfléchi et au regard de sa trajectoire cerne rapidement ce qui ne va pas, ce qui ne colle pas dans les actes et la personnalités des gens qui l'entourent : ses collègues, mais aussi les criminels, les victimes etc...

Le meurtre des Adell est incompréhensiblement horrible mais revient toujours vers la famille, la jalousie et le secret. J. Cercas manie et manipule très bien ces thématiques. Comme Les supérieurs et juges qui ne veulent pas voir ces aspects dans l'enquête et surtout ne veulent pas mettre trop les doigts dans les affaires de la famille Adell. Famille aimée en façade, mais détestée quand on creuse. Mais famille qui fait vivre Terra Alta et au-delà. Tiens il serait bon de fouiller dans les secrets de l'Espagne en général et de la Catalogne en particulier. Melchor lui persiste et signe en dépit des remontrances jusqu'au drame.

Le roman de J. Cercas a un côté très cinématographique avec notamment ses flashbacks sur le parcours de Melchor et secondairement de sa mère. Il y a aussi du polar, le flic qui cherche qui creuse , qui enquête au-delà des ordres. Un peu comme les flics solitaires. Et puis, ces touches des Misérables. Et pourtant je n'ai pas été totalement convaincue d'où les 3,5/5 étoiles.

J. Cercas lance des énigmes, des débuts de recherche mais ne va pas au bout et laisse le lecteur.trice sur sa faim. L'enquête sur les Adell se traîne ce qui au départ donne une tension. Il va se passer quelque chose et surtout un secret va péter à la face de tout le monde d'où cette lenteur. Et hop ! cela retombe comme un soufflet. L'enquête s'emballe très vite pour un dénouement qui arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. Néanmoins, je conseille car avec J. Cercas s'est toujours plein de réflexions, d'interrogations et de propositions de réponses, qui peuvent être à rebrousse poil.

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Avec « Terra Alta », premier volume d'une trilogie, Javier Cercas, écrivain espagnol réputé pour son exploration du passé sombre de son pays, s'est essayé au roman policier, un genre qui ne lui empêche pas de poursuivre son introspection historique. Bien au contraire.
Alors que son service de nuit s'achève dans un commissariat de la Terra Alta, Melchor reçoit un appel d'un collègue lui annonçant qu'un triple assassinat avait été commis dans une propriété cossue des environs. Deux personnes âgées ont été sauvagement torturées et la domestique roumaine a pris une balle en pleine tête.
Pourquoi s'est-on acharné avec une telle violence sur le richissime et puissant propriétaire des Cartonneries Adell et sa femme ?
Pourtant on lui avait dit qu'il ne se passait jamais rien dans cette comarque ! En affirmant la tranquillité de cette contrée, c'est oublier qu'elle fut le théâtre de la sanglante bataille de l'Ebre pendant la guerre civile espagnole.
Cela fait quatre ans que Melchor vit, avec son épouse et sa fille, dans ce petit bout de terre catalane où il a été muté pour être protégé d'éventuelles représailles de l'État islamique après qu'il a occis quatre de ses membres lors de l'attentat de Cambrils en août 2017.
Avant d'intégrer la police Melchor était un petit malfrat qui paya d'une peine de prison ses multiples forfaits.
C'est au cours de son incarcération qu'il se prend de passion pour la littérature et particulièrement pour l'un de ses grands classiques : « Les Misérables ». de ce pavé hugolien il s'attache à Javert, incarnation de « la vertu déguisée en vice » et prouve qu'un livre a le pouvoir de changer la vie.
C'est cette lecture et l'assassinat non élucidée de sa mère prostituée qui vont le motiver à devenir policier et à abandonner son passé de délinquant.
Récit très maîtrisé campant un personnage complexe et en colère contre toutes les formes d'injustice touchant les plus fragiles, « Terra Alta » est plus qu'un simple roman policier. En employant les codes du genre, Javier Cercas offre un regard d'historien et de quasi anthropologue pour mieux décrire un pays qui n'en finit pas de panser ses plaies.

EXTRAITS
Quand on pousse le bien à l'extrême, il se transforme en mal.
La justice absolue peut être la plus absolue des injustices.
Lien : https://papivore.net/littera..
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Javier Cercas laisse l'autofiction notamment sur l'histoire contemporaine de l'Espagne pour investir le domaine du polar avec Terra Alta pour lequel il a reçu le prix Planète 2019.
Melchor Marin, surnommé l'Espagnolard par ses collègues policiers, est arrivé depuis quatre ans en Terra Alta. Marié à Olga, la bibliothécaire, ils ont une fille qui s'appelle Cosette.
Finissant son service de nuit, il reçoit l'appel d'une domestique sud-américaine qui prévient du double meurtre de ses patrons. Meurtres stupéfiants de violence sur cette terre aride, sèche et brulée à plus de deux heures de Barcelone où d'habitude il ne se passe jamais rien !
Avec ce flic de polar, Javier Cercas retrouve les sujets vers lesquels il aime s'aventurer : la guerre civile qui a séparé les frères, familles et amis d'un même village, le pouvoir capitaliste qui écrase les plus petits, le déterministe social inéluctable qui contraint, et enfin, la liberté de chacun de construire sa vie de la manière qu'il choisit.
Pourtant, Terra Alta est aussi une ode à la littérature. En s'appuyant sur le roman Les Misérables de Victor Hugo, Javier Cercas montre que lire ouvre à l'apprentissage de la vie et encourage la réflexion et permet d'aider dans les épreuves vécues.
Car Melchor a une histoire complexe même s'il ne boit que du coca et qu'il aime jouer avec sa petite Cosette. Sa personnalité se découvre au fil des pages et rien n'est aussi lisse que ce qu'il veut laisser paraître.
Dévoré par une vengeance stérile et impliqué dans des trafics nombreux, son admiration pour Jean Valjean, qui a su s'inventer en Monsieur Madeleine et celle pour le policier Javert, intègre à l'obsession dévorante, vont lui servir de modèles. Ses nombreuses relectures lui apportent des réponses aux drames et épreuves qu'il traverse.
Avec Camus, Perec, Pasternak et bien d'autres, Melchor va poursuivre sa découverte de la littérature et apprendre d'eux. La relation avec ces héros de papier est au coeur de son cheminement pour maîtriser sa violence personnelle.
Avec ce premier volet d'une série de trois, Javier Cercas introduit son nouvel enquêteur Melchor Marin qui va avec opiniâtreté résoudre l'enquête sur Les meurtres ultra violents de la Terra Alta tout en survolant l'Histoire du XXè siècle, de la guerre aux attentats. Alors, à quand la suite …
https://vagabondageautourdesoi.com/2021/07/03/javier-cercas/
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A la suite de plusieurs parutions proches du documentaire, Javier Cercas, l'auteur hispanique qui puise son inspiration dans les stigmates de la guerre d'Espagne, revient ici avec un roman plus narratif. Si Terra Alta s'inscrit dans le genre du polar, il ne déroge pas aux habitudes de l'auteur en s'approchant au plus près de l'âme humaine et en évoluant dans les secousses politiques du pays.
Melchor, le personnage principal n'a de roi mage que le nom. Il n'apporte pas vraiment la paix à son entourage. Né de père inconnu et d'une prostituée, l'enfant pourtant doué, perd vite pied dans les bas-fonds de Badalona, ville ouvrière limitrophe de Barcelone. A treize ans, il se mit à boire,à fumer et à se droguer. Très vite, l'adolescent, devenu garde du corps des chefs de cartel se retrouve à la prison de Quatre Camins près de Barcelone.
Défendu par Domingo Vivales, un avocat payé par sa mère qui deviendra plus tard son plus fidèle allié, il purge une peine de quatre ans. Un temps qu'il met à profit pour découvrir la littérature du XIXe siècle et surtout Les Misérables de Victor Hugo. Ce roman devient son livre de conduite, surtout après l'assassinat de sa mère. Il se retrouve en Jean Valjean, gardant toujours en lui le moteur de la haine et il admire Javert pour son intégrité. D'ailleurs, il entame des cours pour devenir policier.
A sa sortie de prison, il devient enquêteur criminel à Nou barris, un quartier d'immigration situé au nord de Barcelone. Secrètement, il mène son enquête pour retrouver l'assassin de sa mère. Devenu un héros et une cible pour avoir abattu quatre terroristes lors de l'attentat de Cambrils, Melchor est envoyé au vert au commissariat de Terra Alta.
Commence alors pour lui une autre vie, peut-être celle de M. Madeleine, le versant paternel et humain de Jean Valjean. Quatre ans après son installation, il mène une vie tranquille avec sa femme Olga et leur fille Cosette. Pourtant, l'assassinat sauvage des Adell, patron richissime des Cartonneries qui font vivre tout le village, fait ressurgir son besoin de justice. le couple a été atrocement mutilé. Leur femme de maison est aussi retrouvée morte à l'étage. Dans cette comarque où il ne se passe jamais rien, ce triple assassinat défraie la chronique et mobilise toutes les brigades de police. Melchor ne lâchera pas l'affaire avant de trouver le coupable. Il brave les semonces de ses chefs et les conseils amicaux de son mentor et ami, le caporal Salom.
Melchor est façonné par ses origines. La violence du milieu de sa mère lui a inculqué une haine profonde pour tous ceux qui ne respectent pas les femmes. Sa lecture infinie des Misérables confirme que le seul moteur qui puisse tenir debout un homme meurtri est la haine. Mais il admire aussi Javert, ce policier aux yeux de rapace pour son intégrité. La haine sera son moteur et le besoin de justice son étendard. Mais ne va-t-il pas parfois trop loin?
Javier Cercas, non plus, n'oublie pas ses racines. Sous les apparences d'un roman noir bien rythmé, classique mais humain, l'auteur pose les questions de la vengeance, du pardon et de la justice. Bien évidemment, une partie du dénouement puise ses racines dans la guerre espagnole. Terra Alta est un lieu historique d'une des batailles les plus cruelles de la guerre d'Espagne entre les forces républicaines et les nationalistes en 1938.

En cette période troublée de referendum sur l'indépendance de la Catalogne ( octobre 2017) et d'attentats terroristes, Melchor Marin s'érige en justicier plutôt sanguin mais terriblement humain et paternel. Un Jean Valjean des temps modernes…Et nous n'en avons pas fini de le suivre puisque Terra Alta est le premier tome d'une série qui devrait en comporter « quatre ou cinq ».
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