La seconde série d'enquêtes a porté sur la littérature scientifique susceptible de fournir des hypothèses permettant de prendre au sérieux la logique de cette pensée qui ne se pense pas.
L'inconvénient de la méthode, condition de sa réussite, est d'extraire les documents de leur contexte historique et d'éliminer les opérations des locuteurs en des circonstances particulières de temps, de lieu et de compétition. Il faut que soient effacées les pratiques linguistiques quotidiennes (et l'espace de leurs tactiques), pour que Îles pratiques scientifiques s'exercent dans leur champ propre.
La lecture introduit donc un « art » qui n'est pas de passivité. Il ressemble plutôt à celui dont la théorie a été faite par des poètes et des romanciers médiévaux : Une novation infiltrée dans le texte et dans les termes mêmes d'une tradition. Imbriquées dans les stratégies de la modernité (qui identifient la création à l'invention d'un langage propre, culturel ou scientifique), les procédures de la consommation contemporaine semblent constituer un art subtil de « locataires » assez avisés pour insinuer leurs mille différences dans le texte qui fait loi. Au Moyen Age, le texte s’encadrait dans la théorie des quatre ou sept lectures dont il était Susceptible, Et c'était un livre. Désormais, ce texte ne vient plus d’une tradition. Il est imposé par la génération d'une technocratie productiviste. Ce n'est plus un livre référentiel, mais la société tout entière devenue texte, faite écriture de la loi anonyme de la production.
Les tactiques de la consommation, ingéniosités du faible pour tirer parti du fort, débouchent donc sur une politisation des pratiques quotidiennes.