L'histoire du vocabulaire`religieux montre que le terme athée ou athéisme a été utilisé par les théologiens contre les « illuminés »ou les « spirituels » du XVI. siècle ; que les catholiques et les protestants l'ont bientôt employé pour se designer mutuellement ;qu'il a été ensuite reports sur les jansénistes du XVII siècle. puis sur les théistes du XVIII siècle, puis sur les socialistes du IX., etc.
Inversement les « athées » définissaient par ce mot leur réaction contre la religion qu'ils avaient devant eux, cette religion même qu, un ou deux siècles plus tard, des croyants auront peine a reconnaître comme la leur.
Le poète n'écrit pas pour avoir un public ou à cause des rentes que lui vaudra peut-être son livre . Il lutte et il joue avec des mots par nécessite , parce qu'il ne peut pas faire autrement. Sans doute faut-il d'abord en dire autant du religieux comme du croyant ou de bien d'autres « vocations ». Le religieux ne peut pas vivre sans cela, quels que soient les risques ou les modes de vie qu’entraînera cette reconnaissance, quelles que soient aussi
les formes nécessairement particulières - psychologiques, intellectuelles, socioculturelles - que prend cette urgence.
La nature est vécue comme un flux puissant et omniprésent : elle peut tout et elle emporte tout, vie magique et monstrueuse qui, seule, « clans le désordre. et l’écroulement des institutions, des doctrines et des croyances, malgré et contre tout,maintient sa force et sa vitalité . ».
Chaque culture a donc e un excellent, « révélateur » dans les grands mouvements spirituels qui jalonnent son histoire.Ce sont les problèmes nouveaux et l'évolution d'une société , ses troubles et ses aspirations qui explosent en de vastes pulsions religieuses.
L’expérience tient a une parole, ou a une rencontre ou a une lecture qui vient d'ailleurs et d'un autre et qui pourtant nous ouvre a notre propre espace et nous devient' l'air sans lequel nous' ne pouvons plus respirer.
Par Annette WIEVIORKA, directrice de recherche émérite au CNRS
Tout historien, et même préhistorien, établit un lien avec "ses" morts dont il tente de restituer l'histoire, de la Lucy d'Yves Coppens aux morts qui sont ses contemporains. L'opération historiographique a souvent été décrite, de Jules Michelet à Michel de Certeau, comme opération de résurrection des morts et oeuvre de sépulture de ces morts qui hantent notre présent.
Il y a aussi d'autres morts. Ceux des siens qui sont autant de dibbouk pour l'historien parce qu'ils ont orienté sa vie. Ce sont des morts fauchés avant d'avoir été au bout de leur vie, des morts scandaleuses. "Je suis le fils de la morte". Ce sont les premiers mots de l'essai d'égo-histoire de Pierre Chaunu. Ces morts nourrissent les récits familiaux, devenu un nouveau genre historique, de Jeanne et les siens de Michel Winock (2003)("La mort était chez nous comme chez elle") à mes Tombeaux (2023).
Les morts de la Shoah occupent une place tout à la fois semblable et autre. C'est la tentative d'éradiquer un peuple, la disparition du monde yiddish dont ceux qui en furent victimes prirent conscience alors même que le génocide était mis en oeuvre. Ecrits des ghettos, archives des ghettos, rédaction de livres du souvenir, ces mémoriaux juifs de Pologne écrits collectivement pour décrire la vie d'avant, recherche des noms des morts, plaques, murs des noms, bases de données.... Toute une construction mémorielle. Vint ensuite le temps du "je"(qui n'est pas spécifique à cette histoire) , celui des descendants des victimes, deuxième, troisième génération, restituant l'histoire des leurs. Chaque année, plusieurs récits paraissent, oeuvres d'historiens ou d'écrivains, qui usent désormais des mêmes sources, témoignages et archives, causant un trouble dans les genres.
+ Lire la suite